La traversée vers le Sénégal vue par Jules

Cette traversée, tout le monde à bord la redoutait: très longue (presque 2000km, soit 7 jours environ), potentiellement assez ventée et houleuse, au large de côtes peu recommandées (Sud Maroc et Mauritanie) et n'offrant aucun abri (seulement quelques ports de pêche au Maroc), dans des zones où on l'on peut rencontrer des bateaux de migrants (aux Canaries, nous avons entendu plusieurs appels à la VHF indiquant leur présence), et sans retour possible vers les Canaries en cas d'avarie (trop difficile de remonter contre le vent et la houle). Une traversée qui me semble être plus compliquée que la transatlantique donc, d'autant plus que pour la transat, Daniel sera à bord.

Pour une fois, pas de départ anticipé pour cause de vent fort prévu à l'arrivée: nous sommes même partis en sachant que le premier jour allait se faire au moteur (car avec un vent trop faible), mais nous étions attendus à Dakar par Geneviève et Bernard que nous accueillons à bord pour une mission Voiles Sans frontières. Et le routage s'est avéré relativement exact avec 7 jours de navigation réalisés contre 7 prévus. Nous avons fait 1030 milles (1900km), soit plus de 100 que la route directe (en ligne droite au plus près des côtes), mais je m'étais interdit de naviguer à moins de 90milles des côtes: on évite ainsi les petits bateaux de pêche et leurs filets trop mal signalés.
La houle nous a beaucoup secoué pendant au moins 4 jours, et je n'avais qu'un objectif en tête: préserver le bateau en limitant autant que possible les efforts (donc en réduisant parfois les voiles plus que le vent ne l'exigeait) et adapter les allures et la voilure pour limiter l'inconfort, et préserver ainsi le moral de l'équipage (ex: passer la nuit vraiment dans le sens des vagues sans être en route directe).

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Les moments forts de la traversée

-Notre première nuit de navigation à la voile avec une lune pleine: un vent maniable, pas (encore) de houle et l'impression qu'un phare géant projette de la lumière depuis le ciel

-Notre première pêche. Nous ne mettons pas souvent la canne à l'eau car on a rarement envie de découper un poisson vivant en pleine navigation, mais nous étions pour le moment restés bredouilles. Camille me demandait même si je pensais que, pendant ce voyage d'un an, on pêcherait un jour quelque chose… L'honneur est sauf avec une magnifique daurade coryphène de 1,18m!

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-Les échanges quotidiens par Iridium (téléphone satellite) avec les batocopains Siminoé et Catapulte partis un peu après nous: c'est sympa et on se sent moins seul sur l'océan

-Le passage des 3000 milles (5500km) faits avec le bateau depuis le début

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-"House of cards". Avec toutes ces nuits de navigation, j'ai pu regarder l'intégralité de la saison 1. La série est très prenante, et il est amusant de voir à quel point nous nous sentons loin, de façon tout à fait momentanée, de ces préoccupations (politique, pouvoir…).

-A 60 milles de l'arrivée, au petit matin, j'ai été surpris par un bruit soudain et complètement assourdissant dans le bateau. J'ai du réveiller Sophie pour comprendre que nous étions sans doute passés à travers un nuage de crickets. 24h n'ont pas été de trop pour venir à bout de tous ceux qui avaient pris place à bord et qui nous continuaient à nous agacer avec leur bruit. Nos amis de Siminoé ont, eux, été envahis par des libellules.

Les 2 choses les plus pesantes dans ce type de traversée

-Le bruit. En navigation, qui plus est dans de la grosse houle, le bruit est permanent: le vent bien sûr, mais surtout le sillage du bateau et les vagues qui déferlent autour. Je ne sais pas comment font les skippers du Vendée Globe pendant 3 mois dans leur bateau beaucoup plus inconfortables et bruyants que les nôtres.

-Le fait de réaliser que l'on ne peut pas appuyer sur un bouton pour se mettre à l'abri et au calme en un instant. Une fois parti, il faut aller au bout!

