La vidéo de notre mission à Diogane est en ligne
Merci à Christophe, Laurence et Guillaume pour le téléchargement.
Plus d'info sur Voiles Sans Frontières et le projet sur l'onglet "Le projet / Voiles Sans Frontières" ou dans le menu de droite "Catégories" VSF ou Sénégal.
Vidéos Sénégal
Voici la vidéo sur les femmes de Diogane, réalisée pour Voiles Sans Frontières :
et l'on ne résiste pas à vous faire partager les chants des enfants de l'école de Diogane :
"Enfants du monde entier"
"Hymne sénégalais"
Télécoms Sénégal
Mais le téléphone portable est partout.
Au fin fond du Sine Saloum, il n'y a bien sûr pas de réseau électrique. Les villages les mieux lotis ont des panneaux solaires qui alimentent quelques prises. Et ces prises sont alors monopolisées par une télé (avec Canal+ Sport!) et des téléphones portables. Dans chaque village, Il suffit de demander une carte de recharge pour qu'une personne vous en amène une dans les 5 minutes. A Dakar, elles sont même vendues dans la rue aux carrefours par des vendeurs ambulants.
Ce développement, comme dans beaucoup de pays, s'expliquent par l'absence de réseau téléphonique filaire développé. Le téléphone portable a ainsi rendu inutile l'extension des réseaux filaires.
Ici, le mobile sert même à des tableaux :)
Alors qu'en france, on cherche à dissimuler les antennes relais dans les clochers des églises ou derrière des pergolas sur le toit des immeubles, ici, on les dissimule dans des faux palmiers (île de Gorée). Fou rire garanti quand on passe juste à côté et que l'on découvre un porte dans le palmier (pour accéder à un escalier à l'intérieur).
L'île de Gorée
Ruelles colorées, maisons coloniales, balcons en fer en forgé, bougainvilliers façonnent l’architecture de l’île dont l’histoire n’a pourtant pas été paisible.
Plusieurs bâtiments témoignent du rôle de l’île dans la traite des esclaves. Même si, selon les historiens, sur les 20 millions d’esclaves issus d’Afrique, 300 seraient passés par Gorée chaque année, l’île n’en demeure pas moins un témoignage saisissant de la souffrance affligée au peuple africain. Sa portée symbolique en Afrique et en Amérique est immense. La maison des esclaves, construites fin 18ème, avec son escalier cintré ouvert sur l’océan, est devenue le plus emblématique des bâtiments.
Eladj, notre quide, répond patiemment aux questions des enfants des deux équipages de Catapulte et Seaview, impressionnées par l’obscurité, la taille des cellules et les cachots des récalcitrants.
La Porte donnant sur l’océan, où attendaient les navires négriers nous laisse tous songeurs. Elle porte nom de « Porte du voyage sans retour ».
Nous continuons notre découverte de l'île avec la visite d'un atelier de peinture au sable.
En repartant, on remarque sur la place principale de l'île deux restaurants côte à côte : "Chez Kiki" et "Chez Tonton"
Christelle, Pimouss', Manu, Uncle Wu, et Stéphane se reconnaîtront dans cet hommage sénégalais ;)
Grand-Mère Wu n'est pas en reste ;)
Vivre ensemble - en paix
A plusieurs milliers de kilomètres de notre famille, de nos proches et de notre patrie, nous sommes stupéfaits par tant de violence, tant de haine. Face à l'horreur, on ne trouve les mots.
Alors même que nous achevons une semaine en immersion dans un village du Sine Saloum où les villageois - musulmans - nous ont accueillis - nous, catholiques - comme des frères,
Alors même que le soir des événements, le Directeur de l'école de Diogane, Omar, demandait à nos filles de continuer à être des ambassadrices d'ouverture au monde, aux autres - au-delà de la couleur de peau, des frontières et de la confession,
Nous croyons que vivre ensemble - en paix - c'est possible.
Notre amie, Carine, photographe sur Siminoe, a saisi ce cliché le soir du 13 novembre, lors de la cérémonie que les villageois organisaient pour notre départ.
Photo Carine Lutt
La main de l'enfant de Diogane, serrée toute la soirée dans celle de Julien, incarne le message d'espoir qui nous anime.
Nous embrassons notre famille et nos amis, nous pensons fort à vous.
Un grand Merci à Carine pour sa photo.
Sodade Diogane
Nous quittons Diogane le coeur serré mais riches d'une expérience familiale incroyable.
Cette semaine passée auprès des habitants de Diogane sera certainement l'une des plus marquantes de notre voyage autour de l'Atlantique.
Semaine riche en échanges, en actions et en réflexions sur les conditions de vie, la religion, l'accès aux soins et à l'éducation.
Nous garderons particulièrement en mémoire :
- l'accueil, l'extrême gentillesse et la générosité des villageois
- la détermination d'Omar, Directeur de l'Ecole à améliorer les conditions d'apprentissage des enfants de Diogane, son village natal, pour les "emmener le plus loin possible et leur permettre d'accéder à une éducation". Quand on connait les conditions de travail d'Omar, sa persévérance force le respect.
