Camaguey
Camaguey est réputée pour ses dédales de ruelles sinueuses, le plan de la ville a été conçu pour désorienter les pirates.
Troisième plus grande ville du pays, Camaguey nous apparait comme étant la plus moderne et la moins dénuée des villes traversées. Nous croiserons plusieurs mini-markets et - faits rares à Cuba - quelques boutiques de vêtements.
On s'attarde à la Casa Jover, maison-galerie étonnante tenue par deux peintres Joel JOVER et sa femme Iliana SANCHEZ.
Nous avançons notre retour au bateau de 24 heures car, avec Manon, on ne parvient pas à se débarrasser de la fièvre et de la toux qui nous gagnent depuis quelques jours. Nous avons hâte de retrouver notre chez nous, sur l'eau.
De Cuba, nous garderons un chaleureux souvenir de l'accueil des Cubains, notamment chez l'habitant. Cela fait vite oublier l'insistance des rabatteurs dans les rues et des escrocs détrousseurs de CUC. Le pays semble être à un tournant de son histoire. Saura-t-il amorcer le bon virage ?
Si la jeune génération nous a paru rêver d'ouverture et de changements drastiques, les plus anciens - qui ont connu la dictature de Batista - voient dans Castro un moindre mal.
Qu'adviendra-t-il à la mort de de Fidel et Raul Castro, tous deux octogénaires? Le pays, après des années d'extrémisme, pourrait s'orienter vers une voix plus modérée.
L'avenir nous le dira.
Trinidad
Camille et Jules partent à la découverte de la vieille ville alors qu'avec Manon nous hivernons par 35 degrés le temps de se refaire une santé. Plus les heures passent, et plus nos voix ressemblent à celle de Dark Vador… Lot de consolation, on entend de la chambre un groupe de trovadores jouer des airs de reggaeton et salsa à quelques mètres de là. A défaut du cours de salsa dont je rêvais, nous sommes bercés par des rythmes latinos, vibrants et débordants d'énergie.
Il se dégage de Trinidad une atmosphère festive et nonchalante. La ville a été classée en 1988 patrimoine de l'Unesco et elle est aujourd'hui l'une des mieux restaurées de Cuba.
Trinidad et ses rues pavées, ses maisons coloniales restaurées, ses groupes de musique…
Au lever et au coucher du soleil, l'ambiance qui se dégage de la ville est vraiment particulière.
Vinales
Tournée vers le tourisme depuis fort longtemps, la région a su toutefois conserver ses traditions. Il n'est pas rare de croiser un guajiro à cheval, cigare à la bouche, rentrant de sa journée dans les plantations de tabac. Les paysages, mélanges de pins et palmiers, terre rouge des plantations de café et de tabac et falaises calcaires font partie des plus beaux paysages que nous ayons vus depuis neuf mois.
Installés dans un rocking chair sous le porche de notre villa rosa, tenu par la sympathie Daniela, on déguste un mojito, un moment authentique de Cuba.
En compagnie de Mimosa, nous opterons pour une découverte d'une journée à cheval de la vallée du Silence, jalonnée par la visite d'une plantation de tabac bio (pas de pesticides, les conservateurs sont remplacés par une mixture à base de vanille, cannelle, citron et la colle par du miel; et les cigares ne contiennent pas de nicotine!). Nous visiterons aussi une plantation de café bio.
Les outils agricoles utilisés par les paysans sont très rudimentaires : pas de machine, des buffles tractent des charrues qui rappellent à Camille son cours sur le Moyen-âge.
Mais les Cadillacs polishées côtoient aussi chevaux et charrettes…
Le lendemain, on troque nos équidés contre des vélos et c'est parti pour une vingtaine de kilomètres dans la vallée de Palmarito, entre mogotes, grottes et piscines naturelles. La nature y est juste incroyablement magnifique.
Le soir, on retrouve Siminoe et Mimosa pour un dernier dîner tous ensemble - et cette fois-ci ce sera vraiment le dernier. Les aux-revoirs sont émouvants, on se donne rendez-vous à Lancieux, à Verbier, à l'Ile de Ré ou à Paris, l'hiver prochain ;))
La Havane
Nous passons trois jours à déambuler dans les ruelles de la capitale le plus souvent à pied, mais aussi en bici-taxi (tricycle) ou en voiture américaine,
et même en coco-taxi!
Pour s'imprégner de l'histoire et de la culture du pays, on commence par la place de la Revolucion, suivie du musée de la Révolucion qui occupe l'ancien palais présidentiel, dont les murs criblés de balles témoignent encore de la tentative d'assassinat de Batista en 1957. Les documents et photographies oscillent entre propagande et histoire mais cela nous aide à comprendre davantage les 60 dernières années. Derrière le musée, se dresse le pavillon Granma, mémorial dédié au navire qui transporta Castro et ses acolytes du Mexique à Cuba en 1956. L'un des chars utilisé lors de la bataille de la baie des cochons est aussi exhibé.
On enchainera sur le musée des Beaux Arts, dont l'accès par le hall principal nous est interdit pour cause d'effondrement du plafond quelques jours au préalable, alors que le musée vient juste d'être rénové!
Puis l'on flâne sur la Plaza Vieja où les diseuses de bonne aventure attendent les clients, cigare au bec.
Un petit détour par l'artistique Callejon de Hamel…
La Habane ne laisse pas indifférent, c'est la ville de tous les paradoxes. Une ville qui a connu le luxe dans les années 30 et aujourd'hui le délabrement absolu, mais dont l'âme subsiste. Sans doute grâce aux Habaneros qui ne se contentent pas de survivre, mais se débrouillent, créent, rêvent et partagent volontiers leur culture.
Durant ces 2 semaines passées sac au dos à sillonner Cuba, bien des choses nous ont marqués, à commencer par la liberté de la presse, l'économie cubaine et la venue d'Obama.
Retour sur trois sujets qui ne nous ont pas laissés insensibles :
LIBERTE DE LA PRESSE
A Cuba, la constitution prévoit que les médias ne puissent en aucun cas être propriété privée et que la liberté de la presse doit être "conforme aux objectifs de la société socialiste". La presse (écrite, radio et TV) diffusent donc des articles et reportages "choisis". Les journalistes cubains se doivent d'appartenir à l'UPEC (Union des Journalistes Cubains) et doivent, "selon le code adopté par la profession", contribuer "à promouvoir le perfectionnement constant de notre société socialiste".
Au détour d'une rue, nous achetons le Granma, l'un des deux quotidiens nationaux, dans sa version espagnole mais aussi en version française, histoire de se faire une idée par nous-même. On ne sera pas déçu. L'édito, signé de Fidel Castro, revient sur la visite d'Obama portant une vision passéiste et rétrograde comme si la révolution avait figé le pays il y a 50 ans.
Avant 2013, il existait une loi interdisant l'utilisation privée d'internet sans autorisation gouvernementale. Depuis 2013, l'accès internet est officiellement autorisé mais tous les sites ne semblent pas accessibles. La censure continue à sévir. Insolite: la touche @ est la plupart du temps désactivée sur les ordinateurs connectés à internet! Sinon, à travers le pays, on peut acheter à l'Office national des Télécoms ou à des vendeurs à la sauvette, des cartes pour se connecter depuis des points bien précis dans les villes. Nous tomberons à deux ou trois reprises sur des places où des Cubains (et touristes) s'agglutinent téléphones et tablettes en greffons. On prend conscience qu'internet est le seul moyen de communication des cubains avec l'extérieur. La scène nous saisit et l'on mesure à présent les difficultés du quotidien d'une génération muselée. Voir le blog de la dissidente Yoanis SANCHEZ http://www.14ymedio.com/englishedition régulièrement bloqué par les autorités.
En se promenant dans la Havane avec nos amis Valérie et Blaise, nous flânerons sur la place des bouquinistes. Sur les étales, le "choix" de lecture est édifiant : José Marti, les écrits de Fidel et de Raul, celles du Che… 90% des livres sont liés au régime. Seul le Petit Prince viendra ouvrir le champ de la liberté.
L'ECONOMIE CUBAINE
L'état cubain détient 90% des richesses et fait l'objet d'une planification centrale, contrôlée par l'état. La grande majorité de la population active est employée par l'état. La part de l'économie privée reste encore très faible même si Raul Castro a légalement autorisé depuis quelques années la création de business privé. L'industrie du sucre, première manne financière, s'est effondrée depuis les années 90 lorsque les Soviétiques ont arrêté de soutenir artificiellement le cours du sucre. Depuis, le tourisme est devenu une priorité nationale pour renflouer les caisses. Revers de la médaille, on assiste à Cuba à la création d'une économie parallèle basée sur le peso convertible. Société à deux vitesses : d'un côté la population en contact avec les touristes (ou avec les cousins, frères et soeurs exilés à Miami) et les CUC (devises convertibles) qui s'est considérablement enrichie. De l'autre, les Cubains contraints de se contenter de leur salaire mensuel versé par l'Etat en pesos nationaux. A Cuba, tous les salariés de l'Etat perçoivent quasiment le même salaire, du dirigeant à la femme de ménage.
Depuis les années 60, les Cubains sont contraints d'utiliser des livrets de rationnement pour les achats à effectuer dans les magasins d'Etat. La libreta, livret de rationnement, donne accès par mois à : 5 livres de riz, 3 livres de sucre, 10 oeufs, 1/2 litre d'huile, 4 livres d'haricots noirs, 1/8 livre de viande, 1/2 savon pour la toilette et la lessive et 1/2 pain/jour. Le problème réside à la fois dans la pénurie (les magasins sont très irrégulièrement approvisionnés) et l'insuffisance de cette aide pour la majorité des Cubains car elle ne permet de s'approvisionner correctement que deux semaines par mois. Nous assisterons à plusieurs reprises à des scènes de files d'attente où femmes, hommes et enfants patientent avec leurs tickets de rationnement devant les boulangeries ou magasins d'Etat aux étalages bien frêles. Les filles palperont de manière tangible le manque de biens. Les premiers jours, Camille et Manon s'étonneront de se voir distribuer quelques feuilles de papier et un savon à l'entrée des toilettes publics car même le papier toilette et le savon ici sont rationnés.
Depuis l'arrivée au pouvoir de Castro, santé, éducation et logement sont gratuits. Sur les façades des immeubles et maisons, il n'est pas rare de lire les écriteaux suivants : "Se vende o se permuta", appartement à vendre ou à échanger. Depuis peu, les cubains ont le droit d'acheter ou de vendre un logement, jusque là, on devait s'échanger les biens immobiliers. Le niveau de délabrement des immeubles témoigne de la limite du système. Si l'état a doté dans les années 60 chaque famille d'un logement, leur salaire mensuel (avoisinant 25E) ne leur permet pas de l'entretenir.
Sur le Malecon, boulevard qui longe la mer édifié par les Américains début 1900, et dans les ruelles de Vieja Havana (le vieux Havane), le résultat est stupéfiant. Les palais et demeures, initialement cossues, tombent en décrépitude. Notre ami Blaise, qui a vécu à Beyrouth dans les années 80, semblait retrouver certains aspects de la ville après-guerre.
Un grand programme de rénovation est en cours, notamment sur le Malecon et dans le Habana Vieja, subventionné en partie par L'Unesco mais aussi par des investisseurs étrangers. Lentement, la Havane devrait retrouver sa splendeur du passé.
USA-Cuba : LE DEGEL ?