Nous voilà donc maintenant à Dakar, pour faire les formalités et se reposer un peu. Malheureusement l'escale se fait dans une des baies les plus polluées au monde (on n'ose même pas toucher l'eau) mais le sourire des sénégalais fait bien vite oublier cette triste réalité.
Départ prévu vendredi pour rejoindre l'embouchure du fleuve Sine Saloum (60 milles au Sud). Avec ces 2000km faits presque plein Sud, la température a sérieusement monté et les moustiques sont là :(
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La traversée vers le Sénégal vue par Sophie

La nav' Fuerte - Dakar représente plus de 1000 miles, soit une demie transatlantique.
Initialement, une escale de quelques jours au Maroc était prévue, afin de scinder la route et montrer aux filles une parcelle du Sahara. La météo en a décidé autrement : retenus aux Canaries par des vents peu favorables, nous étions à présent contraints de rallier Dakar d'une traite pour rejoindre nos hôtes, Geneviève et Bernard, et mener à bien notre mission pour Voile Sans Frontières.DSC07837
Jour 1 : La mer est d'huile lorsque nous quittons Tiphaine et JB qui continuent leur route vers Grand Canaria. Manon prépare des cookies, on admire le coucher du soleil sur Fuerteventura puis l'on s'accorde une séance ciné dans le carré, en compagnie de Jack Sparow.
Les quarts s'organisent : Jules prend le premier de 20h à 1h du matin et j'opte pour le suivant jusqu'à 6h30. Le vent oscille entre 3 et 7 noeuds, pétole, nous passons donc la nuit au moteur. La mer est plate ce qui nous permet, pendant notre quart, de dormir comme des bébés par fragment de 15/20mn. La pleine lune nous accompagne pour cette traversée et constitue un avantage majeur puisqu'elle nous évite de naviguer à l'aveugle dans la nuit noire. Nous croisons quelques cargots qui remontent les côtes africaines mais globalement la nuit se passe très tranquillement. Nous savourons ce moment de plénitude.
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Jour 2 : on retrouve notre organisation de nav. Le vent s'est quelque peu levé mais nous permet de barrer sous pilote en s'enfilant 2 à 3 films pendant notre quart - une telle boulimie de films, du jamais vu pour ma part. Le lendemain, nous profitons du temps calme pour assurer une séance de Cned musclée.

Jour 3 : en matinée, un couple de dauphins sonne la récré du Cned. Camille insiste pour mettre la canne à pêche à l'eau.
Vers 17h, la ligne se déroule, puis s'emballe, effrenée… Jules peine à la reprendre ce qui nous laisse espérer un trophée conséquent. Le poisson se débat, saute et laisse entrevoir ses écailles fluorescentes : pas de doute, c'est une daurade coriphène. La prise semble de bonne taille pour les pêcheurs en herbe que nous sommes.
Quelques minutes plus tard, elle se révèle de taille plutôt modeste comparée à la masse sombre bleutée qui la traque espérant, elle aussi, en faire son repas.
Après le chat et la souris : shark et la daurade cori !
L'excitation est à son comble. Il s'agit à présent de remonter notre butin au plus vite avant que le requin nous le dérobe ou que la daurade ne se décroche. A hauteur de jupe, Jules s'empare du harpon, la flèche sera sans recours.
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Trois heures plus tard… ceviche de daurade - selon la recette de Patricia & Paul.
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Jour 4 : La nuit a été agitée, nous avons peu dormi.
Nous conservons l'organisation de nos quarts. La mer s'est formée. Elle est à présent désordonnée, très hachée et rend la vie à bord inconfortable. Le vent monte à 15 puis 20 noeuds et les vagues atteignent bientôt 3 mètres. Les filles sont courageuses, elles cnedent. Le vent se calme légèrement et Camille nous prépare un gâteau pour le goûter.
Dans la soirée, le tropique du Cancer est franchi, nous échangeons par Iridium avec nos bateaux-copains Catapulte et Siminoe qui nous suivent à 24h-48h. On se sent un peu moins seuls sur l'Océan ;-)
Nous avons parcouru la moitié du chemin, mais la fatigue se fait sentir. Les filles sont très en forme, nous un peu moins, on se relaie dans la journée pour faire de courtes siestes. DSC07906
Le vent remonte en rafales à 20 noeuds, on prend un ris et l'on s'apprête à réduire encore la toile en troquant solent contre gennaker. Il m'est de plus en plus difficile d'enrouler le gennaker à la main à l'avant du bateau. Le vent résiste, mes muscles se crispent et cette houle croisée de 3 mètres sous le trampoline me donne le vertige. J'adopte la position du crapeau, jambes fléchies, poids du corps en arrière pour mieux résister à la force opposée du vent dans la voile. Difficile de trouver mon équilibre, "je suis comme une boule de flipper…". Je m'y reprends à 3 fois pour rentrer le gennaker dont l'écoute m'échappe, puis j'entends vaguement Jules hurler "Revieeens…"
Les vagues déferlent et claquent par paquets sur les flotteurs. Le bateau craque, s'ébroue violemment. Si la vie sur un bateau vous fait régulièrement sortir de votre zone de "confort", là il ne s'agit plus d'inconfort… j'entre en zone de turbulences.
Les filles jouent dans le carré et ne semblent pas vraiment affectées, une chance. Pour ma part, une séance de yoga s'impose.
Dans la soirée, on envoie un SMS à nos familles et amis proches via iridium. Recevoir de leurs nouvelles en retour nous donne du courage pour la suite.

