Famille dans la jungle
On s'enfonce dans la forêt tropicale humide, sur la "Trace des Jésuites" - c'est le nom de la randonnée - car les religieux l'empruntèrent régulièrement au XVII ème siècle.
Les paysages sont dignes de "Gorille dans la Brume"… On finit par croiser une rivière bordée de bambous géants et de fromagers, le plus grand arbre des Antilles. Le lieu se prête à une petite pause.
Sur le chemin du retour, on s'embourbe et l'on se fait surprendre par un grain conséquent. Nous revenons trempés de la tête aux pieds, fourbus et tout "crottés", mais très heureux de cette randonnée.
Au retour, on fait une halte au "Saut du Gendarme", cascade d'une dizaine de mètres, pour une baignade improvisée.
On va maintenant poursuivre l'exploration des spots de kite de la Martinique, visiter l'habitation Clément, puis descendre dans les Grenadines vers le 3 janvier pour y retrouver les bateaux-copains.
Baptême de plongée
Camille et Manon font leur premier baptême (moi aussi d'ailleurs !) tandis que Julien et Agathe partent plonger plus en profondeur. Nous croiserons quelques tortues, murènes, carangues lunes, perroquets-princesses, poissons-papillons pyjama, poissons trompettes, poissons-lions, éponges tubes … Extra !
Manon
Camille
Coraux et éponges tubes
Agathe "pani pwoblem"
Lola, la tortue (la génération X reconnaitra la mascotte de Caroline et Nicolas ;)
Mylène, la murène
Un Noël pas comme les autres
Ce Noël n'a certes pas l'odeur de sapin, de marrons chauds et de cannelle, mais quel Noël !
Nous voici petite Anse d'Arlet pour le 24 décembre où nous assistons à la messe. Cette petite église a une spécificité : son entrée principale s'ouvre sur un ponton donnant directement sur la mer.
Nous croisons plusieurs femmes en costume traditionnel créole, portant coiffe et foulard en madras et nous sommes invités à nous asseoir au deuxième rang, à quelques pas de l'orchestre.
La cérémonie est colorée, rythmée, exaltée. "Kyrie", "Gloria", "Minuit chrétien", "Les anges de nos campagnes" sont interprétés par un groupe de gospel et toute l'assemblée reprend prières et chants en claquant des mains. Certains refrains sont même chantés en créole, nous ne nous décourageons pas et fredonnons les paroles en suivant scrupuleusement les textes.
Quelle ferveur et quelle joie de célébrer Noël ! Nous ne sommes pas prêts d'oublier cette messe.
Anses d'Arlet
Les anses d'Arlet ne sont qu'à quelques milles de Sainte Anne. L'eau y est beaucoup plus claire et on peut même y voir des tortues en plongeant depuis le bateau.
Dans la grande Anse, les parties Nord et Sud sont réservées au mouillage sur bouées (payantes), mais on peut poser l'ancre dans toute la partie centrale. Cela tombe bien, c'est la plus agréable et on peut mouiller très près du rivage. Plusieurs restaurants sont directement sur la plage (on conseille le Ti-Sable le dimanche soir avec grillades et concert live).
Fond de sable avec des herbiers (où les tortues viennent manger). 2 petites supérettes.
Dans la petite Anse (là où il y a le bourg), la partie Nord est inaccessible (cayes) et au Sud, il y a aussi des bouées. Mais une fois de plus, pas de problème pour poser son ancre. Fond de sable et herbiers. Le mouillage est par contre assez rouleur (ce qui n'est pas le cas à Gde Anse).
Vidéos Sénégal
Voici la vidéo sur les femmes de Diogane, réalisée pour Voiles Sans Frontières :
et l'on ne résiste pas à vous faire partager les chants des enfants de l'école de Diogane :
"Enfants du monde entier"
"Hymne sénégalais"
Mouillage de Sainte Anne
L'anse de Ste Anne est un bon point d'atterrissage en Martinique (et particulièrement après une transat): le village est très sympa, les accras vendus dans la rue sont fantastiques, on est pas loin du Marin si l'on a des travaux à faire, et on peut se baigner au mouillage. Cela explique pourquoi le mouillage est très fréquenté. Mais peu importe, on est bien à Ste Anne!
