L'arrivée

Onze mois que nous avons quitté La Rochelle, famille et amis. Les deux derniers jours sont chargés d'émotion. Satisfaction profonde d'avoir mener à bien notre projet, plaisir immense d'avoir réalisé un rêve, effectué d'étonnantes découvertes et de chouettes rencontres. Impatience aussi de retrouver les nôtres mais conscience qu'une fabuleuse histoire est en train de s'achever.
Soleil franc et force 5 en ce jour de grand retour. Seaview file à 9-10 noeuds par vent de travers : nous allons arriver plus tôt que prévu (dimanche soir, au lieu de lundi matin). Echange satellite avec Kiki et Maman pour les prévenir de notre débarquement anticipé. Ouf ! elles ont eu l'ingénieuse idée d'arriver une journée plus tôt. On raccroche et l'on se replonge les yeux dans l'horizon, dans le bleu profond. On savoure chaque dernier mille.
"TEEEEERRRRRREEEE !….." Les filles nous sortent de nos pensées en apercevant aux jumelles le phare de Chassiron, Nos téléphones captent à nouveau le réseau français. Reconnexion avec la France, reconnexion avec la tribu.

Il est 20H30 lorsque nous apercevons la forêt des 6000 mâts dansant dans le port de la Rochelle.

Au loin, Maminou et Kiki agitent de grands signes de la main. On crie, on saute et l'on tente tout de même de garder son sang froid pour assurer l'ultime dernière manoeuvre dans le port.
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Nos sourires en disent long sur le bonheur de retrouver les nôtres… et d'achever une transat qui aura duré au total 30 jours.
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Les Açores - La Rochelle jour après jour

Jour 1
Après une soirée bien arrosée au mythique Café des Sports de Peter (tous les navigateurs sillonnant l'Atlantique s'y sont arrêtés au moins une fois) avec nos amis de Siminoé, Krysfil, Roi Baco et Blaz, nous avons largué les amarres à midi le lendemain. Tous les bateaux-copains étaient sur le quai pour le comité de départ. Merci!

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Apres s'être dégagés du dévent des îles au moteur, on hisse les voiles et le bateau file sur la route directe 8 noeuds sous gennaker sur une mer plate. Idéal pour reprendre ses marques.

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Première nuit bien tranquille même si le réveil pour prendre son quart reste toujours un peu difficile.


Jour 2
Camille nous prépare des pancakes et vu l'heure tardive, on brunche. 
Journée paisible par 13-15 noeuds de vent, vent arriere/grand largue. La mer est calme, on file en route directe parcourant 150 miles nautiques en VMG en 24h. 1ère séance de gym tous ensemble.

Jour 3
Nous avons bien repris le rythme des quarts de nuit. La mer est plate et l'on dort comme des bébés ! La pleine lune nous accompagne, nous sommes sous Grand Voile et gennaker par 11-12 noeuds de vent.

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Au réveil, on aperçoit 2 baleines, sympa pour la fête des pères. 
Journée sous le soleil: lecture et sieste sur le trampoline tandis que les filles enrôlent Daniel dans un tarot et font peinture/decopatch. 

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Séance de défouloir à l'avant du bateau.

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On met les voiles en ciseaux pour conserver un meilleur cap. 
Il reste moins de 1000 milles à parcourir :)

Jour 4
Les températures chutent, le ciel se charge, on a frais !

Séance de géographie sur l'Amérique du Sud avec Daniel, lecture, écriture, dérushage des photos, yoga... On s'occupe. 
Les filles organisent une soirée "Ateliers des Chefs", elles nous concoctent lasagnes végétariennes et verrines.
Le vent est établi Sud Ouest à 15 noeuds, nous sommes toujours sous Grand Voile et gennaker. On continue à bien avancer : 140 milles en route directe aujourd'hui, avec une moyenne à 6 noeuds en VMG.

Jour 5
Il bruine, la visibilité est réduite... On se prend le front froid de la dépression. Nuit néanmoins tranquille par vent Sud Ouest 15-16 noeuds. On sort les bottes, salopettes et vestes de quart !

Ce matin, les filles commencent à ranger leur cabine - sans qu on ne leur demande - impatience du retour ;) Partie de Scrabble tandis que le vent bascule NNE. Toujours rien pêché, on désespère. Les paris sont lancés sur la date et l'heure d'arrivée... A priori dans la nuit du 27/28 ou mardi 28 au matin.
En fin d'après midi, nous apercevons pour la 1ère fois une voile à l'horizon. Même à une distance de 3,5 milles, la voile semble hors norme. On dirait bien un bateau de course... On sort les jumelles et quelques minutes plus tard, bref échange VHF: il s'agit de Spirit of Hungary, un Imoca 60, qui se dirige vers Newport.

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Jour 6
Le vent faiblit dans la nuit à 6-8 noeuds mais passe davantage nord. De quoi aller en route directe au largue ! Nous avons parcouru plus de la moitié du chemin pour la Rochelle et le vent devrait se maintenir à 10-15 noeuds ces prochains jours. ETA (heure d'arrivée estimée) avancée à lundi matin. On va fêter cela ce soir : foie gras, pain maison, Montbazillac.

Moral au top. L'excitation monte de jour en jour pour Camille et Manon. J-4,5 !!

Jour 7
Ce matin, on change d'heure pour commencer à se recaler sur la France :) et éviter les levers du jour à 4h30 du matin ! Justement, le soleil est de retour mais il fait frais (froid!). Sieste dehors (avec polaire et plaid), cours de danse et les filles font bracelets brésiliens et scoubidous.

Camille effectue un quart avec Daniel, leçon de voile en prime. Le vent se maintient Nord-Nord Ouest à 8-10 noeuds mais on continue à avancer à 5,6 noeuds de moyenne en route directe.

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Jour 8
Le vent faiblit dans la nuit à 5-8 noeuds. Nous avons l'impression que chaque nuit se fait de plus en plus fraîche!

Restent 360 milles ... J-3 !!! ETA toujours prévue lundi matin. On devrait même ralentir un peu dimanche pour éviter d'arriver en pleine nuit.

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Jour 9
En traversant le golfe de Gascogne, nous devions tôt ou tard croiser la route des cargos descendant ou montant en mer du Nord. Ce fut pour cette nuit avec plus de deux heures de zigzags entre tous ces navires gigantesques. Record avec un supertanker de 399m de long et 52m de large!

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A moins de 200 milles de l'arrivée, le vent nous est toujours favorable. 10/12 noeuds de travers qui nous propulsent à plus de 7noeuds de moyenne vers La Rochelle. On prévoit donc de mouiller à l'île de Ré dimanche soir pour rentrer au port des Minimes lundi matin, l'endroit même que nous avions quitté le 9 août 2015.

Jour 10
Derniers milles, dernier levé de soleil sur l'Atlantique, dernier message via iridium ...


On savoure nos derniers moments à bord. Il reste 55 milles à parcourir. Nous avons hâte et en même temps ... Émotions partagées entre le plaisir de retrouver nos proches et la fin d'une extra-ordinaire aventure. Les filles guettent la terre ferme aux jumelles…

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Départ des Açores pour la Rochelle

Comme pour la transat Bahamas-Açores, c'est ici que vous pourrez consulter des news régulièrement, en cliquant sur "Comments" de ce post.
Daniel est arrivé aujourd'hui, donc nous serons prêts à larguer les amarres dès demain, vendredi 17 juin. Il nous faudra 10/12 jours pour rallier La Rochelle.

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Notre "oeuvre" à la marina de Horta: c'est une tradition pour les équipages d'immortaliser une fresque sur les pontons.

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Vidéo transat retour vers les Açores

Ca y est, nous sommes bien arrivés à bon port, sur l'île de Faial aux Açores.
Un résumé en images de nos 3 semaines de transat !
Merci à toutes et tous pour vos messages d'encouragements et de soutien tout au long de la traversée et un grand Merci à Nicolas, notre co-équipier de choc qui a repris aujourd'hui la route vers St Lu.


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Radio ponton transat retour vers les Açores

Comme nous l'avions fait après la transat aller, l’équipage s’est livré à un radio-ponton.

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Qu'est-ce qui t'a le plus surpris durant cette traversée ?
Camille : "Les phisalies par centaines (ce sont des méduses avec une sorte de voile) et la mer d'huile, quand on s'est baigné "
Manon : "Nous avons vu beaucoup d'oiseaux, ça faisait du bien de voir des animaux, c'était rassurant"
Nicolas : C'était plus facile que je ne pensais, aussi bien sur le plan physique et la navigation que sur le plan de la vie en groupe à huis clos pendant trois semaines"
So : "En pleine nuit, se retrouver nez à nez avec un cargo de 250 mètres sans AIS au milieu de l'Atlantique !"
Jules : "Enchainer presque 5 jours de près pour rejoindre les Bermudes."

As-tu trouvé le temps long?
Camille : "Non, pas vraiment parce qu'on a fait plein d'activités, comme des jeux de société et des travaux manuels et on n'a pas eu le mal de mer".
Manon : "Oui, pendant les trois premiers jours où ça a beaucoup bougé, et sinon j'ai trouvé le temps mois long que pendant la transat aller, qui, elle, n'avait duré que 15 jours"
Nicolas : "Non, le rythme de vie fait de jeux, gym, siestes, lecture etc…. permettait de bien remplir les journées"
So : "Oui, plus long que pour la transat aller. A vrai dire, cette traversée est celle que j'appréhendais le plus à cause de la distance (donc la durée!), du manque de visibilité en termes de météo, des dépressions au large des Açores, de l'impossibilité de faire un stop ou une "marche arrière". Pour ma part, la 3ème semaine était de trop, le manque de sommeil me pesait."
Jules : "Non, beaucoup moins que ce que j'appréhendais. Sans doute grâce à la diversité des conditions rencontrées qui nous ont fait davantage manoeuvrer et qui nous ont aussi fait beaucoup discuter quand à la meilleure route à prendre."

Pendant cette traversée, quel(s) moment(s) as-tu préféré(s)?
Camille : "J'ai beaucoup aimé quand on a joué tous les 5 au Uno, la fête des lumières, quand on s'est baigné en plein milieu de l'Atlantique, quand on a vu des dauphins et quand Maman m'a fait un massage."
Manon : "Les bancs de dauphins, les parties de tarot avec Nico, la fête "lights & colours", le karaoké et quand on a fait des crêpes"
Nicolas : "La baignade au milieu de l'Atlantique par 5000m de fond, les longs surfs sour la houle par 25 noeuds, les rencontres avec les dauphins"
So : "Notre bain en pleine mer, les rayons du soleil perçant le bleu profond par 5000m de fond et - sur une autre registre - les séances de gym en commun, franches rigolades"
Jules : "Une journée avec 12 noeuds de vent de travers, mer plate, qui nous a permis de filer à 8 noeuds, une fois n'est pas coutume, en route directe."

Au contraire, quel (s) moment(s) as-tu le moins apprécié(s)?
Camille : "Quand le bateau bougeait beaucoup et qu'on ne pouvait rien faire."
Manon : "Les jours de navigation au près où l'on se prenait les vagues en plaine face"
Nicolas : "Le près la nuit dans la cabine avant et la brûlure de méduse en remontant la ligne de pêche"
So : "Les prises de ris en pleine nuit par 25-30 nds"
Jules : "Quand il faut prendre la décision de descendre très Sud (après être remonté très Nord) et donc d'allonger encore la route, même si la question ne se posait pas vraiment puisqu'il s'agissait d'éviter le gros d'une dépression.

Qu’est-ce qui t'a manqué le plus pendant 3 semaines ?
Camille : "Les amis, la baignade, du poulet, le calme"
Manon : "Un gros hamburger avec des frites, une douche chaude et les amis, la famille"
Nicolas : "Les longues douches chaudes. Quelques secondes sous l'eau glacée ce n'est pas top!"
So : "A partir de la 3ème semaine : voir du monde, échanger, partager, nageri"
Jules : "Des bonnes conditions pour pouvoir aller plus vite!"

Qu’est-ce qui t'a agacé(e) ?
Camille : "Quand je me suis coincée le doigt à cause d'une grosse vague !"
Manon : "Le jour où j'ai mis la table, fait la cuisine et même la vaisselle pendant que Camille jouait tranquillement"
Nicolas: "Me faire battre au Tarot et au Uno à chaque fois - ou presque. Merci Camille pour les +4 :)
So : "Le niveau sonore élevé. Plus les jours passaient et plus je devenais sensible aux bruits (fracas des vagues, sifflement du vent, ragage du gréement…). La dernière semaine, les nuits me semblaient durer une éternité, je ne trouvais pas le sommeil avant 5/6h du matin malgré boules quies et casque sur les oreilles… et j'avoue ne pas avoir été tous les jours de bonne humeur. Autre chose : aucun poisson n'a mordu à notre ligne en 21 jours. Rrrrr !
Jules : "Arriver sous un temps breton."

As-tu une anecdote à partager ?
Camille : "On a fait une minute de gros mots à l'avant du bateau et Nicolas nous a appris des gros mots en anglais ;)"
Manon : "Au 19ème jour, nous avons instauré la journée des farces : Nico et Papa ont modifié les paramètres des écrans de contrôle afin de doubler la vitesse du bateau (ils ont ont converti les millles/h en km/h). Le bateau affichait 11nds de vitesse moyenne et ils m'ont fait croire qu'on arriverait 2 jours plus tôt que prévu !"
Nicolas: "Au près par 25 noeuds de vent, le moment ou essayant de dormir je décolle totalement sur ma couchette à cause d'un vague pour retomber lourdement sur le ventre"
So : "En pleine nuit, jouer au chat et à la souris avec un goéland qui avait élu domicile dans le carré et saccageait coussins, fruits et légumes"
Jules : "Les séances de gym animées par Sophie, quelles que soient les conditions."

