Secret of happyness

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Vu dans un café de Georges Town à Great Exumas en attendant que la dépression passe…
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Nav vers Turks & Caicos


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BY SO :

200 miles séparent les Jumentos (Bahamas) de Turks & Caicos où Laurence, Guillaume, Maximilien et Victor nous rejoignent le 22 avril. Même si nous aurons tout fait pour limiter les dégâts (météo anticipée, remontée plus au nord pour réduire l'angle du vent au près), il faudra faire avec des vents contraires. Le vent est plutôt modéré (15-20nds) mais la mer est courte, hâchée et de travers. Cette nav sera - pour ma part - l'une des pires que nous aurons vécue. Le bateau tape, les vagues claquent violemment sur les coques. Le festival des seaux bleus commencent. Nous tomberons tous, les uns après les autres, réduits à un état léthargique en position horizontale. Même Jules - pour la première fois du voyage - ne sera pas épargné. Je ne l'ai jamais vu dans un tel état en navigation. Ces 2 journées nous semblent une éternité et assurer les quarts devient une réelle épreuve. Me lever, vérifier l'état du bateau et assumer la vigie relève du défi. Dans la journée, j'arrive à peine à parler avec Jules et les filles, je reste prostrée, terrassée par le mal de mer et un mal de tête étourdissant. Pour une fois, je me sens réellement vulnérable à bord et l'idée de faire demi-tour me traverse l'esprit. Impossible, nous devons honorer notre RDV avec Laurence et Guillaume, mon filleul et son frère. La grippe de ces derniers jours semble finalement m'avoir bien affaiblie. Les filles se montrent bien plus vaillantes, elles s'auto-gèrent et parviennent même à faire du Cned - de leur propre initiative ! En mon for intérieur, je fulmine, je m'en veux d'être réduite à cet état d'inanité. Que de temps perdu sans pouvoir rien faire, moi qui comptais profiter de cette nav pour mettre à jour le blog et rattraper plus de trois semaines de non-communication. les vagues continuent de claquer et submergent le cockpit comme jamais. Le porte-clef qu'Agathe nous a offert illustre bien le propos : "Keep calm and carry on sailing". Je n'ose prendre un Stugeron, de peur de somnoler davantage, je dois essayer de tenir le cap. Côté estomacs, rien ne passe, c'est la diète pour l'équipage le premier jour; le second, on se contentera de pâtes natures. Même faire chauffer l'eau des pâtes me peine. Les Turks en provenance de Cuba, ça se mérite !
Lorsqu'on rentre dans le lagon turquoise des Turks, les eaux s'apaisent, nos estomacs aussi. En arrivant au mouillage, on aperçoit Tsaelou que nous avions quittés fin février à Barbuda. Des retrouvailles inattendues, de quoi nous mettre du baume au coeur. Malgré la fatigue, on improvise un apéro-bateau léger car Elisabeth et Gaël doivent lever l'ancre à l'aube avec leurs enfants. On se quitte en se donnant rendez-vous aux Açores mi-juin pour une grande fiesta bateaux-copains avant de "boucler la boucle".
Le lendemain, les forces reviennent. A terre, on se re-connecte et l'on parvient même à faire un FaceTime avec nos familles que nous n'avions eues depuis un mois. La re-connexion, que c'est bon !
En attendant le 22/04, on barbote dans les eaux vert jade en compagnie des tortues et des raies. Lolo&Guigui, vivement vendredi !

BY JULES :

Nous redoutions cette navigation car elle risquait de se faire avec le vent pile dans le nez. Et qui dit vent de face, dit 2 fois plus de distance à parcourir (il faut tirer des bords) et 3 fois plus de temps (c'est une allure plus lente). Heureusement, nous avons réussi à limiter cette navigation à un seul bord grâce à notre escapade aux Bahamas.
Le près, malgré les 8000 milles faits avec le bateau depuis notre départ, nous avions réussi à l'éviter en jouant avec la météo! Cette fois-ci, impossible d'y échapper totalement.
Nous voilà donc partis pour au moins 130 milles au près. Le problème, c'était que les 15/20 noeuds de vent étaient accompagnés d'une mer très courte: les vagues étaient très rapprochées les unes des autres. Le tangage (le bateau se penche d'avant en arrière) ne nous pas épargné. Pour soulager les efforts sur le bateau (et sur l'équipage), j'ai réduit la voilure en prenant 2 ris.
Heureusement, les prévisions météo se sont révélées exactes. Une fois passée l'île d'Acklins dans la nuit, le vent a repris quelques degrés vers le Nord et la houle s'est allongée: la navigation vers Providenciales est redevenue confortable, jusqu'à devenir un pur bonheur les deux dernières heures une fois rentré dans le lagon turquoise.
Que retenir de cette navigation?
-Après 15j à terre à visiter Cuba, nous nous sommes dé-amarinés. Nos corps n'étaient plus habitués à se faire chahuter et le mal de mer nous a tous terrassés. Pour moi, c'était une première. Mauvais souvenir.
-J'ai été agréablement surpris par les performances du bateau au près. Même avec cette mer très courte, un angle de vent à 60° et 2 ris, nous avons réussi à maintenir une vitesse moyenne de 7 noeuds. Et une fois arrivé, après ces 20h à jouer aux montagnes russes, j'ai fait un check complet du bateau (gréement et circuits techniques dans les cales): rien à signaler!

Maintenant, nous allons profiter des ces eaux magnifiques avec nos amis. Ces îles m'ont toujours fait rêver (le nom peut-être?). Et il semble même que l'île abrite un spot de kite fabuleux. A suivre.

Une photo du mouillage à notre arrivée…

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Funambule

Tentative (ratée) de "boat art" ou pub pour le recyclage du plastique ?
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Que neni.
=> Parcours de gymkhana pour rats cubains audacieux… aspirant au destin de Ratatouille.
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Main de fer dans gants de velours


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A moins que "mains de verre dans gants de jour" ne soit l'expression plus adaptée…

Depuis huit mois, les articulations de mes mains se crispent, gonflent, accrochent… Hisser la grand voile, wincher, remonter l'annexe, sortir et rentrer le genaker, Toutes les occasions sont bonnes pour mettre à l'épreuve nos articulations malgré le port de gants. Jules ne semble pas s'en plaindre mais, d'une manière générale, les marins ne s'épanchent pas sur leurs petits travers. Je ronge mon frein, use mes gants, ravale ma salive et finis par considérer que l'arthrite ou l'arthrose me gagne avant l'âge, envisageant de consulter à notre retour.
Un soir, alors que nous dînons avec Mimosa et Siminoe, Carine et Valérie évoquent des douleurs similaires récurrentes. Valérie, médecin, me rassure : les douleurs sont liées à une hyper-sollicitation des articulations. Tout devrait rentrer dans l'ordre lorsque le clavier aura détrôné le winch !
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Je choisis mon avenir !

Vu sur les murs de l'Alliance Française à Saint-Domingue ;)

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Les enfants des trois équipages Mimosa, Siminoe et Seaview - qui depuis neuf mois travaillent assidûment leurs cours du Cned - se précipitent sur l'affiche et cautionnent l'accroche !
A nous parents, l'avenir nous dira si nous avons fait le bon choix.

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Mère Denis congédiée

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Quatre mois que sur Seaview la machine à laver fait la grève du tambour. Ou plutôt qu'elle accuse un coup de pompe.
Heureusement "Génie sans frotter" est là ! (les marketeurs de Procter sont allés loin dans leur brainstorming. En réalité, comme pour la lampe d'Aladin, le Génie a besoin d'être frotté pour actionner ses pouvoirs magiques).
Mère Denis est donc heureuse de trouver des laveries… elle lui font l'effet d'une cure de jouvence puisqu'elle retrouve ses rituels d'étudiante.
20 ans que nous étions pas rentrés dans des laveries et bien, nous avons à présent notre dose pour les vingt années à venir.
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Les laveries automatiques sont de drôles d'endroits. Non seulement, il n'est pas rare de retrouver le short d'un inconnu dans ses affaires (quand ce n'est pas son slip !) mais on y fait des rencontres insolites. Un jour, alors que Jules pliait consciencieusement le linge de la tribu familiale, deux femmes d'une cinquantaine d'années se sont extasiées de son hyperactivité ménagère et lui ont fait sur le champ deux demandes en mariage. Les temps changent…
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Et comme il faut savoir vivre avec son temps - crise post-industrielle oblige - on congédie la Mère Denis car la machine à laver fonctionne à nouveau.
Sandrine & Christophe nous ont rapporté une nouvelle pompe de vidange dans leurs bagages. Myke Giver s'empresse de la remonter et ça marche !!!
Voilà donc Mère Denis partie avec l'eau du bain.
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Il paraît qu'on se tropicalise...