- le courage et la volonté de Diakkhou, l'infirmière, et des matrones bénévoles du poste de santé, de dispenser des soins et d'accoucher les femmes "au mieux", malgré les conditions rudimentaires, souvent spartiates
- la force de caractère et l'énergie des femmes de Diogane, qui travaillent dur sans jamais se plaindre
- la motivation de Salif, le fils de l'Imam, d'Ibé, le fils du chef du village, d'Omar et de Diakhou pour maintenir une cohésion dans le village et essayer d'améliorer les conditions de vie des habitants
- les écoliers chantant "enfants du monde entier" pour nous accueillir dans leur classe
- le sourire des enfants et les étoiles dans leurs yeux
Indéniablement, cette semaine dans le Sine Saloum pour Voiles Sans Frontières aura été, pour nous, une leçon de vie.
Merci à tous les habitants de Diogane pour leur hospitalité et Merci à l'équipe de VSF, Dominique, Max, Nathalie, Michel, Clémence et Antoine pour leur confiance.
Cérémonie d'au revoir
Les femmes du village ont pris l'initiative d'organiser une cérémonie d'au revoir dans la cour de l'école. C'est leur manière, nous expliquent-elles, d'exprimer leur reconnaissance à l'égard de Voiles Sans Frontières et des actions menées pour améliorer leur quotidien et celui de leur famille. Nous sommes vendredi, c'est le jour de la prière, les femmes sont apprêtées en boubous colorés.
Vers 18h, elles s'affairent et investissent en masse la place sous le Baobab, les enfants suivent en hordes. Nous sommes avec Geneviève et Bernard et l'équipage de Siminoé, qui a achevé sa mission dans les villages voisins, nous a rejoint.
Un cercle se forme, les cinq enfants des deux bateaux VSF sont conviés au centre et les femmes les invitent à danser au rythme des tamtams. En quelques minutes, l'atmosphère se réchauffe, les femmes et enfants rentrent dans la danse. Carine, Geneviève et moi-même n'y couperont pas, les chants nous accompagnent. Petits et grands seront très touchés de ce témoignage et de la sincérité des aux-revoir. Quel plaisir de partager ce moment tous ensemble.
Les latrines de l'école de Diogane
A ce jour, l'école primaire de Diogane dispose de deux latrines pour environ 220 élèves. L'objectif est de construire six toilettes sèches respectant le cahier des charges de VSF et conformes à la charte de qualité VSF afin de garantir la pérennité des bâtiments (utilisation de sable non salé et utilisation d'eau douce pour le béton, les briques et les travaux de maçonnerie). En une semaine, nous ne pourrons certes construire les latrines mais notre mission consiste à amorcer le chantier avec le village.
Pré-requis à tout chantier, nous convenons lundi soir, avec Omar, d'une réunion avec les anciens, le comité de gestion de l'école et les représentants des parents d'élèves afin de valider le devis envoyé en amont et les sensibiliser sur les spécifiés du projet et insister sur la charte qualité VSF, remettre les financements et planifier l'achat des matériaux dans la semaine.
Julien ré-explique le principe des trois fosses et du puits afin d'être conformes aux recommandations du brigadier de l'hygiène du chef lieu. Nous convenons d'aller chercher les matériaux en pirogue deux jours plus tard avec Omar.
Jeudi, après deux heures de pirogue et quatre heures d'attente à Djiffer (le camion qui devrait livrer la marchandise n'a jamais démarré, donc jamais livré…et l'intervention d'un mécanicien car le moteur de la pirogue rendait l'âme), nous finissons par charger le gravier et le ciment dans de grands sacs en toile.
Ces derniers seront acheminés par charrettes jusqu'à la pirogue et là, nous laissons faire les gros bras du village car les sacs pèsent 50 kg !
Au retour, nous avons quelques frayeurs lorsque le moteur se remet à tousser puis lorsque nous touchons à deux reprises un banc de sable. Mais finalement, Omar prend la barre, la pirogue repart, plus de peur que de mal.
A la tombée de la nuit, nous sommes de retour à Diogane. Le chef du village et les enfants nous accueillent et aident au déchargement dans une joyeuse ambiance.
Quelle journée !
Deux jours plus tard, nous participerons à la fabrication des premières briques, au grand bonheur des filles pour qui le projet devient vraiment concret.
Les filles sont fières d'avoir contribué à leur manière à la construction de ce projet pour les enfants de l'école et nous avons la satisfaction d'avoir mener à bien notre mission en famille.
Ce n'est bien sûr que le démarrage du chantier mais nous veillerons ces prochaines semaines au bon déroulement du projet. Une courte vidéo est en préparation… A suivre donc.
Nous tenons à remercier ici à tous les donateurs sans qui ce projet ne pourrait voir le jour.
Sauve qui peut!
Avant de partir pour 20 minutes de marche à travers la brousse, Salif en charge des rûches nous prête 4 combinaisons d'apiculteur. Leur état proche du neuf est bien agréable, mais nous renseigne déjà un peu sur leur niveau d'utilisation.