Et si c'était à refaire ?
Camille : "Oui, je le referai dans les mêmes conditions"
Manon : "Oui, mais avec un congélateur pour pouvoir manger de la viande et des glaces !"
Nicolas: "Oui mais avec un spi pour un peu plus de vitesse au portant et quelques jours de plus au Bahamas avant de partir"
So : "C'est bien de faire cette transat retour pour boucler la boucle (comme le dit Camille : " on a commencé quelque chose, on le finit !") mais si c'était à refaire, je ne suis pas certaine que je repasserai 30 jours en mer (il nous en reste encore 10). Je consacrerai une semaine de plus à découvrir d'autres îles des Bahamas et 3 semaines à remonter les Etats-unis jusqu'à NYC. J'opterai pour un convoyage du bateau USA-France. L'arrivée en bateau au pied de Miss Liberty doit être tellement grandiose… Bahamas/NYC à la voile, un projet de plus à inclure dans notre to do list !"
Jules : "Oui, en prenant le temps de s'arrêter aux Bermudes. Cela coupe le trajet et il paraît que l'escale est très agréable."

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La transat Jour après Jour

Jour1 :
Apres 22h de trajet depuis St Lunaire, première nuit à bord pour Nicolas à la marina. Capture d’écran 2016-05-31 à 15.59.26
Réveil matinal pour briefing sécurité, remplacement de la girouette défectueuse, puis ultime baignade à Rose Island pour admirer les champs de gorgones.
Super départ à la voile à midi sous le soleil au portant.
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Depuis 17h et durant toute la nuit, slalom entre pétole (zone sans vent) et orages (rafales à 33nds). Pleine lune. Ambiance super à bord."

Jour 2 :
Journée super : sous voile avec vent de 11 à 15 noeuds, tranquille.
Grasse matinée pour Camille et Manon puis révisions. Sinon lecture (nous rattrapons notre retard sur l'actualité!), Uno, échecs ... Et gym + danse pour les filles.
La nuit a encore été très orageuse (on ressort polaires & vestes de quarts!) puis retour au calme ce matin.
Pensées à Eric de Catapulte, nous espérons que tout va bien.
Pensées aussi à Siminoé qui part en transat aujourd'hui.
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Jour 3 :
Journée qui ne restera pas dans les annales de navigation: vent quasi nul donc moteur. On teste la première séance de gym tous ensemble avec une appli iPad de Nico, rigolades !
Nuit calme.
Camille face mer

Jour 4 :
Cned, piano, quilling.
Le vent a forci dans l'après-midi, pile de face, nous remontons donc au près. Nuit au shaker. Impossible de dormir dans les couchettes avant. Ça secoue mais le moral est bon! On en a pour plusieurs jours de ce régime, donc on n'est pas arrivés.
Merci pour les messages de bonne fête (Sophie).
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Jour 5 :
Pas d'école ce matin, il y avait trop de mer. La nuit a été difficile pour tous les adultes (sauf Camille et Manon qui font le tour du cadran!), du coup on se relaie pour faire des siestes.
Vent 12-15 noeuds E-NE de face avec une mer déstructurée, on n'avance pas et on enchaine les virements et les prises de ris. Nico est maintenant passé maître en la matière.
Times up, jeux de cartes, lecture et musique occupent notre journée.
L'envie de faire une halte aux Bermudes nous taraude, même si cela n'était pas prévu initialement...
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Jour 6 :
La nuit a été agitée.
Nous sommes toujours dans un shaker et il n'y a toujours pas d'école. On se fait rincer mais le vent a tourné E-SE 15-17 noeuds, on avance enfin en route directe ! Préparer un repas relève du challenge. Gad Elmaleh réchauffe le carré. Fred et Jammy ("C'est pas sorcier"), bouquins et i pad sont les meilleurs amis des filles car les autres activités sont peu praticables.
On oublie les Bermudes et l'on passe bien au Nord pour profiter de la bascule du vent et partir plein Est ces prochains jours. On se rapproche de la route de nos amis de Siminoé qui sont partis de New-York!
Le vent devrait tourner favorablement et mollir dimanche : chouette cadeau pr la fête des mères ;)

Jour 7 :
Après 4 jours de près, le vent a molli et a basculé S-SE, enfin ! La mer s'est calmée et le soleil est de retour. On avance à 7,5 noeuds de moyenne; une journée de transat comme on en aimerait tant.
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On re-déjeune pour de vrai et l'on renoue avec les plaisirs culinaires: lasagnes !
La journée est rythmée par lecture, sieste, aquarelle, Yams... et le cours de gym quotidien.
Les filles assurent sérieusement leur 1er quart de transat de 20h à 23h.
Nuit très calme sous gennaker.
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Jour 8 :
Réveil surprise des filles pour la fête des mères.
Mer d'huile, le vent est complètement tombé et nous contraint à allumer les moteurs.
Séance de grand défouloir sur le trampoline et trempette dans le grand bleu entre 2 machines à laver (et oui, nous sommes tous rappelés par notre quotidien).
Bonne fête à nos mamans et joyeux anniversaire à Marielle !
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Jour 9 :
Nous avons peu dormi cette nuit, alors c'est grasse mat' pour tout l'équipage puis l'école regagne ses droits.
Les moteurs nous aident une bonne partie de la journée, mais la progression reste lente.
Camille et Manon font des crêpes, servies sur le trampoline, tandis qu'un banc d'une vingtaine de dauphins s'invitent au goûter. Capture d’écran 2016-05-31 à 14.03.53
Jeux sur le roof, la mer est si calme. Les filles participent au premier quart de 20h à 21h30.
Le vent remonte au coucher du soleil, on ressort le gennaker et l'on file à 8 noeuds, pour une fois sur la route directe, sur une mer sans houle. Pourvu que cela dure.
Au milieu de la nuit, on passe le cap des 10 000 miles, près de 19 000 km parcourus depuis notre départ... Encore un bout de chemin pour rallier La Rochelle : 2800 miles nautiques environ. On tient le bon bout - dans la bonne humeur :)
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Jour 10 :
Le vent remonte dans la nuit, on explose nos performances en route directe. Journée tranquille rythmée par le Cned, lectures et gym quotidienne puis Fiesta sur le thème de "Lights and Colors". Ambiance à bord.
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Jour 11 :
Arbitrage stratégique avec le routeur sur la meilleure option à prendre. Le soleil donne, le vent se stabilise à 10-12 noeuds.
Ecole, leçon de bonnes manières pour les unes, cours de météorologie et d'histoire de l'art pour les autres. Les filles avancent leur blog et l'on déguste un confit de canard.
La houle vient désormais de l'ouest et nous porte, on met les voiles en ciseaux. Toujours rien pêché, l'océan serait il vidé de ses poissons ?

Jour 12 :
C'est le grand jour: nous avons parcouru la moitié du chemin! Mais le vent de face et les bulles de pétole nous ont contraint à tirer des bords et faire 20% de route en plus. Courage, il ne reste plus que 1300 milles (2600km).
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Espérons mettre moins de temps pour cette deuxième partie: du vent plus fort est attendu dans 2 jours. Pour fêter cela, bloc de foie gras et Sauterne (merci Cecile, Fabrice, Laurence et Guillaume).
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Jour 13 :
Mauvaise nouvelle de la nuit : une dépression sérieuse va se trouver sur notre route dans 2 jours. Le routeur* nous conseille de la contourner par le Sud, soit pas vraiment sur le chemin des Açores... Conséquences : non seulement, on rallonge la distance parcourue, on va se prendre une dépression et en attendant, on doit faire du moteur. Le moral de l équipage est en berne.
Manon nous prépare un gâteau et un nouveau banc de dauphins nous rend visite. Superbe ! Le baromètre des humeurs remonte.
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Programme scolaire du jour : mythologie grecque pour les filles. La théorie cède la place à la pratique : des offrandes (en épluchures de carottes et de choux) sont concoctées à l attention d'Eole et Poseidon, par l'ensemble de l'équipage. Un grand moment de créativité! Chacun y va de ses doléances...
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Toujours rien à l'hameçon malgré un montage inédit avec 3 leurres sur la même ligne. On continue à manger du chorizo et du canard. Certains (certaines) apprécient.
*Routeur = un météorologue nous guide à travers l'Atlantique pour nous faire bénéficier des meilleures conditions possibles (suivant nos critères: rapport vitesse/sécurité/confort sous voile), et notamment pour éviter de se retrouver en plein milieu d'une tempête.

Jour 14 :
Bonne nouvelle: la dépression devrait être un peu moins creuse que prévue. On peut donc s'en approcher davantage pour bénéficier de son flux de sud-ouest. Le vent commence d'ailleurs à rentrer dès le matin. Ça glisse enfin! Nous constituons nos stocks de sommeil tant que la mer est calme, on devrait en avoir besoin ces prochains jours...
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Jour 15 :
Le vent s'est établi à 15-20 noeuds dans la nuit, avec quelques rafales à 25 noeuds. On prend un ris par précaution (= on diminue la surface de la grand voile pour pouvoir recevoir un vent plus fort).
Nous n'avons pas beaucoup dormi cette nuit car la houle était de travers mais le réveil se fait sous le soleil et avec une houle arrière. Le bateau file et l'on savoure un copieux petit déjeuner tous ensemble en scrutant la hauteur des vagues qui se creusent avec le vent.
On avance bien et l'on passe sous la barre des 1000 miles pour rejoindre les Açores. Le moral est très bon.
Nous avons des échanges quotidiens avec nos bateaux-copains, "voisins d'Atlantique", Siminoé et Roi Baco, à quelques centaines de miles de là. RDV est pris avec tout le monde, avec en plus Tsaelou et - espérons-le - Mimosa aux Açores. Fiestas en perspective ! Soirée pyjama déjà prévue pour Camille & Manon à Horta avec Siminoé, ça sent l'arrivée ! ... Patience, comptez encore une semaine de nav', les paris sont ouverts sur le jour et l'heure d'arrivée ;)
NB: nous avons vu hier à 2 reprises des ailerons noirs de 40-50 cm en forme d'équerre à 50-100m du bateau. D'après nos bouquins, il s agirait d'orques !

Jour 16 :
Nous avons la curieuse impression d'avoir passé la nuit dans le tambour d'une machine à laver.
Le vent est établi à 22-24 noeuds avec des rafales à 30 noeuds sous les grains. Le record de vitesse est battu pour le bateau: 20 noeuds dans un surf!
Le lever de soleil, splendide, compense une nuit très courte. Le front froid de la dépression est maintenant passé: place maintenant à un ciel de traîne ensoleillé et une mer qui blanchit avec le vent encore forcissant.
Seules les filles ne semblent pas très perturbées par les vagues qui frappent assez violemment le bateau. Nous sommes époustouflés par leur capacité d'adaptation. Elles préparent une bouteille la mer : Camille s'attelle à la version française et Manon à la traduction en anglais.
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Pizza maison et tarte au citron nous apportent énergie et réconfort. Plus que 800 miles (sur 2600), on tient le bon bout !
Nous avons ressorti pantalons, polaires, chaussettes et vestes de quart et pourtant la température de la mer affiche encore 26 degrés !

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Jour 17 :
Ça y est. Il fait officiellement froid : 19,8°c au petit matin dans le bateau. Les Bahamas sont déjà loin...
Cette nuit, nous étions encore dans le mode essorage. La mer et le vent sont restés forts : 3 ris de rigueur dans la grande voile (l'étape d'après pour la réduire consiste à la descendre complètement!). On pense à Arnaud et Nicolas de Roi Baco, à une journée derrière nous, qui ne sont que 2 dans leur monocoque de 10m pour affronter cela, mais aussi à Siminoé, 2 jours devant, qui a affronté 45 noeuds cette nuit.
L'avantage de ces conditions est que l'on avance enfin!
Le moral est au top malgré un menu typique de ces conditions: chineese noodles cup.
Place maintenant à un temps plus calme qui va nous permettre de récupérer avant une nouvelle accélération du vent jeudi. De quoi nous propulser vers les Açores!

Jour 18 :
Le vent est retombé à 10-12 noeuds : une journée de répit ... et donc de repos, appréciée par l'équipage. On ressort bouquiner dehors, mais il fait désormais bien frais - exit le maillot! Soirée "l école des Voices " dans le carré. Chacun y va de sa performance : on retiendra Nico et son interprétation éblouissante de "Imagine" Bieberisé ainsi que Jules et "Le clown" rasta.
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Jour 19 :
Le vent remonte dans la nuit à 18-21 noeuds, et l'on a du mal à trouver le sommeil. La fatigue commence à se faire sentir, nous sommes de plus en plus sensibles au volume sonore des vagues et du vent. On cherche le bouton OFF, en vain.
Heureusement, ce vent de Sud-Ouest est parfait pour nous amener sur un seul bord jusqu'à l'île de Faial. Reste 350 milles (en avons déjà parcouru 2 700, soit 5 000 km), nous espérons arriver dimanche matin.
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Jour 20 :
Nous avons bien avancé cette nuit par 16-18 noeuds, ce matin c'est crêpes au petit déj !
Apres 2/3 jours de franche grisaille, le soleil est de retour et nous donne du courage pour la dernière ligne droite. On reporte au crayon les points GPS sur la grande carte de l'Atlantique que nous a offerte Daniel et l'on réalise le chemin parcouru depuis le 9 août 2015.
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Jour 21 :
En ce dernier jour de nav, les dauphins nous font la fête au réveil. Puis Manon nous déclare solennellement au petit déjeuner qu' elle a l'intention de faire Polytechnique plus tard...Le Cned lui aurait il donné le goût du travail ;)
Plus que 100 milles à parcourir, nous sommes vraiment impatients de retrouver nos bateaux-copains, nos familles par Skype, une connexion internet, un morceau de viande, une glace à la chantilly...et des nuits paisibles, sans secousse ni fracas.
ETA (Estimated Time of Arrival) à Horta sur l'île de Faial, demain dimanche, vers 10h UTCDSC07643

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Départ de la transat Bahamas - Açores

C'est ici que vous pourrez consulter des news régulièrement, en cliquant sur "Comments" de ce post. Agathe relaie les messages que nous lui envoyons par Iridium (Merci Gathoune). Nous n'avons pas moyen de consulter le site en direct de l'Atlantique, mais restons joignables par SMS sur le téléphone satellite ;)
Départ dimanche 22 mai, compter au moins 3 semaines de navigation pour rallier les Açores sans escale.
C'est parti !