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Michel, Merry, Fredy de Sainte Lucie

Les boat boys* de Marigot Bay sont pour le moins étonnants. Notre amarre est à peine liée à une bouée que Michel nous accoste avec son annexe. Jovial, notre interlocuteur se présente en effet sous le nom de "Michel d'Oléron". Il nous interpelle d'un :
- "Hello my friends de Saint Malo, je suis Michel d'Oléron" (Seaview est immatriculé à St Malo, ce que l'on peut lire en toutes lettres sur la jupe arrière du bateau).
La bonhommie du gaillard nous fait sourire et nous engageons la conversation. Michel d'Oléron tentera de nous vendre quelques tortues colorées.

Le lendemain, nous sommes réveillés vers 6 heures par des chants reggae. Pensant qu'il s'agit d'un pêcheur enivré par le rhum de la veille, nous n'y prêtons pas attention. Lorsqu'on se lève (soit 30mn plus tard), un lutin du Père Noël, droit comme un i sur son paddle, arborant fièrement un bonnet rouge "Merry Christmas", vient nous rendre visite en chantant :
- "How do you feel in paradise?".
"Merry" - c'est ainsi que nous le surnommerons - est en fait livreur de pain et de bananes et par ailleurs excellent commerçant. Il nous ouvre une puis deux bananes, nous les tend en nous priant de la goûter :
- "Fruits of the Paradise !" et sort ensuite de sa valise posée sur le paddle quelques baguettes.
On craquera pour une baguette au petit dej.

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Dans l'après-midi, alors que nous rentrons d'une séance de snorckling avec Carine, Valentin et Simon, on aperçoit un boat boy en annexe au milieu de la baie, rentrant péniblement à la rame - bien qu'il soit équipé d'un moteur. On ralentit et on lui demande s'il a un problème et si on peut le dépanner. D'un large sourire, il nous répond tel Omar Sy :
- "No, thank you my friends, I don't need help, I need muscles !!!" puis il éclate de rire et frappe sa main sur son coeur en guise de remerciement.
On rentre au bateau et notre "Freddy" caribéen continue à pagayer en chantant.

* boat boys : c'est ainsi que l'on nomme les hommes qui accueillent les bateaux aux mouillages ou dans les marinas et proposent des services divers (amarrage, vente de fruits et légumes…)
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Happy Island

Qui n'a pas rêvé de disposer d'une île déserte dans un lagon ?
Aux Grenadines, c'est possible. Si votre bourse ne vous permet pas d'acquérir une île privée, une alternative fantasque et non-conformiste s'offre à vous : la construire vous-même !
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C'est l'initiative de l'heureux propriétaire d'Happy Island.
Alors que nous mouillons à Palm Island - autre île privée investie en partie par un groupe hôtelier haut de gamme - un avitaillement en fruits et légumes s'avère nécessaire. Palm Island étant dénuée de toute épicerie, nous nous dirigeons d'un saut d'annexe vers Union à 1 mille de là. Au retour, notre curiosité nous pousse à faire escale sur cet îlot, situé entre les deux îles.
Alors que nous amarrons l'annexe au ponton, le propriétaire - un rasta jovial - nous accueille d'un "Welcome on Happy Island, my friends" sur fond de reggae. Le ton est donné.
Il nous explique fièrement qu'il a bâti son île de tout pièce. La recette d'Happy Island est élémentaire : investir un banc de sable de quelques mètres carrés, retrousser ses manches, constituer un amas de conques, couler un peu de béton et ciment, chiner du matériel de recup, planter trois cocotiers et 14 ans plus tard, le résultat est là :
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Lorsqu'on demande à notre hôte s'il a dû s'enquérir d'une autorisation spéciale pour édifier son "monument" - c'est ainsi qu'il la qualifie - il nous répond allègrement que nenni… "Seule la nature pourrait me reprocher d'avoir construit Happy Island".
Le droit caribéen - ou plus exactement ce vide juridique - nous déconcerte mais quoiqu'il en soit, nous passons un happy moment et nos T-shirts "Sail more / Live slow" dénichés à Union semblent en parfaire harmonie avec l'esprit des lieux.
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Devise à Palm Island

Suggestion de message d'absence sur votre messagerie pro pour vos prochaines vacances :

"VACATIONS AT WORK"

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Vu sur les cocotiers de Palm Island.

L'île est une île hôtel, donc on ne peut que marcher le long de la côte sur une bande de quelques mètres. On a posé l'ancre à la pointe Nord Est dans le vert clair avec 4m de fond (attention aux cages!). Mais si le vent dépasse 10 noeuds, il vaut mieux préférer se réfugier davantage sous le vent.

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Cned Grenadines

On vous fait partager de belles images turquoises mais tous les matins de 8h30 à 13h, ça travaille dur sur Seaview.
Notre agenda scolaire ne connait ni samedi, ni dimanche mais se calque sur les excursions que nous réalisons. Les filles travaillent souvent 7 à 10 jours non stop et nous déclarons relâche une ou deux journées pour nous consacrer à de plus longues navigations ou à une randonnée.
Depuis cinq mois, Camille et Manon ont beaucoup gagné en autonomie. Les cours du Cned sont en général bien conçus, le niveau est assez élevé, surtout en langues. Toutes les 3 semaines, les filles réalisent une évaluation écrite ou orale par matière - évaluations que nous scannons et téléchargeons sur la plateforme du Cned. C'est là où, en revanche, le bas blesse. Le Cned n'a pas encore réellement basculé dans l'ère digitale. Leur site internet - très fréquemment en maintenance - nécessiterait une remise à plat totale dans son fond et sa forme. Chaque envoi de copie relève d'une épreuve subie par ailleurs par tous les bateaux-copains.
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Aux Tobago Cays, on expérimente les cours d'Anglais et d'Allemand niveau 5ème, à deux ou trois, avec Noémie et Anaïs. Les filles sont déposées en annexe "school bus" le matin sur Seaview et c'est parti pour un cours d'Anglais. J'endosse avec plaisir le rôle du prof. Et ce jour-là, quel cours d'Anglais !
La leçon porte sur "Comment postuler à un emploi" avec le vocabulaire dédié "professional skills & acivities", "personal qualities"…
Ambitieux pour un programme de 5ème mais on ne se décourage pas et je prends mon rôle très au sérieux. Le Cned demande d'étudier l'offre de la Redmoor Clinic qui recherche un "Plastic Surgeon" (chirurgien plastique !). L'annonce explore le champ lexical de la chirurgie esthétique et je me retrouve à expliquer à trois jeunes filles de 12 ans ce qu'est une "liposuction", un "face lift" ou une "breast augmentation". Le cours tourne au sketch mimé et au fou rire collectif, ce qui ne manque pas d'alléger l'intitulé académique de la leçon : " Je mobilise des stratégies de compréhension écrite pour comprendre un texte" et "j'apprends à lire les offres d'emploi et à remplir un formulaire de demande d'emploi".
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"Bus-annexe scolaire" version Tobago Cays

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Billet d'humeur

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Radio Ponton Transat Aller

Comme nous l'avions fait après un mois à bord de Seaview, l’équipage s’est livré à un radio-ponton (exercice de style que nous avons découvert auprès de la famille Nieutin dans leur livre « Prêts pour partir », ouvrage qui nous a fait rêver et nous a inspirés).


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Qu'est-ce qui t'a le plus surpris durant cette traversée ?
Camille : « Au début, je croyais que ça allait beaucoup bouger, comme pour la traversée du Golfe de Gascogne, mais finalement ça remuait à peine."
Manon : «Réussir à pêcher 3 daurades d'affilée ! Ne pas voir le temps passer et ne pas avoir été malade du tout. Avant de partir, Papa nous avait prévenues que ça allait bouger un peu et qu'il y aurait de la houle mais en fait, c'était vraiment tranquille".
Daniel : "Incontestablement le fait que les filles se mettent à leur CNED tous les matins comme si elles partaient pour l'école. Je ne suis pas sûr que cela aurait été le cas à bord d'un monocoque…"
So : "Je n'imaginais pas qu'une transat pouvait être si paisible. Si j'avais su, j'aurais signé avant !"
Jules : "Je ne pensais pas que l'on pouvait avoir 4 jours de calme en plein milieu de l'océan pendant les alizés."