Arrivés sur place, tout le monde s'équipe. Tout le monde? Pas tout à fait. Mon gabarit de jeune homme m'empêche de fermer la combinaison. Impossible d'enfiler le haut. A l'inverse, Camille et Manon y sont bien à l'aise. Je n'ai à peine le temps de me rendre compte que je ne rentrerai jamais dans cette protection, que Salif et son collègue sont déjà en train d'ouvrir les rûches à 15m de moi, en pleine mangrove. Résultat immédiat: je commence à voir voler vers moi plusieurs dizaines d'abeilles qui m'ont l'air d'être bien agressives (on nous le dira après, les abeilles du Sénégal sont bien plus féroces que les abeilles françaises). 30 secondes après, je suis déjà piqué à la main et j'entends des bourdonnements partout autour de ma tête. Camille, même bien protégée, prend peur. Nous voilà donc partis tous les deux en courant pendant 5mn dans la brousse pour échapper aux abeilles! Comme dans les films…
Nous serons vite rejoints par Sophie et Manon qui courent elles aussi: Sophie avait enlevé son gant pour prendre une photo de loin. En 2 secondes, plusieurs abeilles se sont posées sur elle et elle s'en sortira avec plusieurs piqures sur le bras.
Nous laissons donc nos apprentis apiculteurs (ils reconnaissent n'y aller qu'une ou deux fois par an) sur place et déguerpissons vite fait car la nuit est déjà en train de tomber. Et le chemin du village en pleine brousse n'est pas vraiment balisé :)
Une fois arrivés au village dans le noir, nous avons été la risée des habitants: les filles, pour se protéger des insectes de la brousse, avaient gardé sur elles leur combinaison! Le tout, par 35°c.
Une pensée spéciale pour Emmanuel P avec ses abeilles!
Les femmes de Diogane
Elles travaillent, beaucoup - d'une manière générale, bien plus que les hommes - et durement. Chaque jour, elles partent en pirogue à marée descendante, par groupes de quatre à cinq, chercher les coquillages et les huitres dans les vasières de la mangrove. Certaines portent même leur bébé dans le dos.
Le travail est rude : elles sont dans l'eau - parfois jusqu'au bassin, souvent courbées en deux - sous le soleil et la chaleur. Les coquillages coupants entament leurs mains et leurs pieds rongés déjà par la mer.
A marée montante, elles rentrent chargées de bassines de coques pesant jusqu'à trente kilos.
Mais les femmes de Diogane ne se plaignent pas. Elles ont une fierté noble, du tempérament, une énergie solaire et un sourire franc.
L'école arabe
Camille et Manon sont surprises par le nombre d'enfants par classe : jusqu'à 90 enfants dans une petite salle, 4 élèves sont groupés sur des tables-bancs prévus pour 2 enfants. Elles réalisent soudainement la chance qu'elles ont d'étudier dans des conditions très privilégiées. Elles questionnent le Directeur sur la complexité de l'écriture arabe au tableau. Manon demande naturellement si les petites filles conservent leur voile toute la journée avec la chaleur et jusqu'où leurs bras doivent être couverts. Le Directeur nous explique ensuite que les enfants font quotidiennement leurs ablutions avant la prière qui a lieu à 16h30 dans la cour de l'école. Manon s'étonnera plus tard, en aparté, qu'un garçon soit désigné comme "imam" par ses pairs, pour animer la prière du soir.
La sortie de l'école sera impressionnante pour les filles. Les 160 enfants de l'école se ruent vers elles pour leur prendre la main et les toucher. L'effervescence est à son comble : cris de joie, bousculades, mouvements de foule, une sorte d'hystérie collective… Le Directeur nous raccompagne jusqu'à la sortie et nous précise que - contrairement à l'école française - il est très rare que des "toubabs" visitent l'école arabe. On comprend mieux l'extrême excitation des enfants qui nous escorteront jusqu'à l'embarcadère.
Douche Sprite
Restriction d'énergie (nous avons du mal à recharger les batteries avec les panneaux solaires qui malheureusement ne jouent pas les tournesols!) et restriction conséquente d'eau douce.
Au départ de Dakar, à quelques miles de la baie de Hann, on recharge les réservoirs à bloc grâce au dessal' (= dessalanisateur), avons par ailleurs 100 litres d'eau dans des jerricans par sécurité et quelques 30 litres d'eau minérale en bouteilles. Pendant la traversée, le dessal' tourne à plein régime, tous les récipients du bateau sont réquisitionnés- même les seaux bleus ;-)
On improvise une douche sur le trampoline avec l'eau des sauts, nous avons conscience que nous serons en restriction les huit prochains jours car l'utilisation du dessal' dans l'eau saumâtre est vivement décommandée (risque d'encrassage des filtres). Voiles Sans Frontières nous a avertis qu'il n'y aurait aucune possibilité de refaire de l'eau dans les villages du Saloum.
Nous allons donc essayer de tenir avec nos 530 litres d'eau.
530 litres d'eau douce pour 6 personnes pour 9 jours, on pourrait croire que c'est "Niagara", détrompez-vous !
Dès le 3ème jour, le quart des réservoir est consommé, nous passons donc au plan "Douche Sprite" !
En quoi cela consiste ?
A se doucher avec une bouteille de Sprite de 1,5 litres pour maîtriser sa consommation. Je vous l'accorde, on aurait pu choisir une bouteille d'eau minérale mais Bernard, Camille et Manon ont jeté leur dévolu sur la bouteille de Sprite ! La douche Sprite se révèle ludique pour les filles, ça tombe bien car elle sera d'actualité pour le restant de notre séjour dans le Saloum. Seul Jules - et finalement Bernard, depuis hier - se baignent dans le fleuve, la piqûre de méduse dont Manon a hérité sur le visage et le corps nous a bien découragés.