A quelques jours près, nous aurions pu croiser à la Havane Barack Obama et les Stones !
Le vent ne nous a pas porté assez vite mais peu importe, nous aurons au moins eu l'occasion de vivre et d'essayer d'analyser en discutant avec les habitants et grâce aux traductions précieuses de Valérie l'impact de cette visite rendue par celui qui fur longtemps considéré comme l'ennemi cubain n°1. Si nous avons croisé deux drapeaux cubains et américains en guise de bienvenue dans le vieil Havane, une autres affiche 6x2 mètres pronant "le blocus est le plus grand génocide de l'histoire" accolé à une image choc, nous a heurtés près de la place de la Revolucion. Lorsque, par le biais de Valérie, nous échangeons avec la jeune génération, on se rend compte qu'elle aspire à l'ouverture sur le monde et à … partir. Nous échangerons même assez longuement avec un serveur d'une vingtaine d'années qui nous confiera avoir planifié son départ illégal par la mer, pour Miami, trente jours plus tard.
En attendant, d'autres ont pris le parti de l'humour, comme ce restaurant tenu par de jeunes cubains :
De l'autre côté du détroit de Floride, le gouvernement d'Obama a fait part de sa volonté d'ouverture ces dernières années. Il a assoupli les restrictions imposées aux Cubanos-Américains pour retourner à Cuba et autorisé davantage de voyages pour les Américains. L'embargo commercial demeure le problème majeur.
Bienvenue à Cuba
On organise avec Carine un brainstorming sur les activités pouvant être réalisées pendant la transat, on s'échange du matériel de travaux manuels, des livres, des films et des bons plans.
Nous prenons conscience que nous partageons nos derniers jours avec Mimosa et Siminoe. Plus de six mois que nous naviguons ensemble (depuis les Canaries et le Cap Vert). Une telle aventure tisse des liens profonds entre les enfants et les parents, nous avons tous plaisir à voir nos sept jeunes rire, courir, s'esclaffer, jouer, étudier ensemble avec beaucoup de bienveillance les uns envers les autres. On le sait déjà, Mimosa & Siminoe, ces prochaines semaines, vous allez nous manquer.
On accompagne Siminoe au taxi, ils s'engouffrent tous les cinq dans une rutilante lada vert pomme dont le pot d'échappement "hyper tuné" pétarade à travers la campagne cubaine. Nous espérons vous croiser à Cuba les Amis !
Le parc Los Haitises
La joyeuse tribu formée par les trois équipages de Siminoe, Mimosa et Seaview évolue en annexe tantôt dans la mangrove tantôt dans les grottes fréquentés jusqu'au 16ème siècle par les indiens Tainos. Ici, la faune est abondante, nous croisons pélicans, vautours, colibris…
On visite aussi les grottes Cueva de la Linea et Cueva de Arena, habitées il y a 500 ans par les Amérindiens qui ont laissé plusieurs dessins rupestres représentant hérons, baleines, chamans, enfants… La légende raconte que la princesse Onaney, favorite du grand Chef Caonabo, se cacha dans cette grotte pour échapper aux Conquistadors.
Le parc de Los Haïtises, ce sont aussi des paysages de rizières et de montagnes à couper le souffle … Vous l'aurez compris, la République Dominicaine est une belle découverte !
La description enthousiaste qu'en faisait Christophe Colomb au 15ème siècle semble être toujours d'actualité : "L'Hispaniola est une merveille : les sierras et les montagnes, les plaines et les vallées, les terres si belles et grasses, bonnes pour planter et semer, pour l'élevage des troupeaux de toutes sortes…"
Chutes de El Limon
Aujourd’hui, les 3 équipages S2M (Siminoe, Seaview et Mimosa – également rebaptisés « la tribu porte bonheur » car nous voyageons à 13) mettent le cap sur les chutes de El Limon, une fois n’est pas coutume, par la terre.
L’occasion de traverser quelques villages du nord de l’île et d’emprunter un bout de forêt tropicale. On y découvre des plantations de fruits de la passion et de cacao. La végétation est dense, sauvage, elle nous rappelle par endroit la Dominique.
Après 45 mn de marche, nous longeons une rivière qui débouche sur des chutes grandioses de 50 mètres de haut. Seul hic, 150 personnes accompagnées de leurs guides se retrouvent confinées au pied des chutes. Cela fait bien longtemps que nous n’avons pas été confrontés à une telle foule, de surcroît en pleine nature, il se pourrait bien que ces derniers mois nous aient rendus plus sauvages.
Demi-tour, on revient sur nos pas pour s’installer plus loin dans un écrin de verdure au pied d’une cascade moins imposante (10 mètres tout de même) mais tellement plus paisible. L’endroit se prête au pique-nique, à la baignade et même à la sieste.
En soirée, avitaillement à Las Terrenas, station balnéaire en pleine essor où les 4x4 font ronfler moteurs et enceintes et où condominiums et ressorts luxueux semblent sortir de terre comme des champignons. Le contraste avec les villages traversés quelques heures plus tôt est saisissant. En revanche, les longues plages de sable aux abords de Las Terrenas semblent avoir été relativement préservées de cette surenchère touristique.
Saint Domingue : sur les traces de Christophe Colomb
Deux journées consacrées à la visite de la vieille ville empreinte des vestiges du nouveau monde, datant du début du 16ème siècle. Sac au dos, nous marchons sur les traces de Christophe Colomb.
Si Saint Domingue apparait cacophonique au prime abord, la vieille ville dévoile ses charmes lorsqu'on prend le temps de se perdre dans ses ruelles.
On y découvre cours intérieures, patios et détails architecturaux - certes souvent perdus dans un embrouillamini de fils électriques - mais on comprend pourquoi la ville a été classée Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco.
On y découvre la Cathédrale Santa Maria, première cathédrale des Amériques, construite de 1512 à 1540. C'est là que reposa de nombreuses années l'urne supposée contenir les restes de Christophe Colomb, avant d'être transférée à Séville.
La place principale de la vieille ville, Parque Colon, lui rend hommage avec une statue du navigateur pointant la terre du doigt.
Pour mieux comprendre l'époque des grandes découvertes, la conquête et la fondation d'Hispaniola (ancien nom donné à Saint-Domingue) on se dirige vers le musée de las Casas Reales, malheureusement assez décevant. Face à la grande carte murale retraçant les quatre voyages de C. Colomb en Amérique, Camille semble prendre réellement conscience de la distance réalisée par un tour de l'Atlantique et s'écrie : "On a quand même fait un bon bout de chemin !!!…" En effet, plus de 7000 milles parcourus, déjà.
Le musée présente également la reconstitution intéressante d'une pharmacie du 16ème siècle - forcément, on a une pensée pour à Kiki et Nath ! - et le bureau des gouverneurs, occupé jusqu'en 1961 par le dictateur Trujillo.
On enchainera sur l'Alcazar de Colon (construit pour le fils de Colomb, gouverneur d'Hispaniola. Voir photo ci-dessous. L'alcazar fut le siège de la couronne espagnole pendant de nombreuses années et vit passer les plus grands conquistadors.), le musée de l'ambre (assez didactique pour les enfants), la Calle El Conde (l'une des plus anciennes rues de la ville), le Fort Ozama (forteresse à l'entrée du fleuve) et les enceintes de la vieilles ville…
Après cela, une pause s'impose à la terrasse de notre charmant hôtel, situé au pied du Monastère de San Francisco,
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le premier monastère du nouveau monde (ci-dessous).
Au retour, on s'entasse dans un minibus bondé et après trois heures à travers campagne et villages dominicains, on retrouve Seaview que nous n'avions pas quitté pour une nuit à terre depuis cinq mois. Comme le temps file.
Jost Van Dyke
Great Harbour, l'unique village de l'île, est rythmé par le retour de pêche des pêcheurs de langoustes et les rythmes caribéens.
Le village s'organise autour d'une petite église, d'une piste de sable bordée de cases colorées débouchant sur l'extrémité droite de la plage sur l'incontournable Foxy's Bar.
Souvenir intact de ce bar animé, où drapeaux, T.shirts et autres frippes de navigateurs et touristes de passage sont exhibés, donnant au lieu une âme routarde et singulière.
Les filles se délassent dans les hamacs et l'on passe une douce soirée entre amis, après avoir mis à jour le site. Car non seulement le Foxy's Bar excelle en pina colada mais aussi en débit de wifi !
Demain, cap sur la République Dominicaine et sa fameuse baie de Samana.
Guana Island et Tortola
Le vent continue de souffler à 20 noeuds par nord-est et l'on cherche désespérément un mouillage pour se mettre à l'abri car ces dernières nuits ont été particulièrement houleuses. La plage de White Bay à Guana Island a l'avantage d'être orientée sud-ouest et devrait constituer un bon refuge. C'est sans compter sur son accueil, aussi inhospitalier que sa plage est belle. Même s'il s'agit d'une île privée, le mouillage est autorisé dans la baie sur bouées (après avoir allégé votre bourse de 30 dollars) mais on nous fait rapidement comprendre que nous ne sommes pas les bienvenus sur la plage.
Dont acte, on n'y passera qu'une nuit et l'on se dirige vers Cane Bay au Sud de Tortola.
Enfin, un village authentique qui nous réconcilie avec les BVI.
Jolie rando dans le parc national pour dégourdir les guiboles des moussaillons en herbe (à 20 mn en taxi-co).
Du haut de Sage Mountain, on aperçoit les îles voisines même si le ciel est bien chargé.
Saint-Martin
La baie de Grand Case est un havre de paix bien agréable après la vibrante et ultra-fréquentée Orient Bay. Le lagon (ci-dessus), qui fait partie de la réserve de Saint-Martin, est particulièrement beau mais hôtels et restaurants ont poussé de manière outrancière sur la longue plage qui le borde. Grand déballage de chaises longues, parasols, sono à gogo, jets skis, strings et silicone… le temps d'un snorkling et d'une matinée Cned et l'on file à Grand Case.
C'est ici que l'on retrouve Siminoe mais aussi l'équipage de Sailing Family, Muriel et Bertrand, Camille et Victor, qui habitent Suresnes et sont partis pour six mois parcourir l'arc antillais sur un Catana (leur blog : www.sailing-family.fr). Soirée retour d'expériences et échange de bons plans entre parents tandis que les enfants s'activent au Time's up dans le carré.
Marigot est la "capitale" de la partie française de Saint-Martin et a le statut de port franc. Quelques anciennes demeures au charme désuet subsistent ici aux nouvelles constructions et galeries commerciales haut de gamme en bordure de marina.
Ultime avitaillement conséquent, le dernier sans doute d'ici la Rochelle (dans 3 mois et demi!)…
Une fois à bord, fruits et légumes se font la malle et se dorent la pilule sur le roof après un bain de vinaigre d'alcool pour chasser d'éventuels co-locataires. La recette semble faire ses preuves puisqu'aucun cafard n'a encore été détecté sur le bateau - pourvu que ça dure !
Saint-Barth
Le T-shirt mythique de Jules "St Barth French West Indies" a écumé vents et marées puisqu'il le traine depuis vingt ans. Un petit détour par Gustavia pour renouveler le stock - cette fois-ci familial - et hop, c'est reparti pour vingt ans ! ;)
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Autre étape de notre périple "Souviens-toi de tes 20 ans", une soirée au bar du Sélect que nous avait fait découvrir Daniel, le moins guindé et le plus "voileux" des bars de Gustavia. Les équipages des yachts viennent y prendre un verre en écoutant les rythmes caribéens et années 80, ambiance bon enfant.