As-tu trouvé le temps long?
Camille : «Non, mais j'avais quand même hâte d'être arrivée".
Manon : «Avant le départ, je pensais que ça allait être super long mais finalement, dès le premier jour, on était amariné et on a fait des activités, alors c'est passé vite. Mais les deux derniers jours, j'étais quand même impatiente d'arriver."
Daniel : "Couçi couça mais j'avais emporté du travail avec moi !"
So : «Non, j'aurais même voulu suspendre le temps".
Jules : "Oui quand on est englué dans une zone de calme. Non quand on surfe la houle (record à 15,5nds)".

Pendant cette traversée, quel(s) moment(s) as-tu préféré(s)?
Camille : «Préparer le bal des pirates et l'évaluation de solfège de Papy, jouer à la bataille navale".
Manon : «Lorsqu'on a aperçu des globicéphales près du bateau".
Daniel : "Les leçons de solfège que m'a données Camille. Très bon professeur, un peu trop indulgent peut-être…"
So : "La lumière sur l'Océan, les quarts de nuit, le ciel étoilé, jouer du piano au milieu de l'Atlantique…"
Jules : "Plonger pour voir le bleu intense des profondeurs."

Au contraire, quel (s) moment(s) as-tu le moins apprécié(s)?
Camille : «Quand je faisais la vaisselle…"
Manon : «Quand je faisais le CNED…"
Daniel : "Les mouvements d'un cata dans la mer croisée : j'avais quelquefois l'impression de me trouver debout dans une rame de métro et dans un virage. "
So : «Quand la porte vitrée, dont la sécurité était mal enclenchée, s'est brutalement refermée sur mon genou dans un creux de houle… J'ai décidément du mal avec cette porte vitrée !"
Jules : "Je me répète: la zone de vent calme!".

Qu’est-ce qui t'a manqué le plus pendant 15 jours ?
Camille : «Rien"
Manon : "Ne pas pouvoir faire trop de gymnastique".
Daniel : "Ma doudou"
So : "De ne pouvoir s'adresser de vive voix à nos proches pour partager en live ces moments d'exception. Un SMS Irridium de 150 caractères exige la concision !"
Jules : "Un spi symétrique pour naviguer encore plus confortablement au vent arrière."

Qu’est-ce qui t'a énervé(e) ?
Camille : «Manon qui n'essuyait pas la vaisselle une fois que je l'avais lavée…" (en off : "Camille, la question ne porte pas sur "Qui est-ce qui… mais sur Qu'est-ce qui…". Réponse spontanée : "C'est pas grave, c'est ça qui m'a énervée…"
Manon : "Rien"
Daniel : " Toutes les fois où j'entendais les mots Ketchup et Nutella, j'avais envie de sortir mon revolver."
So : "En l'espace de 10 minutes, me faire bizuter à deux reprises par la boite de farine, qui - contrariée par la gîte du bateau - s'est négligemment déversée sur moi alors que j'ouvrai le four en contrebas. La première fois, j'ai éclaté de rire. La deuxième fois, c'était digne d'un mauvais épisode de Benny Hill (quoiqu'ils soient tous mauvais…)."
Jules : "De m'apercevoir que le rosé qui nous restait était un peu passé après la chaleur du Siné Saloum".

As-tu une anecdote à partager ?
Camille : «Une nuit, j'ai fait un petit bout de quart. Le ciel était très étoilé et pour la première fois de ma vie, j'ai vu des étoiles filantes et du plancton phosphorescent".
Manon : «Comme on avait du temps, avec Cams (=Camille), on a réussi à cuisiner deux gâteaux dans la même journée. Un record !
Daniel : "La séance de "gueuloir" -non c'était pas Flaubert- avec les filles sur le trampoline où j'ai cru que Manon allait se casser la voix.Le voilier qui était juste devant nous au milieu de l' Atlantique et que je n'ai vu qu'à 1 mille de distance à l'AIS."
So : «La daurade de 1m a eu raison de moi. Le lendemain de sa prise, je me suis réveillée avec des courbatures dans les bras. Remonter la bête au moulinet sur 50/60 mètres, alors que le bateau avance, relève d'une séance sportive. Qui a dit que la pêche était une discipline "pépère"?" ("mémère" serait d'ailleurs plus adapté au contexte)
Jules : "L'émerveillement de Camille et Manon quand elles ont découvert le plancton phosphorescent dans le sillage du bateau (elles ont chacune fait un bout de quart avec moi la nuit)."

Et si c'était à refaire ?
Camille : «Oui, je le referai exactement dans les mêmes conditions".
Manon : «Je dis oui, à une condition : je m'informe pour savoir si ce sera aussi calme que lors de cette traversée."
Daniel : "Je le referai dans le même sens. Et de préférence avec un spi, parce que 2000 milles avec le gennaker en ciseau… Heureusement que le pilote automatique a vraiment assuré."
So : "Partante avec une condition préalable : compter 3 marins (expérimentés) à bord… Et sinon, le Pacifique, c'est 30 jours de traversée, c'est ça ?"
Jules : "La même avec 20nds orientés à 150° tout du long".

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On prépare le bateau ... et Noël

Notre escale à Mindelo est placée sous le signe des préparatifs de la transat. Sur les pontons de la marina, plusieurs bateaux sont en ébullition. On s'affaire, on bricole, on avitaille… Néanmoins, on ne coupe pas aux traditions de l'Avent auxquelles les filles sont attachées.
Atelier couture pour confectionner un calendrier.
Et l'on ne vous cachera pas que pour une fois, on savoure le mois de décembre sous le soleil !

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No stress Island

Boa Vista s'affiche comme l'île du NO STRESS.
Etales, souvenirs, bracelets sont à l'effigie de la Zen Attitude. Ici, on fait le plein de "coolitude" et de nonchalance et on en redemande !
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Télécoms Sénégal

Le Sénégal est très loin de nos standards… Culture, écologie, démographie, religion, richesse…
Mais le téléphone portable est partout.

Au fin fond du Sine Saloum, il n'y a bien sûr pas de réseau électrique. Les villages les mieux lotis ont des panneaux solaires qui alimentent quelques prises. Et ces prises sont alors monopolisées par une télé (avec Canal+ Sport!) et des téléphones portables. Dans chaque village, Il suffit de demander une carte de recharge pour qu'une personne vous en amène une dans les 5 minutes. A Dakar, elles sont même vendues dans la rue aux carrefours par des vendeurs ambulants.
Ce développement, comme dans beaucoup de pays, s'expliquent par l'absence de réseau téléphonique filaire développé. Le téléphone portable a ainsi rendu inutile l'extension des réseaux filaires.

Ici, le mobile sert même à des tableaux :)
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Alors qu'en france, on cherche à dissimuler les antennes relais dans les clochers des églises ou derrière des pergolas sur le toit des immeubles, ici, on les dissimule dans des faux palmiers (île de Gorée). Fou rire garanti quand on passe juste à côté et que l'on découvre un porte dans le palmier (pour accéder à un escalier à l'intérieur).

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Douche Sprite

Restrictions obligent sur Seaview pendant nos dix jours dans le Saloum.
Restriction d'énergie (nous avons du mal à recharger les batteries avec les panneaux solaires qui malheureusement ne jouent pas les tournesols!) et restriction conséquente d'eau douce.
Au départ de Dakar, à quelques miles de la baie de Hann, on recharge les réservoirs à bloc grâce au dessal' (= dessalanisateur), avons par ailleurs 100 litres d'eau dans des jerricans par sécurité et quelques 30 litres d'eau minérale en bouteilles. Pendant la traversée, le dessal' tourne à plein régime, tous les récipients du bateau sont réquisitionnés- même les seaux bleus ;-)
On improvise une douche sur le trampoline avec l'eau des sauts, nous avons conscience que nous serons en restriction les huit prochains jours car l'utilisation du dessal' dans l'eau saumâtre est vivement décommandée (risque d'encrassage des filtres). Voiles Sans Frontières nous a avertis qu'il n'y aurait aucune possibilité de refaire de l'eau dans les villages du Saloum.
Nous allons donc essayer de tenir avec nos 530 litres d'eau.
530 litres d'eau douce pour 6 personnes pour 9 jours, on pourrait croire que c'est "Niagara", détrompez-vous !
Dès le 3ème jour, le quart des réservoir est consommé, nous passons donc au plan "Douche Sprite" !