Au fur et à mesure que les jours passent, nos réserves s'amenuisent. Les villageois se mettent en quatre pour nous trouver la seule bouteille de 10 litres d'eau de source du village.
Des Sénégalais qui cherchent de l'eau douce pour des "toubabs", le monde à l'envers.
Bienvenue à Diogane !
Pigeons voyageurs
Nos hôtes nous invitent à quelques mètres de la case pour manger de la coco fraîche et boire du thé et nous échangeons sur le village, les coutumes sérères.
Le fils du chef du village nous explique que l'islam autorise la polygamie : "Un homme peut avoir jusqu'à 4 femmes…" Le sujet est sensible pour la féministe que je suis. Je demande à Ibé comment se passe la co-habitation entre épouses et enfants au sein d'un même foyer. Sa première réponse est enthousiaste, il m'assure que tout ce petit monde co-habite en paix puisqu'il fait partie d'une même famille. Puis, il se ravise et précise qu'en ville, les hommes aisés ont recours à plusieurs logis pour éviter les conflits. C'est alors qu'Omar, Directeur de l'école, un homme cultivé, volontaire et plein d'humour ajoute : "et c'est ainsi que les hommes deviennent des pigeons voyageurs…"
Camille, assise sur les genoux de Julien, ne perd pas une miette de notre conversation et demande très naturellement :
- " Et les femmes, elles ont droit à combien de maris ?"
Eclats de rire général. Nos hôtes relève la pertinence de la question et lui répondent :
- "Un seul, la femme n'a le droit qu'à un seul mari…"
-"C'est pas juste…" nous confiera Camille en aparté, sur le chemin du retour. On lui explique que c'est ainsi dans la religion musulmane et qu'en effet, pour nous Européens, cela peut paraître vraiment surprenant.
L'Ecole de Diogane
La nouvelle construction pilotée par VSF, Clémence et Antoine J. l'année dernière permet réellement aux élèves d'étudier dans de meilleures conditions. L'école est à présent dotée d'une salle informatique, d'un espace bibliothèque, d'un bureau pour le Directeur et d'une grande salle de classe carrelée. Omar est, à juste titre, très fier de nous montrer les nouvelles installations.
Le lendemain, nous sommes accueillis par les élèves chantant "enfants du monde entier" et l'hymne nationale sénégalais écrite par Senghor (vidéo à venir). Un moment très fort pour chacun de nous. Nous avons durant les chants une pensée émue pour Clémence, Antoine, leurs enfants et tous les donateurs qui ont contribué à la réalisation de ce projet.
Omar et les enfants dans la nouvelles salle de classe
La nouvelle salle informatique équipée de 8 postes.
C'est aussi le moment pour Camille et Manon de remettre dictionnaires, balles de de tennis et stylos collectés en France ces derniers mois.
Ce soir-là, lorsque nous rentrons au bateau, Camille passera plus d'une heure à rédiger son journal de bord. L'accueil des enfants du village, l'hospitalité d'Omar et des instituteurs ont manifestement beaucoup marqué nos filles.
Arrivée à Diogane
Que la lumière est belle lorsque nous logeons les derniers bolongs pour arriver à Diogane.
Geneviève et Bernard font des charades et devinettes avec les filles sur le trampoline, tandis que nous apprécions, grâce à Seydou qui est à la barre, la quiétude du Saloum.
Au bout du quai, le baobab emblématique de Diogane se dresse devant nous. Nous avons tant attendu ce moment.
Nous débarquons pour une visite du village et saluons les anciens, comme il se doit.
Nous sommes accueillis par des dizaines d'enfants, criant joyeusement "toubabs, toubabs", sautant, courant, riant, nous prenant la main pour nous conduire jusqu'à Omar, le Directeur de l'Ecole avec qui nous avons rendez-vous. L'hospitalité des habitants est rythmée de
- "Bonjour, comment allez-vous?… Ca va bien ? Et les enfants, ça va bien ? … Soyez les bienvenus à Diogane""
Et les enfants de nous interpeller :
- "Eh toubab, toubab, comment t'appelles-tu ?"
Les premières minutes, Camille et Manon sont un peu impressionnées par la vivacité des enfants qui se précipitent pour leur donner la main puis elles seront émues par tant de spontanéité et gentillesse.
Cette première prise de contact avec Diogane et ses habitants restera mémorable.
Escale dans le village de Bassar
Nous avons rendez-vous avec l'association MNB Mbokator Ndial pour leur remettre six des cartables et fournitures scolaires préparés par les jeunes de 6ème et 5ème du collège de Montreuil s/Mer investis depuis plusieurs mois dans la lutte des inégalités Nord/Sud. Cette association gère les fournitures de l'école de Bassar. Camille et Manon leur apportent également dictionnaires et balles de tennis collectés ces derniers mois.
Nous profitons de ce post pour remercier chaleureusement de la part des représentants du village de Bassar, les élèves du collège de Montreuil pour leur investissement ainsi que Madame A., Directrice de l'école Jules Ferry, et Monsieur M., Directeur de l'école Robespierre pour leurs dons.