Après une nuit passée au shaker au mouillage de Gustavia, nous poursuivons notre pèlerinage à l'anse du Colombier, mais cette fois-ci pour les filles. Nous nous y étions arrêtés il y a quatre ans lors du croisière aux Antilles, Camille et Manon avaient adoré cette plage.
La baie est toujours aussi belle, la plage difficilement accessible par la terre (45 mn de marche avec une côte qui grimpe sérieusement …), ce qui a tendance à en décourager plus d'un.
Avant le coucher du soleil, nous filons à l'île Fourchue jouer les Robinsons à quelques milles de là. L'île est sauvage, inhabitée et classée réserve naturelle.
Un petit coin de paradis… sauf que même au paradis, l'enfer, ce peut être les autres. Ce soir-là, une bande de diablotins campent sur la plage et organisent sur un feu de camp où le rhum coule manifestement à flot. S'en suit, tams tams, percussions sur un mât en métal, cris d'indiens en transe jusqu'à 4 heures du matin. Lorsque nous levons l'ancre à 7h00 le lendemain, une soudaine envie de sonner la corne de brume nous prend, histoire de voir si le diable est aussi sensible au chant des sirènes ;)) On s'en tiendra à l'intention par respect pour les autres bateaux au mouillage qui doivent tout juste achever leur premier cycle de sommeil.
Quoiqu'il en soit, nous mettons le cap sur Saint-Martin avec un superbe souvenir de l'îlet fourchu, de ses eaux limpides propices au snorckling et de son coucher de soleil. Etape à ne pas manquer si vous êtes à Saint-Barth !
Antigua - English Harbour
C'est ici que nous avons rendez-vous avec nos amis Sandrine et Christophe, et leurs filles Mathilde et Clémence, pour passer une semaine ensemble à bord de Seaview. C'est ici aussi que nous retrouvons l'équipage de Mimosa que nous avions quitté un mois et demi plus tôt.
Le port et l'arsenal Nelson Dockyard furent abandonnés par la Royal Navy fin 19ème et rénovés dans les années 50. Le quartier des officiers et l'ancien Arsenal, reconverti en hôtel, illustrent l'histoire de l'île.
Les Dockyard Pilars, piliers en pierre du chemin de halage et les anciens ateliers, investis par le cossu Admiral Inn, valent le détour. Manon tentera tant bien que mal de faire son évaluation d'anglais en ligne avec une connexion internet - une fois de plus - très aléatoire et de surcroit, la plateforme en ligne du Cned plante…
Keep cool and carry on, nos amis arrivent ce soir, ne gâchons pas cette belle journée.
Après une journée et demie de voyage depuis Paris, Sandrine et Christophe, Mathilde et Clémence débarquent à la nuit tombante sur Seaview. Les retrouvailles - attendues depuis huit mois - sont euphoriques. Le lendemain, on flâne dans English Harbour entre filles alors que les hommes retournent à l'aéroport chercher l'hydrogénérateur, resté en pension chez les douaniers pour la nuit. Sandrine et Christophe avaient essuyé la veille un interrogatoire de la douane qui avait finalement demandé à voir l'un des propriétaires du bateau… Sympa les amis, non seulement ils endurent plus de 36 heures de voyage pour nous retrouver, se lestent d'un colis d'un mètre cinquante mais, en plus, ils subissent à deux reprises l'inquisition des douaniers.
Après les hangars de la douane, un détour par le Ministère des Finances à St John s'impose pour récupérer le tampon qui va bien… Trois heures plus tard, les hommes reviennent avec LE colis. Un hydrogénérateur, ça se mérite ! L'engin va nous permettre de gagner en autonomie énergétique. Une fois installée à l'arrière d'une des jupes du bateau, l'hélice de l'hydro produira de l'énergie et rechargera les batteries lorsque nous serons en navigation. Un compliment aux panneaux solaires, surtout quand le soleil se fait timide. On peut, à l'avenir, espérer dé-scotcher nos yeux du tableau de conso Ampères/Heure.
Pour autant, le volume de l'hydrogénérateur ne semble pas avoir découragé Sandrine et Mathilde qui ont dévalisé la maison de la presse et nous apportent plusieurs kilos de nourritures terrestres, de quoi se faire une boulimie de presse française !
English Harbour est empreint d'une forte culture maritime. Tout ici transpire l'esprit marin. Les enseignes, les voileries, le spectacle qu'offrent les équipages professionnels et même les T-shirts clamant les mariners' rules ("The captain is always right and I am the captain" dont s'entichera Jules).
On assiste à l'arrivée d'une manche de régate, majestueuse. La marina est rompue à ce type de course puisqu'elle accueille l'Antigua Sailing Week qui regroupe chaque année une centaine de bateaux de 24 à 100 pieds (http://www.sailingweek.com).
Ici, petits et gros bateaux co-habitent, et les gros peuvent être vraiment très gros. Le nôtre prend des airs de "bateau Playmobile" à coté des monocoques de 30 à 40 mètres et des yachts qui rivalisent par leur taille, leur coque lustrée, leurs antennes, leurs équipements en carbone. On déambule sur les quais en observant les équipages en uniforme s'activer - silencieux, pro, efficaces. Le soir, du mouillage Freeman Bay, on assiste au bal des lumières organisé par les yachts d'English Harbour. La marina prend alors des airs de centrale électrique : on n'a pas tous les mêmes soucis d'économie d'énergie !
Nous assisterons aussi à l'arrivée de deux candidats de la course Talisker Whisky Atlantic Challenge qui consiste à traverser l'Atlantique à la rame (https://www.taliskerwhiskyatlanticchallenge.com/latest-news/). Les deux coureurs, qui arrivent ce soir-là, ont rallié 3000 miles en 66 jours de mer (sans escale bien sûr). Ils ont ramé quotidiennement 10 heures, grillé 8000 calories par jour, perdu une vingtaine de kilos. Epuisés, asséchés mais heureux d'avoir performé. Dans la nuit noire, l'arrivée des candidats est saluée par une corne de brume et des fumigènes. A bord de Seaview, on applaudit et l'on se met à crier "Bravoooo" pour saluer l'exploit hors norme. L'émotion est palpable. On mesure ce que représente une transat à la voile, on imagine les efforts herculéens pour effectuer une traversée de l'Atlantique à la rame.
Dominique Nord
On continue notre découverte de la Dominique en mettant cap vers Portsmouth en compagnie de Tsaelou et Krisfil. Siminoé fait un crochet par Marie Galante, nous les retrouverons dans quelques jours.
L'atmosphère est très détendue dans le village de Portsmouth et aux alentours.
Valérie et Blaise, sur Mimosa, nous ont conseillé Albert pour découvrir la rivière indienne. Nous voici partis avec Tsaelou et Krisfil à la découverte de cette rivière mythique, cachée dans la mangrove. Elle a servi de terrain de jeu pour le tournage de Pirates des Caraïbes 2 et héberge toujours une réplique de la maison de sorcière. Six mois que nous avons promis aux filles de rendre visite à Calypso, Manon et Camille sont impatientes.
Alors que le soleil commence à décliner, on pénètre dans l'épaisse mangrove. Albert parle très bien français et nous décrypte la flore : les oreilles d'éléphant (larges feuilles dont la forme s'apparente aux oreilles de Jumbo, cf ci-dessous), les gommiers (arbres gigantesques qui servent à la fabrication des pirogues). Albert nous parle aussi du perroquet impérial que l'on trouve en liberté sur l'île (nous en entendrons chanter mais on ne les distinguera pas dans l'épaisse végétation) et le "mountain chicken", une variété de crapaud qui fut longtemps le plat national de l'île. Décimé par une maladie dans les années 80, le goûteux crapaud a aujourd'hui déserté les repas familiaux et les cartes des restaurants.
Dans la barque - sur la rivière, on ne navigue qu'à la rame, l'accès est interdit aux annexes, une initiative pertinente pour préserver l'écosystème et la biodiversité - les deux équipages écoutent Albert attentivement. Tout à coup, on s'enfonce dans un bras sinueux et plus touffu qui offre une perspective étonnante sur la rivière.
Personne ne moufte, les yeux écarquillés… la cabane de Calypso se tient devant nous !
Le soir, Tsaelou nous invite à son bord pour un sympathique et savoureux dîner : canard farci et pommes de terre sauté… un goût de France ! Vous l'aurez compris, après six mois en mer, les saveurs des plats traditionnels français commencent à nous manquer !
Le lendemain, escapade en famille dans le Nord avec un guide local.
Nous parcourons la route de Portsmouth à Anse de Mai, une bonne heure de marche dans la végétation luxuriante et nous parvenons Chaudière Pool, un bain creusé dans la roche. Pause rafraîchissante et c'est reparti !
La nature en Dominique est généreuse. Ananas, pamplemousses, mangues, bananes, noix de coco poussent en abondance. Notre guide nous fait sentir les feuilles de citronnelle fraîche. Les filles se tartinent d'herbe pour éloigner les "niens-niens" (cousin du "mout-mout "sénégalais, mais le "nien-nien" pique !). Nous rapporterons à bord une poignée de citronnelle pour faire une infusion et les filles découvrent les cultures de café.
On continue notre route vers Number One Beach, LA plage où le Blackpearl s'est échoué. Vous vous souvenez du moment où Jack se fait courser par les indigènes? et bien c'est là !
Plage de sable noir déserte, cocoteraie dense…
Images issues du film "Pirates des Caraïbes, le secret du coffre maudit" - Walt Disney Company :
Les pirates sont de retour !
Les Dominicains affirment que la Dominique est sans doute la seule île que Christophe Colomb reconnaîtrait s’il était encore de ce monde. Nul ne le saura jamais, quoiqu'il en soit la beauté sauvage des paysages de Dominique enivre et la richesse de sa végétation est une expérience sensorielle à part entière.
Dominique Sud
On approche la Dominique par la péninsule de Scott Head, réserve marine. C'est ici que l'Océan rencontre la Mer des Caraïbes. La côte est est très fréquentée par les cachalots d'octobre à mars mais nous n'aurons pas la chance d'en croiser. A défaut, la végétation luxuriante de Soufrière Bay s'offre à nous.
La Dominique est un paradis vert, une île sauvage et nature, nichée dans les Caraïbes, entre la Guadeloupe et la Martinique. Découverte par Christophe Colomb en 1793, un dimanche,… d'où son nom. Cette ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1978, ne fait que 47 km de long et pourtant il faut compter entre 2h30 et 3h pour la rallier de bout en bout en véhicule. C'est dire combien le relief est marqué et escarpé (plusieurs montagnes culminent à 1400 mètres), la végétation est dense, vierge. Six variétés de forêt tropicales ont été recensées, ce qui lui vaut un parc national classé par l'Unesco. Dotée d'un micro-climat, l'île compte aussi 365 rivières et 30 chutes d'eau, des gorges et sources chaudes, des pics volcaniques…. Ses plages sont couvertes de sable noir tandis que la végétation subtropicale et des orchidées poussent dans ses vallées. Et pourtant, l'île est encore relativement préservée du tourisme de masse. Hormis deux bateaux de croisière de passage à Roseaux pour la journée, nous ne croiserons que quelques très rares hôtels et B&B. L'île développe un programme d'éco-tourisme, récompensé par la certification "GreenGlobe21" - elle est la première île des Caraïbes à recevoir ce label.