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En quoi cela consiste ?
A se doucher avec une bouteille de Sprite de 1,5 litres pour maîtriser sa consommation. Je vous l'accorde, on aurait pu choisir une bouteille d'eau minérale mais Bernard, Camille et Manon ont jeté leur dévolu sur la bouteille de Sprite ! La douche Sprite se révèle ludique pour les filles, ça tombe bien car elle sera d'actualité pour le restant de notre séjour dans le Saloum. Seul Jules - et finalement Bernard, depuis hier - se baignent dans le fleuve, la piqûre de méduse dont Manon a hérité sur le visage et le corps nous a bien découragés.
Au fur et à mesure que les jours passent, nos réserves s'amenuisent. Les villageois se mettent en quatre pour nous trouver la seule bouteille de 10 litres d'eau de source du village.
Des Sénégalais qui cherchent de l'eau douce pour des "toubabs", le monde à l'envers.
Bienvenue à Diogane !

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Pigeons voyageurs

Ibé, le fils du chef du village, Omar, le Directeur de l'école et Salif, le fils de l'Imam nous convient à la case commune au bord du Saloum. Une case traditionnelle, agencée de quelques bancs, jerricans-tabourets (dernière création des frère Bourroulec locaux), guirlandes de coquillages et d'une … TV ! Une dizaine d'hommes - jeunes et moins jeunes - se réunissent quotidiennement devant l'écran pour assister aux matchs de foot, en français. Eh oui, Canal + Sport émet dans le Saloum ; )
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Nos hôtes nous invitent à quelques mètres de la case pour manger de la coco fraîche et boire du thé et nous échangeons sur le village, les coutumes sérères.
Le fils du chef du village nous explique que l'islam autorise la polygamie : "Un homme peut avoir jusqu'à 4 femmes…" Le sujet est sensible pour la féministe que je suis. Je demande à Ibé comment se passe la co-habitation entre épouses et enfants au sein d'un même foyer. Sa première réponse est enthousiaste, il m'assure que tout ce petit monde co-habite en paix puisqu'il fait partie d'une même famille. Puis, il se ravise et précise qu'en ville, les hommes aisés ont recours à plusieurs logis pour éviter les conflits. C'est alors qu'Omar, Directeur de l'école, un homme cultivé, volontaire et plein d'humour ajoute : "et c'est ainsi que les hommes deviennent des pigeons voyageurs…"
Camille, assise sur les genoux de Julien, ne perd pas une miette de notre conversation et demande très naturellement :
- " Et les femmes, elles ont droit à combien de maris ?"
Eclats de rire général. Nos hôtes relève la pertinence de la question et lui répondent :
- "Un seul, la femme n'a le droit qu'à un seul mari…"
-"C'est pas juste…" nous confiera Camille en aparté, sur le chemin du retour. On lui explique que c'est ainsi dans la religion musulmane et qu'en effet, pour nous Européens, cela peut paraître vraiment surprenant.


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Projet de vie

Nous ressortons du Castillo Santa Barbara ( je vois d'ici s'esquisser un rictus chez la Génération 70/80. Non, bien sûr, pas celui de Kelly Capwell mais celui qui abrite le musée des Pirates à Téguise), quand Camille nous alpague espiègle et déterminée - comme elle en a l'habitude.
- "eh bien moi, plus tard, je serai pirate… Je serai gentille pirate!…"
Et nous de lui demander :
- "Ah oui, et qu'est-ce qui t'intéresse dans la vie de pirate ? "
- "Je combattrai les méchants et serai immortelle, j'aurai un trois mâts et je ferai la sieste dans le poste de vigie… je monterai aux échelles de corde, j'aurai un perroquet et je serai pirate-plongeuse professionnelle pour aller chercher les trésors sous la mer. Et puis aussi, je collectionnerai les dents de requins…"

Tout un programme !
Début septembre, le Cned nous demandait de remplir plusieurs feuillets d'informations destinées aux professeurs et correcteurs. L'une des questions posées m'avait laissée particulièrement dubitative : "Votre enfant a -t-il formulé un projet de vie ? "
La demande me semblait prématurée pour un enfant de 8 ans et demi et j'étais passée à la question suivante. Désormais, je saurai quoi répondre concernant le "projet de vie" de notre cadette - n'en déplaise au politiquement correct.

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Radio ponton

Après un mois passé sur Seaview, l’équipage s’est livré à un radio-ponton. Exercice de style que nous avons découvert auprès de la famille Nieutin dans leur livre « Prêts pour partir », ouvrage qui nous a fait rêver et nous a inspirés.

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Depuis un mois que nous sommes sur Seaview, quel (s) moment(s) as-tu préféré(s)?
Camille : « Quand on a vu les petits dauphins qui sautaient haut pendant la traversée vers Madère. L’excursion en masque et tuba dans les rochers à l’ensanada de Bara (Ria de Vigo)»
Manon : « Pendant la traversée de Lisbonne à Madère, lorsqu’on a vu une vingtaine de dauphins et deux petites tortues et les jeux gonflables sur l’eau à Cascais »
So : « Après 2 jours et demi de traversée du Golfe de Gascogne, apercevoir La Corogne en sortant la tête des cales où nous écopions, suite à l’épisode de la fuite d’eau ou bien apprécier le lever du soleil à l’aube en navigation ».
Jules : «Le premier pied à terre à la Corogne pour finir d’amarrer Seaview. Cela signifiait que nous étions partis de la Rochelle après tous ces mois de préparation et que notre première traversée de plusieurs jours s’était bien déroulée. Et bien sûr, le kite à Guincho.»

Au contraire, quel (s) moment(s) as-tu le moins appréciés?
Camille : «Sans hésiter, quand j’ai vomi 5 fois d’affilée lors de la navigation vers le Cap Finistère, j’avais très mal au coeur »
Manon : « la traversée vers Cascais quand le bateau bougeait beaucoup, parce qu’on ne pouvait rien faire et qu’on avait mal au coeur»
So : « La 1ere fois que la sous-barbe a lâché par 25 nœuds de vent, brisant le bout-dehors et laissant le gennaker battre la chamade en plein vent. L’arrivée au port de Cascais dans une place ridiculement petite toujours par force 5/6 et la sentence du Cned concernant le 2ème colis. »
Jules : « Sans doute la navigation entre Porto et Figueira da Foz : une nouvelle fois sans vent et en plus dans le brouillard. Donc tout au moteur avec vigilance permanente au radar. Ou alors quand le gennaker s’est fait la malle.»

Parmi les lieux où nous sommes allés ou parmi les endroits que nous avons visités, quel est/sont celui/ceux que tu as préféré(s)?
Camille : «Cascais, c’était très joli et on a fait plein de trucs cool, le musée de la Mer à Cascais, et Ensenada de Barra où on a fait du paddle»
Manon : «Ensenada de Barra quand on est allé pêcher dans les rochers »
So : «La plage d’Area de Trece en Galice, la ballade en paddle à Ensenada de Barra, le couvent à ciel ouvert des Carmes à Lisbonne»
Jules : «La côte sauvage au Nord de Nazaré et la plage de Guincho.»

Y a-t-il un endroit où tu ne retournerais pas?
Personne n’a réussi à répondre. C’est bon signe.

Qu’est-ce qui te manque le plus depuis un mois?
Camille : «Mes copines et mes copains, ma famille et la maison, surtout ma chambre»
Manon : « La famille, mes ami(e)s et la gymnastique»
So : « Une bonne connexion internet avec un débit suffisant pour faire un skype et envoyer des mails à nos proches quand bon nous semble , être « limitée » dans l’envoi des SMS»
Jules : «Une connexion internet qui permet d’afficher une page web en moins de 2 minutes ou de faire un skype. »

Qu’est-ce qui t’énerve le plus à bord?
Camille : «Faire attention tout le temps à la consommation d’eau (NDR : et encore, on a passé beaucoup de temps dans les ports…)
Manon : «Faut pas rester trois heures sous la douche…. »
So : «En nav, les filets des pêcheurs et les cargots qui ne répondent pas aux appels VHF la nuit et vous obligent à vous dérouter »
Jules : «Quand les filles se disputent. C’est encore plus vrai en bateau du fait de la promiscuité permanente. »

Qu’est-ce qui est particulièrement nouveau dans ton quotidien?
Camille : «Faire des cours d’anglais sur mon iPad, être sur la mer tout le temps et me baigner presque tous les jours»
Manon : «Faire la vaisselle (sincèrement, j’aime pas faire la vaisselle !!!!!) et voir souvent des dauphins. »
So : «Chronométrer le temps passé sous la douche»
Jules : «Vérifier sans cesse le niveau de charge de nos batteries et de nos réserves d’eau. »

