L'arrivée

Onze mois que nous avons quitté La Rochelle, famille et amis. Les deux derniers jours sont chargés d'émotion. Satisfaction profonde d'avoir mener à bien notre projet, plaisir immense d'avoir réalisé un rêve, effectué d'étonnantes découvertes et de chouettes rencontres. Impatience aussi de retrouver les nôtres mais conscience qu'une fabuleuse histoire est en train de s'achever.
Soleil franc et force 5 en ce jour de grand retour. Seaview file à 9-10 noeuds par vent de travers : nous allons arriver plus tôt que prévu (dimanche soir, au lieu de lundi matin). Echange satellite avec Kiki et Maman pour les prévenir de notre débarquement anticipé. Ouf ! elles ont eu l'ingénieuse idée d'arriver une journée plus tôt. On raccroche et l'on se replonge les yeux dans l'horizon, dans le bleu profond. On savoure chaque dernier mille.
"TEEEEERRRRRREEEE !….." Les filles nous sortent de nos pensées en apercevant aux jumelles le phare de Chassiron, Nos téléphones captent à nouveau le réseau français. Reconnexion avec la France, reconnexion avec la tribu.

Il est 20H30 lorsque nous apercevons la forêt des 6000 mâts dansant dans le port de la Rochelle.

Au loin, Maminou et Kiki agitent de grands signes de la main. On crie, on saute et l'on tente tout de même de garder son sang froid pour assurer l'ultime dernière manoeuvre dans le port.
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Nos sourires en disent long sur le bonheur de retrouver les nôtres… et d'achever une transat qui aura duré au total 30 jours.
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Les Açores - La Rochelle jour après jour

Jour 1
Après une soirée bien arrosée au mythique Café des Sports de Peter (tous les navigateurs sillonnant l'Atlantique s'y sont arrêtés au moins une fois) avec nos amis de Siminoé, Krysfil, Roi Baco et Blaz, nous avons largué les amarres à midi le lendemain. Tous les bateaux-copains étaient sur le quai pour le comité de départ. Merci!

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Apres s'être dégagés du dévent des îles au moteur, on hisse les voiles et le bateau file sur la route directe 8 noeuds sous gennaker sur une mer plate. Idéal pour reprendre ses marques.

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Première nuit bien tranquille même si le réveil pour prendre son quart reste toujours un peu difficile.


Jour 2
Camille nous prépare des pancakes et vu l'heure tardive, on brunche. 
Journée paisible par 13-15 noeuds de vent, vent arriere/grand largue. La mer est calme, on file en route directe parcourant 150 miles nautiques en VMG en 24h. 1ère séance de gym tous ensemble.

Jour 3
Nous avons bien repris le rythme des quarts de nuit. La mer est plate et l'on dort comme des bébés ! La pleine lune nous accompagne, nous sommes sous Grand Voile et gennaker par 11-12 noeuds de vent.

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Au réveil, on aperçoit 2 baleines, sympa pour la fête des pères. 
Journée sous le soleil: lecture et sieste sur le trampoline tandis que les filles enrôlent Daniel dans un tarot et font peinture/decopatch. 

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Séance de défouloir à l'avant du bateau.

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On met les voiles en ciseaux pour conserver un meilleur cap. 
Il reste moins de 1000 milles à parcourir :)

Jour 4
Les températures chutent, le ciel se charge, on a frais !

Séance de géographie sur l'Amérique du Sud avec Daniel, lecture, écriture, dérushage des photos, yoga... On s'occupe. 
Les filles organisent une soirée "Ateliers des Chefs", elles nous concoctent lasagnes végétariennes et verrines.
Le vent est établi Sud Ouest à 15 noeuds, nous sommes toujours sous Grand Voile et gennaker. On continue à bien avancer : 140 milles en route directe aujourd'hui, avec une moyenne à 6 noeuds en VMG.

Jour 5
Il bruine, la visibilité est réduite... On se prend le front froid de la dépression. Nuit néanmoins tranquille par vent Sud Ouest 15-16 noeuds. On sort les bottes, salopettes et vestes de quart !

Ce matin, les filles commencent à ranger leur cabine - sans qu on ne leur demande - impatience du retour ;) Partie de Scrabble tandis que le vent bascule NNE. Toujours rien pêché, on désespère. Les paris sont lancés sur la date et l'heure d'arrivée... A priori dans la nuit du 27/28 ou mardi 28 au matin.
En fin d'après midi, nous apercevons pour la 1ère fois une voile à l'horizon. Même à une distance de 3,5 milles, la voile semble hors norme. On dirait bien un bateau de course... On sort les jumelles et quelques minutes plus tard, bref échange VHF: il s'agit de Spirit of Hungary, un Imoca 60, qui se dirige vers Newport.

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Jour 6
Le vent faiblit dans la nuit à 6-8 noeuds mais passe davantage nord. De quoi aller en route directe au largue ! Nous avons parcouru plus de la moitié du chemin pour la Rochelle et le vent devrait se maintenir à 10-15 noeuds ces prochains jours. ETA (heure d'arrivée estimée) avancée à lundi matin. On va fêter cela ce soir : foie gras, pain maison, Montbazillac.

Moral au top. L'excitation monte de jour en jour pour Camille et Manon. J-4,5 !!

Jour 7
Ce matin, on change d'heure pour commencer à se recaler sur la France :) et éviter les levers du jour à 4h30 du matin ! Justement, le soleil est de retour mais il fait frais (froid!). Sieste dehors (avec polaire et plaid), cours de danse et les filles font bracelets brésiliens et scoubidous.

Camille effectue un quart avec Daniel, leçon de voile en prime. Le vent se maintient Nord-Nord Ouest à 8-10 noeuds mais on continue à avancer à 5,6 noeuds de moyenne en route directe.

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Jour 8
Le vent faiblit dans la nuit à 5-8 noeuds. Nous avons l'impression que chaque nuit se fait de plus en plus fraîche!