Sa végétation vierge et majestueuse a séduit les producteurs de Pirates des Caraïbes qui ont tourné ici le 2ème et 3ème opus de la saga.
Le ton est donné, notre escale en Dominique sera sauvage et nature… nous partons sur les traces de Jack Sparrow !
Nous retrouvons Siminoe au mouillage de Roseau devant l'Anchorage Hotel et allons découvrir la capitale, Roseau, empreinte d'architecture créole et de culture reggae.
Halte sympathique et désaltérante au Ruins Rock's Bar qui - comme son nom ne l'indique pas - claironne du Bob à gogo et exhibe des peaux de boas constrictors. La forêt tropicale dominicaine en héberge un certain nombre. Ils ne sont pas vénéneux mais réputés pour étouffer de petites proies.
Le soir, retrouvailles des 3 bateaux-copains et dîner sur Seaview avec Tsaelou et Siminoe. Au menu : foie gras et Sauterne, c'est la fête !
Le lendemain, matinée studieuse récompensée par une baignade avec Siminoe et nous orchestrons une excursion tous ensemble dans la partie Sud de l'île pour le jour suivant.
Après 16 jours de CNED consécutifs, on s'accorde deux jours de "relâche" - une pause appréciée autant par les enfants que par les parents ;)
Un figuier maudit fait office de mur d'escalade…
Puis nous nous enfonçons dans la forêt tropicale avec Carine, Valentin, Noémie, Camille, Simon et notre guide, Seacat.
Après une heure de marche, nous arrivons aux chutes de Middleham : un grand bassin creusé dans la pierre dans lequel tombe une cascade de 60 mètres. L'eau y est fraiche, la cascade génère un souffle puissant. Les deux équipages profitent, pour une fois, d'une bain d'eau douce.
Au retour, ça grimpe… Pentes abruptes, traversées de rivières, le guide nous fait découvrir la flore tropicale si riche.
La célèbre "Rain Forest" est unique dans la région et parmi l'une des plus préservée au monde.
On en a pris plein les yeux mais la journée n'est pas finie ! On s'engouffre à neuf dans notre mini bus, direction Titou Gorges, c'est là que les cannibales encerclent Jack dans Pirates des Caraïbes 2.
Nous voici sur une quarantaine de mètres dans la pénombre, encaissés entre deux rochers. A l'intérieur, la cascade produit un courant important et l'eau est très fraîche (elle reste bonne par rapport à la Bretagne Nord, mais il parait qu'on se tropicalise … ;)
On relève la tête et l'on croirait voir débarquer les indiens de Pirates des Caraïbes.
Les plus grands expérimentent les sauts dans le vide par cinq-six mètres de haut.
Puis, escale bien méritée pour rassasier les deux équipages dans une "boui boui" typique où l'on se sent chez l'habitant. Et hop, nous repartons de plus belle pour Trafalgar Falls.
Là encore, ça grimpe dur et les enfants ne déméritent pas, ils nous épatent par leur dextérité.
Au sommet, la récompense est à la hauteur de l'effort : deux chutes de plus de 60 mètres et baignade dans des bassins d'eau chaude, conséquence de l'activité volcanique d l'île.
Seacat nous explique que sur la côte est de l'île, dans un territoire cédé par la Reine d’Angleterre au début du siècle dernier, vit encore la dernière communauté d’ Indiens Caraïbes.
Venus du nord du Venezuela, ils s'étaient installés sur l'île bien avant que Christophe Colomb ne la découvre. C'est cachés dans la nature, qu'ils ont échappé à l'extermination. En 1903, la Couronne britannique leur concéda quelques terres en propriété. Aujourd'hui, leurs 3 000 descendants, derniers héritiers de ces peuples précolombiens, vivent pour la plupart dans l'Indian Caribean Reserve autour de la petite ville de Salybia.
Sur la route du retour, les enfants ont encore suffisamment d'énergie pour chanter à tue-tête "Les cités d'or" et "Tom Sawyer", ambiance colo de vacances !
On retrouve les équipages de Tsaelou, Krysfil autour d'un dîner en bord de mer, tandis que les enfants (14 au total !) font des ploufs dans la mini piscine du restaurant très couleur locale.
Même à 22h, ils font preuve d'une vitalité incroyable tandis que les parents, rompus, accusent un peu le coup d'une journée de rando bien remplie.
Fontaine de jouvence en Dominique… on nous aurait menti ?
Les fonds de l'Anse d'Arlet
Prochaine étape en plongée : la réserve Cousteau en Guadeloupe.
Martinique ... prolongation
Sur les conseils d'Ohelenn et Fabien, bateau-copain croisé au Cap Vert, pendant la transat puis Anse d'Arlet, on joue les prolongations en Martinique pour assister à un défilé du carnaval de Fort de France.
Le carnaval ici dure quatre jours et respecte des rites et thèmes spécifiques.
Le 1er jour, qui tombe toujours un dimanche, permet de présenter sa majesté Vaval, Roi du Carnaval. Le 2ème jour met à l'honneur les mariages burlesques et les inversions (du pouvoir, de la hiérarchie…). Le 3ème célèbre la sortie des diables rouges (dresscode rouge et noir), et le dernier jour s'achève avec le bûcher de l'infortuné Vaval qui regroupe l'île autour d'un grand feu de joie (le noir&blanc sont de rigueur).
Au programme donc aujourd'hui : mariages burlesques !
et ambiance garantie !
Pour l'occasion, on s'équipe !
Port Elisabeth - Bequia
Béquia est une ancienne station baleinière attirant au 19ème siècle des marins du monde entier, majoritairement des Ecossais et des Français.
La tradition de la "hot baguette" émanerait-t-elle de ces anciens migrants français?
Si aujourd'hui la pêche des cétacés est sévèrement contrôlée, la vocation maritime de l'île n'a pas disparu et la baleine a fortement influencé la culture locale.
A Bequia, certains sièges de bar sont en ossements de baleine.
Port Elizabeth est le village principal de l'île, on peut y faire la clearance en arrivant ou en partant des Grenadines. C'est pittoresque, coloré - comme dans de nombreuses îles des Grenadines - et les habitants y sont fort sympathiques.
Avitaillement en fruits et légumes au marché conseillé par Elisabeth et Carine et l'on flâne dans le village.
A Port Elisabeth on renoue avec la civilisation. On retrouve la joie simple d'une glace et l'on se donne RDV avec Tsaëlou et Siminoé au sympathique Big Tree. La patronne, une ancienne institutrice a crée une bibilothèque pour les enfants du village, au sein de son bar-restaurant. Sur les étagères, des livres en anglais et en français. Un système de troc de livres est proposé pour les voyageurs : on donne un livre, on en prend un.
Ce soir-là, alors que les adultes sirotent des pina-coladas, les enfants lisent à la table voisine. Ce qui nous vaudra les compliments d'un jeune couple qui jugent les 7 enfants des 3 équipages "exemplaires". Et oui, ça arrive, le temps d'une soirée ;)
Avant de repartir, Maman nous invite à la BBQ Party du select Jack's Bar, fameuse. En une soirée, on mange plus de viande rouge qu'en 5 mois de voyage !
Robinsons à Petit Nevis
Cette île abritait il a encore quelques années la bâtisse des pêcheurs de baleines. Les cuves et ossements ont désormais disparu du hangar, on se contera du mythe.
L'île ne semble plus guère fréquentée par les hommes. Nous sommes le seul bateau au mouillage pour la nuit et le lendemain, nous partons en palmes-masques-tubas à la découverte de l'île (tongs à la main, en guise de plaquettes. Le Robinson des temps modernes porte des tongs !). Nous avions débarqué 18 ans auparavant sur cette île moins sauvage et moins envahie par la végétation. Nous sommes contraints de rebrousser chemin et de contourner l'île par la plage car l'herbe haute se densifie et notre uniforme maillot/tongs n'est pas approprié.
Les fonds du mouillage, en contrebas de la falaise, se révèlent particulièrement beaux. Ultime escale PMT (Palmes-Masques-Tubas) avant de retrouver Siminoe et Tsaelou à Bequia.
Mayreau
Seul un village de 200 âmes domine les deux plages désertes, à flanc de colline. Les habitants vivent ici de pêche et d'élevage de chèvres.
La plage de Salt Whistle Bay, bordée de cocotiers et de linge coloré, est digne d'une plage de rêve. Nos journées sont toujours rythmées par le Cned le matin. Camille part faire son instruction civique sur Siminoe avec Camille L. et Carine, Noémie nous rejoint pour l'allemand et Maminou nous prête main forte pour les cours de sciences de CM1. Au programme aujourd'hui : le coeur et les poumons.
Dans l'après-midi, nous montons au village, insolite, dans son jus, où de nombreux "bouis-bouis" sont à l'effigie de Bob Marley.
Happy Island
Aux Grenadines, c'est possible. Si votre bourse ne vous permet pas d'acquérir une île privée, une alternative fantasque et non-conformiste s'offre à vous : la construire vous-même !
C'est l'initiative de l'heureux propriétaire d'Happy Island.
Alors que nous mouillons à Palm Island - autre île privée investie en partie par un groupe hôtelier haut de gamme - un avitaillement en fruits et légumes s'avère nécessaire. Palm Island étant dénuée de toute épicerie, nous nous dirigeons d'un saut d'annexe vers Union à 1 mille de là. Au retour, notre curiosité nous pousse à faire escale sur cet îlot, situé entre les deux îles.
Alors que nous amarrons l'annexe au ponton, le propriétaire - un rasta jovial - nous accueille d'un "Welcome on Happy Island, my friends" sur fond de reggae. Le ton est donné.
Il nous explique fièrement qu'il a bâti son île de tout pièce. La recette d'Happy Island est élémentaire : investir un banc de sable de quelques mètres carrés, retrousser ses manches, constituer un amas de conques, couler un peu de béton et ciment, chiner du matériel de recup, planter trois cocotiers et 14 ans plus tard, le résultat est là :
Lorsqu'on demande à notre hôte s'il a dû s'enquérir d'une autorisation spéciale pour édifier son "monument" - c'est ainsi qu'il la qualifie - il nous répond allègrement que nenni… "Seule la nature pourrait me reprocher d'avoir construit Happy Island".
Le droit caribéen - ou plus exactement ce vide juridique - nous déconcerte mais quoiqu'il en soit, nous passons un happy moment et nos T-shirts "Sail more / Live slow" dénichés à Union semblent en parfaire harmonie avec l'esprit des lieux.
Devise à Palm Island
"VACATIONS AT WORK"
Vu sur les cocotiers de Palm Island.
L'île est une île hôtel, donc on ne peut que marcher le long de la côte sur une bande de quelques mètres. On a posé l'ancre à la pointe Nord Est dans le vert clair avec 4m de fond (attention aux cages!). Mais si le vent dépasse 10 noeuds, il vaut mieux préférer se réfugier davantage sous le vent.
Tobago Prolongation
Tobago, on y prend goût. Non seulement parce que l'eau est turquoise (on barbotte des heures en snorkling pour découvrir la barrière de corail) mais aussi parce qu'on y mange des langoustes grillées sur la plage. Sympathique BBQ avec les bateaux-copains Siminoe et Catapulte, tandis que Mimosa amorce sa remontée vers le Nord. Ce soir-là, les enfants se mettent en quête de verres luisants et prennent un bain de minuit… à 21h - ici, la nuit tombe à 18h.