Qu’as-tu fait de plus inhabituel depuis un mois?
Camille : « Voir un marlin nager à la surface et une petite tortue, et aussi voir des petits dauphins qui sautaient très haut»
Manon : «Pêcher des étoiles de mer, voir des dauphins et se baigner presque tous les jours »
So : « Retenir 70m2 de voile par 25 nœuds pour éviter que le gennaker ne passe à l’eau. Appeler le Cned, expliquer pour la nième fois que nous sommes en itinérance et m’entendre dire au bout du fil : « ah mais vous êtes des gens du voyage… - ce qui bien considéré n’est pas totalement faux. Ou encore envoyer, en plein Atlantique, à ma famille un message par téléphone satellite pour leur souhaiter un bon déjeuner dominical tous ensemble.»
Jules : «Démonter le déclencheur de la pompe de douche. Prendre l’annexe pour aller chercher du pain.»
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Anecdotes des services publics français

Episode 1: Colissimo International
Partis le 9 août de la Rochelle, il manquait quelques jours pour recevoir les cours du CNED de Manon. Pas de problème: mon père et Françoise acceptent de convertir leur ferme en société de domiciliation le temps d'un mois d'été pour recevoir le colis, et ils nous renverront le colis à une marina. Sitôt reçu, sitôt défini pour le renvoi: ce sera à la marina de Porto dans laquelle nous prévoyons d'être dans 10 jours. Cela laisse de la marge par rapport aux 4 jours annoncés. A postériori, pas assez…

Clissimo

Le plus rageant reste de se connecter à l'interface de suivi chaque jour pour assister à la grande cavalcade de notre colis, qui sera donc passé trois fois par le centre export. Et à chaque connexion, on refait nos plans: "alors, s'il arrive après-demain, aujourd'hui nous faisons…, demain… et on part ….". Au bout de quelques jours et noeuds au cerveau, c'est décidé: on part et je reviendrai chercher le colis d'un autre endroit en voiture (c'est fou comme la voiture rapproche deux endroits par rapport au bateau -on oublie vite). La Poste ne va quand même pas dicter notre programme!
Le colis arrivera finalement le 9 septembre, soit 23 jours après l'expédition. No comment.

Episode 2: le CNED
Je ne parlerai pas des heures passées avec eux au téléphone depuis le printemps pour essayer de comprendre le fonctionnement. Sophie y reviendra sans doute plus tard car cela mérite un post à part entière.
Suite à nos soucis avec Colissimo, on rappelle le CNED pour essayer de se faire renvoyer les cours. Miracle: ils acceptent sans souci et nous annonce qu'un nouveau colis part de Rouen en fin de semaine (nous étions mercredi). Pour assurer et pour joindre l'utile à l'agréable, on propose à Chantal de venir nous rejoindre pour quelques jours à Lisbonne dès qu'elle aura reçu les précieux cours (à priori donc mardi, mercredi ou jeudi). Mardi, on veut se rassurer en rappelant le CNED qui nous confirme que le colis est bien parti. Mercredi, on commence à se lasser. Jeudi, on insiste et la réalité tant redoutée tombe: "ah bien non, le colis n'est pas encore parti. Où souhaitez-vous qu'on l'envoie?". L'ambiance est en berne: on ne peut plus attendre car il faut partir samedi pour Madère (pour éviter une dépression qui nous obligerait à rester une semaine de plus à Lisbonne) et Chantal ne peut donc plus venir. Lot de consolation: on reçoit un email de la marina de Porto qui a reçu le 1er colis (celui du dessus). Au programme donc du lendemain, 700km pour aller chercher ces p… de cours.

Les leçons
-Ne jamais faire confiance à Colissimo International. Ce n'est pas notre première mésaventure avec eux.
-Si vous projetez de faire le même type de voyage que nous, ne partez pas sans les cours, ou prévoyez bien avant que quelqu'un vous les amène en vous rendant visite mi-septembre.


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Quand la sous-barbe nous rase...

Ce que ne montre pas la vidéo sur la nav entre Peniche et Cascais, c'est la dernière heure de nav' à quelques miles du port de Cascais : vent bien établi à 15-18 noeuds, forcissant. Puis rafales à 25 noeuds, vent à 90°, la sous-barbe qui se rompt violemment, le gennaker qui part à vau-l'eau et le bateau qui opère un écart radical. A deux, nous sommes difficilement parvenus à maîtriser la voile déchainée et à la ramener à bord. Nous étions certes non loin du port mais entourés par 3 cargos au mouillage dans un périmètre de 300/400 mètres… C'est fou comme on se sent tout petit par rapport à ces brontosaures des mers.

Rassurer les filles, gérer les rafales, tirer de toutes mes forces sur ce foutu gennaker, veiller sur mon homme et éviter de passer à l'eau. Le vent était tel qu'en rabattant la voile de 70 m2, j'avais quelques chances de me faire éjecter d'une soufflante. Pour la première fois de ma vie, j'ai regretté de ne pas peser plus lourd! Jules réussit à dompter l'animal sauvage. Nous improvisons une technique qui semble faire ses preuves : Jules tire sur la voile pour la rabattre et je saute dessus pour la plaquer au sol et éviter qu'elle ne reparte dans une course folle. Lorsque l'intégralité de la toile est ramenée à bord, j'ai le souvenir d'être partie dans un fou-rire nerveux, cramponnée en étoile de mer sur cet amas de toile dissipée pour éviter qu'elle ne reparte en cavalcade. A ce moment précis, j'étais soulagée mais aussi habitée par un "mais qu'est-ce qu'on est venu faire dans cette galèèèèree !!….
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C'est la rentrée !

Nous sommes mardi 1er septembre et sur Seaview aussi, aujourd'hui, c'est la rentrée !
Une rentrée un peu spéciale, sans cartable, ni cloche qui sonne la fin de la récré, sans copains et copines pour se raconter les vacances et chahuter.


Et pourtant, rentrée quand même. Même si les cours du Cned de Manon sont retenus en otage par La Poste depuis plus de 2 semaines. Colissimo International organise un nouveau jeu du chat et de la souris entre son centre de tri et sa plateforme export : 3 aller-retour en 16 jours sans jamais franchir la frontière.
Nous n'avons pas la même notion de l'international.
Après deux réclamations par mail et l'une en guichet (Merci Daniel), 20 tentatives de connexion sur le site de Colissimo… Rien ne bouge.
Nous n'avons pas la même notion du service clients.
De surcroît, le site du Cned, qui propose le téléchargement des cours, est hors service depuis plusieurs jours. Sachant que trouver une bonne connexion internet relève quotidiennement du défi dans notre périple, le sujet "Cours du Cned 5ème" - après nous avoir échauffé - commence à nous crisper.
Ultime coup de fil ce matin au Cned, qui a l'élégance de nous renvoyer gracieusement les manuels à Paris. Cours que nous feront ensuite acheminer par DHL, à Lisbonne ou Madère, suivant le délai d'acheminement du Cned qui transite par … Colissimo. No comment, on aimerait éviter que le chat ne se morde la queue.
Bref, on est sur la bonne voix, ce qui nous rend gais comme des pinçons et réjouit Manon qui ne demande qu'à plancher. Le comble.
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En attendant, si on résume : Camille a réceptionné son carton de cours de CM1 et Manon rien.
Question du jour : Comment occuper intelligemment une jeune fille de onze ans pendant quelques jours le temps de réceptionner ses cours de 5ème?
Sachant que :
1- impossible de mettre la cadette au boulot alors que l'ainée lézarde sur le trampo, bouquine, pêche et joue sur l'ipad
2- pas l'ombre d'une librairie internationale à Figueira
3- impossible de se faire livrer en 48h chrono une commande sur Amazone, pour les raisons évoquées ci-dessus.
4- les deux profs par intérim sont plein de bonne volonté mais débutants sur le niveau de 5ème, donc impro limitée.

Réponses : Bescherelle et le Grec ancien !!
Quelle lumineuse idée avons-nous eue d'embarquer la collection complète des Bescherelle : conjugaison, orthographe, rédaction. Trilogie incontournable en passe de détrôner le dernier P. Hawkins en cette période de rentrée. S' ils ne figurent pas encore sur les étagères de la bibliothèque familiale, offrez-les à vos enfants, ils vont nous adorer. Eh bien Manon s'est plongée dedans sans trop rechigner.
Pour varier les plaisirs - n'en déplaise à notre Ministre de l'Education - Manon étudiera cette année le Grec ancien. Le Grec ne faisant pas partie des options proposées par le Cned, notre amie Gwénaëlle, Prof. de Lettre classiques, nous a conseillé avant de partir manuel et cahier d'entrainement. Voilà un joli présent. La première leçon a consisté à l'apprentissage ludique de l'alphabet - que de bons souvenirs, j'avais soudainement 13 ans sur les bancs du collège avec Marie, assistant aux excellents cours de Grec de Madame Moreau (Marie, tu l'embrasseras pour moi). A la fin de l'après-midi, Manon, frétillante, nous écrivait des petits mots en Grec. L'ingénue avait débauché sa soeur en messager d'Athènes pour nous faire parvenir en lettre grecques : ¨pourrait-on regarder un film sur l'iPad ce soir, s'il vous plaît" alors que la veille, elle avait été punie d'écran pour deux jours.
J'avoue avoir esquissé un rictus à la lecture du mot, réalisant le choc des cultures entre le monde de Steve Jobs et celui de Platon. Chacun sa caverne.
Première satisfaction en tant qu'élève et en tant que prof, pourvu que ça dure.
Pour agrémenter le planning de Manon, cours d'Anglais en mp3 et lecture d'une bonne encyclopédie ayant résisté à l'ère numérique. Let's study, Darling !