Le fond accroche bien partout et les places les plus près de la plage sont peu ventées. Normalement il faut respecter les zones de mouillage (derrière les bouées jaunes), mais vu le nombre de bateaux dans ces zones, on a même du mal à voir les bouées et on n'a pas vu de gendarmes en bateau…
On peut débarquer facilement au grand ponton où plus de 20 annexes y sont amarrées quelle que soit l'heure de la journée.
Veillez toutefois à bien cadenasser la vôtre.
2 petites supérettes et une très bonne boulangerie (un régal après 15j de transat). Location de voitures vers le Club Med.
PS: on m'a dit que le mouillage allait sans doute devenir payant (sur des bouées).
Arrivée en Martinique
Vous êtes nombreux à nous avoir témoigné votre amicale impatience à recevoir des nouvelles sur le blog. Même en Martinique, trouver une connexion wifi capable de télécharger le contenu du site et quelques vidéos relève du challenge ! Voilà donc un peu de lecture pour celles et ceux qui ont la chance d'être en congés.
Après deux jours d'escale technique au Marin (vidange des moteurs, réparation de la machine à laver, gros avitaillement…), nous goûtons depuis hier à la douceur du climat martiniquais avec Agathe, Gigi, Jean-Luc, Jocelyn, Gautier et Lenora qui nous ont rejoint. Et l'on déclare cette semaine : "Cned off" ;)
C'est aussi l'heure de dire au-revoir à Daniel qui aura partagé un mois de notre quotidien à bord. Chouettes souvenirs.
Puis on met le cap sur l'Anse d'Arlet pour une journée snorkling et paddle en compagnie des tortues.
Merci à Gigi et Jean-Luc d'avoir opté pour la Martinique ;) On se retrouve cet été en Bretagne, l'eau aura perdu une douzaine de degrés !
Et comme ce soir, c'est Noël, on ne coupe pas à la crèche et au sapin (format XXS !)
Joyeux Noël à toutes et tous !
On vous embrasse
Radio Ponton Transat Aller
Qu'est-ce qui t'a le plus surpris durant cette traversée ?
Camille : « Au début, je croyais que ça allait beaucoup bouger, comme pour la traversée du Golfe de Gascogne, mais finalement ça remuait à peine."
Manon : «Réussir à pêcher 3 daurades d'affilée ! Ne pas voir le temps passer et ne pas avoir été malade du tout. Avant de partir, Papa nous avait prévenues que ça allait bouger un peu et qu'il y aurait de la houle mais en fait, c'était vraiment tranquille".
Daniel : "Incontestablement le fait que les filles se mettent à leur CNED tous les matins comme si elles partaient pour l'école. Je ne suis pas sûr que cela aurait été le cas à bord d'un monocoque…"
So : "Je n'imaginais pas qu'une transat pouvait être si paisible. Si j'avais su, j'aurais signé avant !"
Jules : "Je ne pensais pas que l'on pouvait avoir 4 jours de calme en plein milieu de l'océan pendant les alizés."
As-tu trouvé le temps long?
Camille : «Non, mais j'avais quand même hâte d'être arrivée".
Manon : «Avant le départ, je pensais que ça allait être super long mais finalement, dès le premier jour, on était amariné et on a fait des activités, alors c'est passé vite. Mais les deux derniers jours, j'étais quand même impatiente d'arriver."
Daniel : "Couçi couça mais j'avais emporté du travail avec moi !"
So : «Non, j'aurais même voulu suspendre le temps".
Jules : "Oui quand on est englué dans une zone de calme. Non quand on surfe la houle (record à 15,5nds)".
Pendant cette traversée, quel(s) moment(s) as-tu préféré(s)?
Camille : «Préparer le bal des pirates et l'évaluation de solfège de Papy, jouer à la bataille navale".
