Madère

Madère étonne par ses contrastes. Cette île, perdue dans l’Atlantique, est un paradoxe naturel : éden végétal formé de forêts subtropicales et rivages volcaniques. La végétation luxuriante du centre contraste avec la pointe aride et quasi-désertique de l’est. Forêts primaires – classées au patrimoine de l’Unesco - se disputent un territoire encore sauvage. Sans doute faut-il se rappeler que Madère est née d’un cataclysme volcanique. Cette île verdoyante ne montre que le quart supérieur de sa base volcanique qui plonge à 4000m de profondeur.

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Même si nous ne doutions pas de l’existence de micro-climat (nous sommes bretons d’adoption !), toute la réalité du concept est démontrée sur cette île : au centre, les montagnes abruptes arrêtent les nuages de l’Atlantique et contraignent l’air humide et chaud à s’élever et à se condenser en précipitations. Il en résulte notamment des versants entiers de cultures en terrasses.

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Mais à l’est, la faible altitude fait glisser les nuages, la terre est aride, presque désertique.

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Nous commençons notre découverte de l’île avec l’équipage de Catapulte. Première étape : les levadas, au centre de l’île entre Ribeiro Frio et Balcoes. Ces canaux d’irrigation serpentent l’île et permettent aux sources de montagne du Nord de rejoindre les champs en terrasse du Sud. Un réseau de 1600km de levadas, construits majoritairement par des bagnards et des esclaves au 15ème et 16ème siècle, sillonnent l’île. Les sentiers qui les longent pénètrent le cœur montagnard. Nous avons quitté la Marina, située en milieu aride, en débardeurs sous un soleil de plomb et quelques 30 km plus tard, on se retrouve au centre de l’île à 800m d’altitude dans le brouillard et le crachin « breton » en coupe-vent et K-Ways.

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La végétation y est incroyablement verdoyante. Les murs végétaux suintent d’humidité, les pins côtoient les eucalyptus qui dégagent un subtile parfum. Plus nous avançons dans la forêt, plus l’humidité est palpable et le brouillard rend certaines scènes assez surréalistes.
Les 5 filles organisent des courses de bateau et de feuilles dans les levadas tandis que les parents planifient la prochaine traversée et commentent les fichiers météo recueillis le matin-même.

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Le lendemain, cap sur Funchal, la capitale de Madère. Grosse déception car nous arrivons au Marché de Lavradores alors qu’il ferme ses portes… On se console à la Quinta das Cruzes (la quinta est une maison de maître rayonnant sur un vaste domaine agricole). En l’occurrence, il s’agit de celle de l’ancien gouverneur de l’île, reconstruite au 18ème siècle pour une riche famille de l'île. Camille et Manon s’extasient devant la chambre de Madame, son nécessaire à couture et cette drôle de chaise sculptée : « c’est quoi cette chaise avec un couvercle ? …. » demande Camille. Et Manon de répliquer à sa sœur : « A ton avis, à quoi une chaise avec un trou peut-elle bien servir ?... ». Camille découvre hilare un pot de chambre du siècle dernier et nous demande où se trouve la chasse d’eau.
On enchaine la Casa Museu Frederico de Freitas, qui abrite un petit musée sur l’Azulejos et la Casa Calçada qui – outre sa bibliothèque bureau superbe - abrite notamment un charmant patio. On longe le couvent Santa Clara et l’on rejoint l’équipage de Catapulte pour une virée dans la « Zona Velha », la vieille ville. Nous élisons domicile pour la soirée dans la très colorée rua Santa Maria, dont les portes peintes par des artistes font le bonheur de nos objectifs avec Muriel tandis que les Hommes nous attendent à la terrasse d’un pittoresque bar à cocktails (le patron est champion de cocktails de Madère) où nous sirotons quelques breuvages. L'ambiance est conviviale, amicale, il fait bon vivre à Funchal.

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Le lendemain, on entreprend de parcourir l’île en voiture avec Murielle, Eric et leurs filles : les montagnes succèdent aux landes, les grottes aux cascades, les cultures en terrasse aux plages de sable gris. Escales à Santana pour ses maisons colorées au toit de chaume, à Sao Vincente pour ses grottes volcaniques, à Porto Moniz pour ses piscines "naturelles", sans oublier la route de la côte d'or, suspendue à flanc de falaise. C'est là que nous élirons domicile pour notre premier "drony" (voir vidéo de Jules).

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Autre spécificité de Madère : rien n’est jamais franchement ni tout à fait droit, à part la piste de l’aéroport qui surplombe majestueusement la mer et nous aurait presque fait regretter de ne pas être arrivés par les airs.

On serait bien resté encore quelques jours à Madère mais une zone de grand calme puis une dépression se profilent et nous avons rendez-vous avec Maman à Lanzarote dans quelques jours. Il est donc temps de reprendre la mer et de dire au revoir à l’équipage de Catapulte que nous retrouverons très vite aux Canaries. Une fois encore, nous ne coupons pas au départ anticipé. Flexibilité et réactivité, nos capacités d'adaptation sont mises à rude épreuve.

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