Les Açores - La Rochelle jour après jour
Après une soirée bien arrosée au mythique Café des Sports de Peter (tous les navigateurs sillonnant l'Atlantique s'y sont arrêtés au moins une fois) avec nos amis de Siminoé, Krysfil, Roi Baco et Blaz, nous avons largué les amarres à midi le lendemain. Tous les bateaux-copains étaient sur le quai pour le comité de départ. Merci!
Apres s'être dégagés du dévent des îles au moteur, on hisse les voiles et le bateau file sur la route directe 8 noeuds sous gennaker sur une mer plate. Idéal pour reprendre ses marques.
Première nuit bien tranquille même si le réveil pour prendre son quart reste toujours un peu difficile.
Jour 2
Camille nous prépare des pancakes et vu l'heure tardive, on brunche.
Journée paisible par 13-15 noeuds de vent, vent arriere/grand largue. La mer est calme, on file en route directe parcourant 150 miles nautiques en VMG en 24h. 1ère séance de gym tous ensemble.
Jour 3
Nous avons bien repris le rythme des quarts de nuit. La mer est plate et l'on dort comme des bébés ! La pleine lune nous accompagne, nous sommes sous Grand Voile et gennaker par 11-12 noeuds de vent.
Au réveil, on aperçoit 2 baleines, sympa pour la fête des pères.
Journée sous le soleil: lecture et sieste sur le trampoline tandis que les filles enrôlent Daniel dans un tarot et font peinture/decopatch.
Séance de défouloir à l'avant du bateau.
On met les voiles en ciseaux pour conserver un meilleur cap.
Il reste moins de 1000 milles à parcourir :)
Jour 4
Les températures chutent, le ciel se charge, on a frais !
Séance de géographie sur l'Amérique du Sud avec Daniel, lecture, écriture, dérushage des photos, yoga... On s'occupe.
Les filles organisent une soirée "Ateliers des Chefs", elles nous concoctent lasagnes végétariennes et verrines.
Le vent est établi Sud Ouest à 15 noeuds, nous sommes toujours sous Grand Voile et gennaker. On continue à bien avancer : 140 milles en route directe aujourd'hui, avec une moyenne à 6 noeuds en VMG.
Jour 5
Il bruine, la visibilité est réduite... On se prend le front froid de la dépression. Nuit néanmoins tranquille par vent Sud Ouest 15-16 noeuds. On sort les bottes, salopettes et vestes de quart !
Ce matin, les filles commencent à ranger leur cabine - sans qu on ne leur demande - impatience du retour ;) Partie de Scrabble tandis que le vent bascule NNE. Toujours rien pêché, on désespère. Les paris sont lancés sur la date et l'heure d'arrivée... A priori dans la nuit du 27/28 ou mardi 28 au matin.
En fin d'après midi, nous apercevons pour la 1ère fois une voile à l'horizon. Même à une distance de 3,5 milles, la voile semble hors norme. On dirait bien un bateau de course... On sort les jumelles et quelques minutes plus tard, bref échange VHF: il s'agit de Spirit of Hungary, un Imoca 60, qui se dirige vers Newport.
Jour 6
Le vent faiblit dans la nuit à 6-8 noeuds mais passe davantage nord. De quoi aller en route directe au largue ! Nous avons parcouru plus de la moitié du chemin pour la Rochelle et le vent devrait se maintenir à 10-15 noeuds ces prochains jours. ETA (heure d'arrivée estimée) avancée à lundi matin. On va fêter cela ce soir : foie gras, pain maison, Montbazillac.
Moral au top. L'excitation monte de jour en jour pour Camille et Manon. J-4,5 !!
Jour 7
Ce matin, on change d'heure pour commencer à se recaler sur la France :) et éviter les levers du jour à 4h30 du matin ! Justement, le soleil est de retour mais il fait frais (froid!). Sieste dehors (avec polaire et plaid), cours de danse et les filles font bracelets brésiliens et scoubidous.