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Photo Carine Lutt
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BY SO :

200 miles séparent les Jumentos (Bahamas) de Turks & Caicos où Laurence, Guillaume, Maximilien et Victor nous rejoignent le 22 avril. Même si nous aurons tout fait pour limiter les dégâts (météo anticipée, remontée plus au nord pour réduire l'angle du vent au près), il faudra faire avec des vents contraires. Le vent est plutôt modéré (15-20nds) mais la mer est courte, hâchée et de travers. Cette nav sera - pour ma part - l'une des pires que nous aurons vécue. Le bateau tape, les vagues claquent violemment sur les coques. Le festival des seaux bleus commencent. Nous tomberons tous, les uns après les autres, réduits à un état léthargique en position horizontale. Même Jules - pour la première fois du voyage - ne sera pas épargné. Je ne l'ai jamais vu dans un tel état en navigation. Ces 2 journées nous semblent une éternité et assurer les quarts devient une réelle épreuve. Me lever, vérifier l'état du bateau et assumer la vigie relève du défi. Dans la journée, j'arrive à peine à parler avec Jules et les filles, je reste prostrée, terrassée par le mal de mer et un mal de tête étourdissant. Pour une fois, je me sens réellement vulnérable à bord et l'idée de faire demi-tour me traverse l'esprit. Impossible, nous devons honorer notre RDV avec Laurence et Guillaume, mon filleul et son frère. La grippe de ces derniers jours semble finalement m'avoir bien affaiblie. Les filles se montrent bien plus vaillantes, elles s'auto-gèrent et parviennent même à faire du Cned - de leur propre initiative ! En mon for intérieur, je fulmine, je m'en veux d'être réduite à cet état d'inanité. Que de temps perdu sans pouvoir rien faire, moi qui comptais profiter de cette nav pour mettre à jour le blog et rattraper plus de trois semaines de non-communication. les vagues continuent de claquer et submergent le cockpit comme jamais. Le porte-clef qu'Agathe nous a offert illustre bien le propos : "Keep calm and carry on sailing". Je n'ose prendre un Stugeron, de peur de somnoler davantage, je dois essayer de tenir le cap. Côté estomacs, rien ne passe, c'est la diète pour l'équipage le premier jour; le second, on se contentera de pâtes natures. Même faire chauffer l'eau des pâtes me peine. Les Turks en provenance de Cuba, ça se mérite !
Lorsqu'on rentre dans le lagon turquoise des Turks, les eaux s'apaisent, nos estomacs aussi. En arrivant au mouillage, on aperçoit Tsaelou que nous avions quittés fin février à Barbuda. Des retrouvailles inattendues, de quoi nous mettre du baume au coeur. Malgré la fatigue, on improvise un apéro-bateau léger car Elisabeth et Gaël doivent lever l'ancre à l'aube avec leurs enfants. On se quitte en se donnant rendez-vous aux Açores mi-juin pour une grande fiesta bateaux-copains avant de "boucler la boucle".
Le lendemain, les forces reviennent. A terre, on se re-connecte et l'on parvient même à faire un FaceTime avec nos familles que nous n'avions eues depuis un mois. La re-connexion, que c'est bon !
En attendant le 22/04, on barbote dans les eaux vert jade en compagnie des tortues et des raies. Lolo&Guigui, vivement vendredi !

BY JULES :

Nous redoutions cette navigation car elle risquait de se faire avec le vent pile dans le nez. Et qui dit vent de face, dit 2 fois plus de distance à parcourir (il faut tirer des bords) et 3 fois plus de temps (c'est une allure plus lente). Heureusement, nous avons réussi à limiter cette navigation à un seul bord grâce à notre escapade aux Bahamas.
Le près, malgré les 8000 milles faits avec le bateau depuis notre départ, nous avions réussi à l'éviter en jouant avec la météo! Cette fois-ci, impossible d'y échapper totalement.
Nous voilà donc partis pour au moins 130 milles au près. Le problème, c'était que les 15/20 noeuds de vent étaient accompagnés d'une mer très courte: les vagues étaient très rapprochées les unes des autres. Le tangage (le bateau se penche d'avant en arrière) ne nous pas épargné. Pour soulager les efforts sur le bateau (et sur l'équipage), j'ai réduit la voilure en prenant 2 ris.
Heureusement, les prévisions météo se sont révélées exactes. Une fois passée l'île d'Acklins dans la nuit, le vent a repris quelques degrés vers le Nord et la houle s'est allongée: la navigation vers Providenciales est redevenue confortable, jusqu'à devenir un pur bonheur les deux dernières heures une fois rentré dans le lagon turquoise.
Que retenir de cette navigation?
-Après 15j à terre à visiter Cuba, nous nous sommes dé-amarinés. Nos corps n'étaient plus habitués à se faire chahuter et le mal de mer nous a tous terrassés. Pour moi, c'était une première. Mauvais souvenir.
-J'ai été agréablement surpris par les performances du bateau au près. Même avec cette mer très courte, un angle de vent à 60° et 2 ris, nous avons réussi à maintenir une vitesse moyenne de 7 noeuds. Et une fois arrivé, après ces 20h à jouer aux montagnes russes, j'ai fait un check complet du bateau (gréement et circuits techniques dans les cales): rien à signaler!

Maintenant, nous allons profiter des ces eaux magnifiques avec nos amis. Ces îles m'ont toujours fait rêver (le nom peut-être?). Et il semble même que l'île abrite un spot de kite fabuleux. A suivre.

Une photo du mouillage à notre arrivée…

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Nav vers Cuba

Adieu République Dominicaine, nous mettons le cap à 3 bateaux vers Cuba, à plus de 400 miles, soit trois jours de nav de là.DSC04802
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La sortie de la baie de Samana s'avère houleuse, le vent de face et les pêcheurs locaux ne nous rendent pas la tâche facile. Les sauts bleus viennent à la rescousse de Camille et Manon qui ont du mal à se ré-amariner.
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Une idée des vagues qui déferlent : ci-dessus, la même vue à 5 secondes d'écart…
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Le Cap de Samana est de toute beauté, la nature ici semble dotée d'une force incroyable. Quand les filles reprennent leurs esprit, nous organisons une chasse à "l'oeuf" avec les moyens du bord - selon l'expression consacrée - car c'est aujourd'hui Pâques et l'on ne déroge pas aux traditions, même en pleine mer.
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Les quarts de nuit s'organisent et s'avèrent bien paisibles, un vent de 15 à 20 noeuds nous accompagnera tout du long et nous resterons en contact VHF avec nos bateaux-copains.
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Au troisième jour, alors que nous approchons des côtes cubaines à 60 miles au sud ouest de l'île, un hélico US Coastguard nous survole à très faible altitude - suffisamment bas pour qu'on aperçoive distinctement pilote et co-pilote. La scène a des airs de James Bond ! Une heure et demie plus tard, un navire militaire US Coastguard nous approche en nous questionnant par VHF (équipage, numéros de passeport, motif de notre voyage, transport de cargaison…). Après deux heures de cordial interrogatoire à distance, le garde-côte nous salue et nous souhaite bon vent. Etant dans les eaux cubaines, on imagine que l'intervention des Américains était liée à l'embargo ou à la proximité toute relative de Guantanamo située à l'extrémité sud-est de l'île.
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Après trois nuits de navigation, nous rejoignons Mimosa et Siminoe dans la baie de Vita au levé du soleil. Les retrouvailles entre bateaux après quelques jours de nav sont toujours savoureuses.
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En régate à Samana

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Notre ami Blaise, régatier semi-pro, a fini par nous convaincre de participer à la Spring Samana Regata organisée par la marina. On se retrouve à 13 sur Mimosa, l’outremer 45 de Valérie et Blaise, et l’on se prête tous au jeu de la régate, avec plus ou moins d’expertise selon les expériences de chacun.
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Le dernier bord se fera au coude à coude avec un trimaran. On ne lâche rien, notre skipper demeure ultra concentré, l’équipage tente de le rester et les enfants – assis sur la coque au vent - se révèlent excellents supporteurs. Ils improvisent une chanson et entonnent à tue-tête :
«Ils sont bien marrants sur leur trimaran, mais en catamaran, on finira devant ! … Ils sont bien marrants sur leur trimaran, mais sur Mimosa, on les dépassera !».
Nous ne parviendrons pas à les devancer mais peu importe, quel chouette moment partagé.
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A l’arrivée, photocall, paella conviviale et concert jusque tard dans la nuit. Un grand Merci les amis !
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Nav vers la République Dominicaine

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Que cette nav' était belle, qu'elle était calme. Les nuits en mer ont même été plus paisibles que certaines nuits dans les mouillages agités de St Barth et des îles vierges.
10-12 noeuds en moyenne avec une accélération les derrières heures à 15 noeuds entre Puerto Rico et la République Dominicaine.
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Les quarts de nuits sont un délice. Camille et Manon se proposent d'assurer les quarts de 20 à 22h (le vent à 8-9 noeuds). Même si l'on veille à distance, elles assureront comme des chefs. La mer est étonnement plate, le ciel étoilé, on passe nos quarts à contempler les étoiles et à écouter de la musique.
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Les visites de contrôle dans les cales moteurs en pleine mer sont toujours un moment que j'appréhende un peu. Je préfère largement y aller que voir Jules s'engouffrer sous les jupes du bateau. Malheureusement, mes compétences techniques ne me prédisposent pas à ce poste, je regretterai presque d'avoir "séché" la formation moteur.
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En arrivant dans la baie de Samana, on fait l'école buissonnière pour se consacrer à l'observation des baleines. Cette baie offre l'une des plus importantes concentration de baleines à bosse au monde. Chaque année, environ un millier d'entre elles viennent profiter des eaux chaudes et préservées de la baie pour se reproduire et mettre bas. La "baleine jubartes" (baleine à bosse) mesure en moyenne 12 à 15 mètres de long et pèse la bagatelle de 40 à 60 tonnes. Il semblerait que ce soit l'une des espèces de baleines les plus joueuses. Pour séduire, les mâles sont capables d'effectuer des sauts impressionnants et poussent la chansonnette - mélodie qui peut être captée par une baleine à une distance de 20 km.

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Les baleines à bosse ont - comme nous - le goût du voyage. Elles parcourent 2000 km depuis les côtes de Nouvelle-Angleterre et plus de 5000 km depuis le Groenland ou l'Islande. L'utilisation des filets de pêche industriels est d'ailleurs un désastre durant les migrations. Non seulement, les filets tuent les dauphins mais aussi les baleineaux, obligés de nager plus près de la surface, du fait de leurs poumons moins volumineux. Autre méfait de l'homme qui menace à terme l'espèce : le réchauffement climatique, qui diminue de manière conséquente la quantité de krill et forcent les baleines à voyager de plus en plus loin pour se nourrir, entrainant leur mort par épuisement.
Quand aux baleineaux qui naissent dans la baie, ils ingurgitent quotidiennement près de 180 litres de lait de leur mère et grossissent de 45kg par jour !


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Janvier-février et mars constitue la période la plus propice pour observer les mammifères dans la baie. Nous profitons donc du départ des baleines qui attendent que leurs petits soient suffisamment costauds pour quitter Samana et s'élancer vers des contrées lointaines.

Pour percevoir des baleines, il faut s'armer d'une petite dose de patience (elles peuvent rester jusqu'à 40 minutes sous l'eau) mais très vite, nous sommes accueillis par une puis deux puis trois baleines qui font danser leur queue. Le ballet durera quelques minutes pour l'une, un spectacle aussi impressionnant qu'émouvant. A bord, c'est l'euphorie, mais nous restons à distance, par précaution.

> Pour la famille et les proches, voir la vidéo de la traversée vers la République Dominicaine dans l'onglet vidéos.

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Nav Grenadines - Martinique

Parce que les images valent mieux que les mots :



Un peu Rock'n Roll, mais finalement plus agréable que prévu!
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Nav Bequia - Ste Lucie

Nous avions faits la descente Martinique-Grenadines la nuit pour retrouver rapidement nos amis début janvier. La remontée s'effectuera de jour pour profiter du paysage. Et le paysage en vaut vraiment le coup.

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Même lors d'une année sabbatique, il faut faire des choix et l'on ne peut pas s'arrêter dans toutes les îles. Saint-Vincent n'ayant pas une très bonne réputation, nous optons pour Sainte Lucie (Marigot bay), une étape appréciée pour couper la remontée au près vers la Martinique.
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Radio Ponton Transat Aller

Comme nous l'avions fait après un mois à bord de Seaview, l’équipage s’est livré à un radio-ponton (exercice de style que nous avons découvert auprès de la famille Nieutin dans leur livre « Prêts pour partir », ouvrage qui nous a fait rêver et nous a inspirés).


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Qu'est-ce qui t'a le plus surpris durant cette traversée ?
Camille : « Au début, je croyais que ça allait beaucoup bouger, comme pour la traversée du Golfe de Gascogne, mais finalement ça remuait à peine."
Manon : «Réussir à pêcher 3 daurades d'affilée ! Ne pas voir le temps passer et ne pas avoir été malade du tout. Avant de partir, Papa nous avait prévenues que ça allait bouger un peu et qu'il y aurait de la houle mais en fait, c'était vraiment tranquille".
Daniel : "Incontestablement le fait que les filles se mettent à leur CNED tous les matins comme si elles partaient pour l'école. Je ne suis pas sûr que cela aurait été le cas à bord d'un monocoque…"
So : "Je n'imaginais pas qu'une transat pouvait être si paisible. Si j'avais su, j'aurais signé avant !"
Jules : "Je ne pensais pas que l'on pouvait avoir 4 jours de calme en plein milieu de l'océan pendant les alizés."

As-tu trouvé le temps long?
Camille : «Non, mais j'avais quand même hâte d'être arrivée".
Manon : «Avant le départ, je pensais que ça allait être super long mais finalement, dès le premier jour, on était amariné et on a fait des activités, alors c'est passé vite. Mais les deux derniers jours, j'étais quand même impatiente d'arriver."
Daniel : "Couçi couça mais j'avais emporté du travail avec moi !"
So : «Non, j'aurais même voulu suspendre le temps".
Jules : "Oui quand on est englué dans une zone de calme. Non quand on surfe la houle (record à 15,5nds)".