Jour 5 : Le vent s'est un peu calmé, pas la mer. Nous sommes sous GV et gennaker. Alors que Manon planche sur son Cned, elle nous interpelle par un "Vous ne trouvez pas que ça sent le Mc Do ?"…
Dans le désert, on peut avoir des mirages et imaginer des oasis rafraîchissants. Il semblerait qu'en traversée, on puisse avoir des "mirages culinaires". Son hallucination la plonge dans une ardeur gastronomique, Manon nous concocte une pizza maison pour le dîner!
On reprend un ris par sécurité, le vent doit remonter dans la nuit.

Jour 6 : Vent à 15/18 noeuds, rafales à 20. La houle est toujours aussi mauvaise, nous sommes franchement secoués. Au réveil, nos amis de Catapulte nous annoncent par Iridium qu'ils se sont pris dans un filet 200 miles au Nord. Eric est contraint de plonger pour dégager le bateau. Ambiance plombée jusqu'au deuxième message confirmant que l'opération s'est déroulée avec succès.

Jour 7 : Vent à 20 noeuds, rafales à 25, on est toujours dans un shaker… Le niveau sonore du vent et des vagues, qui cassent sur la carène, devient peu supportable. J'ai beau chercher, pas de bouton "OFF". Depuis 48h, j'abuse de Doliprane pour soulager mes maux de tête. Nos bateaux-copains, Catapulte et Siminoe, subissent le même sort : nous avons tous le sentiment d'être dans un tambour de machine à laver sur la fonction essorage pendant de longues heures.
Pas de Cned ce matin, conditions impraticables. C'est samedi, on reçoit des SMS de nos amis et de notre famille de Paris ;-))
A 17h, plus que 120 miles à parcourir mais les vagues grossissent encore pour atteindre environ 4 mètres.

Jour 8 : Les vagues sont toujours aussi impressionnantes. Pour détendre l'atmosphère, on improvise pour Halloween une mini chasse au trésor dans le carré. Les moustiquaires achetées pour le Sénégal ouvrent le bal des fantômes.
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20h30, les filles vont se coucher, joyeuses, on se prépare pour notre dernière nuit de quart. Le manque de sommeil se fait cruellement sentir. Julien est patraque toute la nuit - effet secondaire du traitement à la Malarone commencée le jour-même ? - je prends le relais, nous sommes si prêt du but.
Au petit jour, un banc de dauphins nous accueille aux portes de l'Afrique et nous accompagnent un long moment. La relève sera prise par les pêcheurs en pirogue colorée.
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Vers 12h : "TEEEEEERRE EN VUE !!!". Les filles dansent à l'avant du bateau. Tout au long de la traversée, nous avons été impressionnés par leur comportement : pas une plainte malgré les conditions de nav', pas une chamaillerie, elles ont toujours fait preuve d'enthousiasme - sauf lorsqu'il s'agit d'ouvrir les cours du Cned.
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Les derniers miles seront les plus longs. Dans la baie de Dakar, le passage des îles de la Madeleine et de Gorée, baignées par le soleil du soir, restera mémorable.
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Il est 18h lorsque nous mouillons dans la baie de Hann. Soulagés, exténués mais heureux.
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Dernière baignade avant le départ