Camille effectue un quart avec Daniel, leçon de voile en prime. Le vent se maintient Nord-Nord Ouest à 8-10 noeuds mais on continue à avancer à 5,6 noeuds de moyenne en route directe.
Jour 8
Le vent faiblit dans la nuit à 5-8 noeuds. Nous avons l'impression que chaque nuit se fait de plus en plus fraîche!
Restent 360 milles ... J-3 !!! ETA toujours prévue lundi matin. On devrait même ralentir un peu dimanche pour éviter d'arriver en pleine nuit.
Jour 9
En traversant le golfe de Gascogne, nous devions tôt ou tard croiser la route des cargos descendant ou montant en mer du Nord. Ce fut pour cette nuit avec plus de deux heures de zigzags entre tous ces navires gigantesques. Record avec un supertanker de 399m de long et 52m de large!
A moins de 200 milles de l'arrivée, le vent nous est toujours favorable. 10/12 noeuds de travers qui nous propulsent à plus de 7noeuds de moyenne vers La Rochelle. On prévoit donc de mouiller à l'île de Ré dimanche soir pour rentrer au port des Minimes lundi matin, l'endroit même que nous avions quitté le 9 août 2015.
Jour 10
Derniers milles, dernier levé de soleil sur l'Atlantique, dernier message via iridium ...
On savoure nos derniers moments à bord. Il reste 55 milles à parcourir. Nous avons hâte et en même temps ... Émotions partagées entre le plaisir de retrouver nos proches et la fin d'une extra-ordinaire aventure. Les filles guettent la terre ferme aux jumelles…
Départ des Açores pour la Rochelle
Daniel est arrivé aujourd'hui, donc nous serons prêts à larguer les amarres dès demain, vendredi 17 juin. Il nous faudra 10/12 jours pour rallier La Rochelle.
Notre "oeuvre" à la marina de Horta: c'est une tradition pour les équipages d'immortaliser une fresque sur les pontons.
Marina de Horta - Faïal - Les Açores
La marina a été agrandie il y a quelques années, mais la place reste comptée à cette période de l'année: il y a des départs et des arrivées tous les jours ce qui donne une atmosphère particulière à cet endroit. Tout le monde se raconte sa transat! L'amarrage aux quais en béton se fait la plupart du temps à couple, de quoi ravir les enfants qui peuvent changer de bateau-copain encore plus facilement qu'au mouillage.
Personnel très aimable. Les formalités se font en quelques minutes dans le bureau en face de celui de la marina. Eau et électricité sur les pontons (mais prévoir de grandes rallonges car les bornes sont assez espacées). Wifi comme d'habitude très limité: il faut préférer les cafés en face.
Supérette juste en contrehaut de la marina et gros hypermarché à 10minutes à pied (à côté de l'hôpital). Location de voiture et de scooter dans le centre d'Horta.
Shipschandler le long des quais vers le Nord.
Vidéo transat retour vers les Açores
Un résumé en images de nos 3 semaines de transat !
Merci à toutes et tous pour vos messages d'encouragements et de soutien tout au long de la traversée et un grand Merci à Nicolas, notre co-équipier de choc qui a repris aujourd'hui la route vers St Lu.
Radio ponton transat retour vers les Açores
Qu'est-ce qui t'a le plus surpris durant cette traversée ?
Camille : "Les phisalies par centaines (ce sont des méduses avec une sorte de voile) et la mer d'huile, quand on s'est baigné "
Manon : "Nous avons vu beaucoup d'oiseaux, ça faisait du bien de voir des animaux, c'était rassurant"
Nicolas : C'était plus facile que je ne pensais, aussi bien sur le plan physique et la navigation que sur le plan de la vie en groupe à huis clos pendant trois semaines"
So : "En pleine nuit, se retrouver nez à nez avec un cargo de 250 mètres sans AIS au milieu de l'Atlantique !"