Manon : «Lorsqu'on a aperçu des globicéphales près du bateau".
Daniel : "Les leçons de solfège que m'a données Camille. Très bon professeur, un peu trop indulgent peut-être…"
So : "La lumière sur l'Océan, les quarts de nuit, le ciel étoilé, jouer du piano au milieu de l'Atlantique…"
Jules : "Plonger pour voir le bleu intense des profondeurs."
Au contraire, quel (s) moment(s) as-tu le moins apprécié(s)?
Camille : «Quand je faisais la vaisselle…"
Manon : «Quand je faisais le CNED…"
Daniel : "Les mouvements d'un cata dans la mer croisée : j'avais quelquefois l'impression de me trouver debout dans une rame de métro et dans un virage. "
So : «Quand la porte vitrée, dont la sécurité était mal enclenchée, s'est brutalement refermée sur mon genou dans un creux de houle… J'ai décidément du mal avec cette porte vitrée !"
Jules : "Je me répète: la zone de vent calme!".
Qu’est-ce qui t'a manqué le plus pendant 15 jours ?
Camille : «Rien"
Manon : "Ne pas pouvoir faire trop de gymnastique".
Daniel : "Ma doudou"
So : "De ne pouvoir s'adresser de vive voix à nos proches pour partager en live ces moments d'exception. Un SMS Irridium de 150 caractères exige la concision !"
Jules : "Un spi symétrique pour naviguer encore plus confortablement au vent arrière."
Qu’est-ce qui t'a énervé(e) ?
Camille : «Manon qui n'essuyait pas la vaisselle une fois que je l'avais lavée…" (en off : "Camille, la question ne porte pas sur "Qui est-ce qui… mais sur Qu'est-ce qui…". Réponse spontanée : "C'est pas grave, c'est ça qui m'a énervée…"
Manon : "Rien"
Daniel : " Toutes les fois où j'entendais les mots Ketchup et Nutella, j'avais envie de sortir mon revolver."
So : "En l'espace de 10 minutes, me faire bizuter à deux reprises par la boite de farine, qui - contrariée par la gîte du bateau - s'est négligemment déversée sur moi alors que j'ouvrai le four en contrebas. La première fois, j'ai éclaté de rire. La deuxième fois, c'était digne d'un mauvais épisode de Benny Hill (quoiqu'ils soient tous mauvais…)."
Jules : "De m'apercevoir que le rosé qui nous restait était un peu passé après la chaleur du Siné Saloum".
As-tu une anecdote à partager ?
Camille : «Une nuit, j'ai fait un petit bout de quart. Le ciel était très étoilé et pour la première fois de ma vie, j'ai vu des étoiles filantes et du plancton phosphorescent".
Manon : «Comme on avait du temps, avec Cams (=Camille), on a réussi à cuisiner deux gâteaux dans la même journée. Un record !
Daniel : "La séance de "gueuloir" -non c'était pas Flaubert- avec les filles sur le trampoline où j'ai cru que Manon allait se casser la voix.Le voilier qui était juste devant nous au milieu de l' Atlantique et que je n'ai vu qu'à 1 mille de distance à l'AIS."
So : «La daurade de 1m a eu raison de moi. Le lendemain de sa prise, je me suis réveillée avec des courbatures dans les bras. Remonter la bête au moulinet sur 50/60 mètres, alors que le bateau avance, relève d'une séance sportive. Qui a dit que la pêche était une discipline "pépère"?" ("mémère" serait d'ailleurs plus adapté au contexte)
Jules : "L'émerveillement de Camille et Manon quand elles ont découvert le plancton phosphorescent dans le sillage du bateau (elles ont chacune fait un bout de quart avec moi la nuit)."
Et si c'était à refaire ?
Camille : «Oui, je le referai exactement dans les mêmes conditions".
Manon : «Je dis oui, à une condition : je m'informe pour savoir si ce sera aussi calme que lors de cette traversée."