Premier contact très émouvant avec les enfants du Saloum :
Avant de repartir, une femme assise sous le baobab du village me demande combien j'ai d'enfants. Je lui présente Camille et Manon, elle me sourit et répond : " deux enfants, c'est bien. Moi, j'en ai onze : sept filles et quatre garçons !" Dire que je me sens parfois dépassée avec mes deux filles. Tout est question de référent !
Nous visitons également le poste de santé de Bassar pour lequel VSF est en train de construire une salle d'accouchement.
Pensée émue pour Kiki et Nath dans la pharmacie du poste de santé ;-)
Nous quittons Bassar pour mettre le cap sur Diogane, où nos missions VSF nous attendent.
Nous sommes impatients de découvrir davantage cette région du Siné-Saloum, delta formé par la confluence de deux fleuves, le Sine et le Saloum. C'est aussi un bras de mer laissant entrer l'eau salée car le débit du fleuve est lent. Le Siné-Saloum est considéré comme l'une des plus belles régions du Sénégal avec la Casamance. Mangroves, lagunes, cordons de sable composent le paysage encore très préservé. Mais cette région a toujours été redoutée par les navigateurs à cause des bancs de sable en perpétuel mouvement surtout à la pointe de Sangomar. Cette barre dangereuse, le manque de pistes et de moyens de transport - on ne circule dans le Saloum qu'en en pirogue, en charrette ou à pied - ont protégé cette région pendant de longues années.
Nav en bande vers le Sine Saloum
Départ donc en bande avec Siminoé et Catapulte pour aller mouiller à Djiffer. Ceux qui étaient en veille sur le canal 72 n'ont pas pu faire de sieste!
C'est une traversée que je qualifierai de traversée de "maintenance". A 10 milles au large, l'eau redevient bleue et on fait donc tourner à plein régime le dessalinisateur pour remplir les réservoirs et le bateau retrouve son blanc d'origine (il était jaune après quelques jours à Dakar) après s'être pris plusieurs seaux d'eau de mer. On en profite pour enlever de la même façon les milliers d'insectes venus mourrir sur le pont tous les soirs.
Même si la photo ci-dessous peut me faire mentir, cette traversée n'est pas si reposante que cela: il faut en effet slalomer entre les centaines de bouées de filets posées un peu n'importe. Impossible pour un poisson d'échapper à tous ces filets qui vont jusqu'à 15 milles des côtes. Un toubab qui a fondé un camp de pêche dans le Saloum il y 10 ans nous confirmera plus tard que la mer et le fleuve se vident: la surpêche est bien réelle et tous les moyens sont utilisés (pêche à la dynamite…).
Valentin sur Siminoé qui fait bronzette.
Une fois la passe franchie (sans encombre du fait de l'absence de vent), nous voilà mouillés à Djiffer. Cette ville située juste à l'embouchure du Saloum, est une ville où l'on fait du commerce (matières premières, poissons…) entre tous les villages du Saloum. De loin, le paysage est une nouvelle fois magnifique. De près, on y retrouve toujours et encore des déchets partout sur la plage et dans les "rues".
Le lendemain matin, on commence la remontée du fleuve, toujours en compagnie de Siminoé et Catapulte, qui nous quitteront plus tard dans la journée (ils interviennent dans d'autres villages) .
On en profite pour faire voler notre drone et capter ainsi les premières images du Sénégal vues du ciel.
Arrivés au village de Djinrda, nous embarquons Seydou, correspondant local de l'association VSF. Djinrda est en effet le dernier village sur le grand bras du Saloum et il nous faut maintenant nous enfoncer dans les bolons, non dragués et non balisés. Grâce à lui, nous arriverons à Diogane sans avoir touché une seule fois le fond (la trace enregistrée au GPS nous permettra de faire de même au retour) Merci Seydou!
Alors que le bolon fait à certains endroits plusieurs dizaines de mètres de large, seul Seydou sait exactement où il faut passer!
Après 3 heures à serpenter dans le Saloum, nous voilà arrivés à Bassar, première étape de notre mission VSF. Il fait 35°c à l'ombre.
Réserve de Bandia
Excursion en bande avec Geneviève et Bernard et l'équipage de Siminoe. Cette réserve abrite une faune abondante et comme il est interdit de circuler à pied, nous louons un camion XL pour notre joyeuse tribu.
Si, à l'origine, la réserve avait remporté les voix des enfants à l'unanimité - les adultes auraient préféré visiter l'île de Gorée - nous sommes tous retombés en enfance. Fascinés par la démarche en amble des girafes - un mix de nonchalance et d'élégance naturelle,
la grâce de l'antilope,
et les empreintes digitales naturelles des zèbres.
Le rhino blanc qui sommeille à l'ombre d'un arbre en impose : il pèse 3 tonnes et charge à 55 km / h. Cette race de rhino a la spécificité de se reproduire seulement tous les 10 ans à partir de 17 ans. Pas facile d'assurer sa descendance dans ces conditions !
Les enfants ont beaucoup observé les singes dans les arbres et nous nous sommes retrouvés autour d'un baobab "Tombeau des griots" - ou "Baobab cimetière". Mille ans de sagesse, 17 mètres de circonférence, 6000 litres d'eau sirotés par mois, ce monument végétal suscite le respect mais aussi le recueillement. Dans la tradition sérère, des griots étaient ensevelis dans ce baobab creux : une centaine de femmes et d'hommes reposent au coeur de l'arbre, dont le trou se referme au fur et à mesure qu'il croit.