Jules : "Enchainer presque 5 jours de près pour rejoindre les Bermudes."
As-tu trouvé le temps long?
Camille : "Non, pas vraiment parce qu'on a fait plein d'activités, comme des jeux de société et des travaux manuels et on n'a pas eu le mal de mer".
Manon : "Oui, pendant les trois premiers jours où ça a beaucoup bougé, et sinon j'ai trouvé le temps mois long que pendant la transat aller, qui, elle, n'avait duré que 15 jours"
Nicolas : "Non, le rythme de vie fait de jeux, gym, siestes, lecture etc…. permettait de bien remplir les journées"
So : "Oui, plus long que pour la transat aller. A vrai dire, cette traversée est celle que j'appréhendais le plus à cause de la distance (donc la durée!), du manque de visibilité en termes de météo, des dépressions au large des Açores, de l'impossibilité de faire un stop ou une "marche arrière". Pour ma part, la 3ème semaine était de trop, le manque de sommeil me pesait."
Jules : "Non, beaucoup moins que ce que j'appréhendais. Sans doute grâce à la diversité des conditions rencontrées qui nous ont fait davantage manoeuvrer et qui nous ont aussi fait beaucoup discuter quand à la meilleure route à prendre."
Pendant cette traversée, quel(s) moment(s) as-tu préféré(s)?
Camille : "J'ai beaucoup aimé quand on a joué tous les 5 au Uno, la fête des lumières, quand on s'est baigné en plein milieu de l'Atlantique, quand on a vu des dauphins et quand Maman m'a fait un massage."
Manon : "Les bancs de dauphins, les parties de tarot avec Nico, la fête "lights & colours", le karaoké et quand on a fait des crêpes"
Nicolas : "La baignade au milieu de l'Atlantique par 5000m de fond, les longs surfs sour la houle par 25 noeuds, les rencontres avec les dauphins"
So : "Notre bain en pleine mer, les rayons du soleil perçant le bleu profond par 5000m de fond et - sur une autre registre - les séances de gym en commun, franches rigolades"
Jules : "Une journée avec 12 noeuds de vent de travers, mer plate, qui nous a permis de filer à 8 noeuds, une fois n'est pas coutume, en route directe."
Au contraire, quel (s) moment(s) as-tu le moins apprécié(s)?
Camille : "Quand le bateau bougeait beaucoup et qu'on ne pouvait rien faire."
Manon : "Les jours de navigation au près où l'on se prenait les vagues en plaine face"
Nicolas : "Le près la nuit dans la cabine avant et la brûlure de méduse en remontant la ligne de pêche"
So : "Les prises de ris en pleine nuit par 25-30 nds"
Jules : "Quand il faut prendre la décision de descendre très Sud (après être remonté très Nord) et donc d'allonger encore la route, même si la question ne se posait pas vraiment puisqu'il s'agissait d'éviter le gros d'une dépression.
Qu’est-ce qui t'a manqué le plus pendant 3 semaines ?
Camille : "Les amis, la baignade, du poulet, le calme"
Manon : "Un gros hamburger avec des frites, une douche chaude et les amis, la famille"
Nicolas : "Les longues douches chaudes. Quelques secondes sous l'eau glacée ce n'est pas top!"
So : "A partir de la 3ème semaine : voir du monde, échanger, partager, nageri"
Jules : "Des bonnes conditions pour pouvoir aller plus vite!"
Qu’est-ce qui t'a agacé(e) ?
Camille : "Quand je me suis coincée le doigt à cause d'une grosse vague !"
Manon : "Le jour où j'ai mis la table, fait la cuisine et même la vaisselle pendant que Camille jouait tranquillement"
Nicolas: "Me faire battre au Tarot et au Uno à chaque fois - ou presque. Merci Camille pour les +4 :)
So : "Le niveau sonore élevé. Plus les jours passaient et plus je devenais sensible aux bruits (fracas des vagues, sifflement du vent, ragage du gréement…). La dernière semaine, les nuits me semblaient durer une éternité, je ne trouvais pas le sommeil avant 5/6h du matin malgré boules quies et casque sur les oreilles… et j'avoue ne pas avoir été tous les jours de bonne humeur. Autre chose : aucun poisson n'a mordu à notre ligne en 21 jours. Rrrrr !
