Nav vers Turks & Caicos
BY SO :
200 miles séparent les Jumentos (Bahamas) de Turks & Caicos où Laurence, Guillaume, Maximilien et Victor nous rejoignent le 22 avril. Même si nous aurons tout fait pour limiter les dégâts (météo anticipée, remontée plus au nord pour réduire l'angle du vent au près), il faudra faire avec des vents contraires. Le vent est plutôt modéré (15-20nds) mais la mer est courte, hâchée et de travers. Cette nav sera - pour ma part - l'une des pires que nous aurons vécue. Le bateau tape, les vagues claquent violemment sur les coques. Le festival des seaux bleus commencent. Nous tomberons tous, les uns après les autres, réduits à un état léthargique en position horizontale. Même Jules - pour la première fois du voyage - ne sera pas épargné. Je ne l'ai jamais vu dans un tel état en navigation. Ces 2 journées nous semblent une éternité et assurer les quarts devient une réelle épreuve. Me lever, vérifier l'état du bateau et assumer la vigie relève du défi. Dans la journée, j'arrive à peine à parler avec Jules et les filles, je reste prostrée, terrassée par le mal de mer et un mal de tête étourdissant. Pour une fois, je me sens réellement vulnérable à bord et l'idée de faire demi-tour me traverse l'esprit. Impossible, nous devons honorer notre RDV avec Laurence et Guillaume, mon filleul et son frère. La grippe de ces derniers jours semble finalement m'avoir bien affaiblie. Les filles se montrent bien plus vaillantes, elles s'auto-gèrent et parviennent même à faire du Cned - de leur propre initiative ! En mon for intérieur, je fulmine, je m'en veux d'être réduite à cet état d'inanité. Que de temps perdu sans pouvoir rien faire, moi qui comptais profiter de cette nav pour mettre à jour le blog et rattraper plus de trois semaines de non-communication. les vagues continuent de claquer et submergent le cockpit comme jamais. Le porte-clef qu'Agathe nous a offert illustre bien le propos : "Keep calm and carry on sailing". Je n'ose prendre un Stugeron, de peur de somnoler davantage, je dois essayer de tenir le cap. Côté estomacs, rien ne passe, c'est la diète pour l'équipage le premier jour; le second, on se contentera de pâtes natures. Même faire chauffer l'eau des pâtes me peine. Les Turks en provenance de Cuba, ça se mérite !
Lorsqu'on rentre dans le lagon turquoise des Turks, les eaux s'apaisent, nos estomacs aussi. En arrivant au mouillage, on aperçoit Tsaelou que nous avions quittés fin février à Barbuda. Des retrouvailles inattendues, de quoi nous mettre du baume au coeur. Malgré la fatigue, on improvise un apéro-bateau léger car Elisabeth et Gaël doivent lever l'ancre à l'aube avec leurs enfants. On se quitte en se donnant rendez-vous aux Açores mi-juin pour une grande fiesta bateaux-copains avant de "boucler la boucle".
Le lendemain, les forces reviennent. A terre, on se re-connecte et l'on parvient même à faire un FaceTime avec nos familles que nous n'avions eues depuis un mois. La re-connexion, que c'est bon !
En attendant le 22/04, on barbote dans les eaux vert jade en compagnie des tortues et des raies. Lolo&Guigui, vivement vendredi !
BY JULES :
Nous redoutions cette navigation car elle risquait de se faire avec le vent pile dans le nez. Et qui dit vent de face, dit 2 fois plus de distance à parcourir (il faut tirer des bords) et 3 fois plus de temps (c'est une allure plus lente). Heureusement, nous avons réussi à limiter cette navigation à un seul bord grâce à notre escapade aux Bahamas.
Le près, malgré les 8000 milles faits avec le bateau depuis notre départ, nous avions réussi à l'éviter en jouant avec la météo! Cette fois-ci, impossible d'y échapper totalement.
Nous voilà donc partis pour au moins 130 milles au près. Le problème, c'était que les 15/20 noeuds de vent étaient accompagnés d'une mer très courte: les vagues étaient très rapprochées les unes des autres. Le tangage (le bateau se penche d'avant en arrière) ne nous pas épargné. Pour soulager les efforts sur le bateau (et sur l'équipage), j'ai réduit la voilure en prenant 2 ris.
Heureusement, les prévisions météo se sont révélées exactes. Une fois passée l'île d'Acklins dans la nuit, le vent a repris quelques degrés vers le Nord et la houle s'est allongée: la navigation vers Providenciales est redevenue confortable, jusqu'à devenir un pur bonheur les deux dernières heures une fois rentré dans le lagon turquoise.
Que retenir de cette navigation?
-Après 15j à terre à visiter Cuba, nous nous sommes dé-amarinés. Nos corps n'étaient plus habitués à se faire chahuter et le mal de mer nous a tous terrassés. Pour moi, c'était une première. Mauvais souvenir.
-J'ai été agréablement surpris par les performances du bateau au près. Même avec cette mer très courte, un angle de vent à 60° et 2 ris, nous avons réussi à maintenir une vitesse moyenne de 7 noeuds. Et une fois arrivé, après ces 20h à jouer aux montagnes russes, j'ai fait un check complet du bateau (gréement et circuits techniques dans les cales): rien à signaler!
Maintenant, nous allons profiter des ces eaux magnifiques avec nos amis. Ces îles m'ont toujours fait rêver (le nom peut-être?). Et il semble même que l'île abrite un spot de kite fabuleux. A suivre.
Une photo du mouillage à notre arrivée…
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