Pendant cette traversée, quel(s) moment(s) as-tu préféré(s)?
Camille : «Préparer le bal des pirates et l'évaluation de solfège de Papy, jouer à la bataille navale".
Manon : «Lorsqu'on a aperçu des globicéphales près du bateau".
Daniel : "Les leçons de solfège que m'a données Camille. Très bon professeur, un peu trop indulgent peut-être…"
So : "La lumière sur l'Océan, les quarts de nuit, le ciel étoilé, jouer du piano au milieu de l'Atlantique…"
Jules : "Plonger pour voir le bleu intense des profondeurs."

Au contraire, quel (s) moment(s) as-tu le moins apprécié(s)?
Camille : «Quand je faisais la vaisselle…"
Manon : «Quand je faisais le CNED…"
Daniel : "Les mouvements d'un cata dans la mer croisée : j'avais quelquefois l'impression de me trouver debout dans une rame de métro et dans un virage. "
So : «Quand la porte vitrée, dont la sécurité était mal enclenchée, s'est brutalement refermée sur mon genou dans un creux de houle… J'ai décidément du mal avec cette porte vitrée !"
Jules : "Je me répète: la zone de vent calme!".

Qu’est-ce qui t'a manqué le plus pendant 15 jours ?
Camille : «Rien"
Manon : "Ne pas pouvoir faire trop de gymnastique".
Daniel : "Ma doudou"
So : "De ne pouvoir s'adresser de vive voix à nos proches pour partager en live ces moments d'exception. Un SMS Irridium de 150 caractères exige la concision !"
Jules : "Un spi symétrique pour naviguer encore plus confortablement au vent arrière."

Qu’est-ce qui t'a énervé(e) ?
Camille : «Manon qui n'essuyait pas la vaisselle une fois que je l'avais lavée…" (en off : "Camille, la question ne porte pas sur "Qui est-ce qui… mais sur Qu'est-ce qui…". Réponse spontanée : "C'est pas grave, c'est ça qui m'a énervée…"
Manon : "Rien"
Daniel : " Toutes les fois où j'entendais les mots Ketchup et Nutella, j'avais envie de sortir mon revolver."
So : "En l'espace de 10 minutes, me faire bizuter à deux reprises par la boite de farine, qui - contrariée par la gîte du bateau - s'est négligemment déversée sur moi alors que j'ouvrai le four en contrebas. La première fois, j'ai éclaté de rire. La deuxième fois, c'était digne d'un mauvais épisode de Benny Hill (quoiqu'ils soient tous mauvais…)."
Jules : "De m'apercevoir que le rosé qui nous restait était un peu passé après la chaleur du Siné Saloum".

As-tu une anecdote à partager ?
Camille : «Une nuit, j'ai fait un petit bout de quart. Le ciel était très étoilé et pour la première fois de ma vie, j'ai vu des étoiles filantes et du plancton phosphorescent".
Manon : «Comme on avait du temps, avec Cams (=Camille), on a réussi à cuisiner deux gâteaux dans la même journée. Un record !
Daniel : "La séance de "gueuloir" -non c'était pas Flaubert- avec les filles sur le trampoline où j'ai cru que Manon allait se casser la voix.Le voilier qui était juste devant nous au milieu de l' Atlantique et que je n'ai vu qu'à 1 mille de distance à l'AIS."
So : «La daurade de 1m a eu raison de moi. Le lendemain de sa prise, je me suis réveillée avec des courbatures dans les bras. Remonter la bête au moulinet sur 50/60 mètres, alors que le bateau avance, relève d'une séance sportive. Qui a dit que la pêche était une discipline "pépère"?" ("mémère" serait d'ailleurs plus adapté au contexte)
Jules : "L'émerveillement de Camille et Manon quand elles ont découvert le plancton phosphorescent dans le sillage du bateau (elles ont chacune fait un bout de quart avec moi la nuit)."

Et si c'était à refaire ?
Camille : «Oui, je le referai exactement dans les mêmes conditions".
Manon : «Je dis oui, à une condition : je m'informe pour savoir si ce sera aussi calme que lors de cette traversée."
Daniel : "Je le referai dans le même sens. Et de préférence avec un spi, parce que 2000 milles avec le gennaker en ciseau… Heureusement que le pilote automatique a vraiment assuré."
So : "Partante avec une condition préalable : compter 3 marins (expérimentés) à bord… Et sinon, le Pacifique, c'est 30 jours de traversée, c'est ça ?"
Jules : "La même avec 20nds orientés à 150° tout du long".

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La transat Aller vue par...

La transat vue par Jules

Alors, c’était comment?

Tranquille
Tranquille, car la météo a été très (trop? voir §Long) clémente avec même 3 jours de pétole (sans vent) une fois la moitié du trajet passée. Pas de tempête (en même temps, ce n’est pas la saison) et un vent moyen de 12nds. Seule la première et les 2 dernières journées nous auront permis de bien aligner les milles grâce à un vent à 20nds et plus (force 5/6). On a ainsi pu améliorer notre record de distance parcourue en 24H avec le bateau (195Milles).
Ce que disait mon père avant de partir était donc vrai: c’est bien plus compliqué de faire France/Cap-vert que de traverser l’Atlantique.
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Tranquille aussi car mon père était justement avec nous. Avoir quelqu’un de très expérimenté en plus sur le bateau - qui plus est mon père- change tout: en cas de soucis, on sait que l’on peut compter sur lui, et les quarts de veille la nuit sont aussi beaucoup plus courts! Pouvoir dormir sur ses 2 oreilles pendant 6h d’affilée est un luxe auquel nous n’avions pour le moment jamais goûté. Avec plus de sommeil, on est plus lucide et généralement de meilleure humeur…

Long
Oui, 15 jours c’est long. C’est d’autant plus long que les manoeuvres sont assez espacées (nous ne sommes pas en régate) et que le vent est faible. Je m’imaginais une traversée avec un peu plus d’action. Pas de cargos ou de bateaux de pêche à éviter non plus.
Long aussi car les communications avec l’extérieur sont très limitées. On a tout de même bien apprécié vos messages d’encouragement! Merci.

Court
Cela, je ne l’ai écrit qu’après être arrivé… Parce qu’on oublie vite que cela a été parfois long. Mais nous avons fait plus de 4000km tout de même! Les prochaines navigations aux Antilles vont nous paraître vraiment très courtes.
15jours, c’était aussi la durée que je m’était donnée pour objectif. Agathe (ma soeur) qui devait nous retrouver en Martinique exactement 15jours après notre départ a décidé de décaler d’un jour son arrivée. Pas confiance en nous Agathe? Tu devrais savoir que je ne suis jamais en retard.
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Agréable
Surfer sur la longue houle de l’Atlantique est le rêve de tous les voileux. C’était mon cas et on sent bien les vagues pousser le bateau, même avec une faible houle. Le bateau a toujours eu des réactions saines et s’est toujours montré rassurant.

Agréable aussi car, pour la première fois, nous avons pu vivre quasiment « normalement ». Personne n’a été malade (Fait rare: les seaux bleus n’ont pas servis). On a pu dévoré des bouquins et regarder des films en famille. On n’a rarement aussi bien mangé (du pain frais et des plats maisons tous les jours). Les filles ont été très studieuses avec des grosses séances de CNED tous les matins (on va pouvoir prendre des « vacances » en arrivant). Sophie nous a même donné des cours de Yoga sur le trampoline (les filets à l’avant) au coucher du soleil…

Des moments clés?
Le moment où l’on a fait la moitié du trajet. On ne compte alors plus les jours depuis le départ, mais ceux qui restent pour arriver. On commence à relire les guides nautiques des Antilles pour préparer ses prochaines escales. On se met à écouter Frankie Vincent en pensant au Ti-Punch que l’on va prendre en arrivant. Bref, on s’y voit déjà.

Tous les matins quand on s’échange par SMS satellite nos positions avec les batocopains partis un peu avant ou un peu après nous. On s’encourage quand on attend le vent, on se félicite de nos pêches miraculeuses et de nos vitesses dignes de bateaux de course, on planifie nos apéros…

La pêche à la traîne. Sans du tout devenir des experts, chaque mise à l’eau de la canne à pêche s’est traduite par une belle prise. (Gaëlle, on a pris une photo avec un mètre à côté d’une de nos prises pour Pierre et Jules qui doutent de nos mesures ;). Par contre, je ne suis toujours pas fan du poisson. Dommage que l’on ne puisse pas attraper des boeufs ou des poulets en plein Atlantique.
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La baignade à 2000km des côtes par 5000m de fond. Même si la probabilité de rencontrer de vilaines bestioles est quasi nulle, on ne sera resté dans l’eau que le temps de s’émerveiller du bleu époustouflant des profondeurs.

Alors, maintenant qu’on « l’a fait », est-ce que cela fait de nous de vrais marins?
Certainement pas. On prend juste chaque jour un peu plus d’expérience. Mais on est quand même fier de l’avoir fait!

Maintenant, nous entamons la deuxième partie de notre voyage. Des navigations plus courtes, moins de cultures différentes à découvrir, mais des paysages de carte postale et du temps pour en profiter.

C’est aussi le moment de commencer à réfléchir au prochain grand défi que l’on va se fixer pour les prochaines années ;)


Transat vue par So

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Paisible.
Voilà comment je qualifierai cette transat.
Je l’appréhendais et – contre toute attente – je n’ai jamais autant apprécié une navigation.
Rien à voir avec les conditions de la traversée de 7 jours Canaries / Sénégal où nous avions été chahutés par des vagues de 4 mètres, une houle courte et irrégulière qui claquait violemment contre les coques et la nacelle. Conditions météo, proximité de la Mauritanie, menace de bateaux migrants avaient rendu cette navigation éprouvante. Pour cette transatlantique de 15 jours, la donne a considérablement évolué :
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1- Daniel, le Père de Julien, nous a rejoint. Je dois avouer qu’un homme de plus à bord – qui plus est marin expérimenté – c’est apaisant. La présence de Daniel pendant cette transat me fait l’effet d’une cure d’Euphytose (extrait d'aubépine et passiflore pour "apaiser les esprits"). Depuis le mois d'août, je n'ai jamais aussi bien dormi.
2- Nous sommes à présent trois pour effectuer les quarts. Passer de quarts de 5h/5h30 à des quarts de 3h, ça change tout. Constellations et étoiles filantes veillent et "bienveillent" sur nous, certains quarts me paraissent même trop courts, je réveille Jules un peu plus tard.
3- Les conditions météo clémentes. Portés par un vent moyen de 12/15 nds – excepté les quatre jours de pétole – quelques passages à 20-25 nœuds et une houle d’à peine deux mètres par l’arrière. C’est con-for-ta-ble.
4- Un routeur qui nous suit et nous envoie quotidiennement par Iridium les conditions météo et waypoints à rallier. Un garantie pour déjouer – le cas échéant – les embuscades d’Eole et Poseidon. Même si finalement, les deux energumenes se sont révélés très conciliants, faire appel à un routeur, c’est rassurant.
5- Peu de manœuvres. Poussés par le vent arrière, la route est toute directe, c’est pratique et peu physique - pas assez à mon goût, d'ailleurs.
6- Pas l’ombre d’un bateau de pêche, pas de piège tendus par les filets, peu de cargo (nous n’en croiserons que trois), peu de bateaux-voisins (1 de vue, 3 sur l’AIS). On est loin des parcours du combattant nocturnes le long des côtes espagnoles, portugaises et sénégalaises. Presque une promenade de santé, Daniel avait raison.
7- Aucune avarie technique à signaler. Pas de coque à écoper comme pour la traversée du Golfe de Gascogne, pas de sous-barbe qui rompt lâchement, ni de gennaker qui s’échappe frénétiquement au vent. C’est low-stress and easy-sail.
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Conséquence : cette transat, je l’ai vécue comme une bulle zen au milieu de l’Océan. Un moment suspendu, consciente de vivre une expérience rare.
Jour après jour, la vie s’organise. Chacun trouve sa place, c’est fluide. Peu de sautes d’humeur de l’équipage – si ce n’est quelques facéties d’ado en manque d’activité physique. Les hommes assurent à la technique et aux manœuvres, Manon et Camille "CNEDent" le matin et alternent jeux de société, lecture, cuisine et travaux manuels l’après-midi.
Pendant deux semaines, j’ai beaucoup de plaisir à observer les filles tisser une relation complice avec leur grand-père. Autant de plaisir à assister à la connivence père-fils lorsqu’il s'agit de disséquer les fichiers météo et causer technique.
Cette transat en famille prend tout son sens. Daniel nous a donné, plus jeunes, le goût de la voile et du catamaran - Jules est tombé dedans petit, pour ma part davantage sur le tard. Partager cette aventure transatlantique avec lui, c'est une manière de lui exprimer notre reconnaissance.
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Plusieurs "pépites" pendant cette traversée :
- les leçons de piano face à la mer
- les séances de yoga quotidiennes en solo ou en famille
- les lectures nocturnes pendant les quarts. Je passe ces trois heures casque sur les oreilles (l'oreille droite couverte pour capter des airs d'opéra, l'oreille gauche alerte pour détecter les bruits du bateau et l'alarme du pilote). A la lumière de la table à carte et des écrans de contrôle, absorbée par mes bouquins et la réalisation de montages vidéo, cette veillée-vigie durant quinze jours aurait pu être une corvée, c'est au contraire un moment apprécié et attendu.
- les récrés tous ensemble sur le trampoline
- un cours d'histoire-géo sur le Nouveau Monde et les Navigateurs dispensé par Daniel à Camille
- les parties de pêche
- les bons petits plats : d'un naturel peu porté sur la cuisine (frère et soeur cordons bleus pourraient en témoigner), je n'ai jamais autant cuisiné de ma vie. Si jusqu'à présent la cuisine répondait davantage à un besoin primaire (nourrir ma tribu!) qu' à un réel plaisir du palais, c'est devenu une révélation. Ca tombe bien, puisque "bien bouffer", en navigation, est essentiel pour le moral de l'équipage.
- les échanges quasi-quotidiens avec les bateaux-copains Mimosa, Siminoe, Catapulte et Sequoïa partis à quelques jours d'intervalle. On s'encourage, on se félicite de nos prises et l'on se donne RDV pour fêter la transat début janvier aux Grenadines.
- le soutien de nos familles et amis par Iridium. Merci à tous pour vos messages.