Restent 360 milles ... J-3 !!! ETA toujours prévue lundi matin. On devrait même ralentir un peu dimanche pour éviter d'arriver en pleine nuit.

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Jour 9
En traversant le golfe de Gascogne, nous devions tôt ou tard croiser la route des cargos descendant ou montant en mer du Nord. Ce fut pour cette nuit avec plus de deux heures de zigzags entre tous ces navires gigantesques. Record avec un supertanker de 399m de long et 52m de large!

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A moins de 200 milles de l'arrivée, le vent nous est toujours favorable. 10/12 noeuds de travers qui nous propulsent à plus de 7noeuds de moyenne vers La Rochelle. On prévoit donc de mouiller à l'île de Ré dimanche soir pour rentrer au port des Minimes lundi matin, l'endroit même que nous avions quitté le 9 août 2015.

Jour 10
Derniers milles, dernier levé de soleil sur l'Atlantique, dernier message via iridium ...


On savoure nos derniers moments à bord. Il reste 55 milles à parcourir. Nous avons hâte et en même temps ... Émotions partagées entre le plaisir de retrouver nos proches et la fin d'une extra-ordinaire aventure. Les filles guettent la terre ferme aux jumelles…

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Départ des Açores pour la Rochelle

Comme pour la transat Bahamas-Açores, c'est ici que vous pourrez consulter des news régulièrement, en cliquant sur "Comments" de ce post.
Daniel est arrivé aujourd'hui, donc nous serons prêts à larguer les amarres dès demain, vendredi 17 juin. Il nous faudra 10/12 jours pour rallier La Rochelle.

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Notre "oeuvre" à la marina de Horta: c'est une tradition pour les équipages d'immortaliser une fresque sur les pontons.

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Vidéo transat retour vers les Açores

Ca y est, nous sommes bien arrivés à bon port, sur l'île de Faial aux Açores.
Un résumé en images de nos 3 semaines de transat !
Merci à toutes et tous pour vos messages d'encouragements et de soutien tout au long de la traversée et un grand Merci à Nicolas, notre co-équipier de choc qui a repris aujourd'hui la route vers St Lu.


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Radio ponton transat retour vers les Açores

Comme nous l'avions fait après la transat aller, l’équipage s’est livré à un radio-ponton.

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Qu'est-ce qui t'a le plus surpris durant cette traversée ?
Camille : "Les phisalies par centaines (ce sont des méduses avec une sorte de voile) et la mer d'huile, quand on s'est baigné "
Manon : "Nous avons vu beaucoup d'oiseaux, ça faisait du bien de voir des animaux, c'était rassurant"
Nicolas : C'était plus facile que je ne pensais, aussi bien sur le plan physique et la navigation que sur le plan de la vie en groupe à huis clos pendant trois semaines"
So : "En pleine nuit, se retrouver nez à nez avec un cargo de 250 mètres sans AIS au milieu de l'Atlantique !"
Jules : "Enchainer presque 5 jours de près pour rejoindre les Bermudes."

As-tu trouvé le temps long?
Camille : "Non, pas vraiment parce qu'on a fait plein d'activités, comme des jeux de société et des travaux manuels et on n'a pas eu le mal de mer".
Manon : "Oui, pendant les trois premiers jours où ça a beaucoup bougé, et sinon j'ai trouvé le temps mois long que pendant la transat aller, qui, elle, n'avait duré que 15 jours"
Nicolas : "Non, le rythme de vie fait de jeux, gym, siestes, lecture etc…. permettait de bien remplir les journées"
So : "Oui, plus long que pour la transat aller. A vrai dire, cette traversée est celle que j'appréhendais le plus à cause de la distance (donc la durée!), du manque de visibilité en termes de météo, des dépressions au large des Açores, de l'impossibilité de faire un stop ou une "marche arrière". Pour ma part, la 3ème semaine était de trop, le manque de sommeil me pesait."
Jules : "Non, beaucoup moins que ce que j'appréhendais. Sans doute grâce à la diversité des conditions rencontrées qui nous ont fait davantage manoeuvrer et qui nous ont aussi fait beaucoup discuter quand à la meilleure route à prendre."

Pendant cette traversée, quel(s) moment(s) as-tu préféré(s)?
Camille : "J'ai beaucoup aimé quand on a joué tous les 5 au Uno, la fête des lumières, quand on s'est baigné en plein milieu de l'Atlantique, quand on a vu des dauphins et quand Maman m'a fait un massage."
Manon : "Les bancs de dauphins, les parties de tarot avec Nico, la fête "lights & colours", le karaoké et quand on a fait des crêpes"
Nicolas : "La baignade au milieu de l'Atlantique par 5000m de fond, les longs surfs sour la houle par 25 noeuds, les rencontres avec les dauphins"
So : "Notre bain en pleine mer, les rayons du soleil perçant le bleu profond par 5000m de fond et - sur une autre registre - les séances de gym en commun, franches rigolades"
Jules : "Une journée avec 12 noeuds de vent de travers, mer plate, qui nous a permis de filer à 8 noeuds, une fois n'est pas coutume, en route directe."

Au contraire, quel (s) moment(s) as-tu le moins apprécié(s)?
Camille : "Quand le bateau bougeait beaucoup et qu'on ne pouvait rien faire."
Manon : "Les jours de navigation au près où l'on se prenait les vagues en plaine face"
Nicolas : "Le près la nuit dans la cabine avant et la brûlure de méduse en remontant la ligne de pêche"
So : "Les prises de ris en pleine nuit par 25-30 nds"
Jules : "Quand il faut prendre la décision de descendre très Sud (après être remonté très Nord) et donc d'allonger encore la route, même si la question ne se posait pas vraiment puisqu'il s'agissait d'éviter le gros d'une dépression.