Daniel : "Je le referai dans le même sens. Et de préférence avec un spi, parce que 2000 milles avec le gennaker en ciseau… Heureusement que le pilote automatique a vraiment assuré."
So : "Partante avec une condition préalable : compter 3 marins (expérimentés) à bord… Et sinon, le Pacifique, c'est 30 jours de traversée, c'est ça ?"
Jules : "La même avec 20nds orientés à 150° tout du long".
La transat Aller vue par...
Alors, c’était comment?
Tranquille
Tranquille, car la météo a été très (trop? voir §Long) clémente avec même 3 jours de pétole (sans vent) une fois la moitié du trajet passée. Pas de tempête (en même temps, ce n’est pas la saison) et un vent moyen de 12nds. Seule la première et les 2 dernières journées nous auront permis de bien aligner les milles grâce à un vent à 20nds et plus (force 5/6). On a ainsi pu améliorer notre record de distance parcourue en 24H avec le bateau (195Milles).
Ce que disait mon père avant de partir était donc vrai: c’est bien plus compliqué de faire France/Cap-vert que de traverser l’Atlantique.
Tranquille aussi car mon père était justement avec nous. Avoir quelqu’un de très expérimenté en plus sur le bateau - qui plus est mon père- change tout: en cas de soucis, on sait que l’on peut compter sur lui, et les quarts de veille la nuit sont aussi beaucoup plus courts! Pouvoir dormir sur ses 2 oreilles pendant 6h d’affilée est un luxe auquel nous n’avions pour le moment jamais goûté. Avec plus de sommeil, on est plus lucide et généralement de meilleure humeur…
Long
Oui, 15 jours c’est long. C’est d’autant plus long que les manoeuvres sont assez espacées (nous ne sommes pas en régate) et que le vent est faible. Je m’imaginais une traversée avec un peu plus d’action. Pas de cargos ou de bateaux de pêche à éviter non plus.
Long aussi car les communications avec l’extérieur sont très limitées. On a tout de même bien apprécié vos messages d’encouragement! Merci.
Court
Cela, je ne l’ai écrit qu’après être arrivé… Parce qu’on oublie vite que cela a été parfois long. Mais nous avons fait plus de 4000km tout de même! Les prochaines navigations aux Antilles vont nous paraître vraiment très courtes.
15jours, c’était aussi la durée que je m’était donnée pour objectif. Agathe (ma soeur) qui devait nous retrouver en Martinique exactement 15jours après notre départ a décidé de décaler d’un jour son arrivée. Pas confiance en nous Agathe? Tu devrais savoir que je ne suis jamais en retard.
Agréable
Surfer sur la longue houle de l’Atlantique est le rêve de tous les voileux. C’était mon cas et on sent bien les vagues pousser le bateau, même avec une faible houle. Le bateau a toujours eu des réactions saines et s’est toujours montré rassurant.
Agréable aussi car, pour la première fois, nous avons pu vivre quasiment « normalement ». Personne n’a été malade (Fait rare: les seaux bleus n’ont pas servis). On a pu dévoré des bouquins et regarder des films en famille. On n’a rarement aussi bien mangé (du pain frais et des plats maisons tous les jours). Les filles ont été très studieuses avec des grosses séances de CNED tous les matins (on va pouvoir prendre des « vacances » en arrivant). Sophie nous a même donné des cours de Yoga sur le trampoline (les filets à l’avant) au coucher du soleil…
Des moments clés?
Le moment où l’on a fait la moitié du trajet. On ne compte alors plus les jours depuis le départ, mais ceux qui restent pour arriver. On commence à relire les guides nautiques des Antilles pour préparer ses prochaines escales. On se met à écouter Frankie Vincent en pensant au Ti-Punch que l’on va prendre en arrivant. Bref, on s’y voit déjà.