Cette transatlantique s’achève et la nostalgie de ces deux semaines en mer me gagne, un peu comme un bon livre que l'on regrette d’avoir terminé.

Pour les proches, voir la vidéo de la transat dans l'onglet "vidéos" (accès privé).
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Transat : prêts, partez !

Plusieurs mois qu'on l'envisage, qu'on en rêve, qu'on s'y prépare et - il faut bien le reconnaître - qu'on l'appréhende.

Pourtant, à J-2 nous sommes sereins. Le bateau est prêt (inspection de tout le gréement et des équipements de sécurité, nettoyage des filtres moteurs, changement des filtres du dessalinisateur…). L'équipage aussi.

On va même aller faire un saut à Sao Antao, l'île située en face de Sao Vincente et accessible uniquement en ferry. C'est, parait-il, la plus belle île du Cap Vert.
Au programme rando dans la nature, histoire de se dégourdir les guiboles avant la transat et ambiance "Nos jours heureux" avec Siminoe et Mimosa.

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Compter au mieux 14 jours de nav', mais la traversée peut aussi durer plus de 20 jours s'il y a pétole (pas de vent). On aimerait être arrivés "de l'autre côté" avant Noël, n'est-ce pas Gathoune?

Donc pas de connexion internet et pas de mails pendant deux semaines.
On garde quand même, avec le téléphone satellite, un lien avec la terre ferme (et notamment avec notre routeur qui va analyser la météo pour nous et nous éviter de rencontrer du gros temps). N'hésitez pas à nous envoyer des news via le site www.iridium.com.

A très vite !
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Nav en bande vers le Sine Saloum

Ca y est. Bernard et Geneviève ont emménagé à bord (nous les logeons le temps de notre mission pour VSF), les légumes de Mama Légumes sont chargés, les habits légers pour les jours à venir confectionnés par Mama Tissu, et la marée est favorable pou pouvoir passer la passe du Sine Saloum en fin de journée.
Départ donc en bande avec Siminoé et Catapulte pour aller mouiller à Djiffer. Ceux qui étaient en veille sur le canal 72 n'ont pas pu faire de sieste!

C'est une traversée que je qualifierai de traversée de "maintenance". A 10 milles au large, l'eau redevient bleue et on fait donc tourner à plein régime le dessalinisateur pour remplir les réservoirs et le bateau retrouve son blanc d'origine (il était jaune après quelques jours à Dakar) après s'être pris plusieurs seaux d'eau de mer. On en profite pour enlever de la même façon les milliers d'insectes venus mourrir sur le pont tous les soirs.
Même si la photo ci-dessous peut me faire mentir, cette traversée n'est pas si reposante que cela: il faut en effet slalomer entre les centaines de bouées de filets posées un peu n'importe. Impossible pour un poisson d'échapper à tous ces filets qui vont jusqu'à 15 milles des côtes. Un toubab qui a fondé un camp de pêche dans le Saloum il y 10 ans nous confirmera plus tard que la mer et le fleuve se vident: la surpêche est bien réelle et tous les moyens sont utilisés (pêche à la dynamite…).

Valentin sur Siminoé qui fait bronzette.
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Une fois la passe franchie (sans encombre du fait de l'absence de vent), nous voilà mouillés à Djiffer. Cette ville située juste à l'embouchure du Saloum, est une ville où l'on fait du commerce (matières premières, poissons…) entre tous les villages du Saloum. De loin, le paysage est une nouvelle fois magnifique. De près, on y retrouve toujours et encore des déchets partout sur la plage et dans les "rues".

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Le lendemain matin, on commence la remontée du fleuve, toujours en compagnie de Siminoé et Catapulte, qui nous quitteront plus tard dans la journée (ils interviennent dans d'autres villages) .
On en profite pour faire voler notre drone et capter ainsi les premières images du Sénégal vues du ciel.

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Arrivés au village de Djinrda, nous embarquons Seydou, correspondant local de l'association VSF. Djinrda est en effet le dernier village sur le grand bras du Saloum et il nous faut maintenant nous enfoncer dans les bolons, non dragués et non balisés. Grâce à lui, nous arriverons à Diogane sans avoir touché une seule fois le fond (la trace enregistrée au GPS nous permettra de faire de même au retour) Merci Seydou!

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Alors que le bolon fait à certains endroits plusieurs dizaines de mètres de large, seul Seydou sait exactement où il faut passer!

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Après 3 heures à serpenter dans le Saloum, nous voilà arrivés à Bassar, première étape de notre mission VSF. Il fait 35°c à l'ombre.
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La traversée vers le Sénégal vue par Jules

Cette traversée, tout le monde à bord la redoutait: très longue (presque 2000km, soit 7 jours environ), potentiellement assez ventée et houleuse, au large de côtes peu recommandées (Sud Maroc et Mauritanie) et n'offrant aucun abri (seulement quelques ports de pêche au Maroc), dans des zones où on l'on peut rencontrer des bateaux de migrants (aux Canaries, nous avons entendu plusieurs appels à la VHF indiquant leur présence), et sans retour possible vers les Canaries en cas d'avarie (trop difficile de remonter contre le vent et la houle). Une traversée qui me semble être plus compliquée que la transatlantique donc, d'autant plus que pour la transat, Daniel sera à bord.

Pour une fois, pas de départ anticipé pour cause de vent fort prévu à l'arrivée: nous sommes même partis en sachant que le premier jour allait se faire au moteur (car avec un vent trop faible), mais nous étions attendus à Dakar par Geneviève et Bernard que nous accueillons à bord pour une mission Voiles Sans frontières. Et le routage s'est avéré relativement exact avec 7 jours de navigation réalisés contre 7 prévus. Nous avons fait 1030 milles (1900km), soit plus de 100 que la route directe (en ligne droite au plus près des côtes), mais je m'étais interdit de naviguer à moins de 90milles des côtes: on évite ainsi les petits bateaux de pêche et leurs filets trop mal signalés.
La houle nous a beaucoup secoué pendant au moins 4 jours, et je n'avais qu'un objectif en tête: préserver le bateau en limitant autant que possible les efforts (donc en réduisant parfois les voiles plus que le vent ne l'exigeait) et adapter les allures et la voilure pour limiter l'inconfort, et préserver ainsi le moral de l'équipage (ex: passer la nuit vraiment dans le sens des vagues sans être en route directe).

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Les moments forts de la traversée

-Notre première nuit de navigation à la voile avec une lune pleine: un vent maniable, pas (encore) de houle et l'impression qu'un phare géant projette de la lumière depuis le ciel

-Notre première pêche. Nous ne mettons pas souvent la canne à l'eau car on a rarement envie de découper un poisson vivant en pleine navigation, mais nous étions pour le moment restés bredouilles. Camille me demandait même si je pensais que, pendant ce voyage d'un an, on pêcherait un jour quelque chose… L'honneur est sauf avec une magnifique daurade coryphène de 1,18m!

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-Les échanges quotidiens par Iridium (téléphone satellite) avec les batocopains Siminoé et Catapulte partis un peu après nous: c'est sympa et on se sent moins seul sur l'océan

-Le passage des 3000 milles (5500km) faits avec le bateau depuis le début

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-"House of cards". Avec toutes ces nuits de navigation, j'ai pu regarder l'intégralité de la saison 1. La série est très prenante, et il est amusant de voir à quel point nous nous sentons loin, de façon tout à fait momentanée, de ces préoccupations (politique, pouvoir…).

-A 60 milles de l'arrivée, au petit matin, j'ai été surpris par un bruit soudain et complètement assourdissant dans le bateau. J'ai du réveiller Sophie pour comprendre que nous étions sans doute passés à travers un nuage de crickets. 24h n'ont pas été de trop pour venir à bout de tous ceux qui avaient pris place à bord et qui nous continuaient à nous agacer avec leur bruit. Nos amis de Siminoé ont, eux, été envahis par des libellules.

Les 2 choses les plus pesantes dans ce type de traversée

-Le bruit. En navigation, qui plus est dans de la grosse houle, le bruit est permanent: le vent bien sûr, mais surtout le sillage du bateau et les vagues qui déferlent autour. Je ne sais pas comment font les skippers du Vendée Globe pendant 3 mois dans leur bateau beaucoup plus inconfortables et bruyants que les nôtres.

-Le fait de réaliser que l'on ne peut pas appuyer sur un bouton pour se mettre à l'abri et au calme en un instant. Une fois parti, il faut aller au bout!

Nous voilà donc maintenant à Dakar, pour faire les formalités et se reposer un peu. Malheureusement l'escale se fait dans une des baies les plus polluées au monde (on n'ose même pas toucher l'eau) mais le sourire des sénégalais fait bien vite oublier cette triste réalité.
Départ prévu vendredi pour rejoindre l'embouchure du fleuve Sine Saloum (60 milles au Sud). Avec ces 2000km faits presque plein Sud, la température a sérieusement monté et les moustiques sont là :(
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La traversée vers le Sénégal vue par Sophie

La nav' Fuerte - Dakar représente plus de 1000 miles, soit une demie transatlantique.
Initialement, une escale de quelques jours au Maroc était prévue, afin de scinder la route et montrer aux filles une parcelle du Sahara. La météo en a décidé autrement : retenus aux Canaries par des vents peu favorables, nous étions à présent contraints de rallier Dakar d'une traite pour rejoindre nos hôtes, Geneviève et Bernard, et mener à bien notre mission pour Voile Sans Frontières.DSC07837
Jour 1 : La mer est d'huile lorsque nous quittons Tiphaine et JB qui continuent leur route vers Grand Canaria. Manon prépare des cookies, on admire le coucher du soleil sur Fuerteventura puis l'on s'accorde une séance ciné dans le carré, en compagnie de Jack Sparow.
Les quarts s'organisent : Jules prend le premier de 20h à 1h du matin et j'opte pour le suivant jusqu'à 6h30. Le vent oscille entre 3 et 7 noeuds, pétole, nous passons donc la nuit au moteur. La mer est plate ce qui nous permet, pendant notre quart, de dormir comme des bébés par fragment de 15/20mn. La pleine lune nous accompagne pour cette traversée et constitue un avantage majeur puisqu'elle nous évite de naviguer à l'aveugle dans la nuit noire. Nous croisons quelques cargots qui remontent les côtes africaines mais globalement la nuit se passe très tranquillement. Nous savourons ce moment de plénitude.
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Jour 2 : on retrouve notre organisation de nav. Le vent s'est quelque peu levé mais nous permet de barrer sous pilote en s'enfilant 2 à 3 films pendant notre quart - une telle boulimie de films, du jamais vu pour ma part. Le lendemain, nous profitons du temps calme pour assurer une séance de Cned musclée.

Jour 3 : en matinée, un couple de dauphins sonne la récré du Cned. Camille insiste pour mettre la canne à pêche à l'eau.
Vers 17h, la ligne se déroule, puis s'emballe, effrenée… Jules peine à la reprendre ce qui nous laisse espérer un trophée conséquent. Le poisson se débat, saute et laisse entrevoir ses écailles fluorescentes : pas de doute, c'est une daurade coriphène. La prise semble de bonne taille pour les pêcheurs en herbe que nous sommes.
Quelques minutes plus tard, elle se révèle de taille plutôt modeste comparée à la masse sombre bleutée qui la traque espérant, elle aussi, en faire son repas.
Après le chat et la souris : shark et la daurade cori !
L'excitation est à son comble. Il s'agit à présent de remonter notre butin au plus vite avant que le requin nous le dérobe ou que la daurade ne se décroche. A hauteur de jupe, Jules s'empare du harpon, la flèche sera sans recours.
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Trois heures plus tard… ceviche de daurade - selon la recette de Patricia & Paul.
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Jour 4 : La nuit a été agitée, nous avons peu dormi.
Nous conservons l'organisation de nos quarts. La mer s'est formée. Elle est à présent désordonnée, très hachée et rend la vie à bord inconfortable. Le vent monte à 15 puis 20 noeuds et les vagues atteignent bientôt 3 mètres. Les filles sont courageuses, elles cnedent. Le vent se calme légèrement et Camille nous prépare un gâteau pour le goûter.
Dans la soirée, le tropique du Cancer est franchi, nous échangeons par Iridium avec nos bateaux-copains Catapulte et Siminoe qui nous suivent à 24h-48h. On se sent un peu moins seuls sur l'Océan ;-)
Nous avons parcouru la moitié du chemin, mais la fatigue se fait sentir. Les filles sont très en forme, nous un peu moins, on se relaie dans la journée pour faire de courtes siestes. DSC07906
Le vent remonte en rafales à 20 noeuds, on prend un ris et l'on s'apprête à réduire encore la toile en troquant solent contre gennaker. Il m'est de plus en plus difficile d'enrouler le gennaker à la main à l'avant du bateau. Le vent résiste, mes muscles se crispent et cette houle croisée de 3 mètres sous le trampoline me donne le vertige. J'adopte la position du crapeau, jambes fléchies, poids du corps en arrière pour mieux résister à la force opposée du vent dans la voile. Difficile de trouver mon équilibre, "je suis comme une boule de flipper…". Je m'y reprends à 3 fois pour rentrer le gennaker dont l'écoute m'échappe, puis j'entends vaguement Jules hurler "Revieeens…"
Les vagues déferlent et claquent par paquets sur les flotteurs. Le bateau craque, s'ébroue violemment. Si la vie sur un bateau vous fait régulièrement sortir de votre zone de "confort", là il ne s'agit plus d'inconfort… j'entre en zone de turbulences.
Les filles jouent dans le carré et ne semblent pas vraiment affectées, une chance. Pour ma part, une séance de yoga s'impose.
Dans la soirée, on envoie un SMS à nos familles et amis proches via iridium. Recevoir de leurs nouvelles en retour nous donne du courage pour la suite.

Jour 5 : Le vent s'est un peu calmé, pas la mer. Nous sommes sous GV et gennaker. Alors que Manon planche sur son Cned, elle nous interpelle par un "Vous ne trouvez pas que ça sent le Mc Do ?"…
Dans le désert, on peut avoir des mirages et imaginer des oasis rafraîchissants. Il semblerait qu'en traversée, on puisse avoir des "mirages culinaires". Son hallucination la plonge dans une ardeur gastronomique, Manon nous concocte une pizza maison pour le dîner!
On reprend un ris par sécurité, le vent doit remonter dans la nuit.