C'est aussi aux Cays que Jules sort son foil et dispense des cours de planche à la joyeuse brochette de filles des bateaux copains.
On prend aussi le temps d'arpenter l'île de Barradal à la végétation foisonnante où co-habitent, pacifiques, tortues terrestres et iguanes.
Welcome to Union !
Le village de Union vaut le détour. Cette île de 7 km2, investie au XVIII par des colons anglais et écossais, compte aujourd'hui 2000 âmes et … un aérodrome, coincé entre mer et montagne.
Du mouillage de Clifton, on voit les "avions-coucous" passer à quelques centaines (dizaines !!) de mètres derrière les ailes de kite. Notre obsession du "security first" nous laisse d'ailleurs perplexes imaginant ce qui arriverait si l'un des kiters venait à désarmer son aile à quelques dizaines de mètres en bout de piste.
Néanmoins, il règne à Union une atmosphère gaie, chaleureuse, résolument nonchalante.
Un marché de fruits et légumes, niché dans des échoppes colorées, constitue le centre névralgique de Clifton.
Seule déception à Union : nous avons cherché à maintes reprises les requins nourrices sans jamais croiser un aileron. On tentera de se rattraper sur les barrières de corail ;)
Habitation Clément
Avant de quitter la Martinique pour mettre le cap vers le sud, nous ne coupons à l'incontournable visite d'une distillerie de rhum. Nous optons pour l'habitation Clément, emblématique de la culture créole.
On y re-découvre - on l'avait visitée il y a dix-huit ans - l'habitation principale, maison de maître construite au XVII ème siècle, restaurée et remeublée d'époque; la distillerie; le parc aux arbres centenaires et la palmeraie, superbe. C'est ici que F. Mitterrand et G. Bush se sont rencontrés lors de la première guerre du Golfe.
Dans le bureau de l'habitation, Manon s'extasie sur un drôle d'engin aux yeux exorbités…
"Ca, c'est l'ancêtre de l'i phone ????"
On continue vers la distillerie et l'on découvre les différentes étapes de la fabrication du rhum agricole :
- l'extraction du jus de la canne à sucre par les moulins, qui séparent le jus, "vesou", de la fibre résiduelle appelée "bagasse"
- la fermentation, qui transforme le vesou en alcool par l'action des bactéries et de la levure
- la distillation, qui condense les vapeurs de vin en rhum agricole de 70°, puis le rhum est stocké dans des cuves et ramené à 50°.
- pendant le vieillissement, le rhum absorbe le tanin du bois des fûts de chêne, qui le brunit et lui donne son arôme.
En visitant les chais, de subtiles vapeurs d'alcool se dégagent et nous enivrent, c'est "la part des anges".
Les colonnes à distiller en cuivre permettent de produire en continue d'importants volumes d'alcool grâce à la vapeur. Cette technique est devenue caractéristique de la fabrication du rhum agricole.
Sao Antao
Avec ses montagnes imposantes et ses vallées profondes, cette île - réputée pour être la plus belle île de l'archipel - est notre coup de coeur du Cap Vert.
En compagnie de nos amis de Siminoe, on embarque notre joyeuse bande à Mindelo dans le premier ferry du matin. Arrivés à Porto Nuevo, on saute dans un aluguer (taxi en commun) et l'on part sillonner l'île pour la journée.
Les premières minutes, on se demande s'il y a de la végétation sur Sao Antao.
Soudain, on aperçoit les premiers sapins, la forêt de cèdres, d'eucalyptus et de mimosas s'épaissit et la fraîcheur se fait sentir.
L'Estrada Corda, route de la Corde, chevauche les cimes des montagnes à 1300 mètres et serpente au-dessus de précipices, traversant l'île telle une corde d'un bout à l'autre de Sao Antao.
Les paysages sont à couper le souffle.
A flanc de montagne, on aperçoit des villages dont on se demande comment ils tiennent sur ces arrêtes et pentes abruptes.
On improvise une courte rando pour se délasser les jambes et prendre un bol de verdure avant deux semaines de grand bleu.
La verdoyante vallée de Paul, riche en plantations de canne à sucre et bananiers, est sans doute l'un des plus beaux sites de l'île.
Une journée pour découvrir et profiter de la splendeur de Sao Antao, c'est bien trop peu ! On se promet d'y revenir, à l'avenir, pour randonner.
Pour les proches, voir la vidéo de la transat dans l'onglet "vidéos" (accès privé). Téléchargement à venir!
Arrivés à Sao Vincente
On arrive ici sur les terres de Cesaria Evora, la Diva aux pieds nus. C'est à Mindelo qu'elle est née et qu'elle s'est produite dans les années 60. Il y a encore quelques années, on la croisait dans les rues et les cafés où tout le monde la connaissait. C'était, parait-il, un papillon de nuit qui sortait après le coucher du soleil.
Cesaria Evora était sans doute l'une des meilleures ambassadrices du Cap Vert à l'étranger. Le gouvernement lui avait d'ailleurs attribué un passeport diplomatique pour faciliter ses déplacements.
Vers 1850, Mindelo devient un port de commerce réputé pour son effervescence mais aussi pour ses femmes. Les marins du monde entier passent à Mindelo, laissant parfois une descendance ignorée. Cela crée un fantastique métissage, encore palpable aujourd'hui.
Les habitants sont d'un naturel ouvert et curieux. Ils ont l'expérience et l'habitude des cultures occidentales dont ils ont subi de fortes influences. On se fait facilement aborder dans les allées du marché par des Capverdiens et la discussion peut durer… le temps du marché !
Mindelo a aussi des airs d'Angleterre avec ses maisons coloniales et du Brésil par ses églises colorées. C'est le repère des artistes, peintres, chanteurs, danseurs qui teintent la ville d'une saveur particulière.
Sao Nicolau
Sao Nicolau fait partie des îles montagneuses du Cap Vert. Contrastée, elle offre des paysages de far-west avec de profonds canyons et des plages de sable noir sur la côte de Tarrafal.
Le nord, plus fertile, est couvert d'arbres et de cultures en terrasse qui rappèleraient presque Madère.
C'est dimanche - un jour "mort" au Cap Vert - mais on parvient tout de même à sauter dans un Aluguer (taxi collectif) pour se rendre à Ribeira Brava. Montagnes à hauts pics et falaises profondes, Ribeira est chef-lieu de l'île. Nous n'aurons pas le loisir de vérifier le bien-fondé de son nom, "Rivière sauvage/fougueuse", puisque la rivière était totalement asséchée.
On flâne dans la ville et l'on s'attable au seul bistrot ouvert, repéré par Françoise et Daniel. On y déguste un plat maison, délicieux. Le Cap Vert authentique et généreux, loin des circuits touristiques.
Au retour, on crapahute dans le canyon au-dessus de Tarafal et l'on tombe sur des élevages de porcs qui enchantent les filles !
Boa Vista
On a beaucoup aimé Boa Vista. Pas seulement parce que ses habitants sont "sailor friendly".
On aime Boa Vista pour sa douceur de vivre (voir post No stress island), ses spots de kite, ses dunes, ses oasis de palmiers dattiers…
L' île est encore sauvage, préservée du tourisme de masse (à l'exception de l'énorme complexe Riu sur la plage de Chaves).
Pour découvrir la côte Nord de l'île et les villages colorés de Joao Galego et Mundo de Figuieras, on opte pour une journée en pick up sur les pistes désertiques avec Françoise et Daniel.
Dans la Baie Esperanza, un bateau espagnol s'est échoué il y a plus de quarante ans. La carcasse rouillée du navire posée sur l'eau turquoise, à seulement quelques mètres du rivage, est impressionnante : un monstre rouillé, désossé par le ressac et dentelé par l'érosion.
A Praïa de Chaves, les filles se laissent tomber dans la mer en roulant du haut des dunes. "Sensas' !"
C'est aussi à Boa Vista que Jules et Camille soufflent leur bougies.
Sal
C'est sur l'île de Sal, dans la baie de la Palmeira que nous retrouvons Daniel et Françoise. Les filles sont surexcitées, d'autant que nous arrivons à notre rendez-vous avec 24 heures de retard - les aléas des RDV en voilier - Parmi les hasards "heureux" de la vie, leurs amis de longue date spécialistes des latitudes australes, Claudine et Alain, reviennent du Canada et mouillent sur Kotick à la Palmeira. Improbables retrouvailles !
L'arrivée de Daniel et Françoise, c'est un peu Noël avant l'heure. Dans leur hotte lestée de plusieurs dizaines de kilos, ils nous apportent cartouches d'imprimante, Aquaclean à gogo, presse française et montants des panneaux solaires réalisés sur mesure 48h auparavant à Granville.
L'île de Sal est aussi notre premier contact avec la culture capverdienne, métissée, colorée, musicale.
Première très chouette soirée bercés par les rythmes capverdiens : morna (musique mélancolique proche du fado), coloriera (musique rythmée, à mi-chemin entre rythmes brésiliens et africains), funana (symbole de l'identité capverdienne). Percussions, violons, guitares, battements des mains, la musique est très présente, partout. Elle semble être, avec la danse, le meilleur moyen de s'amuser et de s'évader.
Notre escale à Sal est aussi marquée par :
- une journée bricolage entre hommes pour surélever les panneaux solaires. Merci à Alain, JB et Daniel pour leur efficacité. On a gagné en autonomie énergétique et cela nous évitera des heures de moteurs pour recharger les batteries.
- la visite de Kotick, l'un des tout premier voilier à avoir initié des charters en Terre de feu/Cap Horn et en Antarctique. Claudine et Alain accueillent des croisières de découvertes, des expéditions de photos, de films animaliers et de plongée et des croisières transocéaniques. Voir leur site www.kotick.net Nos amis, François et Alix ont eu la chance de transater avec eux il y a quelques années. Découvrir en famille un bateau équipé pour le grand froid était franchement intéressant. Manon s'est extasiée devant l'agencement tout en longueur du bateau, le poêle - indispensable pour parcourir les hémisphères - les banettes anti-roulis et l'importante bibliothèque de livres nautiques dans le carré.
- des apéros-bateaux, on inaugure les soirées à 18 personnes à bord de Seaview avec Catapulte, Siminoe, Sequoïa et l'on retrouve aussi Mimosa
- et les parties de Babyfoot…
L'île de Gorée
Ruelles colorées, maisons coloniales, balcons en fer en forgé, bougainvilliers façonnent l’architecture de l’île dont l’histoire n’a pourtant pas été paisible.
Plusieurs bâtiments témoignent du rôle de l’île dans la traite des esclaves. Même si, selon les historiens, sur les 20 millions d’esclaves issus d’Afrique, 300 seraient passés par Gorée chaque année, l’île n’en demeure pas moins un témoignage saisissant de la souffrance affligée au peuple africain. Sa portée symbolique en Afrique et en Amérique est immense. La maison des esclaves, construites fin 18ème, avec son escalier cintré ouvert sur l’océan, est devenue le plus emblématique des bâtiments.
Eladj, notre quide, répond patiemment aux questions des enfants des deux équipages de Catapulte et Seaview, impressionnées par l’obscurité, la taille des cellules et les cachots des récalcitrants.
La Porte donnant sur l’océan, où attendaient les navires négriers nous laisse tous songeurs. Elle porte nom de « Porte du voyage sans retour ».