La tradition des baobabs cimetières a été abolie par Senghor dans les années 70 mais une croyance consiste à faire un voeux, toucher le baobab de la main gauche - la main du coeur - et faire le tour de l'arbre dans le sens des aiguilles d'une montre… et votre voeu sera exaucé. Les onze membres qui composent notre tribu se sont bien sûr livrés à l'expérience !
Le Cercle Nautique de Dakar
Le CVD a, parait-il, connu ses heures de gloires il y a bien longtemps. Plus de 30 bateaux (jusqu'à 60 nous a-t-on dit) y séjournaient fréquemment et on se souvient des courses la Baule/Dakar.
La situation actuelle est toute autre: à part nous (Siminoé, Catapulte et Seaview), seuls 2 autres bateaux y faisaient escale, aux côtés de quelques bateaux épaves dont l'antifouling a plusieurs années… Et visiblement, cela faisait quelques temps que le passeur se tournait un peu les pouces.
Sans doute la faute aux formalités excessives jusqu'à l'année dernière (visa…) et surtout à la pollution. Omniprésente, on ne peut l'ignorer.
Sur la plage bien sûr, qui ressemble à une décharge; dans l'eau, verte, mousseuse, remplie de poissons nageant sur le ventre avant de flotter le ventre ouvert; et dans l'air avec une odeur d'égout quasi-permanente. Depuis de nombreuses années, tous les égoûts de cette partie de Dakar se déversent directement dans la baie et les usines rejettent tous leurs déchets au même endroit. Résultat: cette baie fait partie des baies les plus polluées au monde.
Bref, il ne vaut mieux pas toucher l'eau et rester le minimum de temps ici.
Et pourtant, le CVD se révèle un petit havre de paix au milieu des bidonvilles et on y a apprécié se retrouver tous les soirs pour y prendre l'apéritif et y diner simplement tous ensemble. Et l'accueil chaleureux des sénégalais nous fait heureusement oublier cette triste réalité.
Approvisionnement de légumes et fruits auprès de "mama légume" au CVD, de nougat auprès de "mama nougat", d'habits africains sur-mesure auprès de "mama tissu"…
Mécano sur place qui a fait du très bon travail sur le moteur d'annexe de Siminoé. Il y a aussi un voilier qui nous a confectionné des moustiquaires sur mesure en batilyne et une housse pour l'annexe.
Comptez plusieurs heures pour les formalités (police, puis douane) à faire dans le port industriel (un taxi vous y emmène et vous attend - quasiment 4H pour nous).
Supermarché ATAC (Auchan) à 20mn de taxi où l'on trouve beaucoup de produits européens.
Carte de téléphone aux "boutiques" à la sortie du CVD.
Il y a un USHIP flambant neuf devant le CVD. Incroyable quand on voit les alentours!
Pour le diesel, ils peuvent en amener dans des bidons à votre bateau, mais j'ai préféré aller moi-même à la pompe shell (on nous a reporté qu'une quantité d'eau importante était parfois rajoutée dans les jerricans…).
Se renseigner avant sur les 3 épaves coulées près du CVD.
De l'eau douce est disponible au CVD, mais personnellement, je ne remplirai pas mes réservoirs avec (on boit l'eau de nos réservoirs). Pensez donc à faire marcher le dessalinisateur avant d'arriver (on l'a arrêté 10milles au large), ou à économiser l'eau dès le départ des Canaries.
Sans cette pollution, cette baie serait magnifique.
La traversée vers le Sénégal vue par Jules
Pour une fois, pas de départ anticipé pour cause de vent fort prévu à l'arrivée: nous sommes même partis en sachant que le premier jour allait se faire au moteur (car avec un vent trop faible), mais nous étions attendus à Dakar par Geneviève et Bernard que nous accueillons à bord pour une mission Voiles Sans frontières. Et le routage s'est avéré relativement exact avec 7 jours de navigation réalisés contre 7 prévus. Nous avons fait 1030 milles (1900km), soit plus de 100 que la route directe (en ligne droite au plus près des côtes), mais je m'étais interdit de naviguer à moins de 90milles des côtes: on évite ainsi les petits bateaux de pêche et leurs filets trop mal signalés.
La houle nous a beaucoup secoué pendant au moins 4 jours, et je n'avais qu'un objectif en tête: préserver le bateau en limitant autant que possible les efforts (donc en réduisant parfois les voiles plus que le vent ne l'exigeait) et adapter les allures et la voilure pour limiter l'inconfort, et préserver ainsi le moral de l'équipage (ex: passer la nuit vraiment dans le sens des vagues sans être en route directe).
Les moments forts de la traversée
-Notre première nuit de navigation à la voile avec une lune pleine: un vent maniable, pas (encore) de houle et l'impression qu'un phare géant projette de la lumière depuis le ciel
-Notre première pêche. Nous ne mettons pas souvent la canne à l'eau car on a rarement envie de découper un poisson vivant en pleine navigation, mais nous étions pour le moment restés bredouilles. Camille me demandait même si je pensais que, pendant ce voyage d'un an, on pêcherait un jour quelque chose… L'honneur est sauf avec une magnifique daurade coryphène de 1,18m!