Jour 6 : Vent à 15/18 noeuds, rafales à 20. La houle est toujours aussi mauvaise, nous sommes franchement secoués. Au réveil, nos amis de Catapulte nous annoncent par Iridium qu'ils se sont pris dans un filet 200 miles au Nord. Eric est contraint de plonger pour dégager le bateau. Ambiance plombée jusqu'au deuxième message confirmant que l'opération s'est déroulée avec succès.

Jour 7 : Vent à 20 noeuds, rafales à 25, on est toujours dans un shaker… Le niveau sonore du vent et des vagues, qui cassent sur la carène, devient peu supportable. J'ai beau chercher, pas de bouton "OFF". Depuis 48h, j'abuse de Doliprane pour soulager mes maux de tête. Nos bateaux-copains, Catapulte et Siminoe, subissent le même sort : nous avons tous le sentiment d'être dans un tambour de machine à laver sur la fonction essorage pendant de longues heures.
Pas de Cned ce matin, conditions impraticables. C'est samedi, on reçoit des SMS de nos amis et de notre famille de Paris ;-))
A 17h, plus que 120 miles à parcourir mais les vagues grossissent encore pour atteindre environ 4 mètres.

Jour 8 : Les vagues sont toujours aussi impressionnantes. Pour détendre l'atmosphère, on improvise pour Halloween une mini chasse au trésor dans le carré. Les moustiquaires achetées pour le Sénégal ouvrent le bal des fantômes.
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20h30, les filles vont se coucher, joyeuses, on se prépare pour notre dernière nuit de quart. Le manque de sommeil se fait cruellement sentir. Julien est patraque toute la nuit - effet secondaire du traitement à la Malarone commencée le jour-même ? - je prends le relais, nous sommes si prêt du but.
Au petit jour, un banc de dauphins nous accueille aux portes de l'Afrique et nous accompagnent un long moment. La relève sera prise par les pêcheurs en pirogue colorée.
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Vers 12h : "TEEEEEERRE EN VUE !!!". Les filles dansent à l'avant du bateau. Tout au long de la traversée, nous avons été impressionnés par leur comportement : pas une plainte malgré les conditions de nav', pas une chamaillerie, elles ont toujours fait preuve d'enthousiasme - sauf lorsqu'il s'agit d'ouvrir les cours du Cned.
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Les derniers miles seront les plus longs. Dans la baie de Dakar, le passage des îles de la Madeleine et de Gorée, baignées par le soleil du soir, restera mémorable.
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Il est 18h lorsque nous mouillons dans la baie de Hann. Soulagés, exténués mais heureux.
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Cap sur Dakar

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Mettons le cap sur Dakar, une semaine de nav' sans escale et donc sans téléphone, SMS, mail.
Nous vous donnerons des nouvelles arrivés à Dakar, à priori début novembre. Nous filerons ensuite dans le Sine Saloum pour deux semaines, où là encore, les connexions risquent d'être très aléatoires.
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Donnez-nous quand même de vos nouvelles par mail ou via les "comments" du blog, on est toujours très heureux de vous lire et d'avoir des nouvelles de France et de Navarre - même en différé.
A bientôt !
Les Seaviews


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Petite navigation vers l'île de Madère

Porto Santo étant relativement plate, les nuages ne s'accrochent pas à l'île et celle-ci bénéficie donc d'un climat beaucoup plus sec que l'île principale de Madère. Une zone orageuse étant prévue sur la zone, nous sommes restés sur cette île un peu plus longtemps que prévu, pour contempler, de loin, les éclairs sur Madère.
Une fois le beau temps revenu, il était temps de mettre les voiles pour aller randonner sur Madère.
Traversée courte (30 milles, soit 55km) très agréable en compagnie de Catapulte et Séquoia avec une météo très clémente: 10/12 nds, avec un angle de 140°, le tout avec une houle très légère.

Merci à Eric pour la photo.

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Traversée de Cascais à l'archipel de Madère vue par Sophie

Nous devenons coutumiers des départs anticipés pour cause de dépression. Notre départ, initialement prévu pour samedi soir ou dimanche matin, est finalement avancé à samedi matin du port de Cascais. On avance à 6-7 noeuds sous GV (Grand Voile) et gennaker Une heure après le départ, les dauphins nous escortent en masse, ils sont une quinzaine à jouer de part et d'autre de Seaview pour le bonheur des petits et des grands.
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Dans l'après-midi, le vent forcit à 15 noeuds, le soleil donne, la houle s'est allongée et Seaview surfe les vagues. Jules, qui a assuré les heures du matin, récupère dans le cockpit; les filles écoutent de la musique allongées dans le carré. A la barre, je me dis que cette nav' commence vraiment bien.
Progressivement, les rafales se font plus fortes et de plus en plus rapprochées. Anxieuse, je scrute le point d'amure du gennaker, le bout-dehors et la sous-barbe - celle qui a lâché dix jours auparavant - lorsqu'un mauvais pressentiment m'envahit. A peine ai-je fini d'imaginer la scène, qu'elle se produit sous mes yeux : la sous-barbe bâbord lâche et le gennaker s'emballe à la proue de Seaview. Le choc est moins violent que la première fois (voir post Quand la sous barbe nous rase) car nous sommes passés de 25 à 15 noeuds mais quoiqu'il en soit, le gennaker se retrouve une fois encore à battre au vent.
Dans un calme assez déconcertant - c'est l'avantage d'avoir cassé une première fois, on s'aguerrit - Jules sort illico de sa micro-sieste et je demande aux filles de rentrer dans le carré en leur expliquant ce qu'il vient de se produire. Nous leur précisons que ce n'est pas grave, mais préférons qu'elles demeurent à l'intérieur le temps de la manoeuvre. Cette fois-ci, dix minutes suffisent pour "mettre en boîte" le gennaker dans l'un des coffres avant - bien fermé par les loquets - donc pas de risque que la sauvageon se fasse la malle. A postériori, cette deuxième déconvenue - au lieu de m'abattre - bizarrement me rassure. Je réalise que j'acquière davantage d'expérience - je m'exprime à la première personne car Jules a plusieurs (dizaines) années d'avance sur moi en matière de voile et de vents. A défaut de gennaker, nous continuons notre traversée sous solent. Le vent s'est calmé et demeure constant à 10 noeuds. Nous tentons une séance de Cned, vite avortée par nos estomacs malmenés. Camille est particulièrement malade mais retrouve sa jovialité dès lors qu'elle a piqué une tête dans l'un des sauts bleus - nos meilleurs alliés en cas de barbouillage.
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La nuit tombe, on s'organise pour les quarts et l'on s'installe dans le carré - plus facile à gérer et moins secoué - alors que Camille et Manon vont docilement se coucher. La journée de nav' semble les avoir achevées.
Je prends le premier quart et bien que les conditions soient optimales - 10 noeuds de vent à 90° toujours sous volet et GV, une houle bien installée - la tombée de la nuit est pour moi source d'appréhension.
On ne discerne ni horizon, ni vagues, ni bateaux de pêche, ni cargos. La nuit semble nous envelopper de son voile noir, impalpable mais pourtant pesant. Parfois, ce voile mue en chape nocturne et me donne la contrariante impression de subir la houle et le vent. Quand les vagues nous prennent de travers, Seaview gîte allègrement. Je me déplace genoux fléchis, comme Passe-Partout sur son rocher - pour gagner en stabilité et abaisser mon centre de gravité. Toutes les quarts d'heure, le minuteur de l'i-phone me rappelle à la vigie : je sors dans le cockpit et balaye l'horizon à 360°. J'hume l'air, sens le vent, entends les paquets de vagues déferler sur les coques. Si nécessaire, j'ajuste le solent et dresse l'inventaire de nos voisins, matérialisés par un triangle lumineux sur l'AIS. Une sorte de bataille navale du 21ème siècle. Puis, je retourne dans le carré écouter "la playlist des amis" qui, depuis le départ, nous accompagne dans nos veillées nocturnes. Lorsque la nuit est trop oppressante, je troque Feist, Angus & Juila Stone contre une musique tibétaine et j'improvise une séance de yoga. Rien de tels que les bols tibétains et des battements de diaphragme pour lâcher prise.
Nav vers Porto Santo Nuit
Apaisée, je tente en vain sous pilote automatique de regarder un film mais mon estomac n'est toujours pas assez accroché. Vers 1h du matin, Jules prend la relève. Nothing to declare. Nous passons quelques minutes ensemble à contempler le ciel étoilé, comme des enfants. Une étoile filante éclipse le ciel profond - un clin d'oeil de notre bonne étoile. Jules barre courageusement jusqu'à 5h et me sors de mon sommeil intermittent avant le lever du soleil. Mon moment préféré, non seulement car la nature s'éveille mais aussi car on gagne en visibilité !
6h30, le soleil rogne l'horizon, le vent est toujours stable à 10 noeuds, la mer s'est apaisée, le ciel est dégagé. Pas un bateau à l'horizon, AIS et radar vierges de tout spécimen à voile ou moteur, un régal.
La deuxième journée sera assez "tranquille" mais ne nous permettra ni de bouquiner ou ni d'effectuer toute activité intellectuelle (exit le Cned) ou manuelle (exit les bracelets brésiliens, les colliers de perles et les scoubidous pour les filles…). Tous les quatre, nous sommes assez nauséens, la mer est encore très formée.
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Deuxième nuit, on permute les quarts. Jules accepte d'inverser les heures pour m'éviter trop de nav' nocturne. La météo prévoit une bascule Nord du vent dans la nuit. Peu avant minuit, le vent monte en rafales à 20 noeuds en l'espace de dix minutes, un grain assez violent s'abat sur nous. Jules assure, réajuste les voiles et maintient le bateau à vive allure. Entre les vagues et le bruit du grain sur le roof, on a l'impression de passer dans une machine à laver.
Puis, tout se calme. Le grain semble passé.
Une demie-heure plus tard, on est contraint de se dérouter pour laisser passer un cargo. Ces orques en ferraille peuvent atteindre 300 mètres de long et naviguer à 20/25 noeuds. Autant dire qu'à coté d'eux, Seaview est une crevette rose. Ces deux dernières heures, on réalise que le nom de ces navires frôlent parfois l'impertinence : Navios Serenity, Don Juan… On se demande ce que consomment les armateurs lorsqu'ils baptisent leurs navires! Quoiqu'il en soit, Don Juan ne se montrera pas plus gentleman que Navios Serenity - que son nom prédestine à rester serein, puisqu'il ne répond pas aux appels VHF. Nous en croiserons plusieurs qui se comporteront comme des sharks : il semblerait que faire la sourde oreille soit un bon moyen de ne pas avoir à se dérouter et contraigne l'autre à le faire.
Mon quart à partir de 2h du matin sera beaucoup plus paisible que celui de Jules. Quelques cargos à surveiller sur l'AIS. Je parviens même à ouvrir le mac et à dérusher les vidéos des jours précédents, casque sur les oreilles. La nuit, séquencée et finalement cadencée, me semblera étonnement courte.
Les filles émergent à 8h30 après avoir fait le tour du cadrant. Et comme souvent au petit jour, les dauphins viennent nous dire bonjour. Cette nav' est décidément le festival des dauphins. Jamais nous n'aurions pensé en voir autant en si peu de jours, nous sommes comblés.
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Troisième journée sous le soleil, à 8-10 noeuds, sous grand voile et solent. Coup de fil d'Eric, de l'équipage Catapulte (vive le téléphone satellite !), que nous devons retrouver avec sa femme et ses trois filles dans l'archipel de Madère. Partis de Gibraltar 24h plus tôt que nous, Catapulte est à 80 miles plus au sud. Rendez-vous est donné mercredi matin pour le petit dej'. Les filles se réjouissent de retrouver Anais, Audrey et Margot. Cinq semaines en quasi vase clos, nous mesurons leur impatience.
Quelques jeux de cartes et parties de scrabble plus tard, la mer est d'un bleu profond, les dauphins se donnent en spectacle et rivalisent d'acrobaties autour du bateau. L'ordinateur de bord indique une eau à 25 degrés. Sceptiques, nous nous empressons de remonter un sceau d'eau et d'en vérifier la température. 25 degrés, c'est 10 degrés de plus qu'en Galice : on rêve déjà au bain de mer à l'arrivée… Pour l'heure, c'est toilette de chat pour l'équipage, l'usage de la douche étant rendu très inconfortable par la houle de travers.
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Quatrième jour, Camille écoute des contes, Manon de la musique, la houle s'est aplatie, Seaview file à 8 noeuds, c'est fluide. On réouvre les cours du Cned et c'est parti pour quatre heures de cours!
Durant toute la navigation, Camille et Manon auront été exemplaires. Pas de crêpages de chignon comme si, lorsque nous sommes en grande nav', elle basculaient (in)consciemment en mode "calmes et obéissantes" - une sorte d'autorégulation. Jules se montre vraiment patient, constant dans ses humeurs et rassurant. Intuitivement, un pacte de bienveillance semble s'être mis en place entre nous quatre. Chacun est très à l'écoute de l'autre et de son bien-être. Les parents "bien-veillent" sur les enfants et vice-versa. Cette adaptation - aussi naturelle soit-elle - me fascine.
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L'appel des retrouvailles avec Catapulte nous conduira à doubler les voiles des moteurs et nous arriverons finalement avant la nuit. Porto Santo, volcanique, imposante et sauvage, nous accueille au coucher du soleil. L'équipage de Catapulte est là. Dans les jumelles, il nous fait de grands signes de bienvenue.
Epuisés… mais nous sommes a-rri-vés !
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Même si ces 4 jours/3 nuits de nav' nous ont lessivés, nous ne résistons pas aux retrouvailles le soir-même. A bord, c'est apéro-bateau pour les grands et jeux à gogo pour les enfants jusque tard dans la soirée. Un bonheur de retrouver des copains, une vie sociale et partager nos péripéties de traversée.