Tous les matins quand on s’échange par SMS satellite nos positions avec les batocopains partis un peu avant ou un peu après nous. On s’encourage quand on attend le vent, on se félicite de nos pêches miraculeuses et de nos vitesses dignes de bateaux de course, on planifie nos apéros…
La pêche à la traîne. Sans du tout devenir des experts, chaque mise à l’eau de la canne à pêche s’est traduite par une belle prise. (Gaëlle, on a pris une photo avec un mètre à côté d’une de nos prises pour Pierre et Jules qui doutent de nos mesures ;). Par contre, je ne suis toujours pas fan du poisson. Dommage que l’on ne puisse pas attraper des boeufs ou des poulets en plein Atlantique.
La baignade à 2000km des côtes par 5000m de fond. Même si la probabilité de rencontrer de vilaines bestioles est quasi nulle, on ne sera resté dans l’eau que le temps de s’émerveiller du bleu époustouflant des profondeurs.
Alors, maintenant qu’on « l’a fait », est-ce que cela fait de nous de vrais marins?
Certainement pas. On prend juste chaque jour un peu plus d’expérience. Mais on est quand même fier de l’avoir fait!
Maintenant, nous entamons la deuxième partie de notre voyage. Des navigations plus courtes, moins de cultures différentes à découvrir, mais des paysages de carte postale et du temps pour en profiter.
C’est aussi le moment de commencer à réfléchir au prochain grand défi que l’on va se fixer pour les prochaines années ;)
Transat vue par So
Paisible.
Voilà comment je qualifierai cette transat.
Je l’appréhendais et – contre toute attente – je n’ai jamais autant apprécié une navigation.
Rien à voir avec les conditions de la traversée de 7 jours Canaries / Sénégal où nous avions été chahutés par des vagues de 4 mètres, une houle courte et irrégulière qui claquait violemment contre les coques et la nacelle. Conditions météo, proximité de la Mauritanie, menace de bateaux migrants avaient rendu cette navigation éprouvante. Pour cette transatlantique de 15 jours, la donne a considérablement évolué :
1- Daniel, le Père de Julien, nous a rejoint. Je dois avouer qu’un homme de plus à bord – qui plus est marin expérimenté – c’est apaisant. La présence de Daniel pendant cette transat me fait l’effet d’une cure d’Euphytose (extrait d'aubépine et passiflore pour "apaiser les esprits"). Depuis le mois d'août, je n'ai jamais aussi bien dormi.
2- Nous sommes à présent trois pour effectuer les quarts. Passer de quarts de 5h/5h30 à des quarts de 3h, ça change tout. Constellations et étoiles filantes veillent et "bienveillent" sur nous, certains quarts me paraissent même trop courts, je réveille Jules un peu plus tard.
3- Les conditions météo clémentes. Portés par un vent moyen de 12/15 nds – excepté les quatre jours de pétole – quelques passages à 20-25 nœuds et une houle d’à peine deux mètres par l’arrière. C’est con-for-ta-ble.
4- Un routeur qui nous suit et nous envoie quotidiennement par Iridium les conditions météo et waypoints à rallier. Un garantie pour déjouer – le cas échéant – les embuscades d’Eole et Poseidon. Même si finalement, les deux energumenes se sont révélés très conciliants, faire appel à un routeur, c’est rassurant.
5- Peu de manœuvres. Poussés par le vent arrière, la route est toute directe, c’est pratique et peu physique - pas assez à mon goût, d'ailleurs.
6- Pas l’ombre d’un bateau de pêche, pas de piège tendus par les filets, peu de cargo (nous n’en croiserons que trois), peu de bateaux-voisins (1 de vue, 3 sur l’AIS). On est loin des parcours du combattant nocturnes le long des côtes espagnoles, portugaises et sénégalaises. Presque une promenade de santé, Daniel avait raison.
7- Aucune avarie technique à signaler. Pas de coque à écoper comme pour la traversée du Golfe de Gascogne, pas de sous-barbe qui rompt lâchement, ni de gennaker qui s’échappe frénétiquement au vent. C’est low-stress and easy-sail.
Conséquence : cette transat, je l’ai vécue comme une bulle zen au milieu de l’Océan. Un moment suspendu, consciente de vivre une expérience rare.
