Pigeons voyageurs

Ibé, le fils du chef du village, Omar, le Directeur de l'école et Salif, le fils de l'Imam nous convient à la case commune au bord du Saloum. Une case traditionnelle, agencée de quelques bancs, jerricans-tabourets (dernière création des frère Bourroulec locaux), guirlandes de coquillages et d'une … TV ! Une dizaine d'hommes - jeunes et moins jeunes - se réunissent quotidiennement devant l'écran pour assister aux matchs de foot, en français. Eh oui, Canal + Sport émet dans le Saloum ; )
DSC08820

Nos hôtes nous invitent à quelques mètres de la case pour manger de la coco fraîche et boire du thé et nous échangeons sur le village, les coutumes sérères.
Le fils du chef du village nous explique que l'islam autorise la polygamie : "Un homme peut avoir jusqu'à 4 femmes…" Le sujet est sensible pour la féministe que je suis. Je demande à Ibé comment se passe la co-habitation entre épouses et enfants au sein d'un même foyer. Sa première réponse est enthousiaste, il m'assure que tout ce petit monde co-habite en paix puisqu'il fait partie d'une même famille. Puis, il se ravise et précise qu'en ville, les hommes aisés ont recours à plusieurs logis pour éviter les conflits. C'est alors qu'Omar, Directeur de l'école, un homme cultivé, volontaire et plein d'humour ajoute : "et c'est ainsi que les hommes deviennent des pigeons voyageurs…"
Camille, assise sur les genoux de Julien, ne perd pas une miette de notre conversation et demande très naturellement :
- " Et les femmes, elles ont droit à combien de maris ?"
Eclats de rire général. Nos hôtes relève la pertinence de la question et lui répondent :
- "Un seul, la femme n'a le droit qu'à un seul mari…"
-"C'est pas juste…" nous confiera Camille en aparté, sur le chemin du retour. On lui explique que c'est ainsi dans la religion musulmane et qu'en effet, pour nous Européens, cela peut paraître vraiment surprenant.


blog comments powered by Disqus