Qu’est-ce qui t'a manqué le plus pendant 3 semaines ?
Camille : "Les amis, la baignade, du poulet, le calme"
Manon : "Un gros hamburger avec des frites, une douche chaude et les amis, la famille"
Nicolas : "Les longues douches chaudes. Quelques secondes sous l'eau glacée ce n'est pas top!"
So : "A partir de la 3ème semaine : voir du monde, échanger, partager, nageri"
Jules : "Des bonnes conditions pour pouvoir aller plus vite!"

Qu’est-ce qui t'a agacé(e) ?
Camille : "Quand je me suis coincée le doigt à cause d'une grosse vague !"
Manon : "Le jour où j'ai mis la table, fait la cuisine et même la vaisselle pendant que Camille jouait tranquillement"
Nicolas: "Me faire battre au Tarot et au Uno à chaque fois - ou presque. Merci Camille pour les +4 :)
So : "Le niveau sonore élevé. Plus les jours passaient et plus je devenais sensible aux bruits (fracas des vagues, sifflement du vent, ragage du gréement…). La dernière semaine, les nuits me semblaient durer une éternité, je ne trouvais pas le sommeil avant 5/6h du matin malgré boules quies et casque sur les oreilles… et j'avoue ne pas avoir été tous les jours de bonne humeur. Autre chose : aucun poisson n'a mordu à notre ligne en 21 jours. Rrrrr !
Jules : "Arriver sous un temps breton."

As-tu une anecdote à partager ?
Camille : "On a fait une minute de gros mots à l'avant du bateau et Nicolas nous a appris des gros mots en anglais ;)"
Manon : "Au 19ème jour, nous avons instauré la journée des farces : Nico et Papa ont modifié les paramètres des écrans de contrôle afin de doubler la vitesse du bateau (ils ont ont converti les millles/h en km/h). Le bateau affichait 11nds de vitesse moyenne et ils m'ont fait croire qu'on arriverait 2 jours plus tôt que prévu !"
Nicolas: "Au près par 25 noeuds de vent, le moment ou essayant de dormir je décolle totalement sur ma couchette à cause d'un vague pour retomber lourdement sur le ventre"
So : "En pleine nuit, jouer au chat et à la souris avec un goéland qui avait élu domicile dans le carré et saccageait coussins, fruits et légumes"
Jules : "Les séances de gym animées par Sophie, quelles que soient les conditions."

Et si c'était à refaire ?
Camille : "Oui, je le referai dans les mêmes conditions"
Manon : "Oui, mais avec un congélateur pour pouvoir manger de la viande et des glaces !"
Nicolas: "Oui mais avec un spi pour un peu plus de vitesse au portant et quelques jours de plus au Bahamas avant de partir"
So : "C'est bien de faire cette transat retour pour boucler la boucle (comme le dit Camille : " on a commencé quelque chose, on le finit !") mais si c'était à refaire, je ne suis pas certaine que je repasserai 30 jours en mer (il nous en reste encore 10). Je consacrerai une semaine de plus à découvrir d'autres îles des Bahamas et 3 semaines à remonter les Etats-unis jusqu'à NYC. J'opterai pour un convoyage du bateau USA-France. L'arrivée en bateau au pied de Miss Liberty doit être tellement grandiose… Bahamas/NYC à la voile, un projet de plus à inclure dans notre to do list !"
Jules : "Oui, en prenant le temps de s'arrêter aux Bermudes. Cela coupe le trajet et il paraît que l'escale est très agréable."

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La transat Jour après Jour

Jour1 :
Apres 22h de trajet depuis St Lunaire, première nuit à bord pour Nicolas à la marina. Capture d’écran 2016-05-31 à 15.59.26
Réveil matinal pour briefing sécurité, remplacement de la girouette défectueuse, puis ultime baignade à Rose Island pour admirer les champs de gorgones.
Super départ à la voile à midi sous le soleil au portant.
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Depuis 17h et durant toute la nuit, slalom entre pétole (zone sans vent) et orages (rafales à 33nds). Pleine lune. Ambiance super à bord."

Jour 2 :
Journée super : sous voile avec vent de 11 à 15 noeuds, tranquille.
Grasse matinée pour Camille et Manon puis révisions. Sinon lecture (nous rattrapons notre retard sur l'actualité!), Uno, échecs ... Et gym + danse pour les filles.
La nuit a encore été très orageuse (on ressort polaires & vestes de quarts!) puis retour au calme ce matin.
Pensées à Eric de Catapulte, nous espérons que tout va bien.
Pensées aussi à Siminoé qui part en transat aujourd'hui.
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Jour 3 :
Journée qui ne restera pas dans les annales de navigation: vent quasi nul donc moteur. On teste la première séance de gym tous ensemble avec une appli iPad de Nico, rigolades !
Nuit calme.
Camille face mer

Jour 4 :
Cned, piano, quilling.
Le vent a forci dans l'après-midi, pile de face, nous remontons donc au près. Nuit au shaker. Impossible de dormir dans les couchettes avant. Ça secoue mais le moral est bon! On en a pour plusieurs jours de ce régime, donc on n'est pas arrivés.
Merci pour les messages de bonne fête (Sophie).
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Jour 5 :
Pas d'école ce matin, il y avait trop de mer. La nuit a été difficile pour tous les adultes (sauf Camille et Manon qui font le tour du cadran!), du coup on se relaie pour faire des siestes.
Vent 12-15 noeuds E-NE de face avec une mer déstructurée, on n'avance pas et on enchaine les virements et les prises de ris. Nico est maintenant passé maître en la matière.
Times up, jeux de cartes, lecture et musique occupent notre journée.
L'envie de faire une halte aux Bermudes nous taraude, même si cela n'était pas prévu initialement...
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Jour 6 :
La nuit a été agitée.
Nous sommes toujours dans un shaker et il n'y a toujours pas d'école. On se fait rincer mais le vent a tourné E-SE 15-17 noeuds, on avance enfin en route directe ! Préparer un repas relève du challenge. Gad Elmaleh réchauffe le carré. Fred et Jammy ("C'est pas sorcier"), bouquins et i pad sont les meilleurs amis des filles car les autres activités sont peu praticables.
On oublie les Bermudes et l'on passe bien au Nord pour profiter de la bascule du vent et partir plein Est ces prochains jours. On se rapproche de la route de nos amis de Siminoé qui sont partis de New-York!
Le vent devrait tourner favorablement et mollir dimanche : chouette cadeau pr la fête des mères ;)