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Traversée de Cascais à l'archipel de Madère vue par Jules

Même constat que pour le Golfe de Gascogne : pour éviter de se prendre une dépression sur la tête avec 25/30 nds de vent dans la mauvaise direction, nous devions partir samedi au plus tard (voir le post «Prévoir une navigation »). A défaut, il aurait fallu patienter une semaine de plus à Cascais. La traversée étant la plus longue jamais faite (500 milles, soit 900 km), nous prenons l’option tranquille en partant en début de matinée, avec une arrivée prévue dans la nuit de mardi à mercredi. On prévoit donc 3 à 4 nuits en mer ; de quoi arriver bien fatigués. Quelques échanges SMS par satellite plus tard, RDV est pris avec Catapulte à Porto Santo (eux viennent de Gibraltar), une île de l’archipel de Madère, à quelques milles au Nord de l’île principale. Après les péripéties de l’attente des cours du CNED, tout se (re)met en place.

Au final, la traversée se sera très bien déroulée même si les nuits accumulées en mer se ressentent dans l’état général de l’équipage à l’arrivée (on est RINCE !).
Les conditions légères ont quand même mis à l’épreuve nos estomacs (surtout celui de Camille) et le gennaker nous a encore fait faux bond, la faute à un ridoir dont j’ai du faussé le filetage au montage/démontage. Mais cette fois-ci, pas de réelle casse, et on s’est contenté du solent pour cette traversée.
On se rend compte maintenant, qu’il faut attendre le 4ème jour en mer pour pouvoir lire sereinement (ou faire le CNED !). Eric de Catapulte nous conseille la veille de passer la nuit au mouillage (qui bouge toujours un peu), plutôt qu’au port. A essayer.
Les dauphins –ces fois-ci la plupart du temps tout gris, genre Flipper- nous ont accompagné plusieurs fois par jour et c’est toujours la fête à leur apparition. On a même eu droit à quelques sauts dignes des marineland.
La température de l’eau n’en finit pas de grimper à se demander si la sonde n’est pas faussée : on peut maintenant lire 25°c. !? Nous qui étions habitués au 16°c de la Gallice et du Portugal, reprenons espoir avec la perspective d’une vraie baignade sans combinaison à l’arrivée. De quoi remettre du baume au cœur à tout le monde après déjà 3 jours en mer.
Le dernier jour aura été plus calme que prévu et on s’est même appuyé du moteur pour arriver avant la nuit mardi: l’appel de l’apéro avec Catapulte a été plus fort que le traditionnel bol de pates chinoises prévu initialement…Bizarre.

Pendant cette traversée, point de bateaux de pêche (nous étions très au large), mais une multitude de cargos : on traverse en effet l’axe Nord-Sud (de Gibraltar vers l’Europe) et l’axe Est-Ouest (de Gibraltar vers l’Amérique). Le record est un cargo de 366mètres !

Mais comment fait-on pour les éviter ?

Règle numéro 1 : on scrute l’horizon et les points lumineux. Le hic avec les cargos, c’est leur vitesse : bien plus élevée que la nôtre. Donc le risque de mal estimer leur trajectoire par rapport à la nôtre existe.
Règle numéro 2 : on utilise en renfort l’AIS magique : un transpondeur à usage maritime, qui indique à tous les bateaux équipés –obligatoires pour les cargos- la position, le cap, la vitesse, la longueur et le nom du navire. La plupart des bateaux de plaisance en sont aussi équipés depuis quelques années. Ces informations sont reprises sur l’écran du traceur (en superposition de la carte électronique de la région). Ainsi, les cargos nous « voient » et nous les « voyons ». Dans la plupart des cas, nos routes ne se croisent pas : ils passent bien devant ou bien derrière. Mais parfois, on se retrouve en route de collision. Je cherche alors systématiquement à les contacter par la VHF (la radio) pour savoir si je passe « at your head » ou pas. Un seul sur trois a répondu : je les soupçonne de faire les sourds pour leur éviter de se dérouter. Bien sûr, au moindre doute, je change de trajectoire, même si en théorie, nous sommes prioritaires… On se sera donc dérouté 3 fois pendant cette traversée, et comme d'habitude, cela arrive toujours de nuit ; sinon ce serait trop facile.

Un exemple avec cette capture d’écran : au milieu, c’est Seaview. Le triangle qui vient vers nous est un autre bateau. Il est à 15milles (28km). En cliquant dessus, je m’aperçois qu’il va 3 fois plus vite que nous et qu’il fait 200mètres de long. A éviter donc.

Cargos - copie

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La traversée vers Madère en vidéo

Nav vers Madere from Jules et So on Vimeo.

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Préparer une navigation

Il est loin le temps où les navigateurs partaient pour une traversée en connaissant uniquement la météo de leur point de départ!

Pour préparer une navigation, on télécharge maintenant des fichiers « grib », qui sont des recueils -gratuits pour une fois- des données météo sur les jours à venir. On peut donc y trouver des informations sur le vent, la pression, la nébulosité, la houle dans une zone donnée…
Placées sur une carte, ces informations nous permettent de reconstruire l’évolution du temps sur plusieurs jours (jusqu’à 10). La fiabilité diminue bien sûr avec l'éloignement de la prévision, mais on peut souvent avoir une bonne idée de l’évolution du système météo global.

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Rem : les petites flèches représentent le vent.

Sur une traversée de plusieurs jours, le vent change parfois plusieurs fois de direction et bien sûr de force. Si on reste en ligne droite, on peut rencontrer des périodes avec un vent qui vient de face, du côté, et/ ou de l’arrière. Mais un bateau n’a pas la même vitesse en fonction de la force et de l’orientation du vent par rapport à sa route. Comment donc savoir où nous devrions passer pour optimiser notre trajectoire?

On utilise alors les « polaires » du bateau, censées représenter la vitesse optimum du bateau avec un vent de telle ou telle force venant de telle de telle direction. Comme nous sommes en famille avec un bateau chargé, j’utilise un coefficient d’efficacité de 80%.

Un exemple pour un vent de 16nds : avec un vent qui vient à 90° de notre trajectoire, nous sommes censés avancer à un peu plus de 8 nds.

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En compilant l'évolution de la météo et les polaires du bateau, des logiciels (venant du monde de la course) calculent alors la trajectoire idéale à suivre une fois l'heure de départ indiquée. Il ne faut pas du tout y voir une science exacte: le logiciel ne sait pas quand vous êtes fatigués et que vous n'optimisez pas la vitesse du bateau, quand vous décidez de lever le pied (=vous réduisez les voiles) pour passer une nuit tranquille, que la houle vous oblige à modifier votre trajectoire pour que le bateau ne tape pas trop dans la mer etc… Mais ce type de logiciel (et surtout les données météo que vous chargez!) représente tout de même une aide précieuse pour prévoir une navigation de plusieurs jours. Et on peut même les paramétrer pour éviter les zones avec un vent supérieur à Xnds ou des vagues de plus de Xm.

C'est notamment grâce à cela que nous pouvons mettre toutes les chances de notre côté pour éviter de se retrouver au milieu d'une tempête pendant une traversée.
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Quand la sous-barbe nous rase...

Ce que ne montre pas la vidéo sur la nav entre Peniche et Cascais, c'est la dernière heure de nav' à quelques miles du port de Cascais : vent bien établi à 15-18 noeuds, forcissant. Puis rafales à 25 noeuds, vent à 90°, la sous-barbe qui se rompt violemment, le gennaker qui part à vau-l'eau et le bateau qui opère un écart radical. A deux, nous sommes difficilement parvenus à maîtriser la voile déchainée et à la ramener à bord. Nous étions certes non loin du port mais entourés par 3 cargos au mouillage dans un périmètre de 300/400 mètres… C'est fou comme on se sent tout petit par rapport à ces brontosaures des mers.

Rassurer les filles, gérer les rafales, tirer de toutes mes forces sur ce foutu gennaker, veiller sur mon homme et éviter de passer à l'eau. Le vent était tel qu'en rabattant la voile de 70 m2, j'avais quelques chances de me faire éjecter d'une soufflante. Pour la première fois de ma vie, j'ai regretté de ne pas peser plus lourd! Jules réussit à dompter l'animal sauvage. Nous improvisons une technique qui semble faire ses preuves : Jules tire sur la voile pour la rabattre et je saute dessus pour la plaquer au sol et éviter qu'elle ne reparte dans une course folle. Lorsque l'intégralité de la toile est ramenée à bord, j'ai le souvenir d'être partie dans un fou-rire nerveux, cramponnée en étoile de mer sur cet amas de toile dissipée pour éviter qu'elle ne reparte en cavalcade. A ce moment précis, j'étais soulagée mais aussi habitée par un "mais qu'est-ce qu'on est venu faire dans cette galèèèèree !!….
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Peniche - Cascais: 1000 milles

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Heureusement, il n'y a pas 1000 milles (1852km) entre Peniche et Cascais. Mais c'est entre ces 2 ports (45M) que nous avons passé le cap des 1000 milles parcourus avec Seaview depuis avril.
1000 milles, c'est à la fois beaucoup pour nous, qui ne faisions que du cabotage lors de croisières familiales, et peu pour un bateau qui est encore dans sa période de rodage.

Un exemple avec cette navigation qui avait tout pour être parfaite: une houle raisonnable (2/3m), un vent de 15/20nds venant de l'arrière qui nous a enfin permis de faire une navigation 100% sous voile - depuis notre départ, le vent était la plupart du temps trop léger et nous avons donc trop utiliser les moteurs à notre goût. C'était sans compter sur la casse d'un câble d'acier (plus précisément le sertissage), qui permet de fixer le genaker (le bout-dehors pour être exact). Résultat: un bon gros stress avec 70m2 de toile qui battent en plein vent (+20nds) en navigation. On s'en souviendra. Nautitech assure en nous expédiant les pièces cassées.

1000 milles, c'est aussi le temps qu'il faut pour commencer à bien connaître le bateau, anticiper ses réactions en fonction du vent et de la houle, repérer tous les petits coins/accastillages qui ne demandent qu'à vous érafler les mains ou les pieds et commencer à s'y sentir vraiment chez soi. Les filles parlent maintenant de "rentrer à la maison" pour le bateau ou de "chambre" pour évoquer leur cabine. C'est bon signe.
Mais 1000 milles, c'est encore un peu juste pour ne plus se faire peur à chaque entrée de port avec un vent soutenu ou pour dormir de façon 100% sereine dans un nouveau mouillage.
A suivre.
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La vidéo de la traversée du Golfe de Gascogne

Enfin une connexion internet "potable" pour mettre en ligne la vidéo de la traversée du Golfe de Gascogne.
A très vite !

Traversée du Golfe de Gascogne from Jules et So on Vimeo.

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Hans

C’est le nom donné par les météorologues à la dépression qui est arrivée sur la France en début de semaine. Avant la France, elle est passée sur l’Atlantique, mais plus au Nord de notre position (heureusement!). Elle nous a quand même envoyé des rafales à 25/30 noeuds le dimanche -nous nous étions préventivement abrités à Vigo. Mais ce qu’elle nous a laissé de plus marquant, c’est une bonne grosse houle.

Le lundi, alors que le vent s’était complètement calmé dès le dimanche soir, nous avions encore plus de 3/4m de houle pour notre mini navigation de Vigo à Baïona. Il fallait passer bien au large du groupe d’iles et de rochers de Las Estelas car cette houle déferlait partout sur ces hauts fonds. La puissance des vagues était fascinante et en même temps on se sentait bien petit avec notre catamaran de 12m. Un bon rappel à l’ordre après nos premières semaines calmes d’un point de vue météo (je me plains même du manque de vent qui nous oblige à utiliser (beaucoup trop) les moteurs).

Mardi, les prévisions annonçaient enfin un affaiblissement de cette houle et nous avons pu ainsi continuer notre descente vers Porto. Mais le vent de Sud, couplé aux restes de houle (venant du NO), a créé une mer hâchée qui a failli nous faire faire demi-tour après 2 heures de navigation, tellement ces conditions étaient désagréables pour le bateau et l’équipage. Pour couronner le tout, j’étais en pantalon de ciré, veste de quart et bonnet! Back to Bretagne en quelque sorte.
Quelques heures plus tard, nous étions au moteur sous le soleil avec juste quelques ondulations sur la mer: les prévisions se sont révélées étonnamment précises!
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De la Corogne aux iles Cies

Avons à présent troqué la triplette vestes de quarts/salopettes/polaires contre les maillots – ce qui n’est pas pour nous déplaire. Rien ne sèche dans un bateau par temps de pluie.

Départ de la Corogne embué par un épais brouillard ne permettant pas de voir à plus de cents mètres. La côte porte bien son nom de « Coste de Morte », côte de la Mort.

Au petit jour, cadre surréaliste : on se retrouve à scruter - non pas l’horizon mais - l’épais matelas nuageux qui se présente devant nous, espérant ne pas voir poindre la proue d’un bateau de pêche. Ces malicieux pêcheurs passent au travers des mailles du filet quand il s’agit de s’équiper d’AIS – ce qui ne nous permet pas de les repérer sur l’écran de contrôle. Nous nous aidons du radar mais surtout, nous renforçons la vigie à l’avant du bateau. On se croirait sur le tournage d’un film avec des fumigènes simulant le brouillard alors que se profile un radeau de pirates… Sauf qu’on est dans la vraie vie.

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A défaut de pêcheurs et de pirates, un banc de dauphins vient nous saluer dès que le brouillard se dissipe. Notre bonne étoile. Le 3ème banc depuis de notre départ de La Rochelle. Moment suspendu, hors du temps. Les dauphins jouent avec l’étrave, se livrent à un chasser croiser fluide et endurant, virevoltent joyeusement puis se calent sur la vitesse de Sea View. Jules a travesti le mât d’une planche en perche de caméraman pour capter quelques images sous-marine avec la Go Pro (montage en cours).