Au programme aujourd'hui pour Camille : révision des tables, puis cours de Maths avec Jules et Français. Les cours du Cned ont l'air vraiment bien réalisés. Par matière, compter : un manuel pour l'élève, un cahier d'exercices, un livret d'accompagnement pour les parents et le cas échéant, des supports audio. Neuf matières à traiter dans l'année, des évaluations à renvoyer, des corrigés. Tout un programme, vive la rentrée !

Et après deux heures de cours, récréation sportive à l'avant de Seaview, avant de reprendre dans la bonne humeur.
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Ultime satisfaction ce soir en tentant une nouvelle fois de capter une connexion : l'un des étudiants, à qui j'enseignais des cours de Marketing et Communication cette année, en parallèle de mon activité, m'adresse un sympathique mail de remerciements précisant qu'il a obtenu 20/20 à l'examen du BA.
Gageons que nos quatre heures de cours 6J/7J donneront de fructueux résultats. Et si Camille et Manon nous témoignaient autant de reconnaissance à la fin de l'année, nous serions des parents-profs comblés.

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Intimité

L'intimité est rare sur un bateau, donc précieuse. Le catamaran nous permet d'"agencer" l'espace de vie : la coque des parents, celle des enfants et la pièce à vivre (carré ouvert sur cockpit) au centre. Les trampolines à l'avant servant de cours de récrée pendant les nav'.

Nous avons passé une partie de la journée à déambuler dans les ruelles colorées de Porto et sommes rentrés apprêter Seaview pour la navigation du lendemain. Les filles et Jules s'échappent quelques temps à la Capitainerie pour tenter de capter une connexion internet "durable". Objectif ce soir : mettre en ligne les vidéos du blog. J'achève du riz au lait et une quiche lorraine en prévision du lendemain - alternative appréciée à notre régime de nav' pâtes/riz/semoule.

La marina nous a concédé depuis 3 jours une large place sur un ponton extérieur ouvrant sur le Douro. Seule la partie intérieure est occupée, ce qui nous offre un panorama à 180° sur le fleuve. Très peu de vis à vis à l'exception d'un tête à tête avec un navire de la Policia, dont l'équipage semble avoir déserté le temps de l'été. Le soleil décline, baigne carré et cockpit d'une douce lumière et teinte la vallée de couleurs chaudes. Je compte bien profiter de ce moment seule pour faire une courte séance de yoga à l'avant du bateau. Ce que j'appelle, "me mettre dans ma bulle", une ouate de lâcher prise capable de me régénèrer et de mieux absorber les petites tensions liées aux crêpages de chignons des filles, aux cours du CNED de Manon qui n'arrivent pas et à cette foutue connexion internet qui rame-rame et finit toujours pas nous échapper.
Soudain seule, j'apprécie très égoïstement ce moment. Je m'apprête à sortir mon tapis lorsqu'une imposante masse sombre attire mon attention dans l'estuaire du Douro. Elle progresse lentement, majestueusement - protocole royal oblige - puisqu'elle répond au nom de "Queen Isabel". Sa présence à l'embouchure du Douro m'interpelle : un si gros bateau de croisière (120/140 mètres de long / 30-40 mètres de haut) ne peut remonter la Vallée du Douro. Mais quel intérêt d'avoir manoeuvré dans la passe étroite de l'estuaire pour faire demi-tour ici? Impossible par ailleurs d'accueillir un tel navire dans la marina, grande comme un mouchoir de poche. Alors que je m'interroge, Sa Majesté continue sa progression souveraine, elle se situe à présent à moins de dix mètres de la coque tribord de Seaview. L'activité de l'équipage me confirme qu'ils s'apprêtent à accoster sur la partie extérieure du ponton, soit à 2 mètres de nous, le ponton faisant office de garde rapprochée. En guide de jupon, Queen Isabel dévoile de larges baies vitrées où je distingue tables rondes dressées et convives attablés.

Dont acte, nous n'avons pas prévu de dîner princier et sommes peu enclins à jouer les poissons dans l'aquarium de Sa Majesté.
Jules rentre justement de la capitainerie avec les filles, victorieux d'avoir téléchargé les vidéos.
Clins d'oeil et sourires complices, mutuellement on se lance : "il est temps de lever l'ancre !"
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Le Yacht et l'Amant de Patagonie

La baie de l’Ensanada est particulièrement agréable. La forêt de pins et d’eucalyptus, tapissée de fougères desséchées par le soleil, présente des nuances de verts, d’ocres et de roux qui surplombent les rochers et l’eau claire. Quelques bateaux sont paisiblement au mouillage. Nos « voisins » déjeunent et c’est pour nous l’heure de « farnienter ». Le soleil donne, les filles s’adonnent à une séance de matelotage dans le carré – la pomme de Touline les accaparent depuis 24h. Jules ajuste quelques bouts du lazybag qui ont eu une fâcheuse tendance à danser le flamenco sur le mât. Et le flamenco, en pleine nuit quand le vent se lève, n’est pas à notre goût.

Adossée sur les vitres du roof, je dévore « L’Amant de Patagonie » - magnifique livre d’Isabelle Autissier sur le Nouveau Monde fin 19ème, l’évangélisation et les indiens Yamanas. Captivée par les aventures d’Emily et Aneki, je me délecte du moment présent. La lumière, les couleurs, le calme, la plume d’Autissier. En échangeant quelques mots avec Jules, il me semble que le yacht mouillé à côté de nous se soit légèrement rapproché. Un soupçon de brise s’est levé et les bateaux du mouillage ont tourné. Je me ravise, songeant que le soleil commence à me taper sur la tête malgré mon couvre chef et réalise que dans mon livre, l’héroïne se retrouve entre illusion et réalité… Absorbée par ce récit, il se pourrait bien que je sois, moi aussi, sujette à quelques chimères. Je replonge donc le nez dans la vibrante Patagonie.

Soudain, l’ombre de Jules se déplace rapidement et sans bruit – il se pourrait bien qu’il ait été indien Yamana dans une autre vie – je relève la tête : la proue du yacht se situe à présent à 1,50 m de l’étrave de Sea View et continue lentement à déraper. Dans un calme assez déconcertant, Jules amortit le premier choc et part chercher des pare-battages. Je me précipite à l’avant pour prendre la relève avec l’aide des deux propriétaires, alors que le yacht de 25m continue à progresser lentement. J’ai bien conscience que c’est tout ce qu’il ne faut pas faire et pourtant je ne peux me contenter d’être témoin de cette scène sans intervenir. Nous leur crions : « hurry up, YOUR ANCHOR IS MOVING !! » Nos interlocuteurs nous regardent ébettés, les bras ballants, deux femmes cigarettes au bec continuent de lézarder en commentant la scène de leur matelas... La passivité de l’équipage nous laisse penser qu’ils nous prennent pour des saltimbanques ayant mal mouillé leur ancre. A moins que la taille de leur yacht ne les rende intouchables.

Finalement David embrasse Goliath, les coques se frôlent.

On retourne à l’avant constater les dégâts, plus de peur que de mal. Ils finissent enfin par remonter leur ancre et l'on s’aperçoit qu’ils n’avaient au plus que 20m de chaine, par 10m de fond (alors qu'il est conseillé de mettre 5/6 fois la hauteur d’eau pour éviter les dérapages). No comment. Pas de « sorry » de leur part non plus. Ils rejoignent leurs amis attablés à l’arrière du bateau et les deux greluches – que cette collision ne semble avoir en rien ébranlées - continuent de caqueter. L’incident est clos.
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La première navigation vue par...

Par Sophie.
Baptême de mer

3 nuits, 2 jours en mer pour traverser le Golfe de Gascogne, retour sur cette première traversée à bord de Seaview.