Jour 7 :
Après 4 jours de près, le vent a molli et a basculé S-SE, enfin ! La mer s'est calmée et le soleil est de retour. On avance à 7,5 noeuds de moyenne; une journée de transat comme on en aimerait tant.
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On re-déjeune pour de vrai et l'on renoue avec les plaisirs culinaires: lasagnes !
La journée est rythmée par lecture, sieste, aquarelle, Yams... et le cours de gym quotidien.
Les filles assurent sérieusement leur 1er quart de transat de 20h à 23h.
Nuit très calme sous gennaker.
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Jour 8 :
Réveil surprise des filles pour la fête des mères.
Mer d'huile, le vent est complètement tombé et nous contraint à allumer les moteurs.
Séance de grand défouloir sur le trampoline et trempette dans le grand bleu entre 2 machines à laver (et oui, nous sommes tous rappelés par notre quotidien).
Bonne fête à nos mamans et joyeux anniversaire à Marielle !
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Jour 9 :
Nous avons peu dormi cette nuit, alors c'est grasse mat' pour tout l'équipage puis l'école regagne ses droits.
Les moteurs nous aident une bonne partie de la journée, mais la progression reste lente.
Camille et Manon font des crêpes, servies sur le trampoline, tandis qu'un banc d'une vingtaine de dauphins s'invitent au goûter. Capture d’écran 2016-05-31 à 14.03.53
Jeux sur le roof, la mer est si calme. Les filles participent au premier quart de 20h à 21h30.
Le vent remonte au coucher du soleil, on ressort le gennaker et l'on file à 8 noeuds, pour une fois sur la route directe, sur une mer sans houle. Pourvu que cela dure.
Au milieu de la nuit, on passe le cap des 10 000 miles, près de 19 000 km parcourus depuis notre départ... Encore un bout de chemin pour rallier La Rochelle : 2800 miles nautiques environ. On tient le bon bout - dans la bonne humeur :)
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Jour 10 :
Le vent remonte dans la nuit, on explose nos performances en route directe. Journée tranquille rythmée par le Cned, lectures et gym quotidienne puis Fiesta sur le thème de "Lights and Colors". Ambiance à bord.
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Jour 11 :
Arbitrage stratégique avec le routeur sur la meilleure option à prendre. Le soleil donne, le vent se stabilise à 10-12 noeuds.
Ecole, leçon de bonnes manières pour les unes, cours de météorologie et d'histoire de l'art pour les autres. Les filles avancent leur blog et l'on déguste un confit de canard.
La houle vient désormais de l'ouest et nous porte, on met les voiles en ciseaux. Toujours rien pêché, l'océan serait il vidé de ses poissons ?

Jour 12 :
C'est le grand jour: nous avons parcouru la moitié du chemin! Mais le vent de face et les bulles de pétole nous ont contraint à tirer des bords et faire 20% de route en plus. Courage, il ne reste plus que 1300 milles (2600km).
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Espérons mettre moins de temps pour cette deuxième partie: du vent plus fort est attendu dans 2 jours. Pour fêter cela, bloc de foie gras et Sauterne (merci Cecile, Fabrice, Laurence et Guillaume).
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Jour 13 :
Mauvaise nouvelle de la nuit : une dépression sérieuse va se trouver sur notre route dans 2 jours. Le routeur* nous conseille de la contourner par le Sud, soit pas vraiment sur le chemin des Açores... Conséquences : non seulement, on rallonge la distance parcourue, on va se prendre une dépression et en attendant, on doit faire du moteur. Le moral de l équipage est en berne.
Manon nous prépare un gâteau et un nouveau banc de dauphins nous rend visite. Superbe ! Le baromètre des humeurs remonte.
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Programme scolaire du jour : mythologie grecque pour les filles. La théorie cède la place à la pratique : des offrandes (en épluchures de carottes et de choux) sont concoctées à l attention d'Eole et Poseidon, par l'ensemble de l'équipage. Un grand moment de créativité! Chacun y va de ses doléances...
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Toujours rien à l'hameçon malgré un montage inédit avec 3 leurres sur la même ligne. On continue à manger du chorizo et du canard. Certains (certaines) apprécient.
*Routeur = un météorologue nous guide à travers l'Atlantique pour nous faire bénéficier des meilleures conditions possibles (suivant nos critères: rapport vitesse/sécurité/confort sous voile), et notamment pour éviter de se retrouver en plein milieu d'une tempête.

Jour 14 :
Bonne nouvelle: la dépression devrait être un peu moins creuse que prévue. On peut donc s'en approcher davantage pour bénéficier de son flux de sud-ouest. Le vent commence d'ailleurs à rentrer dès le matin. Ça glisse enfin! Nous constituons nos stocks de sommeil tant que la mer est calme, on devrait en avoir besoin ces prochains jours...
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Jour 15 :
Le vent s'est établi à 15-20 noeuds dans la nuit, avec quelques rafales à 25 noeuds. On prend un ris par précaution (= on diminue la surface de la grand voile pour pouvoir recevoir un vent plus fort).
Nous n'avons pas beaucoup dormi cette nuit car la houle était de travers mais le réveil se fait sous le soleil et avec une houle arrière. Le bateau file et l'on savoure un copieux petit déjeuner tous ensemble en scrutant la hauteur des vagues qui se creusent avec le vent.
On avance bien et l'on passe sous la barre des 1000 miles pour rejoindre les Açores. Le moral est très bon.
Nous avons des échanges quotidiens avec nos bateaux-copains, "voisins d'Atlantique", Siminoé et Roi Baco, à quelques centaines de miles de là. RDV est pris avec tout le monde, avec en plus Tsaelou et - espérons-le - Mimosa aux Açores. Fiestas en perspective ! Soirée pyjama déjà prévue pour Camille & Manon à Horta avec Siminoé, ça sent l'arrivée ! ... Patience, comptez encore une semaine de nav', les paris sont ouverts sur le jour et l'heure d'arrivée ;)
NB: nous avons vu hier à 2 reprises des ailerons noirs de 40-50 cm en forme d'équerre à 50-100m du bateau. D'après nos bouquins, il s agirait d'orques !