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Douze heures de nav sous le soleil pour parvenir au Cap Finistère, le cap le plus à l’ouest de l’Espagne. Pétole sur la première partie, donc moteur. La houle est pourtant bien formée et chahute à nouveau le cœur de Camille qui finit au poste de Captain avec Jules pour garder les yeux sur l’horizon. Tout à coup, Camille pointe un alignement de deux ailerons espacés de 70/80cm avançant à faible allure, à 20/30 mètres du bateau. Les filles crient « dauphins, dauphins !! », je suis sceptique et pense plutôt qu’il s’agit d’un requin. Après quelques secondes d’observation, Jules nous confirme qu’il s’agit d’un marlin. Une belle bête d’1,20 / 1,40m, nous avions la ligne de traine sortie mais il n’a pas été séduit par notre leurre pourtant si coquet : un octopuss rose fluo ; )

Puis le vent se lève pour atteindre 20 nœuds : un régal sous gennaker.

Mouillage dans une baie près du village de pêcheurs Finistere dans l’ensenada de Llagosteira (voir post de Jules) avec l’intention d’effectuer un avitaillement, pris au dépourvu par le week-end du 15 août à La Corogne. A peine avons-nous jeté l’ancre à Finistere qu’un nouveau banc de dauphins se profile non loin du bateau.

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Le lendemain, cap vers l’île Cies, réserve naturelle protégée qui délivre un permis pour mouiller et poser pied à terre. Cette destination s’avère franchement décevante : nous assistons à un ballet incessant de navettes qui déversent des flots de touristes par centaines. Certes pas de cabane à frites sur la plage mais ambiance usine à touristes. Des jets skis rasent la côte et slaloment entre les voiliers au mouillage. Que de contradictions pour une réserve naturelle ! L’île retrouve son calme et ses attraits entre 21h et 10h30 quand le business touristique sommeille. Nous en prenons notre parti et levons le camp à 8h30 le lendemain pour une excursion en solitaire dans la forêt d’eucalyptus et sur les sentiers jusqu’au phare de Faro et son observatoire. Une sympathique balade de 2h dans la nature qui nous réconciliera avec lîle de Cies mais quoiqu’il en soit, nous écourterons notre séjour à Cies et rallions l’Ensanada de Barra, à quelques encablures de Vigo. Beaucoup moins connue mais tellement plus sauvage.

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La première navigation vue par...

Par Sophie.
Baptême de mer

3 nuits, 2 jours en mer pour traverser le Golfe de Gascogne, retour sur cette première traversée à bord de Seaview.

Formalités d’usage pour Camille et Manon deux heures après le départ : leurs estomacs sont malmenés après le passage du dernier phare d’Oléron, aux portes de l’Atlantique, quand la houle commence à se creuser. Un “dîner” frugal s’impose : ce sera bol de riz sur le trampoline. Les filles se réjouissent du programme. La mer est belle, teintée par le coucher du soleil. Nous avançons sous GV et gennaker par 9/10 noeuds de vent.
Les émotions du départ ont laissé place à la liberté et la joie d’être sur l’eau. Nous profitons du moment présent et réalisons que l’aventure commence maintenant.

Première nuit de quart assez fluide au moteur. A 9h, un couple de dauphins vient jouer à la proue du bateau. Nous réveillons Camille et Manon qui ne cessent de s’extasier devant un tel spectacle. Ils seront bientôt 4, puis 13 à filer devant le bateau. Moment de grâce pour les petits comme pour les grands.

Les dauphins donneront le la de cette première journée de nav sous le soleil, très paisible – toujours au moteur par manque de vent. Lecture, sieste, travaux manuels pour Camille et Manon, re-sieste et même film en famille devant Zarafa. On récupère du manque de sommeil des derniers jours.

En soirée, le vent se lève. La mer commence à se former. Nous sortons la GV. Cette deuxième nuit sera plus mouvementée. Je dors mal lorsque Jules assure les quarts à l’extérieur. Couchée dans le carré, j’expérimente le sommeil fragmenté par tranche de 5/ 10/15mn tout en veillant à distance sur le Capitaine. Vers 1h, je me réveille en sursaut, scrute la barre tribord : personne. Balayage sur babord : personne. Dans la seconde qui suit, je me dresse comme un “i” et me rue dans le cockpit. Il fait nuit noire, l’air est frais, personne aux manoeuvres. J’appelle Jules. Seuls les paquets de mer désordonnée claquant les jupes arrière du bateau font échos. Je rappelle à nouveau et tente de rester calme même si mon coeur s’emballe. L’opacité de la nuit est pesante. Je me précipite dans le carré. En scrutant l’avant, j’aperçois le capot de la salle de bain allumé… Une lumière dans la nuit. Je dévale les 3 marches de notre cabine et me précipite dans la deuxième partie du flotteur. Et là, Jules, placide, me lance : “t’es déjà debout ?”
Premier coup de flip, il y en aura d’autres.

Finalement, le corps s’adapte. Nos horloges biologiques s’accoutument au sommeil fragmenté par tranche de 15/20mn. La minuterie de l’iphone rythme désormais nos nuits et selon l’humeur - et la forme - on se montre plus ou moins réactif. Je remporte la palme de la réactivité mais pas celle de l’efficacité.
Alerte, en ½ seconde, je bondis sur mes 2 pattes avec l’agilité d’une biche traquée, prête à fouler le sol du cockpit et vérifier les extérieurs. Et… “paf, la biche !”.
Cette nuit-là, un détail m’échappe. La température nous a contraint à fermer la baie vitrée qui sépare le carré (où nous dormons les nuits de quart) du cockpit. Dans mon élan entousiate, je me heurte en pleine face contre la vitre. Le pain de glace sur le nez aura le mérite de me tenir éveiller une partie de mon quart.

Dernière partie de nuit passée à slalomer avec un bateau de pêche qui a décidé de nous contrarier. Il suit notre trajectoire depuis deux heures et ne répond pas par VHF. On se déroutera légèrement pour s’en débarrasser.
La nuit des filles aura été plus douce : elles émergent vers 9h30 après avoir fait le tour du cadran. Leur capacité d’adaptation est impressionnante : elles sont particulièrement calmes, ne se chamaillent pas et s’occupent de manière relativement autonomes.

La deuxième journée en mer nous semblera plus longue. Temps gris, le vent forcit pour flirter avec les 18/20 noeuds. La mer est très désordonnée. Le soir, on s’offre une escapade culinaire asiatique – entorse à notre régime riz/pâtes/semoule/bananes : des nouilles chinoises, c’est la fête ! (Sylvain, la livraison en 5mn fonctionne aussi au milieu du Golfe de Gascogne ; ) )

Troisième nuit en mer chahutée. Le vent oscille entre 16 et 20 noeuds, les vagues atteignent 2,5/3 mètres, sommes toujours sous GV et gennaker. La houle est formée, les pêcheurs et leurs filets sont au rendez-vous. Alors que la fatigue commence à se faire sentir, nous devons redoubler de vigilance. Impossible de dormir : les vagues claquent avec violence sur les coques du bateau et la valse capricieuse des pêcheurs nous tourmente. Leurs AIS ne sont pas toujours perceptibles sur l’écran de contrôle.
Vers 5h du matin, bizutage de Poséïdon à quelques milles de l’arrivée. Plus une goutte d’eau douce ne s’écoule des robinets ! La forte houle a désaxé un tuyau et les réservoirs se sont écoulés dans le flotteur babord en fond de cale.
Mon premier réflexe : sauver notre “or noir” – les deux sacs de pharmacie. Notre hôpital ambulant est conditionné dans deux sacs censés être étanches. En ouvrant la cale, je découvre deux radeaux à la dérive. Une fois au sec, je déballe les deux sacs noirs : aucune trace d’eau dans chacune des dix trousses. Je réalise avec soulagement que le concept d’étanchéité prend ici tout son sens.

Ragaillardis par cette bonne nouvelle, nous voilà partis à évacuer 250 litres d’eau avec sceaux et pompe manuelle. Jeter de l’eau douce par dessus bord, quel paradoxe pour un marin. Quelques dizaines de sceaux plus tard, la cale est “sèche”, nous sortons la tête de l’eau et remontons prendre l’air. Le jour se lève paisiblement. En arrivant près du poste de barre, je lève la tête et suis saisie d’émotion : la terre de Galice nous tend ses bras. Nous sommes arrivés.


Par Jules

Nous sommes donc partis un peu plus tôt que prévu pour rester dans un régime de vent de Nord-Est. Il était impensable pour moi de commencer notre voyage avec du vent et de la houle de face, sous peine de dégouter tout le monde (moi y compris).
La contrepartie de ce départ anticipé: un vent assez faible au début, et surtout l'obligation d'arriver mercredi matin avant la dépression. Il ne fallait donc pas trainer et je m'étais préparé à faire une bonne partie au moteur.

Après quelques milles, on sort les seaux pour Camille et Manon qui se sont vidées l'estomac. Mais elles ont rapidement retrouvé le sourire qui ne les a plus quittées jusqu'à la fin et elles pouvaient sans problème regarder un film dans le carré. Elles ont assuré pendant toute la traversée: pas de disputes, de longues nuits, pas de "c'est quand qu'on arrive"… Des enfants modèles.

Première partie de nuit très agréable sous gennaker sans trop de houle. Au fur et à mesure de notre avancement, le vent baisse, s'oriente pile dans notre trajectoire et une houle croisée se met tranquillement en place. On essaie toutes les configurations possibles sous voile pour tenir notre moyenne imposée (arriver avant la dépression!). Mais le vent est trop faible à cette allure pour que les voiles plaquent un peu le bateau qui se fait donc balader au gré des vagues. Les voiles claquent sans cesse et on se traine en dessous de 5nds. On affale donc tout et on se met au moteur.
Au petit matin, des dauphins viennent nous rendre visite: je réveille vite les filles pour en profiter tous ensemble. On est toujours au moteur, mais c'est quand même le bonheur!
La journée se passera à lézarder au soleil, sans croiser personne. Tranquille.

La deuxième nuit est plus tendue. Il y a des bateaux de pêche et des filets PARTOUT. C'est une sorte de slalom géant. On essaie de dormir par tranche de 15mn devant l'écran de l'AIS (transpondeur pour le trafic maritime) et en surveillant les points lumineux à l'horizon. J'ai compté jusqu'à 12 cibles différentes dans un rayon de 15 milles (30km). Nous nous retrouvons à la limite des eaux françaises et espagnoles et c'est amusant d'observer les français pêcher dans les eaux espagnoles et les espagnols l'inverse. L'herbe semble toujours plus verte ailleurs…

Le lendemain, le vent monte progressivement comme prévu, le temps est bouché, la houle grossit en étant toujours aussi désordonnée. 20nds plein arrière et houle de plus de 2m, cela secoue. J'ai dû sortir veste et pantalon de ciré (on envie ceux qui partent de Méditerannée!). La navigation est grisante (un surf à 15nds!) et nous prenons petit à petit confiance dans le bateau qui réagit assez bien à cette houle. Le comportement est sain, les vagues ne tapent pas trop sur la nacelle. Le pilote automatique ne s'en sort aussi pas trop mal. C'est le vrai baptême en mer "ouverte".
Ces conditions ne nous quitteront plus jusqu'à la fin.
Les filles s'accommodent parfaitement de la situation. Elles aimeraient juste pouvoir faire un vrai repas sans se cramponner à leur bol de riz blanc qui a une fâcheuse tendance à se faire la malle de la table.

Les bateaux de pêche sont moins présents pendant la dernière nuit, mais on voit maintenant des cargos, qui sont plus facilement évitables (du fait de leur cap et de leur vitesse constants). Les conditions sont toujours bien toniques et personne n'imagine ici rencontrer ces conditions de face.

Petite surprise au moment d'arriver dans la baie de la Corogne. "Ya plus d'eau qui coule du robinet!". Je m'aperçois vite que nos réservoirs se sont déversés dans les cales bâbord. Avec le vacarme des vagues, personne n'a entendu le groupe d'eau qui tournait dans le vide pour essayer de remettre la pression dans le circuit. Le coupable est vite trouvé: un tuyau s'est complètement déconnecté du fait de colliers vraisemblablement très mal serrés. Rapidement écopé et réparé. Rien n'a souffert car tout était bien réparti dans des caisses. Seuls les cartons des cubis de rosé sont partis à la poubelle. Il ne reste que les poches plastiques et le contenu :)
Je suis bon pour faire un check-up de tout le bateau avant de repartir.

L'arrivée se fera au petit matin, exactement au moment de la bascule de vent annonçant l'arrivée de la dépression (les prévisions se sont révélées très fiables): on appareille donc à la Corogne très facilement et on va pouvoir bien se reposer en entendant le vent souffler dans la marina Nautico située en plein centre ville. Mission accomplie.

Je suis super fier des filles et de Sophie.
Le voyage a vraiment commencé.

Bilan: 378milles (700km) en 63H.

PS: Pour ceux qui auraient suivi les préparatifs, sachez que la canne à pêche n'a pas été sortie. Personne ne se voyait vider un poisson avec nos estomacs encore un peu fragiles…

Au rayon bricolage, j'ai aussi testé en navigation le nettoyage du filtre à eau de mer d'un des moteurs qui s'était déjà bien encrassé à la Rochelle (avec du coup quelques fumées blanches une fois le moteur bien chaud).


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Le DEPART

Après ces 10 jours passés en compagnie de nos amis et familles à bord, le bateau était prêt et la météo prise depuis plusieurs jours s'annonçait favorable pour un départ le 10 août au matin. Nous avions donc organisé nos derniers jours/heures en fonction de cela. Daniel, Françoise, Agathe, Charlotte et Stéphane venaient déjeuner à bord le dimanche, et après on se concentrait sur le départ du lendemain.

Mais la météo reprise dimanche midi nous mettait devant un choix: soit on partait rapidement pour arriver avant une dépression qui passait à la Corogne (notre destination!) mercredi et qui allait ensuite s'étendre dans le Golfe (avec du vent et de la houle forts, contraires à notre route), soit on attendait plusieurs jours que la situation redevienne calme.
Nous nous décidons en quelques minutes et nous voilà donc passés immédiatement en mode départ avec un appareillage au plus tôt, soit vers 17h.
Plein d'eau, machines à laver, dernier approvisionnement sont vite expédiés et du coup, nous aurons une partie de notre famille au départ. Cela solennise encore plus le début de notre aventure. On met une nouvelle fois nos lunettes de soleil…

C'est le moment qui concrétise tous ces mois de préparation et qu'on attendait depuis très longtemps.
L'émotion est grande.

A très vite en Espagne
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