Jules : "Arriver sous un temps breton."
As-tu une anecdote à partager ?
Camille : "On a fait une minute de gros mots à l'avant du bateau et Nicolas nous a appris des gros mots en anglais ;)"
Manon : "Au 19ème jour, nous avons instauré la journée des farces : Nico et Papa ont modifié les paramètres des écrans de contrôle afin de doubler la vitesse du bateau (ils ont ont converti les millles/h en km/h). Le bateau affichait 11nds de vitesse moyenne et ils m'ont fait croire qu'on arriverait 2 jours plus tôt que prévu !"
Nicolas: "Au près par 25 noeuds de vent, le moment ou essayant de dormir je décolle totalement sur ma couchette à cause d'un vague pour retomber lourdement sur le ventre"
So : "En pleine nuit, jouer au chat et à la souris avec un goéland qui avait élu domicile dans le carré et saccageait coussins, fruits et légumes"
Jules : "Les séances de gym animées par Sophie, quelles que soient les conditions."
Et si c'était à refaire ?
Camille : "Oui, je le referai dans les mêmes conditions"
Manon : "Oui, mais avec un congélateur pour pouvoir manger de la viande et des glaces !"
Nicolas: "Oui mais avec un spi pour un peu plus de vitesse au portant et quelques jours de plus au Bahamas avant de partir"
So : "C'est bien de faire cette transat retour pour boucler la boucle (comme le dit Camille : " on a commencé quelque chose, on le finit !") mais si c'était à refaire, je ne suis pas certaine que je repasserai 30 jours en mer (il nous en reste encore 10). Je consacrerai une semaine de plus à découvrir d'autres îles des Bahamas et 3 semaines à remonter les Etats-unis jusqu'à NYC. J'opterai pour un convoyage du bateau USA-France. L'arrivée en bateau au pied de Miss Liberty doit être tellement grandiose… Bahamas/NYC à la voile, un projet de plus à inclure dans notre to do list !"
Jules : "Oui, en prenant le temps de s'arrêter aux Bermudes. Cela coupe le trajet et il paraît que l'escale est très agréable."
La transat Jour après Jour
Apres 22h de trajet depuis St Lunaire, première nuit à bord pour Nicolas à la marina.
Réveil matinal pour briefing sécurité, remplacement de la girouette défectueuse, puis ultime baignade à Rose Island pour admirer les champs de gorgones.
Super départ à la voile à midi sous le soleil au portant.
Depuis 17h et durant toute la nuit, slalom entre pétole (zone sans vent) et orages (rafales à 33nds). Pleine lune. Ambiance super à bord."
Jour 2 :
Journée super : sous voile avec vent de 11 à 15 noeuds, tranquille.
Grasse matinée pour Camille et Manon puis révisions. Sinon lecture (nous rattrapons notre retard sur l'actualité!), Uno, échecs ... Et gym + danse pour les filles.
La nuit a encore été très orageuse (on ressort polaires & vestes de quarts!) puis retour au calme ce matin.
Pensées à Eric de Catapulte, nous espérons que tout va bien.
Pensées aussi à Siminoé qui part en transat aujourd'hui.
Jour 3 :
Journée qui ne restera pas dans les annales de navigation: vent quasi nul donc moteur. On teste la première séance de gym tous ensemble avec une appli iPad de Nico, rigolades !
Nuit calme.
Jour 4 :
Cned, piano, quilling.
Le vent a forci dans l'après-midi, pile de face, nous remontons donc au près. Nuit au shaker. Impossible de dormir dans les couchettes avant. Ça secoue mais le moral est bon! On en a pour plusieurs jours de ce régime, donc on n'est pas arrivés.