Jour 16 :
Nous avons la curieuse impression d'avoir passé la nuit dans le tambour d'une machine à laver.
Le vent est établi à 22-24 noeuds avec des rafales à 30 noeuds sous les grains. Le record de vitesse est battu pour le bateau: 20 noeuds dans un surf!
Le lever de soleil, splendide, compense une nuit très courte. Le front froid de la dépression est maintenant passé: place maintenant à un ciel de traîne ensoleillé et une mer qui blanchit avec le vent encore forcissant.
Seules les filles ne semblent pas très perturbées par les vagues qui frappent assez violemment le bateau. Nous sommes époustouflés par leur capacité d'adaptation. Elles préparent une bouteille la mer : Camille s'attelle à la version française et Manon à la traduction en anglais.
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Pizza maison et tarte au citron nous apportent énergie et réconfort. Plus que 800 miles (sur 2600), on tient le bon bout !
Nous avons ressorti pantalons, polaires, chaussettes et vestes de quart et pourtant la température de la mer affiche encore 26 degrés !

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Jour 17 :
Ça y est. Il fait officiellement froid : 19,8°c au petit matin dans le bateau. Les Bahamas sont déjà loin...
Cette nuit, nous étions encore dans le mode essorage. La mer et le vent sont restés forts : 3 ris de rigueur dans la grande voile (l'étape d'après pour la réduire consiste à la descendre complètement!). On pense à Arnaud et Nicolas de Roi Baco, à une journée derrière nous, qui ne sont que 2 dans leur monocoque de 10m pour affronter cela, mais aussi à Siminoé, 2 jours devant, qui a affronté 45 noeuds cette nuit.
L'avantage de ces conditions est que l'on avance enfin!
Le moral est au top malgré un menu typique de ces conditions: chineese noodles cup.
Place maintenant à un temps plus calme qui va nous permettre de récupérer avant une nouvelle accélération du vent jeudi. De quoi nous propulser vers les Açores!

Jour 18 :
Le vent est retombé à 10-12 noeuds : une journée de répit ... et donc de repos, appréciée par l'équipage. On ressort bouquiner dehors, mais il fait désormais bien frais - exit le maillot! Soirée "l école des Voices " dans le carré. Chacun y va de sa performance : on retiendra Nico et son interprétation éblouissante de "Imagine" Bieberisé ainsi que Jules et "Le clown" rasta.
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Jour 19 :
Le vent remonte dans la nuit à 18-21 noeuds, et l'on a du mal à trouver le sommeil. La fatigue commence à se faire sentir, nous sommes de plus en plus sensibles au volume sonore des vagues et du vent. On cherche le bouton OFF, en vain.
Heureusement, ce vent de Sud-Ouest est parfait pour nous amener sur un seul bord jusqu'à l'île de Faial. Reste 350 milles (en avons déjà parcouru 2 700, soit 5 000 km), nous espérons arriver dimanche matin.
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Jour 20 :
Nous avons bien avancé cette nuit par 16-18 noeuds, ce matin c'est crêpes au petit déj !
Apres 2/3 jours de franche grisaille, le soleil est de retour et nous donne du courage pour la dernière ligne droite. On reporte au crayon les points GPS sur la grande carte de l'Atlantique que nous a offerte Daniel et l'on réalise le chemin parcouru depuis le 9 août 2015.
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Jour 21 :
En ce dernier jour de nav, les dauphins nous font la fête au réveil. Puis Manon nous déclare solennellement au petit déjeuner qu' elle a l'intention de faire Polytechnique plus tard...Le Cned lui aurait il donné le goût du travail ;)
Plus que 100 milles à parcourir, nous sommes vraiment impatients de retrouver nos bateaux-copains, nos familles par Skype, une connexion internet, un morceau de viande, une glace à la chantilly...et des nuits paisibles, sans secousse ni fracas.
ETA (Estimated Time of Arrival) à Horta sur l'île de Faial, demain dimanche, vers 10h UTCDSC07643

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Préparatifs de transat

On s'active à bord : avitaillement conséquent, réorganisation des cales (on sort les couettes qui devraient nous resservir dans peu de temps !), rangements, inspection du gréement, révision des moteurs, lavage à grande eau. Tout l'équipage est réquisitionné : Manon perfectionne sa maîtrise d'Excel pour indexer les stocks, Camille joue les fées du logis !
Notre ami, Nicolas, arrive samedi, l'équipage sera donc au complet et nous devrions mettre les voiles dimanche midi.
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J-3 ! On s'accorde une pause avec la visite de Nassau - sans grand intérêt - si ce n'est son musée de la piraterie qui captive les filles et occasionne l'acquisition d'un nouveau pavillon…
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On prépare des pochettes de gourmandises envoyées par les Friends&Family. Une pochette surprise par semaine de transat ;)
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et l'on fait connaissance de l'équipage de Roi Baco qui prend le départ samedi pour les Açores avec le même routeur. Chouette, un bateau-copain pour la transat !
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Créations pendant la Transat Aller

La transatlantique semble avoir inspiré les filles…
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Camille

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Manon

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Radio Ponton Transat Aller

Comme nous l'avions fait après un mois à bord de Seaview, l’équipage s’est livré à un radio-ponton (exercice de style que nous avons découvert auprès de la famille Nieutin dans leur livre « Prêts pour partir », ouvrage qui nous a fait rêver et nous a inspirés).