Nous continuons notre découverte de l'île avec la visite d'un atelier de peinture au sable.
En repartant, on remarque sur la place principale de l'île deux restaurants côte à côte : "Chez Kiki" et "Chez Tonton"
Christelle, Pimouss', Manu, Uncle Wu, et Stéphane se reconnaîtront dans cet hommage sénégalais ;)
Grand-Mère Wu n'est pas en reste ;)
Réserve de Bandia
Excursion en bande avec Geneviève et Bernard et l'équipage de Siminoe. Cette réserve abrite une faune abondante et comme il est interdit de circuler à pied, nous louons un camion XL pour notre joyeuse tribu.
Si, à l'origine, la réserve avait remporté les voix des enfants à l'unanimité - les adultes auraient préféré visiter l'île de Gorée - nous sommes tous retombés en enfance. Fascinés par la démarche en amble des girafes - un mix de nonchalance et d'élégance naturelle,
la grâce de l'antilope,
et les empreintes digitales naturelles des zèbres.
Le rhino blanc qui sommeille à l'ombre d'un arbre en impose : il pèse 3 tonnes et charge à 55 km / h. Cette race de rhino a la spécificité de se reproduire seulement tous les 10 ans à partir de 17 ans. Pas facile d'assurer sa descendance dans ces conditions !
Les enfants ont beaucoup observé les singes dans les arbres et nous nous sommes retrouvés autour d'un baobab "Tombeau des griots" - ou "Baobab cimetière". Mille ans de sagesse, 17 mètres de circonférence, 6000 litres d'eau sirotés par mois, ce monument végétal suscite le respect mais aussi le recueillement. Dans la tradition sérère, des griots étaient ensevelis dans ce baobab creux : une centaine de femmes et d'hommes reposent au coeur de l'arbre, dont le trou se referme au fur et à mesure qu'il croit.
La tradition des baobabs cimetières a été abolie par Senghor dans les années 70 mais une croyance consiste à faire un voeux, toucher le baobab de la main gauche - la main du coeur - et faire le tour de l'arbre dans le sens des aiguilles d'une montre… et votre voeu sera exaucé. Les onze membres qui composent notre tribu se sont bien sûr livrés à l'expérience !
Merci Manrique !
Un artiste protéiforme (architecte, peintre et sculpteur), César Manrique, s'est opposé à la prévisible "défiguration" de l'île.
Influencé par Picasso et Matisse, il atteint son apogée en 1964 grâce à une exposition au Musée Guggenheim. Bien que célèbre, il ne renie pas son île d'origine puisqu'il y revient pour maintenir le patrimoine de Lanzarote et édifier des normes architecturales (protection des méthodes traditionnelles de construction, interdiction des panneaux publicitaires…).
Grâce à lui, l'île est aujourd'hui très préservée. Le gouvernement a promulgué des lois limitant l'urbanisation, les prometteurs aux projets mégalo ne sont pas les bienvenus et c'est tant mieux.
Résultat : les villages de Lanzarote sont peints en blanc à la chaux.Portes vertes et cheminées en forme d'oignon sont de rigueur. Cette uniformité et la culture "tourism-oriented" des habitants manquent certes parfois de patine et peut friser l'aseptisation mais, au moins, l'île a conservé des villages traditionnels pittoresques - contrairement à Fuerte.
Manrique est aussi intervenu pour créer plusieurs oeuvres combinant nature-art-architecture sur sept sites de l'île.
En visitant Lanzarote, nous avons donc effectué un pèlerinage sur les traces de Manrique. Il règne ici une atmosphère assez particulière mêlant paysage volcanique, nature, art et spiritualité.
Manrique a révélé le caractère volcanique de l'île et lui a apporté une touche artistique. L'un de mes coups de coeur depuis le début du voyage.
Un aperçu de son oeuvre en quelques clichés.
La Fondation Manrique
Manrique est tombé sous le charme d'un terrain volcanique recouvert de lave des dernières éruptions de 1736 et y a construit sa propriété.
La demeure est aujourd'hui la Fondation Manrique et un musée d'art contemporain.
Outre quelques oeuvres de peintres américains et espagnols du XXème, on déambule dans des pièces baignées de lumières et de lave. Manrique a révélé 5 bulles de lave reliées par des tunnels. Chacune de ses bulles ont été aménagées. On passe de salons seventies aux patios troglodytes… Une symbiose entre art-archi & nature. Rétro, psyché et surréaliste !
- Le mirador del Rio : Manrique y a édifié un bar panoramique coiffé de mobiles géants. Vue vertigineuse sur Graciosa et les îles volcaniques aux alentours.
- Jameos del Agua : une grotte qui prend des airs de basilique marine autour d'un lac souterrain d'eau salée. Manrique eu l'idée géniale d'installer ici un bar, un restaurant, une salle de concert, une piste de danse …
et même une piscine. Classée monument historique, on n' y trempe pas même l'orteil… les filles furent très déçues de ne pouvoir y piquer une tête mais avec Jules et Maman, nous avons apprécié le site vierge de touristes et le bar rien que pour nous. Il y règnait un air de "luxe, calme et volupté".
Manrique, aux multiples talents, s'adonnait aussi au dessin et à la peinture. L'homme-esthète m'a passionnée. Dommage qu'Amazon ne puisse pas (encore) envoyer ses drônes livrer des bouquins sur l'océan, j'y aurais bien consacré un peu plus de lecture et de temps.
Calor de la Terria 1992 - C. Manrique
Lanzarote : une belle surprise
Lanzarote s'est pourtant relevée de ces destructions successives et ses habitants surent exploiter la terre et survivre dans une île sans source d'eau douce (la première usine de dessalinisation d'eau de mer date de 1960!). Et grâce à Cesar Manrique et à la détermination des ses habitants (voir post Merci Manrique ! ), l'île a été préservée du tourisme de masse.
Parc naturel volcanique, falaises impressionnantes, criques cristallines, architecture pointue et villages typiques : on a beaucoup aimé Lanzarote et l'on comprend pourquoi plusieurs cinéastes l'ont adoptée le temps d'un tournage. "Moby Dick", "Un million d'année avant Jésus Christ", "Voyage au centre de la Terre" ont été tournés ici, et plus récemment Almodovar y a promené sa caméra dans "Etreintes brisées". On note d'ailleurs dans nos tablettes de voir ou revoir ces films (Daniel, tu n'aurais pas Mobidick dans ta DVDthèque ?)
Le site plus fascinant est sans doute le parc naturel de Timanfalaya dont le volcan est entré en éruption pendant six années consécutives entre 1730 et 1736. Les éruptions du Timanfalaya feraient partie des plus dévastatrices au monde. Ballade en bus sur une route sinueuse à travers les monts déchiquetés de lave et les cratères ocres et rouges.
La température atteint 100°C à quelques centimètres sous nos pieds : des démonstrateurs enfoncent dans le sol des brindilles qui s'enflamment aussitôt. Et lorsqu'ils versent de l'eau dans l'un des trous, c'est alors un geyser impressionnant qui jaillit.
Nous traversons les salines de Janubio et tombons sur sa plage de sable noir. Sur les conseils de l'équipage de Siminoe, les filles jouent aux "chercheuses de quartz". Des éclats verts sont clairsemés dans la fine pluie de sable noir. Et même Maman se plie au jeu des aventuriers chercheurs de pierres !
Nous atteignons la lagune de Los Cliquos dont les eaux vert pomme tranchent avec la lave grise et ocre.
Puis nous empruntons la route entre les vignes de la Geria poudrées de cendre volcanique…
et remontons au nord vers le Mirador del Rio qui offre un panorama unique sur Graciosa où nous étions quelques jours auparavant.
Ultime halte à la Cueva de los Verdes, grotte qui servait de refuge aux habitants au XVI et XVIIème siècle assiégés par les pirates. Ce tunnel de lave de 6km de long abrite des galeries pouvant atteindre 50 mètres de haut. On y donne même des concerts de musique classique. Au moment de l'éruption, la croute extérieure refroidissait tandis que la lave de l'intérieur, brûlante, continuait à se déverser jusqu'à la mer. Les profondeurs de la grotte renferme un secret que Camille a percé d'une pierre, à la demande du guide. On ne vous en dira pas plus, le secret de la grotte doit être gardé.
Enfin, la très belle plage de surfeurs et les falaises de Famara feront l'objet d'une vidéo (coming soon car en cours de montage ;)
Graciosa, petit coin de paradis
Graciosa ou la douceur de vivre. Graciosa, la Gracieuse porte si bien son nom. Cette île de quelques kilomètres carrés au nord de Lanzarote est un petit coin de paradis. Un no man’s land de cratères, de plages de sable blanc et de criques aux falaises ocres. Aucune route de bitume sur l’île mais des pistes de sable; "c'est le désert !" s'extasient les filles.
Le premier village, au airs de médina, est à 45 minutes à pied… La civilisation, ça se mérite !
Rien de vient troubler le charme et la beauté de cette île.
Rien, si ce n’est une nuit chahutée par des rafales à plus de 30 nœuds, accompagnées d'une très forte houle. C’est la première fois en deux mois que les fichiers météo se méprennent et cette fois-ci, on s’est bien fait surprendre. Cela nous vaudra une nuit blanche à guetter qu’aucun des douze bateaux du mouillages ne dérape – à commencer par le nôtre. Dans la nuit noire, les lampes torches des bateaux voisins scrutent leur guindeau et leur chaine. Lorsque les faisceaux lumineux croisent la proue ou les étraves, on se rend alors compte de la hauteur considérable des vagues qui nous mettent à rude épreuve.
Au petit jour, le calme est revenu. Pas un bruit sur les bateaux du mouillage, pas l'ombre d'un homme non plus. Les équipages exténués, semblent récupérer d'une nuit bien agitée.
Graciosa, c'est aussi le lieu où Maminou nous rejoint pour dix jours. Première visite de la famille depuis notre départ, c'est l'euphorie à bord, l'excitation des filles est à sa comble. Quelle expédition pour aller chercher Maminou à l'aéroport sur l'île voisine - compter une petite journée entre désert et volcans via annexe, 4x4, navette-ferry et taxi … mais les retrouvailles sont aussi belles que l'expédition est rocambolesque.
L'arrivée de Maman, c'est un peu Noël avant l'heure. Dans sa hotte lestée de 20kg, elle nous apporte toutes sortes d'étrennes qui ont fait l'objet d'une "liste au Père Noël" quelques jours auparavant : des livres pour les filles, des cahiers à grands carreaux (impossible de trouver des cahiers avec interlignes depuis notre départ), de la presse (les connexions internet sont si mauvaises, rien ne vaut une bonne version papier pour reprendre le fil de l'info), une pompe de cale, un support d'i pad pour les nuits de quarts et cerise sur le gâteau …. des Kinders.
Les retrouvailles passées, nous découvrons l'île en famille et entre amis, avec Tiphaine et Jean-Baptiste de l'équipage de Séquoïa, rencontrés à Porto Santo. Superbes randonnées et promenades et même, en ce qui me concerne, cours particulier de kite avec Jules dans une lagune d'eau verte à 26 degrés. C'est safe, pour (re)mettre le pied à l'étrier, c'est le spot idéal.
Vous l'aurez compris, Graciosa, c'est notre coup de coeur. La plus belle des destinations - selon nous - depuis notre départ.
Jules n'a pas résisté à faire danser R1D1 dans le ciel de Graciosa. Le ballet est somptueux, je vous laisse apprécier.