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Sur le trajet vers le Sénégal, nous avons fait une petite pause avec Tiphaine et JB de Sequoia. Nous avons profité d'une mer d'huile sans vent pour se baigner au large avec les 2 bateaux à couple.
Bon, maintenant, il faut songer à partir!
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Cap sur Dakar

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Mettons le cap sur Dakar, une semaine de nav' sans escale et donc sans téléphone, SMS, mail.
Nous vous donnerons des nouvelles arrivés à Dakar, à priori début novembre. Nous filerons ensuite dans le Sine Saloum pour deux semaines, où là encore, les connexions risquent d'être très aléatoires.
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Donnez-nous quand même de vos nouvelles par mail ou via les "comments" du blog, on est toujours très heureux de vous lire et d'avoir des nouvelles de France et de Navarre - même en différé.
A bientôt !
Les Seaviews


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Sotavento : une nouvelle case cochée!

Sotavento, sur l'île de Fuerteventura, fait partie de la liste des spots de kite et de planche mondialement connus qui se trouvent sur notre route. Nous devions donc nous y arrêter et essayer d'y naviguer!
La météo en ce moment est très capricieuse sur les Canaries: au lieu d'un vent stable de Nord-Est, nous rencontrons beaucoup de vent de Sud ou d'Ouest créés par des dépressions qui se succèdent. Les abris étant assez rares avec ces régimes de vent (et de houle), nous avons laissé Seaview sur Lanzarote et avons donc rejoint Fuerteventura avec le ferry depuis Lanzarote pour y passer 2 jours.
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Ambiance "djeunes" au programme: on a réservé 2 chambres dans un surf camp à Corralejo, un village au Nord de l'île. Les filles découvrent l'ambiance "collocation" avec une cuisine à se partager :)
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Fuerteventura est radicalement différente de sa voisine Lanzarote: de villages typiques et homogènes, on découvre maintenant des villes sans cohérence, avec des rues remplies de magasins de marques, et on tombe aussi très vite sur des complexes hôteliers gigantesques. Une surprise pour nous qui nous attendions à une destination plus sauvage et plus préservée.
Heureusement, ces complexes sont regroupés à quelques endroits de l'île, et Fuerteventura se rattrape avec ses paysages magnifiques, sa dune de plusieurs kilomètres et ses plages immenses solidement balayées par le vent et les vagues. Fuerte est le royaume du surf et du kite.

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La plage de Sotavento se trouve à l'extrémité Sud de l'île et le vent bénéficie de 2 effets accélérateurs: l'effet "venturi" (le vent est accéléré entre 2 montagnes), et l'effet thermique (le vent passe au-dessus d'une dune de sable immense). Résultat: au moindre rayon de soleil, le vent se lève et peut rapidement atteindre 35nds l'été. Lors de notre passage, 25nds m'ont permis de faire une super session de kite dans un cadre magnifique, le tout au ras de la plage dans 30cm d'eau. Attention tout de même: ici le vent souffle depuis la terre et envoie tous les imprudents très rapidement au large. L'énorme école de kite installée sur la plage est d'ailleurs équipée de plusieurs jet-skis qui vont récupérer sans arrêt les stagiaires débutants.

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Quand aux filles, elles ont passé l'après-midi à jouer avec des petites allemandes sur les stack-lines et les trapèzes du club de kite. Elles n'hésitent d'ailleurs plus maintenant à aller vers les autres enfants, quelle que soit leur nationalité: un des bienfaits de ce voyage.

On est donc rentré tous très contents de cette escapade, d'autant plus que c'était "relâche" côté CNED après plus de 10 jours non-stop.

Désormais nous guettons la première bonne fenêtre météo pour rejoindre directement le Sénégal, avec une grosse semaine de navigation en perspective donc.
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Merci Manrique !

