Merci Manrique !

Si à partir des années 70, le tourisme de masse et ses constructions massives a commencé à sévir sur les îles Canaries, une île en a été préservée : Lanzarote.
Un artiste protéiforme (architecte, peintre et sculpteur), César Manrique, s'est opposé à la prévisible "défiguration" de l'île.
Influencé par Picasso et Matisse, il atteint son apogée en 1964 grâce à une exposition au Musée Guggenheim. Bien que célèbre, il ne renie pas son île d'origine puisqu'il y revient pour maintenir le patrimoine de Lanzarote et édifier des normes architecturales (protection des méthodes traditionnelles de construction, interdiction des panneaux publicitaires…).
Grâce à lui, l'île est aujourd'hui très préservée. Le gouvernement a promulgué des lois limitant l'urbanisation, les prometteurs aux projets mégalo ne sont pas les bienvenus et c'est tant mieux.
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Résultat : les villages de Lanzarote sont peints en blanc à la chaux.Portes vertes et cheminées en forme d'oignon sont de rigueur. Cette uniformité et la culture "tourism-oriented" des habitants manquent certes parfois de patine et peut friser l'aseptisation mais, au moins, l'île a conservé des villages traditionnels pittoresques - contrairement à Fuerte.
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Manrique est aussi intervenu pour créer plusieurs oeuvres combinant nature-art-architecture sur sept sites de l'île.
En visitant Lanzarote, nous avons donc effectué un pèlerinage sur les traces de Manrique. Il règne ici une atmosphère assez particulière mêlant paysage volcanique, nature, art et spiritualité.
Manrique a révélé le caractère volcanique de l'île et lui a apporté une touche artistique. L'un de mes coups de coeur depuis le début du voyage.
Un aperçu de son oeuvre en quelques clichés.

La Fondation Manrique
Manrique est tombé sous le charme d'un terrain volcanique recouvert de lave des dernières éruptions de 1736 et y a construit sa propriété.
La demeure est aujourd'hui la Fondation Manrique et un musée d'art contemporain.

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Outre quelques oeuvres de peintres américains et espagnols du XXème, on déambule dans des pièces baignées de lumières et de lave. Manrique a révélé 5 bulles de lave reliées par des tunnels. Chacune de ses bulles ont été aménagées. On passe de salons seventies aux patios troglodytes… Une symbiose entre art-archi & nature. Rétro, psyché et surréaliste !

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- Le mirador del Rio : Manrique y a édifié un bar panoramique coiffé de mobiles géants. Vue vertigineuse sur Graciosa et les îles volcaniques aux alentours.
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- Jameos del Agua : une grotte qui prend des airs de basilique marine autour d'un lac souterrain d'eau salée. Manrique eu l'idée géniale d'installer ici un bar, un restaurant, une salle de concert, une piste de danse …
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et même une piscine. Classée monument historique, on n' y trempe pas même l'orteil… les filles furent très déçues de ne pouvoir y piquer une tête mais avec Jules et Maman, nous avons apprécié le site vierge de touristes et le bar rien que pour nous. Il y règnait un air de "luxe, calme et volupté".
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Manrique, aux multiples talents, s'adonnait aussi au dessin et à la peinture. L'homme-esthète m'a passionnée. Dommage qu'Amazon ne puisse pas (encore) envoyer ses drônes livrer des bouquins sur l'océan, j'y aurais bien consacré un peu plus de lecture et de temps.

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Calor de la Terria 1992 - C. Manrique

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