Formalités d’usage pour Camille et Manon deux heures après le départ : leurs estomacs sont malmenés après le passage du dernier phare d’Oléron, aux portes de l’Atlantique, quand la houle commence à se creuser. Un “dîner” frugal s’impose : ce sera bol de riz sur le trampoline. Les filles se réjouissent du programme. La mer est belle, teintée par le coucher du soleil. Nous avançons sous GV et gennaker par 9/10 noeuds de vent.
Les émotions du départ ont laissé place à la liberté et la joie d’être sur l’eau. Nous profitons du moment présent et réalisons que l’aventure commence maintenant.

Première nuit de quart assez fluide au moteur. A 9h, un couple de dauphins vient jouer à la proue du bateau. Nous réveillons Camille et Manon qui ne cessent de s’extasier devant un tel spectacle. Ils seront bientôt 4, puis 13 à filer devant le bateau. Moment de grâce pour les petits comme pour les grands.

Les dauphins donneront le la de cette première journée de nav sous le soleil, très paisible – toujours au moteur par manque de vent. Lecture, sieste, travaux manuels pour Camille et Manon, re-sieste et même film en famille devant Zarafa. On récupère du manque de sommeil des derniers jours.

En soirée, le vent se lève. La mer commence à se former. Nous sortons la GV. Cette deuxième nuit sera plus mouvementée. Je dors mal lorsque Jules assure les quarts à l’extérieur. Couchée dans le carré, j’expérimente le sommeil fragmenté par tranche de 5/ 10/15mn tout en veillant à distance sur le Capitaine. Vers 1h, je me réveille en sursaut, scrute la barre tribord : personne. Balayage sur babord : personne. Dans la seconde qui suit, je me dresse comme un “i” et me rue dans le cockpit. Il fait nuit noire, l’air est frais, personne aux manoeuvres. J’appelle Jules. Seuls les paquets de mer désordonnée claquant les jupes arrière du bateau font échos. Je rappelle à nouveau et tente de rester calme même si mon coeur s’emballe. L’opacité de la nuit est pesante. Je me précipite dans le carré. En scrutant l’avant, j’aperçois le capot de la salle de bain allumé… Une lumière dans la nuit. Je dévale les 3 marches de notre cabine et me précipite dans la deuxième partie du flotteur. Et là, Jules, placide, me lance : “t’es déjà debout ?”
Premier coup de flip, il y en aura d’autres.

Finalement, le corps s’adapte. Nos horloges biologiques s’accoutument au sommeil fragmenté par tranche de 15/20mn. La minuterie de l’iphone rythme désormais nos nuits et selon l’humeur - et la forme - on se montre plus ou moins réactif. Je remporte la palme de la réactivité mais pas celle de l’efficacité.
Alerte, en ½ seconde, je bondis sur mes 2 pattes avec l’agilité d’une biche traquée, prête à fouler le sol du cockpit et vérifier les extérieurs. Et… “paf, la biche !”.
Cette nuit-là, un détail m’échappe. La température nous a contraint à fermer la baie vitrée qui sépare le carré (où nous dormons les nuits de quart) du cockpit. Dans mon élan entousiate, je me heurte en pleine face contre la vitre. Le pain de glace sur le nez aura le mérite de me tenir éveiller une partie de mon quart.

Dernière partie de nuit passée à slalomer avec un bateau de pêche qui a décidé de nous contrarier. Il suit notre trajectoire depuis deux heures et ne répond pas par VHF. On se déroutera légèrement pour s’en débarrasser.
La nuit des filles aura été plus douce : elles émergent vers 9h30 après avoir fait le tour du cadran. Leur capacité d’adaptation est impressionnante : elles sont particulièrement calmes, ne se chamaillent pas et s’occupent de manière relativement autonomes.

La deuxième journée en mer nous semblera plus longue. Temps gris, le vent forcit pour flirter avec les 18/20 noeuds. La mer est très désordonnée. Le soir, on s’offre une escapade culinaire asiatique – entorse à notre régime riz/pâtes/semoule/bananes : des nouilles chinoises, c’est la fête ! (Sylvain, la livraison en 5mn fonctionne aussi au milieu du Golfe de Gascogne ; ) )

Troisième nuit en mer chahutée. Le vent oscille entre 16 et 20 noeuds, les vagues atteignent 2,5/3 mètres, sommes toujours sous GV et gennaker. La houle est formée, les pêcheurs et leurs filets sont au rendez-vous. Alors que la fatigue commence à se faire sentir, nous devons redoubler de vigilance. Impossible de dormir : les vagues claquent avec violence sur les coques du bateau et la valse capricieuse des pêcheurs nous tourmente. Leurs AIS ne sont pas toujours perceptibles sur l’écran de contrôle.
Vers 5h du matin, bizutage de Poséïdon à quelques milles de l’arrivée. Plus une goutte d’eau douce ne s’écoule des robinets ! La forte houle a désaxé un tuyau et les réservoirs se sont écoulés dans le flotteur babord en fond de cale.
Mon premier réflexe : sauver notre “or noir” – les deux sacs de pharmacie. Notre hôpital ambulant est conditionné dans deux sacs censés être étanches. En ouvrant la cale, je découvre deux radeaux à la dérive. Une fois au sec, je déballe les deux sacs noirs : aucune trace d’eau dans chacune des dix trousses. Je réalise avec soulagement que le concept d’étanchéité prend ici tout son sens.

Ragaillardis par cette bonne nouvelle, nous voilà partis à évacuer 250 litres d’eau avec sceaux et pompe manuelle. Jeter de l’eau douce par dessus bord, quel paradoxe pour un marin. Quelques dizaines de sceaux plus tard, la cale est “sèche”, nous sortons la tête de l’eau et remontons prendre l’air. Le jour se lève paisiblement. En arrivant près du poste de barre, je lève la tête et suis saisie d’émotion : la terre de Galice nous tend ses bras. Nous sommes arrivés.


Par Jules

Nous sommes donc partis un peu plus tôt que prévu pour rester dans un régime de vent de Nord-Est. Il était impensable pour moi de commencer notre voyage avec du vent et de la houle de face, sous peine de dégouter tout le monde (moi y compris).
La contrepartie de ce départ anticipé: un vent assez faible au début, et surtout l'obligation d'arriver mercredi matin avant la dépression. Il ne fallait donc pas trainer et je m'étais préparé à faire une bonne partie au moteur.

Après quelques milles, on sort les seaux pour Camille et Manon qui se sont vidées l'estomac. Mais elles ont rapidement retrouvé le sourire qui ne les a plus quittées jusqu'à la fin et elles pouvaient sans problème regarder un film dans le carré. Elles ont assuré pendant toute la traversée: pas de disputes, de longues nuits, pas de "c'est quand qu'on arrive"… Des enfants modèles.

Première partie de nuit très agréable sous gennaker sans trop de houle. Au fur et à mesure de notre avancement, le vent baisse, s'oriente pile dans notre trajectoire et une houle croisée se met tranquillement en place. On essaie toutes les configurations possibles sous voile pour tenir notre moyenne imposée (arriver avant la dépression!). Mais le vent est trop faible à cette allure pour que les voiles plaquent un peu le bateau qui se fait donc balader au gré des vagues. Les voiles claquent sans cesse et on se traine en dessous de 5nds. On affale donc tout et on se met au moteur.
Au petit matin, des dauphins viennent nous rendre visite: je réveille vite les filles pour en profiter tous ensemble. On est toujours au moteur, mais c'est quand même le bonheur!
La journée se passera à lézarder au soleil, sans croiser personne. Tranquille.

La deuxième nuit est plus tendue. Il y a des bateaux de pêche et des filets PARTOUT. C'est une sorte de slalom géant. On essaie de dormir par tranche de 15mn devant l'écran de l'AIS (transpondeur pour le trafic maritime) et en surveillant les points lumineux à l'horizon. J'ai compté jusqu'à 12 cibles différentes dans un rayon de 15 milles (30km). Nous nous retrouvons à la limite des eaux françaises et espagnoles et c'est amusant d'observer les français pêcher dans les eaux espagnoles et les espagnols l'inverse. L'herbe semble toujours plus verte ailleurs…

Le lendemain, le vent monte progressivement comme prévu, le temps est bouché, la houle grossit en étant toujours aussi désordonnée. 20nds plein arrière et houle de plus de 2m, cela secoue. J'ai dû sortir veste et pantalon de ciré (on envie ceux qui partent de Méditerannée!). La navigation est grisante (un surf à 15nds!) et nous prenons petit à petit confiance dans le bateau qui réagit assez bien à cette houle. Le comportement est sain, les vagues ne tapent pas trop sur la nacelle. Le pilote automatique ne s'en sort aussi pas trop mal. C'est le vrai baptême en mer "ouverte".
Ces conditions ne nous quitteront plus jusqu'à la fin.
Les filles s'accommodent parfaitement de la situation. Elles aimeraient juste pouvoir faire un vrai repas sans se cramponner à leur bol de riz blanc qui a une fâcheuse tendance à se faire la malle de la table.