Si à partir des années 70, le tourisme de masse et ses constructions massives a commencé à sévir sur les îles Canaries, une île en a été préservée : Lanzarote.
Un artiste protéiforme (architecte, peintre et sculpteur), César Manrique, s'est opposé à la prévisible "défiguration" de l'île.
Influencé par Picasso et Matisse, il atteint son apogée en 1964 grâce à une exposition au Musée Guggenheim. Bien que célèbre, il ne renie pas son île d'origine puisqu'il y revient pour maintenir le patrimoine de Lanzarote et édifier des normes architecturales (protection des méthodes traditionnelles de construction, interdiction des panneaux publicitaires…).
Grâce à lui, l'île est aujourd'hui très préservée. Le gouvernement a promulgué des lois limitant l'urbanisation, les prometteurs aux projets mégalo ne sont pas les bienvenus et c'est tant mieux.
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Résultat : les villages de Lanzarote sont peints en blanc à la chaux.Portes vertes et cheminées en forme d'oignon sont de rigueur. Cette uniformité et la culture "tourism-oriented" des habitants manquent certes parfois de patine et peut friser l'aseptisation mais, au moins, l'île a conservé des villages traditionnels pittoresques - contrairement à Fuerte.
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Manrique est aussi intervenu pour créer plusieurs oeuvres combinant nature-art-architecture sur sept sites de l'île.
En visitant Lanzarote, nous avons donc effectué un pèlerinage sur les traces de Manrique. Il règne ici une atmosphère assez particulière mêlant paysage volcanique, nature, art et spiritualité.
Manrique a révélé le caractère volcanique de l'île et lui a apporté une touche artistique. L'un de mes coups de coeur depuis le début du voyage.
Un aperçu de son oeuvre en quelques clichés.

La Fondation Manrique
Manrique est tombé sous le charme d'un terrain volcanique recouvert de lave des dernières éruptions de 1736 et y a construit sa propriété.
La demeure est aujourd'hui la Fondation Manrique et un musée d'art contemporain.

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Outre quelques oeuvres de peintres américains et espagnols du XXème, on déambule dans des pièces baignées de lumières et de lave. Manrique a révélé 5 bulles de lave reliées par des tunnels. Chacune de ses bulles ont été aménagées. On passe de salons seventies aux patios troglodytes… Une symbiose entre art-archi & nature. Rétro, psyché et surréaliste !

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- Le mirador del Rio : Manrique y a édifié un bar panoramique coiffé de mobiles géants. Vue vertigineuse sur Graciosa et les îles volcaniques aux alentours.
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- Jameos del Agua : une grotte qui prend des airs de basilique marine autour d'un lac souterrain d'eau salée. Manrique eu l'idée géniale d'installer ici un bar, un restaurant, une salle de concert, une piste de danse …
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et même une piscine. Classée monument historique, on n' y trempe pas même l'orteil… les filles furent très déçues de ne pouvoir y piquer une tête mais avec Jules et Maman, nous avons apprécié le site vierge de touristes et le bar rien que pour nous. Il y règnait un air de "luxe, calme et volupté".
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Manrique, aux multiples talents, s'adonnait aussi au dessin et à la peinture. L'homme-esthète m'a passionnée. Dommage qu'Amazon ne puisse pas (encore) envoyer ses drônes livrer des bouquins sur l'océan, j'y aurais bien consacré un peu plus de lecture et de temps.

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Calor de la Terria 1992 - C. Manrique

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Lanzarote : une belle surprise