Madère
Même si nous ne doutions pas de l’existence de micro-climat (nous sommes bretons d’adoption !), toute la réalité du concept est démontrée sur cette île : au centre, les montagnes abruptes arrêtent les nuages de l’Atlantique et contraignent l’air humide et chaud à s’élever et à se condenser en précipitations. Il en résulte notamment des versants entiers de cultures en terrasses.
Mais à l’est, la faible altitude fait glisser les nuages, la terre est aride, presque désertique.
Nous commençons notre découverte de l’île avec l’équipage de Catapulte. Première étape : les levadas, au centre de l’île entre Ribeiro Frio et Balcoes. Ces canaux d’irrigation serpentent l’île et permettent aux sources de montagne du Nord de rejoindre les champs en terrasse du Sud. Un réseau de 1600km de levadas, construits majoritairement par des bagnards et des esclaves au 15ème et 16ème siècle, sillonnent l’île. Les sentiers qui les longent pénètrent le cœur montagnard. Nous avons quitté la Marina, située en milieu aride, en débardeurs sous un soleil de plomb et quelques 30 km plus tard, on se retrouve au centre de l’île à 800m d’altitude dans le brouillard et le crachin « breton » en coupe-vent et K-Ways.
La végétation y est incroyablement verdoyante. Les murs végétaux suintent d’humidité, les pins côtoient les eucalyptus qui dégagent un subtile parfum. Plus nous avançons dans la forêt, plus l’humidité est palpable et le brouillard rend certaines scènes assez surréalistes.
Les 5 filles organisent des courses de bateau et de feuilles dans les levadas tandis que les parents planifient la prochaine traversée et commentent les fichiers météo recueillis le matin-même.
Le lendemain, cap sur Funchal, la capitale de Madère. Grosse déception car nous arrivons au Marché de Lavradores alors qu’il ferme ses portes… On se console à la Quinta das Cruzes (la quinta est une maison de maître rayonnant sur un vaste domaine agricole). En l’occurrence, il s’agit de celle de l’ancien gouverneur de l’île, reconstruite au 18ème siècle pour une riche famille de l'île. Camille et Manon s’extasient devant la chambre de Madame, son nécessaire à couture et cette drôle de chaise sculptée : « c’est quoi cette chaise avec un couvercle ? …. » demande Camille. Et Manon de répliquer à sa sœur : « A ton avis, à quoi une chaise avec un trou peut-elle bien servir ?... ». Camille découvre hilare un pot de chambre du siècle dernier et nous demande où se trouve la chasse d’eau.
On enchaine la Casa Museu Frederico de Freitas, qui abrite un petit musée sur l’Azulejos et la Casa Calçada qui – outre sa bibliothèque bureau superbe - abrite notamment un charmant patio. On longe le couvent Santa Clara et l’on rejoint l’équipage de Catapulte pour une virée dans la « Zona Velha », la vieille ville. Nous élisons domicile pour la soirée dans la très colorée rua Santa Maria, dont les portes peintes par des artistes font le bonheur de nos objectifs avec Muriel tandis que les Hommes nous attendent à la terrasse d’un pittoresque bar à cocktails (le patron est champion de cocktails de Madère) où nous sirotons quelques breuvages. L'ambiance est conviviale, amicale, il fait bon vivre à Funchal.
Le lendemain, on entreprend de parcourir l’île en voiture avec Murielle, Eric et leurs filles : les montagnes succèdent aux landes, les grottes aux cascades, les cultures en terrasse aux plages de sable gris. Escales à Santana pour ses maisons colorées au toit de chaume, à Sao Vincente pour ses grottes volcaniques, à Porto Moniz pour ses piscines "naturelles", sans oublier la route de la côte d'or, suspendue à flanc de falaise. C'est là que nous élirons domicile pour notre premier "drony" (voir vidéo de Jules).
Autre spécificité de Madère : rien n’est jamais franchement ni tout à fait droit, à part la piste de l’aéroport qui surplombe majestueusement la mer et nous aurait presque fait regretter de ne pas être arrivés par les airs.
On serait bien resté encore quelques jours à Madère mais une zone de grand calme puis une dépression se profilent et nous avons rendez-vous avec Maman à Lanzarote dans quelques jours. Il est donc temps de reprendre la mer et de dire au revoir à l’équipage de Catapulte que nous retrouverons très vite aux Canaries. Une fois encore, nous ne coupons pas au départ anticipé. Flexibilité et réactivité, nos capacités d'adaptation sont mises à rude épreuve.
A voir à Porto Santo
Située à 30 miles de sa grande soeur Madere, Porto Santo est beaucoup plus aride et se targue auprès de son ainée de posséder une plage de sable. Au 15ème siècle, espagnols et portugais y récoltaient le "sang du dragon", teinture pourpre tirée de la résine du dragonnier des Canaries. C'est d'ailleurs à cette époque que Christophe Colomb débarque sur Porto Santo en tant que navigateur marchand. Il y aurait rencontré sa femme, fille du Gouverneur de l'île, et ils auraient vécu à Vila Baleira une à deux années avant que Colomb ne parte à la découverte des Indes. C'est ici que se seraient dessinés ses projets d'exploration du nouveau monde.
Porto Santo est donc aujourd'hui encore le fief de Colomb et même si la Casa Colombo ne présente que peu d'archives - et assez peu d'intérêt - la manne est trop belle pour tomber dans les oubliettes. A Vila Baleira, chaque année est organisé le festival Colombo - fête où les villageois festoient en costume sur fond de reconstitution de navires, acrobates, parades et cracheurs de feu.
C'est avec Muriel et Eric et leurs filles, équipage de Catapulte, que nous avons assisté aux festivités. Le mouillage à deux bateau-copains, c'est vraiment sympa. On expérimente les ploufs collectifs, les longueurs de nage entre les deux bateaux, les enfants qui s'appellent à la VHF (nous rentrons dans une nouvelle ère : celle où la VHF a détrôné le portable !!), les débriefings techniques des Papas, les débriefings Cned des Mamans… Même les avitaillements en annexe ont des airs de colonies de vacances.
Comme aux Açores, la digue de la marina de Vila Baleira est couverte de peintures de navigateurs ayant fait escale ici. Nous nous serions bien prêtés à l'exercice de "marina art" mais notre peinture à l'eau aurait fait triste mine. NB : prévoir de la peinture acrylique pour les Açores.
Porto Santo, c'est aussi l'occasion pour les deux équipages de s'entrainer aux premières randonnées. Excursions en taxi fangio dans le Nord de l'ile à la Rocha do Gasparao.
Et sur les conseils de Tiphaine et Jean-Baptiste de Séquoïa, autre voilier français rencontré au mouillage, belle rando entre Pico de Castelo et Pico do Facho.
Lisbonne
Cap sur le musée des Coches mais nous le trouvons portes closes. A défaut de carrosses et calèches, halte aux Pasteis de Belem, en hommage à Gigi. Les authentiques proviennent de l'Antiga Confeitaria de Belém. Délices de pâte feuilletée garnie de crème aux oeufs dorée au four, à croquer tièdes saupoudrés de cannelle ou de sucre glace. Une douceur plus qu'appréciée par toute la famille puisque nous avons cédé à la tentation par trois fois en une semaine !
A Bélem, nous lions la Allisy Family & Seaview à un coeur en fer forgé rouge, une opération de soutien à une association contre les maladies cardiaques. Désormais, Seaview est ancré dans le quartier des explorateurs.
Nous retournons à Lisbonne avec les filles alors que Jules saute dans une voiture de location pour Porto. La marina vient de nous annoncer que le 1er colis de cours du Cned était arrivé. Les cours du Cned, c'est notre Arlésienne seawienne. Nous n'osons y croire après tant de déception concernant l'envoi du 2ème colis chez Maman à Paris. Ce 2ème colis n' a finalement jamais été envoyé après 7 coups de fil en 10 jours au Cned. La venue en express de Maman, qui nous réjouissait tant - un aller-retour de Maminou en avion sur 2 jours, bien mieux que le DHL- est tombée à l'eau. Pour la première fois depuis notre départ, l'ambiance est plombée sur le bateau.
Alors que Jules enfile courageusement 700km d'autoroute dans la journée, avec les filles nous arpentons les rues du Bahia et du Rossio et expérimentons l'elevator Santa Justa, ascenseur en fer forgé centenaire qui offre une vue sur les toits de la ville. Nous visitons le Musée de la Mode et du Design - déformation professionnelle - puis nous flânons dans les boutiques surannées du quartier. Camille et Manon investissent la rue Conceiçao où des merceries d'antan aux boiseries sombres proposent bobines, rubans et passementeries.
Notre coup de coeur revient au Couvent des Carmes dont la toitures a été entièrement soufflée par le tremblement de terre de 1755 laissant la nef à ciel ouvert. Le couvent abrite aussi le très intéressant musée archéologique qui propose des objets préhistoriques, des trésors romains et égyptiens comme deux impressionnantes momies qui ont époustouflé Camille et Manon.
Jules nous rejoint vers 17h, le colis du Cned est dans le coffre ! Nous fêtons cela lors d'une folle virée à bord du tramway n°28. Ballade urbaine de secousses et grincements, quarante minutes de panoramas sur la ville. Dans les ruelles étroites de Graça et de l'Alfama, le tram passe si près des immeubles que l'on pourrait presque décrocher le linge des fenêtres.
Enfin, je ne peux m'empêcher de partager un cliché du "RER A de mes rêves". Il existe !
Entre Cascais et Lisbonne, un train "de banlieue" rallie la côte de l'Estoril à la capitale en 30mn. C'est propre, on est assis, les voyageurs-travailleurs sont aimables et souriants et il offre une vue sur mer de bout en bout.
Une source d'inspiration pour les futures liaisons du Grand Paris ?
Cascais
Cascais est au Portugal ce que St Tropez est à la France. Pittoresque station balnéaire avec ses villas, ses ruelles (mention spéciale à la Rua des Navegantes), ses boutiques chics et ses placettes où il fait bon lézarder en sirotant en verre.
C'est notre point d'encrage sur la côte de l'Estoril pour visiter Lisbonne en attendant a livraison du matériel cassé et les cours du Cned de Manon. La ville est particulièrement agréable, on y apprécie son mouillage paisible - excepté le samedi où les bars rentrent en transe jusqu'à 3h du matin - l'architecture soignée, les ballades le long de la côte Atlantique en vélo et toutes les commodités à proximité. A commencer par un hypermarché - pratique pour l'avitaillement en un coup d'annexe. Plus d'un mois que nous n'avons pas mis les pieds dans le coeur névralgique de l'hyper-consommation (nous nous sommes approvisionnés ces dernières semaines dans les marchés, supérettes et "bouis bouis" locaux).Le retour à l'abondance de biens est une sensation assez étrange. Nous avons l'impression de rentrer dans un magma d'opulence en fusion. La facilité d'accès aux produits est assez grisante mais un sentiment de superflu prend rapidement le relai. Bienvenu dans le monde du "super".
Jules se dirige vers Phonehouse - repère bien connu - se procurer le sésame de 5Gigabites qui nous apportera davantage d'autonomie pour internet. Les filles courent au rayon fournitures scolaires pour compléter les broutilles manquantes. Au détour d'une tête de gondole, elles s'extasient devant les cahiers portugais qui ne comportent ni carreaux, ni marge mais de simples lignes. "C'est pas pratique pour écrire la date à 5 carreaux de la marge…" réplique Camille. De mon côté, cap sur le rayon des yaourts et je dois reconnaître que lorsqu'une allée de yaourts s'ouvre à moi, je trouve cela super.