Les bateaux de pêche sont moins présents pendant la dernière nuit, mais on voit maintenant des cargos, qui sont plus facilement évitables (du fait de leur cap et de leur vitesse constants). Les conditions sont toujours bien toniques et personne n'imagine ici rencontrer ces conditions de face.

Petite surprise au moment d'arriver dans la baie de la Corogne. "Ya plus d'eau qui coule du robinet!". Je m'aperçois vite que nos réservoirs se sont déversés dans les cales bâbord. Avec le vacarme des vagues, personne n'a entendu le groupe d'eau qui tournait dans le vide pour essayer de remettre la pression dans le circuit. Le coupable est vite trouvé: un tuyau s'est complètement déconnecté du fait de colliers vraisemblablement très mal serrés. Rapidement écopé et réparé. Rien n'a souffert car tout était bien réparti dans des caisses. Seuls les cartons des cubis de rosé sont partis à la poubelle. Il ne reste que les poches plastiques et le contenu :)
Je suis bon pour faire un check-up de tout le bateau avant de repartir.

L'arrivée se fera au petit matin, exactement au moment de la bascule de vent annonçant l'arrivée de la dépression (les prévisions se sont révélées très fiables): on appareille donc à la Corogne très facilement et on va pouvoir bien se reposer en entendant le vent souffler dans la marina Nautico située en plein centre ville. Mission accomplie.

Je suis super fier des filles et de Sophie.
Le voyage a vraiment commencé.

Bilan: 378milles (700km) en 63H.

PS: Pour ceux qui auraient suivi les préparatifs, sachez que la canne à pêche n'a pas été sortie. Personne ne se voyait vider un poisson avec nos estomacs encore un peu fragiles…

Au rayon bricolage, j'ai aussi testé en navigation le nettoyage du filtre à eau de mer d'un des moteurs qui s'était déjà bien encrassé à la Rochelle (avec du coup quelques fumées blanches une fois le moteur bien chaud).


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Tré-pi-den-te

TRE-PI-DEN-TE

Plusieurs semaines que je n'ai pas écrit, je vais tenter de rattraper le temps perdu.
Ces dernières semaines ont été denses entre préparatifs et bouclage logistique du projet.
En résumé : des listes, des listes, des listes… Mais aussi rangements, archivages, cartons, inscription aux CNED/parcours du combattant (résolu grâce à la solidarité des équipages Siminoe et Catapulte), vaccins, check-up médecins, constitution de la pharmacie de bord, benchmark assurances, démarches administratives, réassort gargantuesque de nourriture littéraire et musicale, scan des documents dont nous pourrions avoir besoin, acquisition d'engins en passe de devenir nos meilleurs amis (détendeur de plongée, canne à pêche et yaourtière) avec un trouble obsessionnel flirtant avec la pathologie : NE RIEN OUBLIER !
En temps normal, une fin d'année scolaire est toujours un peu rock'n roll avec ses kermesses d'écoles & spectacles de fin d'année, ses BBQ et soirées animées. Mais compte tenu du départ, cette fin d'année scolaire 2015 aura été TRE-PI-DENTE. L'effervescence a atteint son paroxysme avec les aux-revoir : pyjamas parties, apéros, dîners dans le jardin, pique-nique sur la plage… notre vie amicale & sociale depuis deux mois n'a jamais été aussi riche.
Préserver du temps pour la famille et les amis dans l'accélération des dernières semaines a été une priorité. Finaliser au mieux nos boulots respectifs aussi.
Concilier le tout a parfois relevé du challenge acrobatique, mais finalement : WE DID IT.

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Objet Naviguant Non Identifié

Nous rentrons d’une nav tranquille et avons en tête de retrouver notre place au ponton 20.
Les pontons 20-21 sont devenus notre QG. C’est la partie la plus récente du port, les filles y ont leurs habitudes et nous avons commencé à sympathiser avec quelques voisins. Mais ce jour-là, un ONNI – Objet Naviguant Non Identifié – trône à « notre » place. Il semblerait que les Stormtroopers de Star Wars 7 aient investi notre QG. Un large tatouage à la proue de l’engin indique « ADVANCED AERODYNAMIC VESSELS ». L’engin, une masse blanche blanche futuriste, sans mât ni hublot apparents, revêt la forme d’un casque de Clone Troopers lorsqu’on l’observe de l’arrière.

« Ca sert à quoi Maman ? » me demande Manon.
Je sèche.

Les deux moteurs de 200 CV à l’arrière me laissent penser qu’il s’agit bien d’un objet naviguant. Au regard de l’unique ouverture – vu de l’arrière - il se pourrait que ce soit un sous-marin des temps modernes. (Note de Jules : un sous-marin avec des moteurs hors-bord, un nouveau concept…)
L’amarrage de Seaview est expédié – par chance – à quelques catways et nous retournons en famille découvrir l’engin de plus près et de l’avant.
Une unique ouverture vitrée surplombe le cockpit fermé, abritant le fauteuil du Captain et 2 autres sièges. Mais à quoi est dédié ce « vaisseau » ?

Quelques recherches sur internet lèveront le suspens. L’engin, dénommé AV2, est un prototype de navire rapide à faible consommation inauguré quelques jours auparavant à la Rochelle. Sa forme aérodynamique lui permet d’allier grande vitesse et faible consommation. 18 mois de conception et construction, et un design qui tranche singulièrement avec les navires conventionnels. C’est le résultat d’une collaboration entre la société Advanced Aerodynamic Vessels, le bureau Marc Lombard Architecture Navale et le chantier Fernand Hervé. AV2 s’inscrit au sein d’un programme scientifique pour mettre au point des navires de transport rapide à faible empreinte carbone.
Il y a quelques semaines, nous avions assisté au départ de l’Hermione dans ce même port et nous voici à présent transportés de Lafayette à l’Empire galactique.
Incontestablement, le port des Minimes est de « place to be » !

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Tartines grillées

Le réveil sur Seaview par temps clair est un moment de plénitude. Le carré, vitré sur 360 °, se trouve baigné de lumière. Un thé, les news sur Ipad sur fond d’Asaf Avidan et la journée commence vraiment bien !
Ce matin-là, je me dis que quelques tartines grillées au beurre salé et à la marmelade viendraient parfaire le tableau. Au regard des problématiques énergétiques sur le bateau, exit le grille pain – au même titre que la machine Nespresso ! Que cela ne tienne, j’entreprends de faire griller à la poêle quelques tranches de pain de campagne à feu doux.
Camille dresse la table du petit déjeuner, Manon – en bonne ado dort encore – et Jules est parti faire un footing. Nous échangeons avec Camillou sur la baignade de la veille quand tout à coup, une alarme retentit. Force est de constater qu’il s’agit bien d’une alarme émanant de Seaview.
Du mode « off » / « j’émerge de ma nuit », le bruit strident de l’alarme me propulse en un quart de seconde en mode « on » / « emergency detected ». Balayage auditif à 360° pour en détecter la provenance (il y a tant d’alarmes susceptibles de se déclencher à bord : sondeur, télécommande du pilote automatique, balise AIS, batteries faibles…). Mon regard se pose rapidement dans l’angle supérieur tribord, côté cuisine, sur un disque rond et blanc : le détecteur de fumée, nouveau colocataire installé récemment par Jules.
Je coupe le gaz, me précipite sur la diode rouge qui clignote et j’appuie ardemment dessus pensant désactiver l’alarme stridente et de plus en plus entêtante. Aucun effet.
J’appuie sur la surface plane du cercle.
L’alarme continue de retentir et le bruit devient de plus en plus perçant. Je rassure Camille en lui expliquant que ce n’est pas grave.
Je tourne la partie supérieure : toujours rien. Les voisins du port vont me maudire, il est 7h45.
J’empoigne mon téléphone et j’appelle Jules qui, impassible, me répond d’ouvrir le boitier et d’enlever la pile… Evidemment. No comment !
Un tour de main, l’élément perturbateur est désarmé et le ponton 21 retrouve sa sérénité.
Dans mon dos, j’entends Camille souffler de soulagement.
Une ombre surgit de la cabine tribord arrière. Cheveux hirsutes, Manon émerge de sa cabine - et de sa nuit - et nous lance la voix et les yeux tout endormis : « Ca sent le cramé, non ??.... »

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