Merci pour les messages de bonne fête (Sophie).
Jour 5 :
Pas d'école ce matin, il y avait trop de mer. La nuit a été difficile pour tous les adultes (sauf Camille et Manon qui font le tour du cadran!), du coup on se relaie pour faire des siestes.
Vent 12-15 noeuds E-NE de face avec une mer déstructurée, on n'avance pas et on enchaine les virements et les prises de ris. Nico est maintenant passé maître en la matière.
Times up, jeux de cartes, lecture et musique occupent notre journée.
L'envie de faire une halte aux Bermudes nous taraude, même si cela n'était pas prévu initialement...
Jour 6 :
La nuit a été agitée.
Nous sommes toujours dans un shaker et il n'y a toujours pas d'école. On se fait rincer mais le vent a tourné E-SE 15-17 noeuds, on avance enfin en route directe ! Préparer un repas relève du challenge. Gad Elmaleh réchauffe le carré. Fred et Jammy ("C'est pas sorcier"), bouquins et i pad sont les meilleurs amis des filles car les autres activités sont peu praticables.
On oublie les Bermudes et l'on passe bien au Nord pour profiter de la bascule du vent et partir plein Est ces prochains jours. On se rapproche de la route de nos amis de Siminoé qui sont partis de New-York!
Le vent devrait tourner favorablement et mollir dimanche : chouette cadeau pr la fête des mères ;)
Jour 7 :
Après 4 jours de près, le vent a molli et a basculé S-SE, enfin ! La mer s'est calmée et le soleil est de retour. On avance à 7,5 noeuds de moyenne; une journée de transat comme on en aimerait tant.
On re-déjeune pour de vrai et l'on renoue avec les plaisirs culinaires: lasagnes !
La journée est rythmée par lecture, sieste, aquarelle, Yams... et le cours de gym quotidien.
Les filles assurent sérieusement leur 1er quart de transat de 20h à 23h.
Nuit très calme sous gennaker.
Jour 8 :
Réveil surprise des filles pour la fête des mères.
Mer d'huile, le vent est complètement tombé et nous contraint à allumer les moteurs.
Séance de grand défouloir sur le trampoline et trempette dans le grand bleu entre 2 machines à laver (et oui, nous sommes tous rappelés par notre quotidien).
Bonne fête à nos mamans et joyeux anniversaire à Marielle !
Jour 9 :
Nous avons peu dormi cette nuit, alors c'est grasse mat' pour tout l'équipage puis l'école regagne ses droits.
Les moteurs nous aident une bonne partie de la journée, mais la progression reste lente.
Camille et Manon font des crêpes, servies sur le trampoline, tandis qu'un banc d'une vingtaine de dauphins s'invitent au goûter.
Jeux sur le roof, la mer est si calme. Les filles participent au premier quart de 20h à 21h30.
Le vent remonte au coucher du soleil, on ressort le gennaker et l'on file à 8 noeuds, pour une fois sur la route directe, sur une mer sans houle. Pourvu que cela dure.
Au milieu de la nuit, on passe le cap des 10 000 miles, près de 19 000 km parcourus depuis notre départ... Encore un bout de chemin pour rallier La Rochelle : 2800 miles nautiques environ. On tient le bon bout - dans la bonne humeur :)
Jour 10 :
Le vent remonte dans la nuit, on explose nos performances en route directe. Journée tranquille rythmée par le Cned, lectures et gym quotidienne puis Fiesta sur le thème de "Lights and Colors". Ambiance à bord.
Jour 11 :
Arbitrage stratégique avec le routeur sur la meilleure option à prendre. Le soleil donne, le vent se stabilise à 10-12 noeuds.
Ecole, leçon de bonnes manières pour les unes, cours de météorologie et d'histoire de l'art pour les autres. Les filles avancent leur blog et l'on déguste un confit de canard.