Plaisir notoire de Cascais : les glaces de Santini, le glacier de la Cour de la Cour de Savoie et d'Espagne. Nous inventons chaque jour était un nouveau prétexte pour faire un détour par Santini.
Non loin de la Casa das Historicas, Musée des histoires et des dessins aux pyramides terracotta qui se sont vues décerner le Prix Pritzker 2011 (malheureusement en montage d'exposition lors de notre venue), Cascais propose un musée de la Mer particulièrement intéressant pour les enfants. Expo temporaire sur les mammifères marins et trésors de la côte, fossiles et belle collection d'espèces maritimes conservées dans le formol. "Le meilleur musée du monde !" selon Manon.
Cascais, c'est aussi le point de départ idéal pour sillonner la côte à vélo et découvrir les dunes de Guinco,18km dont neuf vent de face, Camille y a laissé ses muscles !
Pendant notre séjour, Cascais a préparé la fête des Lumières : créations et happenings artistiques dans la ville autour des illuminations auxquels nous avons participés la veille de notre départ. Quelques jours plus tard avait lieu la course de bateaux… , nous y serions bien restés mais il nous faut mettre le cap sur Madère, une dépression arrive sur l'Atlantique et nous avons rendez-vous avec l'équipage de Catapulte à Santo Porto. Celui de Siminoé, en escale à Rabat, devrait nous rejoindre dans quelque jours. Nous nous réjouissons de retrouver ces deux familles avec qui nous avons sympathisées pendant la formation médicale et chez Voile Sans Frontière.
Coïmbra et Nazaré
J’étais venue au Portugal il y a 25 ans avec mes parents et ma sœur et l’Université Coïmbra constituait, avec Nazaré et Evora, l’un de mes meilleurs souvenirs du pays.
La visite de la bibliothèque Joanina a tout autant conquis les filles. Camille cherchait en vain les chauve-souris qui, à l’époque, protégeaient les livres des insectes et notamment des mites (celles qui sont d’ailleurs mentionnées dans l’Obsession du Feu d’U. Eco).
Ensuite, cap sur la prison académique : les trublions et étudiants récalcitrants y séjournaient pour purger leurs peines disciplinaires jusqu’en 1832. Palpitant pour les enfants de se retrouver dans d’anciens cachots d’étudiants – d’autant que le hasard de nos visites nous a fait découvrir deux anciennes prisons à quelques jours d’intervalle (cf Centre national de la Photographie de Porto, ancienne prison de la cour d’appel). Et Camille de s’exclamer : « Y’a beaucoup de prisons au Portugal !! » en détalant, joviale, dans les couloirs exigus et sombre tandis que Manon joue les geôliers.
Erigée à partir du 13ème siècle, l’université qui connaît son âge d’or à partir du 16ème siècle, attire de nombreux étudiants étrangers et s’affirme rapidement comme La ville universitaire portugaise.
Mais ce que retiendront avant tout les filles, c’est la « cabe et betina » (cape et soutane). Eh oui, là encore, JKR a puisé son inspiration dans la culture portugaise. La légendaire cape noire d’Harry Potter vient de là ! Au Portugal, une longue cape noire recouvre les épaules des étudiants universitaires. Elle est complétée d’un costume avec cravate noire sur chemise blanche. Autrefois porté au quotidien, cet uniforme relève aujourd’hui davantage du folklore mais demeure obligatoire pour les cérémonies officielles de fin d’année. Nous avons croisé quelques étudiants qui l’arboraient fièrement mais nous nous sommes demandés si l’université ne les embauchait pas en job d’été pour faire de la figuration en plein mois d’août. La cape est traditionnellement tailladée dans le bas, formant des lambeaux de franges, qui correspondent aux désillusions amoureuses de sa/son propriétaire. A croire que les étudiants contemporains de Coïmbra ne vivent aucune déception amoureuse car pas une cape frangée en vue !
On clôture notre périple à Coïmbra par le Jardin Botanique, aménagé au 18ème siècle en complément de l’université de botanique. Arbustes tropicaux, allée de tilleuls et d’arbres rares, fontaines et cascades… avis aux romantiques.
Puis cap sur Nazaré, où là encore l’urbanisation a outrance a frappé, les cabanes à chourros ont détrôné les barques de pêcheurs.
On trace vers la plage del Norte qui fait rêver Jules avec ses vagues démesurées. Ce jour-là, 2 mètres shorebreak tout au plus - presque décevant - mais paysage grandiose : falaise vertigineuse et grotte sous terraine.
A la découverte de Porto
Porto donne l’image d’une belle endormie. De nombreuses bâtisses sont à l’abandon dans la vieille ville et sur les bords du Douro. Des propriétés, sans doute d’anciennes caves entièrement désertées, tombent en décrépitude – La nature reprend ses droits sur la ville - ce qui par ailleurs a réjouit mon objectif.
Depuis qu’il a été inscrit en 1996 au patrimoine de l’Unesco, le quartier de Ribeira (centre historique) – retrouve peu à peu ses charmes et ses couleurs. Cette ville, construite toute en étages, s’arpente à pied ou en tramway.
Nous avons marché, marché à Porto et Manon n’a pas bronché ;-) La ville a remis en service son tramway historique, un retour dans le temps, cinquante ans auparavant. Assises sur les banquettes en cuir d’époque, les filles avaient les yeux rivés sur la clochette reliée à une corde dansant sur toute la longueur du wagon et servant à signifier au conducteur un arrêt. Forcément bien plus ludique que le « arrêt demandé » constellé de diodes rouges de la RATP !
Après bien des détours dans les ruelles sinueuses et étroites de Porto, nous découvrons ses quais vertigineux – équipé d’un téléphérique bien plus moderne, c’en est décevant – ses églises baroques, ses maisons à encorbellement, son marché de Balhao construit autour d’un patio intérieur surplombé d’une mezzanine où l’on se restaure sur le pouce de Sardinhas et autres spécialités portugaises. Enfin, sans transition aucune, le Centre Portugais de la Photographie, qui a investi les murs épais de l’ancienne prison de la cour d’appel de Porto. Il présente des expositions temporaires mais surtout une impressionnante collection d’appareils photos (post à venir).
Sinon, deux visites ont particulièrement captivé les filles à Porto :
- Contre toute attente, la visite d’une cave.
La cave Churchill nous a ouvert ses portes et une super guide franco-portugaise a capté l'attention des filles sur les cépages, les vendanges à la main, le grain écrasé aux pieds, la fermentation, les techniques de conservation, les énormes tonneaux de 50 000l servant de lieu de stockage puis le vieillissement dans de plus petits tonneaux. Elles ont adoré et ont même participé du bout des lèvres à la dégustation.
- La librairie Lelo, véritable cathédrale du livre, parcourue d’étagères sculptées et de bois de stuc. Elle est considérée comme l’une des plus belles librairies au monde. L’auteur d’Harry Potter (qui a vécu trois années à Porto) s’en est inspirée pour l’écriture de son bestseller. Depuis, la foule abonde et l’entrée a même été rendue payante pour limiter les visiteurs (qui pour autant ne semblent pas être découragés) et permettre aux clients de continuer à consulter les livres… et à les acheter !
Baïona, sympathique étape avec des enfants
Force est de constater que Christophe Colomb et son équipage ont parcouru l'océan sur un bateau aussi rudimentaire que rustique, certes "joufflu" mais relativement court - 25m tout au plus - avec comme seuls outils de navigation : sextant, compas, cartes maritimes approximatives, les astres … et manifestement une bonne étoile.
Dire qu'il nous arrive aujourd'hui de nous plaindre des conditions de navigation avec notre VHF, AIS, i Pad, à grand renfort d'appli Anchor, de Marin Trafic et balise Dolink. Notre attirail technogeek nous semble soudain relever d'un caprice d'enfant gâté au regard de l'équipement spartiate de la Pinta. Enfant gâté, certainement, mais il faut aussi vivre avec son temps.
Paradoxe notoire : les hommes aux manoeuvres du gouvernail étaient courbés en deux - hauteur sous plafond trop réduite pour se tenir droit - et ne voyaient pas les voiles !!
Les filles ont été captivées par la visite. Manon s'exclamant sur le chemin du retour : "la visite de la Pinta, c'était génial, bien mieux que "ton" musée d'art moderne à Vigo, Mum!". Reste à (re)-visionner "1492" que nous avons embarqué à bord de Seaview.
Baiona est aussi une charmante bourgade balnéaire avec un vieux centre et ses ruelles de vieilles pierres baignées par le soleil.
Vigo aux deux visages
Centre ville très ramassé qui se parcoure d'une traite à pied en flânant dans les ruelles et en s'arrêtant Place de la Constitucion siroter une sangria.
Le Musée d'Art Contemporain vaut franchement le détour (post à venir).
La Galice
Ces quelques jours nous permettent de nous mettre à l’heure espagnole, décompresser après la traversée et vérifier le bateau après l’épisode de la fuite d’eau. Nous trouvons peu à peu notre rythme et la vie à bord s’organise.
Le bateau remis en état, nous décidons de louer une voiture pour découvrir la Galice par la terre.
Première halte à Saint Jacques de Compostelle, capitale spirituelle de la Galice. Un lieu de pèlerinage chargé d’émotions où se retrouvent chaque année quelques 200 000 « Jacquets ».
Puis, escale à la Cité de la Culture de Galice, inaugurée en 2011, qui nous a laissé un amère goût de mégalo musée fantôme. Designée par Peter Eisenman, l’édifice a la forme symbolique d’une gigantesque vague coupée en deux, censée évoquer la coquille – symbole de Saint Jacques de Compostelle. Le souci, c’est que la coquille est bien vide ! On ne peut s’empêcher de penser que la ville a compté rivaliser avec Bilbao sur ce projet pharaonique. Nous reprenons la route vers les Rias Atlas. Paysages grandioses et déchiquetés par la mer : collines boisées de pins et d’eucalyptus, falaises tombant à pic, chevaux (et vaches !) en liberté, plages sauvages. Un doux mélange du Cap Fréhel et de la Corse, les touristes en moins.
Le lendemain, nous enchainons sur la Costa de Morte, mythique, chargée de légendes en raison de sa dangerosité pour la navigation. On raconte qu’autrefois, les villageois agitaient des feux pour tromper les navires, les poussant au naufrage pour récupérer leurs chargements. Les paysages de la Costa de Morte se métamorphosent en un clin d’œil quand la brume se lève. Il pleut deux fois plus dans cette région que dans tout le reste de l’Espagne. La végétation y est luxuriante, elle dévoile un nuancier de verts époustouflant.
Coup de cœur pour la portion entre Camarinas et Camelle qui couvre le Cap Vilan et Area Trece : longues plages entrecoupées de pics rocheux. Nous y étions par temps calme, la mer était plate et pourtant les déferlantes sur les plages atteignaient 2,50m. On imagine ce que cela peut donner quand le vent se lève.
Nous continuons notre exploration de la Galice cette fois-ci sur Seaview en rejoignant le Cap Finistère puis la baie de Vigo (îles Cies). Nature oblige, pas de connexion internet pendant quelques jours, j’ai personnellement l’impression d’être en cure de désintox ; )
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