-Les échanges quotidiens par Iridium (téléphone satellite) avec les batocopains Siminoé et Catapulte partis un peu après nous: c'est sympa et on se sent moins seul sur l'océan
-Le passage des 3000 milles (5500km) faits avec le bateau depuis le début
-"House of cards". Avec toutes ces nuits de navigation, j'ai pu regarder l'intégralité de la saison 1. La série est très prenante, et il est amusant de voir à quel point nous nous sentons loin, de façon tout à fait momentanée, de ces préoccupations (politique, pouvoir…).
-A 60 milles de l'arrivée, au petit matin, j'ai été surpris par un bruit soudain et complètement assourdissant dans le bateau. J'ai du réveiller Sophie pour comprendre que nous étions sans doute passés à travers un nuage de crickets. 24h n'ont pas été de trop pour venir à bout de tous ceux qui avaient pris place à bord et qui nous continuaient à nous agacer avec leur bruit. Nos amis de Siminoé ont, eux, été envahis par des libellules.
Les 2 choses les plus pesantes dans ce type de traversée
-Le bruit. En navigation, qui plus est dans de la grosse houle, le bruit est permanent: le vent bien sûr, mais surtout le sillage du bateau et les vagues qui déferlent autour. Je ne sais pas comment font les skippers du Vendée Globe pendant 3 mois dans leur bateau beaucoup plus inconfortables et bruyants que les nôtres.
-Le fait de réaliser que l'on ne peut pas appuyer sur un bouton pour se mettre à l'abri et au calme en un instant. Une fois parti, il faut aller au bout!
Nous voilà donc maintenant à Dakar, pour faire les formalités et se reposer un peu. Malheureusement l'escale se fait dans une des baies les plus polluées au monde (on n'ose même pas toucher l'eau) mais le sourire des sénégalais fait bien vite oublier cette triste réalité.
Départ prévu vendredi pour rejoindre l'embouchure du fleuve Sine Saloum (60 milles au Sud). Avec ces 2000km faits presque plein Sud, la température a sérieusement monté et les moustiques sont là :(
La traversée vers le Sénégal vue par Sophie
Initialement, une escale de quelques jours au Maroc était prévue, afin de scinder la route et montrer aux filles une parcelle du Sahara. La météo en a décidé autrement : retenus aux Canaries par des vents peu favorables, nous étions à présent contraints de rallier Dakar d'une traite pour rejoindre nos hôtes, Geneviève et Bernard, et mener à bien notre mission pour Voile Sans Frontières.
Jour 1 : La mer est d'huile lorsque nous quittons Tiphaine et JB qui continuent leur route vers Grand Canaria. Manon prépare des cookies, on admire le coucher du soleil sur Fuerteventura puis l'on s'accorde une séance ciné dans le carré, en compagnie de Jack Sparow.
Les quarts s'organisent : Jules prend le premier de 20h à 1h du matin et j'opte pour le suivant jusqu'à 6h30. Le vent oscille entre 3 et 7 noeuds, pétole, nous passons donc la nuit au moteur. La mer est plate ce qui nous permet, pendant notre quart, de dormir comme des bébés par fragment de 15/20mn. La pleine lune nous accompagne pour cette traversée et constitue un avantage majeur puisqu'elle nous évite de naviguer à l'aveugle dans la nuit noire. Nous croisons quelques cargots qui remontent les côtes africaines mais globalement la nuit se passe très tranquillement. Nous savourons ce moment de plénitude.
Jour 2 : on retrouve notre organisation de nav. Le vent s'est quelque peu levé mais nous permet de barrer sous pilote en s'enfilant 2 à 3 films pendant notre quart - une telle boulimie de films, du jamais vu pour ma part. Le lendemain, nous profitons du temps calme pour assurer une séance de Cned musclée.
Jour 3 : en matinée, un couple de dauphins sonne la récré du Cned. Camille insiste pour mettre la canne à pêche à l'eau.
Vers 17h, la ligne se déroule, puis s'emballe, effrenée… Jules peine à la reprendre ce qui nous laisse espérer un trophée conséquent. Le poisson se débat, saute et laisse entrevoir ses écailles fluorescentes : pas de doute, c'est une daurade coriphène. La prise semble de bonne taille pour les pêcheurs en herbe que nous sommes.
Quelques minutes plus tard, elle se révèle de taille plutôt modeste comparée à la masse sombre bleutée qui la traque espérant, elle aussi, en faire son repas.
Après le chat et la souris : shark et la daurade cori !
L'excitation est à son comble. Il s'agit à présent de remonter notre butin au plus vite avant que le requin nous le dérobe ou que la daurade ne se décroche. A hauteur de jupe, Jules s'empare du harpon, la flèche sera sans recours.
Seaview 1 - Shark 0
Trois heures plus tard… ceviche de daurade - selon la recette de Patricia & Paul.
Jour 4 : La nuit a été agitée, nous avons peu dormi.
Nous conservons l'organisation de nos quarts. La mer s'est formée. Elle est à présent désordonnée, très hachée et rend la vie à bord inconfortable. Le vent monte à 15 puis 20 noeuds et les vagues atteignent bientôt 3 mètres. Les filles sont courageuses, elles cnedent. Le vent se calme légèrement et Camille nous prépare un gâteau pour le goûter.