La houle vient désormais de l'ouest et nous porte, on met les voiles en ciseaux. Toujours rien pêché, l'océan serait il vidé de ses poissons ?
Jour 12 :
C'est le grand jour: nous avons parcouru la moitié du chemin! Mais le vent de face et les bulles de pétole nous ont contraint à tirer des bords et faire 20% de route en plus. Courage, il ne reste plus que 1300 milles (2600km).
Espérons mettre moins de temps pour cette deuxième partie: du vent plus fort est attendu dans 2 jours. Pour fêter cela, bloc de foie gras et Sauterne (merci Cecile, Fabrice, Laurence et Guillaume).
Jour 13 :
Mauvaise nouvelle de la nuit : une dépression sérieuse va se trouver sur notre route dans 2 jours. Le routeur* nous conseille de la contourner par le Sud, soit pas vraiment sur le chemin des Açores... Conséquences : non seulement, on rallonge la distance parcourue, on va se prendre une dépression et en attendant, on doit faire du moteur. Le moral de l équipage est en berne.
Manon nous prépare un gâteau et un nouveau banc de dauphins nous rend visite. Superbe ! Le baromètre des humeurs remonte.
Programme scolaire du jour : mythologie grecque pour les filles. La théorie cède la place à la pratique : des offrandes (en épluchures de carottes et de choux) sont concoctées à l attention d'Eole et Poseidon, par l'ensemble de l'équipage. Un grand moment de créativité! Chacun y va de ses doléances...
Toujours rien à l'hameçon malgré un montage inédit avec 3 leurres sur la même ligne. On continue à manger du chorizo et du canard. Certains (certaines) apprécient.
*Routeur = un météorologue nous guide à travers l'Atlantique pour nous faire bénéficier des meilleures conditions possibles (suivant nos critères: rapport vitesse/sécurité/confort sous voile), et notamment pour éviter de se retrouver en plein milieu d'une tempête.
Jour 14 :
Bonne nouvelle: la dépression devrait être un peu moins creuse que prévue. On peut donc s'en approcher davantage pour bénéficier de son flux de sud-ouest. Le vent commence d'ailleurs à rentrer dès le matin. Ça glisse enfin! Nous constituons nos stocks de sommeil tant que la mer est calme, on devrait en avoir besoin ces prochains jours...
Jour 15 :
Le vent s'est établi à 15-20 noeuds dans la nuit, avec quelques rafales à 25 noeuds. On prend un ris par précaution (= on diminue la surface de la grand voile pour pouvoir recevoir un vent plus fort).
Nous n'avons pas beaucoup dormi cette nuit car la houle était de travers mais le réveil se fait sous le soleil et avec une houle arrière. Le bateau file et l'on savoure un copieux petit déjeuner tous ensemble en scrutant la hauteur des vagues qui se creusent avec le vent.
On avance bien et l'on passe sous la barre des 1000 miles pour rejoindre les Açores. Le moral est très bon.
Nous avons des échanges quotidiens avec nos bateaux-copains, "voisins d'Atlantique", Siminoé et Roi Baco, à quelques centaines de miles de là. RDV est pris avec tout le monde, avec en plus Tsaelou et - espérons-le - Mimosa aux Açores. Fiestas en perspective ! Soirée pyjama déjà prévue pour Camille & Manon à Horta avec Siminoé, ça sent l'arrivée ! ... Patience, comptez encore une semaine de nav', les paris sont ouverts sur le jour et l'heure d'arrivée ;)
NB: nous avons vu hier à 2 reprises des ailerons noirs de 40-50 cm en forme d'équerre à 50-100m du bateau. D'après nos bouquins, il s agirait d'orques !
Jour 16 :
Nous avons la curieuse impression d'avoir passé la nuit dans le tambour d'une machine à laver.
Le vent est établi à 22-24 noeuds avec des rafales à 30 noeuds sous les grains. Le record de vitesse est battu pour le bateau: 20 noeuds dans un surf!