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Qu'est-ce qui t'a le plus surpris durant cette traversée ?
Camille : « Au début, je croyais que ça allait beaucoup bouger, comme pour la traversée du Golfe de Gascogne, mais finalement ça remuait à peine."
Manon : «Réussir à pêcher 3 daurades d'affilée ! Ne pas voir le temps passer et ne pas avoir été malade du tout. Avant de partir, Papa nous avait prévenues que ça allait bouger un peu et qu'il y aurait de la houle mais en fait, c'était vraiment tranquille".
Daniel : "Incontestablement le fait que les filles se mettent à leur CNED tous les matins comme si elles partaient pour l'école. Je ne suis pas sûr que cela aurait été le cas à bord d'un monocoque…"
So : "Je n'imaginais pas qu'une transat pouvait être si paisible. Si j'avais su, j'aurais signé avant !"
Jules : "Je ne pensais pas que l'on pouvait avoir 4 jours de calme en plein milieu de l'océan pendant les alizés."

As-tu trouvé le temps long?
Camille : «Non, mais j'avais quand même hâte d'être arrivée".
Manon : «Avant le départ, je pensais que ça allait être super long mais finalement, dès le premier jour, on était amariné et on a fait des activités, alors c'est passé vite. Mais les deux derniers jours, j'étais quand même impatiente d'arriver."
Daniel : "Couçi couça mais j'avais emporté du travail avec moi !"
So : «Non, j'aurais même voulu suspendre le temps".
Jules : "Oui quand on est englué dans une zone de calme. Non quand on surfe la houle (record à 15,5nds)".

Pendant cette traversée, quel(s) moment(s) as-tu préféré(s)?
Camille : «Préparer le bal des pirates et l'évaluation de solfège de Papy, jouer à la bataille navale".
Manon : «Lorsqu'on a aperçu des globicéphales près du bateau".
Daniel : "Les leçons de solfège que m'a données Camille. Très bon professeur, un peu trop indulgent peut-être…"
So : "La lumière sur l'Océan, les quarts de nuit, le ciel étoilé, jouer du piano au milieu de l'Atlantique…"
Jules : "Plonger pour voir le bleu intense des profondeurs."

Au contraire, quel (s) moment(s) as-tu le moins apprécié(s)?
Camille : «Quand je faisais la vaisselle…"
Manon : «Quand je faisais le CNED…"
Daniel : "Les mouvements d'un cata dans la mer croisée : j'avais quelquefois l'impression de me trouver debout dans une rame de métro et dans un virage. "
So : «Quand la porte vitrée, dont la sécurité était mal enclenchée, s'est brutalement refermée sur mon genou dans un creux de houle… J'ai décidément du mal avec cette porte vitrée !"
Jules : "Je me répète: la zone de vent calme!".

Qu’est-ce qui t'a manqué le plus pendant 15 jours ?
Camille : «Rien"
Manon : "Ne pas pouvoir faire trop de gymnastique".
Daniel : "Ma doudou"
So : "De ne pouvoir s'adresser de vive voix à nos proches pour partager en live ces moments d'exception. Un SMS Irridium de 150 caractères exige la concision !"
Jules : "Un spi symétrique pour naviguer encore plus confortablement au vent arrière."

Qu’est-ce qui t'a énervé(e) ?
Camille : «Manon qui n'essuyait pas la vaisselle une fois que je l'avais lavée…" (en off : "Camille, la question ne porte pas sur "Qui est-ce qui… mais sur Qu'est-ce qui…". Réponse spontanée : "C'est pas grave, c'est ça qui m'a énervée…"
Manon : "Rien"
Daniel : " Toutes les fois où j'entendais les mots Ketchup et Nutella, j'avais envie de sortir mon revolver."
So : "En l'espace de 10 minutes, me faire bizuter à deux reprises par la boite de farine, qui - contrariée par la gîte du bateau - s'est négligemment déversée sur moi alors que j'ouvrai le four en contrebas. La première fois, j'ai éclaté de rire. La deuxième fois, c'était digne d'un mauvais épisode de Benny Hill (quoiqu'ils soient tous mauvais…)."
Jules : "De m'apercevoir que le rosé qui nous restait était un peu passé après la chaleur du Siné Saloum".

As-tu une anecdote à partager ?
Camille : «Une nuit, j'ai fait un petit bout de quart. Le ciel était très étoilé et pour la première fois de ma vie, j'ai vu des étoiles filantes et du plancton phosphorescent".
Manon : «Comme on avait du temps, avec Cams (=Camille), on a réussi à cuisiner deux gâteaux dans la même journée. Un record !
Daniel : "La séance de "gueuloir" -non c'était pas Flaubert- avec les filles sur le trampoline où j'ai cru que Manon allait se casser la voix.Le voilier qui était juste devant nous au milieu de l' Atlantique et que je n'ai vu qu'à 1 mille de distance à l'AIS."
So : «La daurade de 1m a eu raison de moi. Le lendemain de sa prise, je me suis réveillée avec des courbatures dans les bras. Remonter la bête au moulinet sur 50/60 mètres, alors que le bateau avance, relève d'une séance sportive. Qui a dit que la pêche était une discipline "pépère"?" ("mémère" serait d'ailleurs plus adapté au contexte)
Jules : "L'émerveillement de Camille et Manon quand elles ont découvert le plancton phosphorescent dans le sillage du bateau (elles ont chacune fait un bout de quart avec moi la nuit)."

Et si c'était à refaire ?
Camille : «Oui, je le referai exactement dans les mêmes conditions".
Manon : «Je dis oui, à une condition : je m'informe pour savoir si ce sera aussi calme que lors de cette traversée."
Daniel : "Je le referai dans le même sens. Et de préférence avec un spi, parce que 2000 milles avec le gennaker en ciseau… Heureusement que le pilote automatique a vraiment assuré."
So : "Partante avec une condition préalable : compter 3 marins (expérimentés) à bord… Et sinon, le Pacifique, c'est 30 jours de traversée, c'est ça ?"
Jules : "La même avec 20nds orientés à 150° tout du long".