Dans la soirée, le tropique du Cancer est franchi, nous échangeons par Iridium avec nos bateaux-copains Catapulte et Siminoe qui nous suivent à 24h-48h. On se sent un peu moins seuls sur l'Océan ;-)
Nous avons parcouru la moitié du chemin, mais la fatigue se fait sentir. Les filles sont très en forme, nous un peu moins, on se relaie dans la journée pour faire de courtes siestes.
Le vent remonte en rafales à 20 noeuds, on prend un ris et l'on s'apprête à réduire encore la toile en troquant solent contre gennaker. Il m'est de plus en plus difficile d'enrouler le gennaker à la main à l'avant du bateau. Le vent résiste, mes muscles se crispent et cette houle croisée de 3 mètres sous le trampoline me donne le vertige. J'adopte la position du crapeau, jambes fléchies, poids du corps en arrière pour mieux résister à la force opposée du vent dans la voile. Difficile de trouver mon équilibre, "je suis comme une boule de flipper…". Je m'y reprends à 3 fois pour rentrer le gennaker dont l'écoute m'échappe, puis j'entends vaguement Jules hurler "Revieeens…"
Les vagues déferlent et claquent par paquets sur les flotteurs. Le bateau craque, s'ébroue violemment. Si la vie sur un bateau vous fait régulièrement sortir de votre zone de "confort", là il ne s'agit plus d'inconfort… j'entre en zone de turbulences.
Les filles jouent dans le carré et ne semblent pas vraiment affectées, une chance. Pour ma part, une séance de yoga s'impose.
Dans la soirée, on envoie un SMS à nos familles et amis proches via iridium. Recevoir de leurs nouvelles en retour nous donne du courage pour la suite.
Jour 5 : Le vent s'est un peu calmé, pas la mer. Nous sommes sous GV et gennaker. Alors que Manon planche sur son Cned, elle nous interpelle par un "Vous ne trouvez pas que ça sent le Mc Do ?"…
Dans le désert, on peut avoir des mirages et imaginer des oasis rafraîchissants. Il semblerait qu'en traversée, on puisse avoir des "mirages culinaires". Son hallucination la plonge dans une ardeur gastronomique, Manon nous concocte une pizza maison pour le dîner!
On reprend un ris par sécurité, le vent doit remonter dans la nuit.
Jour 6 : Vent à 15/18 noeuds, rafales à 20. La houle est toujours aussi mauvaise, nous sommes franchement secoués. Au réveil, nos amis de Catapulte nous annoncent par Iridium qu'ils se sont pris dans un filet 200 miles au Nord. Eric est contraint de plonger pour dégager le bateau. Ambiance plombée jusqu'au deuxième message confirmant que l'opération s'est déroulée avec succès.
Jour 7 : Vent à 20 noeuds, rafales à 25, on est toujours dans un shaker… Le niveau sonore du vent et des vagues, qui cassent sur la carène, devient peu supportable. J'ai beau chercher, pas de bouton "OFF". Depuis 48h, j'abuse de Doliprane pour soulager mes maux de tête. Nos bateaux-copains, Catapulte et Siminoe, subissent le même sort : nous avons tous le sentiment d'être dans un tambour de machine à laver sur la fonction essorage pendant de longues heures.
Pas de Cned ce matin, conditions impraticables. C'est samedi, on reçoit des SMS de nos amis et de notre famille de Paris ;-))
A 17h, plus que 120 miles à parcourir mais les vagues grossissent encore pour atteindre environ 4 mètres.
Jour 8 : Les vagues sont toujours aussi impressionnantes. Pour détendre l'atmosphère, on improvise pour Halloween une mini chasse au trésor dans le carré. Les moustiquaires achetées pour le Sénégal ouvrent le bal des fantômes.
20h30, les filles vont se coucher, joyeuses, on se prépare pour notre dernière nuit de quart. Le manque de sommeil se fait cruellement sentir. Julien est patraque toute la nuit - effet secondaire du traitement à la Malarone commencée le jour-même ? - je prends le relais, nous sommes si prêt du but.
Au petit jour, un banc de dauphins nous accueille aux portes de l'Afrique et nous accompagnent un long moment. La relève sera prise par les pêcheurs en pirogue colorée.
Vers 12h : "TEEEEEERRE EN VUE !!!". Les filles dansent à l'avant du bateau. Tout au long de la traversée, nous avons été impressionnés par leur comportement : pas une plainte malgré les conditions de nav', pas une chamaillerie, elles ont toujours fait preuve d'enthousiasme - sauf lorsqu'il s'agit d'ouvrir les cours du Cned.
Les derniers miles seront les plus longs. Dans la baie de Dakar, le passage des îles de la Madeleine et de Gorée, baignées par le soleil du soir, restera mémorable.
Il est 18h lorsque nous mouillons dans la baie de Hann. Soulagés, exténués mais heureux.
Cap sur Dakar
Mettons le cap sur Dakar, une semaine de nav' sans escale et donc sans téléphone, SMS, mail.
Nous vous donnerons des nouvelles arrivés à Dakar, à priori début novembre. Nous filerons ensuite dans le Sine Saloum pour deux semaines, où là encore, les connexions risquent d'être très aléatoires.
Donnez-nous quand même de vos nouvelles par mail ou via les "comments" du blog, on est toujours très heureux de vous lire et d'avoir des nouvelles de France et de Navarre - même en différé.
A bientôt !
Les Seaviews