Lanzarote fascine par sa géologie exceptionnelle qui lui vaut d'être classée patrimoine mondial de L'Unesco. Paysages lunaires, champs de lave noire, vignobles… Pourtant cette île a connu plusieurs déboires : tombée entre les mains de Jean de Béthencourt (non, pas le petit-fils de Liliane, c'était au au XVème), certains autochtones furent vendus comme esclaves; les autres durent subir les attaques répétées des pirates au point qu'au XVIIème Lanzarote ne comptait plus que 300 habitants. A partir de 1730, les éruptions volcaniques détruisirent une grande partie des villages.
Lanzarote s'est pourtant relevée de ces destructions successives et ses habitants surent exploiter la terre et survivre dans une île sans source d'eau douce (la première usine de dessalinisation d'eau de mer date de 1960!). Et grâce à Cesar Manrique et à la détermination des ses habitants (voir post Merci Manrique ! ), l'île a été préservée du tourisme de masse.
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Parc naturel volcanique, falaises impressionnantes, criques cristallines, architecture pointue et villages typiques : on a beaucoup aimé Lanzarote et l'on comprend pourquoi plusieurs cinéastes l'ont adoptée le temps d'un tournage. "Moby Dick", "Un million d'année avant Jésus Christ", "Voyage au centre de la Terre" ont été tournés ici, et plus récemment Almodovar y a promené sa caméra dans "Etreintes brisées". On note d'ailleurs dans nos tablettes de voir ou revoir ces films (Daniel, tu n'aurais pas Mobidick dans ta DVDthèque ?)
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Le site plus fascinant est sans doute le parc naturel de Timanfalaya dont le volcan est entré en éruption pendant six années consécutives entre 1730 et 1736. Les éruptions du Timanfalaya feraient partie des plus dévastatrices au monde. Ballade en bus sur une route sinueuse à travers les monts déchiquetés de lave et les cratères ocres et rouges.
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La température atteint 100°C à quelques centimètres sous nos pieds : des démonstrateurs enfoncent dans le sol des brindilles qui s'enflamment aussitôt. Et lorsqu'ils versent de l'eau dans l'un des trous, c'est alors un geyser impressionnant qui jaillit.
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Nous traversons les salines de Janubio et tombons sur sa plage de sable noir. Sur les conseils de l'équipage de Siminoe, les filles jouent aux "chercheuses de quartz". Des éclats verts sont clairsemés dans la fine pluie de sable noir. Et même Maman se plie au jeu des aventuriers chercheurs de pierres !
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Nous atteignons la lagune de Los Cliquos dont les eaux vert pomme tranchent avec la lave grise et ocre.
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Puis nous empruntons la route entre les vignes de la Geria poudrées de cendre volcanique…
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et remontons au nord vers le Mirador del Rio qui offre un panorama unique sur Graciosa où nous étions quelques jours auparavant.
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Ultime halte à la Cueva de los Verdes, grotte qui servait de refuge aux habitants au XVI et XVIIème siècle assiégés par les pirates. Ce tunnel de lave de 6km de long abrite des galeries pouvant atteindre 50 mètres de haut. On y donne même des concerts de musique classique. Au moment de l'éruption, la croute extérieure refroidissait tandis que la lave de l'intérieur, brûlante, continuait à se déverser jusqu'à la mer. Les profondeurs de la grotte renferme un secret que Camille a percé d'une pierre, à la demande du guide. On ne vous en dira pas plus, le secret de la grotte doit être gardé.
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Enfin, la très belle plage de surfeurs et les falaises de Famara feront l'objet d'une vidéo (coming soon car en cours de montage ;)
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Mouillage Papagayo - Lanzarote

Par vent bien établi de secteurs E à N, on peut mouiller devant les plages juste après la pointe de Papagayo. La baie est très ouverte donc il faudra vite la quitter en cas de vents de W à SE, et on peut alors se diriger vers la marina Rubicon qui est juste à côté.
Les plages sont très belles et préservées des constructions. Les nudistes en ont d'ailleurs colonisé certaines.
Plusieurs bateaux viennent y mouiller la journée, mais on y est vraiment tranquille. Nous y avons passé une nuit avec Siminoé et nous étions les 2 seuls bateaux!
Le fond est un mélange de sable et de roches donc il faut bien essayer de mouiller dans le vert. Profondeur de 6/7m. L'eau est très claire.

Au final, un très beau mouillage, que l'on a fait après Graciosa avant de revenir à la civilisation à la marina toute proche.

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Papagayo
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Graciosa, petit coin de paradis

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Graciosa ou la douceur de vivre. Graciosa, la Gracieuse porte si bien son nom. Cette île de quelques kilomètres carrés au nord de Lanzarote est un petit coin de paradis. Un no man’s land de cratères, de plages de sable blanc et de criques aux falaises ocres. Aucune route de bitume sur l’île mais des pistes de sable; "c'est le désert !" s'extasient les filles.
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Le premier village, au airs de médina, est à 45 minutes à pied… La civilisation, ça se mérite !
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Rien de vient troubler le charme et la beauté de cette île.
Rien, si ce n’est une nuit chahutée par des rafales à plus de 30 nœuds, accompagnées d'une très forte houle. C’est la première fois en deux mois que les fichiers météo se méprennent et cette fois-ci, on s’est bien fait surprendre. Cela nous vaudra une nuit blanche à guetter qu’aucun des douze bateaux du mouillages ne dérape – à commencer par le nôtre. Dans la nuit noire, les lampes torches des bateaux voisins scrutent leur guindeau et leur chaine. Lorsque les faisceaux lumineux croisent la proue ou les étraves, on se rend alors compte de la hauteur considérable des vagues qui nous mettent à rude épreuve.
Au petit jour, le calme est revenu. Pas un bruit sur les bateaux du mouillage, pas l'ombre d'un homme non plus. Les équipages exténués, semblent récupérer d'une nuit bien agitée.