Le lever de soleil, splendide, compense une nuit très courte. Le front froid de la dépression est maintenant passé: place maintenant à un ciel de traîne ensoleillé et une mer qui blanchit avec le vent encore forcissant.
Seules les filles ne semblent pas très perturbées par les vagues qui frappent assez violemment le bateau. Nous sommes époustouflés par leur capacité d'adaptation. Elles préparent une bouteille la mer : Camille s'attelle à la version française et Manon à la traduction en anglais.
Pizza maison et tarte au citron nous apportent énergie et réconfort. Plus que 800 miles (sur 2600), on tient le bon bout !
Nous avons ressorti pantalons, polaires, chaussettes et vestes de quart et pourtant la température de la mer affiche encore 26 degrés !
Jour 17 :
Ça y est. Il fait officiellement froid : 19,8°c au petit matin dans le bateau. Les Bahamas sont déjà loin...
Cette nuit, nous étions encore dans le mode essorage. La mer et le vent sont restés forts : 3 ris de rigueur dans la grande voile (l'étape d'après pour la réduire consiste à la descendre complètement!). On pense à Arnaud et Nicolas de Roi Baco, à une journée derrière nous, qui ne sont que 2 dans leur monocoque de 10m pour affronter cela, mais aussi à Siminoé, 2 jours devant, qui a affronté 45 noeuds cette nuit.
L'avantage de ces conditions est que l'on avance enfin!
Le moral est au top malgré un menu typique de ces conditions: chineese noodles cup.
Place maintenant à un temps plus calme qui va nous permettre de récupérer avant une nouvelle accélération du vent jeudi. De quoi nous propulser vers les Açores!
Jour 18 :
Le vent est retombé à 10-12 noeuds : une journée de répit ... et donc de repos, appréciée par l'équipage. On ressort bouquiner dehors, mais il fait désormais bien frais - exit le maillot! Soirée "l école des Voices " dans le carré. Chacun y va de sa performance : on retiendra Nico et son interprétation éblouissante de "Imagine" Bieberisé ainsi que Jules et "Le clown" rasta.
Jour 19 :
Le vent remonte dans la nuit à 18-21 noeuds, et l'on a du mal à trouver le sommeil. La fatigue commence à se faire sentir, nous sommes de plus en plus sensibles au volume sonore des vagues et du vent. On cherche le bouton OFF, en vain.
Heureusement, ce vent de Sud-Ouest est parfait pour nous amener sur un seul bord jusqu'à l'île de Faial. Reste 350 milles (en avons déjà parcouru 2 700, soit 5 000 km), nous espérons arriver dimanche matin.
Jour 20 :
Nous avons bien avancé cette nuit par 16-18 noeuds, ce matin c'est crêpes au petit déj !
Apres 2/3 jours de franche grisaille, le soleil est de retour et nous donne du courage pour la dernière ligne droite. On reporte au crayon les points GPS sur la grande carte de l'Atlantique que nous a offerte Daniel et l'on réalise le chemin parcouru depuis le 9 août 2015.
Jour 21 :
En ce dernier jour de nav, les dauphins nous font la fête au réveil. Puis Manon nous déclare solennellement au petit déjeuner qu' elle a l'intention de faire Polytechnique plus tard...Le Cned lui aurait il donné le goût du travail ;)
Plus que 100 milles à parcourir, nous sommes vraiment impatients de retrouver nos bateaux-copains, nos familles par Skype, une connexion internet, un morceau de viande, une glace à la chantilly...et des nuits paisibles, sans secousse ni fracas.
ETA (Estimated Time of Arrival) à Horta sur l'île de Faial, demain dimanche, vers 10h UTC
Départ de la transat Bahamas - Açores
Départ dimanche 22 mai, compter au moins 3 semaines de navigation pour rallier les Açores sans escale.
C'est parti !
Photo Carine Lutt