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La transat Aller vue par...

La transat vue par Jules

Alors, c’était comment?

Tranquille
Tranquille, car la météo a été très (trop? voir §Long) clémente avec même 3 jours de pétole (sans vent) une fois la moitié du trajet passée. Pas de tempête (en même temps, ce n’est pas la saison) et un vent moyen de 12nds. Seule la première et les 2 dernières journées nous auront permis de bien aligner les milles grâce à un vent à 20nds et plus (force 5/6). On a ainsi pu améliorer notre record de distance parcourue en 24H avec le bateau (195Milles).
Ce que disait mon père avant de partir était donc vrai: c’est bien plus compliqué de faire France/Cap-vert que de traverser l’Atlantique.
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Tranquille aussi car mon père était justement avec nous. Avoir quelqu’un de très expérimenté en plus sur le bateau - qui plus est mon père- change tout: en cas de soucis, on sait que l’on peut compter sur lui, et les quarts de veille la nuit sont aussi beaucoup plus courts! Pouvoir dormir sur ses 2 oreilles pendant 6h d’affilée est un luxe auquel nous n’avions pour le moment jamais goûté. Avec plus de sommeil, on est plus lucide et généralement de meilleure humeur…

Long
Oui, 15 jours c’est long. C’est d’autant plus long que les manoeuvres sont assez espacées (nous ne sommes pas en régate) et que le vent est faible. Je m’imaginais une traversée avec un peu plus d’action. Pas de cargos ou de bateaux de pêche à éviter non plus.
Long aussi car les communications avec l’extérieur sont très limitées. On a tout de même bien apprécié vos messages d’encouragement! Merci.

Court
Cela, je ne l’ai écrit qu’après être arrivé… Parce qu’on oublie vite que cela a été parfois long. Mais nous avons fait plus de 4000km tout de même! Les prochaines navigations aux Antilles vont nous paraître vraiment très courtes.
15jours, c’était aussi la durée que je m’était donnée pour objectif. Agathe (ma soeur) qui devait nous retrouver en Martinique exactement 15jours après notre départ a décidé de décaler d’un jour son arrivée. Pas confiance en nous Agathe? Tu devrais savoir que je ne suis jamais en retard.
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Agréable
Surfer sur la longue houle de l’Atlantique est le rêve de tous les voileux. C’était mon cas et on sent bien les vagues pousser le bateau, même avec une faible houle. Le bateau a toujours eu des réactions saines et s’est toujours montré rassurant.

Agréable aussi car, pour la première fois, nous avons pu vivre quasiment « normalement ». Personne n’a été malade (Fait rare: les seaux bleus n’ont pas servis). On a pu dévoré des bouquins et regarder des films en famille. On n’a rarement aussi bien mangé (du pain frais et des plats maisons tous les jours). Les filles ont été très studieuses avec des grosses séances de CNED tous les matins (on va pouvoir prendre des « vacances » en arrivant). Sophie nous a même donné des cours de Yoga sur le trampoline (les filets à l’avant) au coucher du soleil…

Des moments clés?
Le moment où l’on a fait la moitié du trajet. On ne compte alors plus les jours depuis le départ, mais ceux qui restent pour arriver. On commence à relire les guides nautiques des Antilles pour préparer ses prochaines escales. On se met à écouter Frankie Vincent en pensant au Ti-Punch que l’on va prendre en arrivant. Bref, on s’y voit déjà.

Tous les matins quand on s’échange par SMS satellite nos positions avec les batocopains partis un peu avant ou un peu après nous. On s’encourage quand on attend le vent, on se félicite de nos pêches miraculeuses et de nos vitesses dignes de bateaux de course, on planifie nos apéros…

La pêche à la traîne. Sans du tout devenir des experts, chaque mise à l’eau de la canne à pêche s’est traduite par une belle prise. (Gaëlle, on a pris une photo avec un mètre à côté d’une de nos prises pour Pierre et Jules qui doutent de nos mesures ;). Par contre, je ne suis toujours pas fan du poisson. Dommage que l’on ne puisse pas attraper des boeufs ou des poulets en plein Atlantique.
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La baignade à 2000km des côtes par 5000m de fond. Même si la probabilité de rencontrer de vilaines bestioles est quasi nulle, on ne sera resté dans l’eau que le temps de s’émerveiller du bleu époustouflant des profondeurs.

Alors, maintenant qu’on « l’a fait », est-ce que cela fait de nous de vrais marins?
Certainement pas. On prend juste chaque jour un peu plus d’expérience. Mais on est quand même fier de l’avoir fait!

Maintenant, nous entamons la deuxième partie de notre voyage. Des navigations plus courtes, moins de cultures différentes à découvrir, mais des paysages de carte postale et du temps pour en profiter.

C’est aussi le moment de commencer à réfléchir au prochain grand défi que l’on va se fixer pour les prochaines années ;)