Jour après jour, la vie s’organise. Chacun trouve sa place, c’est fluide. Peu de sautes d’humeur de l’équipage – si ce n’est quelques facéties d’ado en manque d’activité physique. Les hommes assurent à la technique et aux manœuvres, Manon et Camille "CNEDent" le matin et alternent jeux de société, lecture, cuisine et travaux manuels l’après-midi.
Pendant deux semaines, j’ai beaucoup de plaisir à observer les filles tisser une relation complice avec leur grand-père. Autant de plaisir à assister à la connivence père-fils lorsqu’il s'agit de disséquer les fichiers météo et causer technique.
Cette transat en famille prend tout son sens. Daniel nous a donné, plus jeunes, le goût de la voile et du catamaran - Jules est tombé dedans petit, pour ma part davantage sur le tard. Partager cette aventure transatlantique avec lui, c'est une manière de lui exprimer notre reconnaissance.
Plusieurs "pépites" pendant cette traversée :
- les leçons de piano face à la mer
- les séances de yoga quotidiennes en solo ou en famille
- les lectures nocturnes pendant les quarts. Je passe ces trois heures casque sur les oreilles (l'oreille droite couverte pour capter des airs d'opéra, l'oreille gauche alerte pour détecter les bruits du bateau et l'alarme du pilote). A la lumière de la table à carte et des écrans de contrôle, absorbée par mes bouquins et la réalisation de montages vidéo, cette veillée-vigie durant quinze jours aurait pu être une corvée, c'est au contraire un moment apprécié et attendu.
- les récrés tous ensemble sur le trampoline
- un cours d'histoire-géo sur le Nouveau Monde et les Navigateurs dispensé par Daniel à Camille
- les parties de pêche
- les bons petits plats : d'un naturel peu porté sur la cuisine (frère et soeur cordons bleus pourraient en témoigner), je n'ai jamais autant cuisiné de ma vie. Si jusqu'à présent la cuisine répondait davantage à un besoin primaire (nourrir ma tribu!) qu' à un réel plaisir du palais, c'est devenu une révélation. Ca tombe bien, puisque "bien bouffer", en navigation, est essentiel pour le moral de l'équipage.
- les échanges quasi-quotidiens avec les bateaux-copains Mimosa, Siminoe, Catapulte et Sequoïa partis à quelques jours d'intervalle. On s'encourage, on se félicite de nos prises et l'on se donne RDV pour fêter la transat début janvier aux Grenadines.
- le soutien de nos familles et amis par Iridium. Merci à tous pour vos messages.
Cette transatlantique s’achève et la nostalgie de ces deux semaines en mer me gagne, un peu comme un bon livre que l'on regrette d’avoir terminé.
Pour les proches, voir la vidéo de la transat dans l'onglet "vidéos" (accès privé).
Transat : prêts, partez !
Pourtant, à J-2 nous sommes sereins. Le bateau est prêt (inspection de tout le gréement et des équipements de sécurité, nettoyage des filtres moteurs, changement des filtres du dessalinisateur…). L'équipage aussi.
On va même aller faire un saut à Sao Antao, l'île située en face de Sao Vincente et accessible uniquement en ferry. C'est, parait-il, la plus belle île du Cap Vert.
Au programme rando dans la nature, histoire de se dégourdir les guiboles avant la transat et ambiance "Nos jours heureux" avec Siminoe et Mimosa.
Compter au mieux 14 jours de nav', mais la traversée peut aussi durer plus de 20 jours s'il y a pétole (pas de vent). On aimerait être arrivés "de l'autre côté" avant Noël, n'est-ce pas Gathoune?
Donc pas de connexion internet et pas de mails pendant deux semaines.
On garde quand même, avec le téléphone satellite, un lien avec la terre ferme (et notamment avec notre routeur qui va analyser la météo pour nous et nous éviter de rencontrer du gros temps). N'hésitez pas à nous envoyer des news via le site www.iridium.com.
A très vite !