Graciosa, c'est aussi le lieu où Maminou nous rejoint pour dix jours. Première visite de la famille depuis notre départ, c'est l'euphorie à bord, l'excitation des filles est à sa comble. Quelle expédition pour aller chercher Maminou à l'aéroport sur l'île voisine - compter une petite journée entre désert et volcans via annexe, 4x4, navette-ferry et taxi … mais les retrouvailles sont aussi belles que l'expédition est rocambolesque.
L'arrivée de Maman, c'est un peu Noël avant l'heure. Dans sa hotte lestée de 20kg, elle nous apporte toutes sortes d'étrennes qui ont fait l'objet d'une "liste au Père Noël" quelques jours auparavant : des livres pour les filles, des cahiers à grands carreaux (impossible de trouver des cahiers avec interlignes depuis notre départ), de la presse (les connexions internet sont si mauvaises, rien ne vaut une bonne version papier pour reprendre le fil de l'info), une pompe de cale, un support d'i pad pour les nuits de quarts et cerise sur le gâteau …. des Kinders.

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Les retrouvailles passées, nous découvrons l'île en famille et entre amis, avec Tiphaine et Jean-Baptiste de l'équipage de Séquoïa, rencontrés à Porto Santo. Superbes randonnées et promenades et même, en ce qui me concerne, cours particulier de kite avec Jules dans une lagune d'eau verte à 26 degrés. C'est safe, pour (re)mettre le pied à l'étrier, c'est le spot idéal.

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Vous l'aurez compris, Graciosa, c'est notre coup de coeur. La plus belle des destinations - selon nous - depuis notre départ.
Jules n'a pas résisté à faire danser R1D1 dans le ciel de Graciosa. Le ballet est somptueux, je vous laisse apprécier.
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Graciosa vue du ciel

Graciosa vue du ciel from Jules et So on Vimeo.

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Mouillage à Graciosa

On attendait cette escale avec impatience car tout le monde nous en avait fait l'éloge.
Et nous n'avons pas été déçu. Par vent dominant de N/NE, on est bien protégé de la houle. Le paysage est magnifique avec d'un côté les dunes et les cratères de Graciosa, et de l'autre, les falaises abruptes de Lanzarote. Pour y mouiller, il faut demander l'autorisation aux autorités compétentes 10 jours avant et le séjour ne peut excéder 10 jours. Une façon de préserver ce mouillage (situé dans une réserve naturelle) qui ne peut accueillir beaucoup de bateaux. C'est d'ailleurs un des seuls inconvénients: on est parfois très proches des autres bateaux et il faut s'assurer à chaque arrivée que le bateau de devant ne mouille pas sur votre ancre.

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Mouillage dans 9 à 12m d'eau sur du sable. La partie NE de la baie est par contre remplie de rochers.
On peut témoigner de la bonne tenue des fonds (avec 50m de chaine…): nous avons en effet été surpris par un coup de vent non prévu de SE entre 23h et 4h du matin qui est monté jusqu'à 30nds. Avec ce vent, la côte de Lanzarote est suffisamment éloignée pour qu'il arrive à générer de la houle: rapidement on a eu plus plus d'un mètre au mouillage. Aucun des bateaux présents n'a dérapé, mais notre voisin y a laissé son guindeau!

Le village (ambiance far-west avec des rues en sable et des bouts de buisson qui volent) est à 45mn de marche via une piste en sable. Il reste accessible avec une annexe puissante et par vent faible. On y trouve 3 petits supermarchés, des restaurants et une quincaillerie digne d'ali-baba.

Le long de cette même piste, une petite lagune se remplit à marée haute par fort coefficient. L'endroit est idéal pour y apprendre le kite et Sophie a ainsi pu commencer à se familiariser avec l'aile.

PS: la Guardia civile passe au large du mouillage tous les jours, mais ils ne sont jamais venus contrôler les bateaux (nous y sommes restés une semaine).

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Photos prises avec un vent orienté au SW.
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