Transat vue par So

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Paisible.
Voilà comment je qualifierai cette transat.
Je l’appréhendais et – contre toute attente – je n’ai jamais autant apprécié une navigation.
Rien à voir avec les conditions de la traversée de 7 jours Canaries / Sénégal où nous avions été chahutés par des vagues de 4 mètres, une houle courte et irrégulière qui claquait violemment contre les coques et la nacelle. Conditions météo, proximité de la Mauritanie, menace de bateaux migrants avaient rendu cette navigation éprouvante. Pour cette transatlantique de 15 jours, la donne a considérablement évolué :
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1- Daniel, le Père de Julien, nous a rejoint. Je dois avouer qu’un homme de plus à bord – qui plus est marin expérimenté – c’est apaisant. La présence de Daniel pendant cette transat me fait l’effet d’une cure d’Euphytose (extrait d'aubépine et passiflore pour "apaiser les esprits"). Depuis le mois d'août, je n'ai jamais aussi bien dormi.
2- Nous sommes à présent trois pour effectuer les quarts. Passer de quarts de 5h/5h30 à des quarts de 3h, ça change tout. Constellations et étoiles filantes veillent et "bienveillent" sur nous, certains quarts me paraissent même trop courts, je réveille Jules un peu plus tard.
3- Les conditions météo clémentes. Portés par un vent moyen de 12/15 nds – excepté les quatre jours de pétole – quelques passages à 20-25 nœuds et une houle d’à peine deux mètres par l’arrière. C’est con-for-ta-ble.
4- Un routeur qui nous suit et nous envoie quotidiennement par Iridium les conditions météo et waypoints à rallier. Un garantie pour déjouer – le cas échéant – les embuscades d’Eole et Poseidon. Même si finalement, les deux energumenes se sont révélés très conciliants, faire appel à un routeur, c’est rassurant.
5- Peu de manœuvres. Poussés par le vent arrière, la route est toute directe, c’est pratique et peu physique - pas assez à mon goût, d'ailleurs.
6- Pas l’ombre d’un bateau de pêche, pas de piège tendus par les filets, peu de cargo (nous n’en croiserons que trois), peu de bateaux-voisins (1 de vue, 3 sur l’AIS). On est loin des parcours du combattant nocturnes le long des côtes espagnoles, portugaises et sénégalaises. Presque une promenade de santé, Daniel avait raison.
7- Aucune avarie technique à signaler. Pas de coque à écoper comme pour la traversée du Golfe de Gascogne, pas de sous-barbe qui rompt lâchement, ni de gennaker qui s’échappe frénétiquement au vent. C’est low-stress and easy-sail.
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Conséquence : cette transat, je l’ai vécue comme une bulle zen au milieu de l’Océan. Un moment suspendu, consciente de vivre une expérience rare.
Jour après jour, la vie s’organise. Chacun trouve sa place, c’est fluide. Peu de sautes d’humeur de l’équipage – si ce n’est quelques facéties d’ado en manque d’activité physique. Les hommes assurent à la technique et aux manœuvres, Manon et Camille "CNEDent" le matin et alternent jeux de société, lecture, cuisine et travaux manuels l’après-midi.
Pendant deux semaines, j’ai beaucoup de plaisir à observer les filles tisser une relation complice avec leur grand-père. Autant de plaisir à assister à la connivence père-fils lorsqu’il s'agit de disséquer les fichiers météo et causer technique.
Cette transat en famille prend tout son sens. Daniel nous a donné, plus jeunes, le goût de la voile et du catamaran - Jules est tombé dedans petit, pour ma part davantage sur le tard. Partager cette aventure transatlantique avec lui, c'est une manière de lui exprimer notre reconnaissance.
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Plusieurs "pépites" pendant cette traversée :
- les leçons de piano face à la mer
- les séances de yoga quotidiennes en solo ou en famille
- les lectures nocturnes pendant les quarts. Je passe ces trois heures casque sur les oreilles (l'oreille droite couverte pour capter des airs d'opéra, l'oreille gauche alerte pour détecter les bruits du bateau et l'alarme du pilote). A la lumière de la table à carte et des écrans de contrôle, absorbée par mes bouquins et la réalisation de montages vidéo, cette veillée-vigie durant quinze jours aurait pu être une corvée, c'est au contraire un moment apprécié et attendu.
- les récrés tous ensemble sur le trampoline
- un cours d'histoire-géo sur le Nouveau Monde et les Navigateurs dispensé par Daniel à Camille
- les parties de pêche
- les bons petits plats : d'un naturel peu porté sur la cuisine (frère et soeur cordons bleus pourraient en témoigner), je n'ai jamais autant cuisiné de ma vie. Si jusqu'à présent la cuisine répondait davantage à un besoin primaire (nourrir ma tribu!) qu' à un réel plaisir du palais, c'est devenu une révélation. Ca tombe bien, puisque "bien bouffer", en navigation, est essentiel pour le moral de l'équipage.
- les échanges quasi-quotidiens avec les bateaux-copains Mimosa, Siminoe, Catapulte et Sequoïa partis à quelques jours d'intervalle. On s'encourage, on se félicite de nos prises et l'on se donne RDV pour fêter la transat début janvier aux Grenadines.
- le soutien de nos familles et amis par Iridium. Merci à tous pour vos messages.

Cette transatlantique s’achève et la nostalgie de ces deux semaines en mer me gagne, un peu comme un bon livre que l'on regrette d’avoir terminé.

Pour les proches, voir la vidéo de la transat dans l'onglet "vidéos" (accès privé).
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Transat : prêts, partez !

Plusieurs mois qu'on l'envisage, qu'on en rêve, qu'on s'y prépare et - il faut bien le reconnaître - qu'on l'appréhende.

Pourtant, à J-2 nous sommes sereins. Le bateau est prêt (inspection de tout le gréement et des équipements de sécurité, nettoyage des filtres moteurs, changement des filtres du dessalinisateur…). L'équipage aussi.

On va même aller faire un saut à Sao Antao, l'île située en face de Sao Vincente et accessible uniquement en ferry. C'est, parait-il, la plus belle île du Cap Vert.
Au programme rando dans la nature, histoire de se dégourdir les guiboles avant la transat et ambiance "Nos jours heureux" avec Siminoe et Mimosa.

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Compter au mieux 14 jours de nav', mais la traversée peut aussi durer plus de 20 jours s'il y a pétole (pas de vent). On aimerait être arrivés "de l'autre côté" avant Noël, n'est-ce pas Gathoune?

Donc pas de connexion internet et pas de mails pendant deux semaines.
On garde quand même, avec le téléphone satellite, un lien avec la terre ferme (et notamment avec notre routeur qui va analyser la météo pour nous et nous éviter de rencontrer du gros temps). N'hésitez pas à nous envoyer des news via le site www.iridium.com.

A très vite !
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